• L'année Saint Paul se termine, pour moi elle fut une année où j'ai pu faire meilleur connaissance.

    Voilà que débute en ce jour 19 juin l'année sacerdotale, l'année du prêtre avec comme toile de fond le saint curé d'Ars dont j'ai souvent entendu parler dans ma jeunesse mais sans trop le connaître. Ensemble allons, si vous le voulez bien à sa rencontre. Voici un premier article qui nous mettra sur sa route.

     

    Un diaporama sur l'année Sacerdotale peut-être téléchargé ICI  (3 mo)



    Lettre de Benoît XVI aux prêtres à l'occasion de l'ouverture de l'Année Sacerdotale

     

    Le  18 juin 2009  - (E.S.M.) - Aujourd'hui, le Saint-Père Benoît XVI a adressé une lettre aux prêtres à l'occasion de l'ouverture de l'« Année Sacerdotale », proclamée par lui pour le 150° anniversaire de la mort  dies natalis) de Saint Jean Marie Vianney, Curé d'Ars :

    Le pape Benoît XVI

    Lettre de Benoît XVI aux prêtres à l'occasion de l'ouverture de l'Année Sacerdotale

    Le 18 juin 2009  - Eucharistie Sacrement de la Miséricorde - Aujourd'hui, le Saint-Père Benoît XVI a adressé une lettre aux prêtres à l'occasion de l'ouverture de l'« Année Sacerdotale », proclamée par lui pour le 150° anniversaire de la mort in dies natalis de Saint Jean Marie Vianney, Curé d'Ars, demain après-midi, solennité du Sacré Cœur, il l'ouvrira officiellement par les secondes vêpres célébrée en la Basilique vaticane.  :

    Chers Frères dans le sacerdoce,

    En la prochaine solennité du Sacré-Cœur de Jésus, vendredi 19 juin 2009 – journée traditionnellement consacrée à la prière pour la sanctification des prêtres –, j’ai pensé ouvrir officiellement une « Année sacerdotale » à l’occasion du 150e anniversaire du « dies natalis » de Jean-Marie Vianney, le saint patron de tous les curés du monde1. Une telle année, qui veut contribuer à promouvoir un engagement de renouveau intérieur de tous les prêtres afin de rendre plus incisif et plus vigoureux leur témoignage évangélique dans le monde d’aujourd’hui, se conclura en la même solennité de l’année 2010. « Le Sacerdoce, c’est l’amour du cœur de Jésus », avait coutume de dire le Saint Curé d’Ars2 . Cette expression touchante nous permet avant tout d’évoquer avec tendresse et reconnaissance l’immense don que sont les prêtres non seulement pour l'Église, mais aussi pour l’humanité elle-même. Je pense à tous ces prêtres qui présentent aux fidèles chrétiens et au monde entier l’offrande humble et quotidienne des paroles et des gestes du Christ, s’efforçant de Lui donner leur adhésion par leurs pensées, leur volonté, leurs sentiments et le style de toute leur existence. Comment ne pas mettre en évidence leurs labeurs apostoliques, leur service inlassable et caché, leur charité ouverte à l’universel ? Et que dire de la courageuse fidélité de tant de prêtres qui, bien que confrontés à des difficultés et à des incompréhensions, restent fidèles à leur vocation : celle d’« amis du Christ », qui ont reçu de Lui un appel particulier, ont été choisis et envoyés ?

    Je porte moi-même encore vivant dans mon cœur le souvenir du premier curé auprès de qui j’ai exercé mon ministère de jeune prêtre : il m’a laissé l’exemple d’un dévouement sans faille à son service pastoral, au point de trouver la mort alors qu’il allait porter le viatique à un malade grave. Me viennent encore à la mémoire les innombrables confrères que j’ai rencontrés et que je continue à rencontrer, même au cours de mes voyages pastoraux en divers pays ; tous généreusement engagés dans l’exercice quotidien de leur ministère sacerdotal. Mais l’expression utilisée par le Saint Curé évoque aussi le Cœur transpercé du Christ et la couronne d’épines qui l’entoure. Et notre pensée se tourne alors vers les innombrables situations de souffrance dans lesquelles sont plongés bien des prêtres, soit parce qu’ils participent à l’expérience humaine de la douleur dans ses multiples manifestations, soit parce qu’ils sont incompris par ceux qui bénéficient de leur ministère : comment ne pas nous souvenir de tant de prêtres bafoués dans leur dignité, empêchés d’accomplir leur mission, parfois même persécutés jusqu’au témoignage suprême du sang ?

    Il existe aussi malheureusement des situations, jamais assez déplorées, où l'Église elle-même souffre de l’infidélité de certains de ses ministres. Et c’est pour le monde un motif de scandale et de refus. Ce qui, dans de tels cas peut être surtout profitable pour l'Église, ce n’est pas tant la pointilleuse révélation des faiblesses de ses ministres, mais plutôt une conscience renouvelée et joyeuse de la grandeur du don de Dieu, concrétisé dans les figures splendides de pasteurs généreux, de religieux brûlant d’amour pour Dieu et pour les âmes, de directeurs spirituels éclairés et patients. A cet égard, les enseignements et les exemples de saint Jean-Marie Vianney peuvent offrir à tous un point de référence significatif : le Curé d’Ars était très humble, mais il avait conscience, comme prêtre, d’être un don immense pour son peuple : « Un bon pasteur, un pasteur selon le cœur de Dieu, c’est là le plus grand trésor que le bon Dieu puisse accorder à une paroisse, et un des plus précieux dons de la miséricorde divine »3. Il parlait du sacerdoce comme s’il ne réussissait pas à se convaincre de la grandeur du don et de la tâche confiés à une créature humaine : « Oh ! que le prêtre est quelque chose de grand ! s’il se comprenait, il mourrait… Dieu lui obéit : il dit deux mots et Notre Seigneur descend du ciel à sa voix et se renferme dans une petite hostie… »4. Et, pour expliquer à ses fidèles l’importance des sacrements, il disait : « Si nous n’avions pas le sacrement de l’Ordre, nous n’aurions pas Notre-Seigneur. Qui est-ce qui l’a mis là, dans le tabernacle ? Le prêtre. Qui est-ce qui a reçu notre âme à son entrée dans la vie ? Le prêtre. Qui la nourrit pour lui donner la force de faire son pèlerinage ? Le prêtre. Qui la préparera à paraître devant Dieu, en lavant cette âme pour la dernière fois dans le sang de Jésus-Christ ? Le prêtre, toujours le prêtre. Et si cette âme vient à mourir [à cause du péché], qui la ressuscitera, qui lui rendra le calme et la paix ? Encore le prêtre… Après Dieu, le prêtre c’est tout… Le prêtre ne se comprendra bien que dans le ciel »5. Ces affirmations, jaillies du cœur sacerdotal du saint curé, peuvent nous sembler excessives. Elles manifestent toutefois en quelle haute considération il tenait le sacrement du sacerdoce. Il semblait submergé par le sentiment d’une responsabilité sans bornes : « Si l’on comprenait bien le prêtre sur la terre, on mourrait non de frayeur, mais d’amour … Sans le prêtre, la mort et la passion de Notre-Seigneur ne serviraient de rien… C’est le prêtre qui continue l’œuvre de Rédemption, sur la terre… A quoi servirait une maison remplie d’or, si vous n’aviez personne pour ouvrir la porte ? Le prêtre a la clef des trésors célestes : c’est lui qui ouvre la porte ; il est l’économe du bon Dieu, l’administrateur de ses biens…. Laissez une paroisse vingt ans sans prêtre : on y adorera les bêtes… Le prêtre n’est pas prêtre pour lui… il est pour vous »6.

    Il était arrivé à Ars, un petit village de 230 habitants, prévenu par l’Évêque qu’il y aurait trouvé une situation religieuse précaire : « Il n’y a pas beaucoup d’amour de Dieu dans cette paroisse, vous l’y mettrez ». Il était donc pleinement conscient qu’il devait y aller pour y incarner la présence du Christ, témoignant de sa tendresse salvifique : « [Mon Dieu], accordez-moi la conversion de ma paroisse ; je consens à souffrir ce que vous voulez tout le temps de ma vie ! », c’est par cette prière qu’il commença sa mission7. Le Saint Curé se consacra à la conversion de sa paroisse de toutes ses forces, donnant la première place dans ses préoccupations à la formation chrétienne du peuple qui lui était confié. Chers frères dans le Sacerdoce, demandons au Seigneur Jésus la grâce de pouvoir apprendre nous aussi la méthode pastorale de saint Jean-Marie Vianney ! Ce que nous devons apprendre en tout premier lieu c’est sa totale identification à son ministère. En Jésus, Personne et Mission tendent à coïncider : toute son action salvifique était et est expression de son « Moi filial » qui, de toute éternité, se tient devant le Père dans une attitude de soumission pleine d’amour à sa volonté. Dans une humble mais réelle analogie, le prêtre lui aussi doit tendre à cette identification. Il ne s’agit pas évidemment d’oublier que l’efficacité substantielle du ministère demeure indépendante de la sainteté du ministre ; mais on ne peut pas non plus ignorer l’extraordinaire fécondité produite par la rencontre entre la sainteté objective du ministère et celle, subjective, du ministre. Le Saint Curé d’Ars se livra immédiatement à cet humble et patient travail d’harmonisation entre sa vie de ministre et la sainteté du ministère qui lui était confié, allant jusqu’à décider d’« habiter » matériellement dans son église paroissiale : « A peine arrivé, il choisit l’église pour être sa demeure… Il entrait dans l’église avant l’aube et il n’en sortait qu’après l’Angelus du soir. C’est là qu’il fallait le chercher si l’on avait besoin de lui », peut-on lire dans sa première biographie8.

    La pieuse exagération du dévoué hagiographe ne doit pas nous induire à négliger le fait que le Saint Curé sut aussi « habiter » activement tout le territoire de sa paroisse : il rendait visite de manière systématique à tous les malades et aux familles ; il organisait des missions populaires et des fêtes patronales ; il recueillait et administrait des dons en argent pour ses œuvres charitables et missionnaires ; il embellissait son église en la dotant d’objets sacrés ; il s’occupait des orphelines de la « Providence » (un Institut qu’il avait fondé) et de leurs éducatrices ; il s’intéressait à l’éducation des enfants ; il créait des confréries et invitait les laïcs à collaborer avec lui.

    Son exemple me pousse à évoquer les espaces de collaboration que l’on doit ouvrir toujours davantage aux fidèles laïcs, avec lesquels les prêtres forment l’unique peuple sacerdotal9 et au milieu desquels, en raison du sacerdoce ministériel, ils se trouvent « pour les conduire tous à l’unité dans l’amour "s’aimant les uns les autres d’un amour fraternel, rivalisant d’égards entre eux"
    (Rm 12, 10)
    »10. Il convient de se souvenir, dans ce contexte, comment le Concile Vatican II encourageait chaleureusement les prêtres à « reconnaître sincèrement et à promouvoir la dignité des laïcs et la part propre qu’ils prennent dans la mission de l'Église… Ils doivent écouter de bon cœur les laïcs, en prenant fraternellement en considération leurs désirs, et en reconnaissant leur expérience et leur compétence dans les divers domaines de l’activité humaine, afin de pouvoir discerner avec eux les signes des temps »11.

    Le Saint Curé enseignait surtout ses paroissiens par le témoignage de sa vie. A son exemple, les fidèles apprenaient à prier, s’arrêtant volontiers devant le tabernacle pour faire une visite à Jésus Eucharistie12. « On n’a pas besoin de tant parler pour bien prier – leur expliquait le Curé – On sait que le bon Dieu est là, dans le saint Tabernacle ; on lui ouvre son cœur ; on se complaît en sa présence. C’est la meilleure prière, celle-là »13. Et il les exhortait : « Venez à la communion, venez à Jésus, venez vivre de lui, afin de vivre pour lui »14. « C’est vrai, vous n’en êtes pas dignes, mais vous en avez besoin ! »15. Cette éducation des fidèles à la présence eucharistique et à la communion revêtait une efficacité toute particulière, quand les fidèles le voyaient célébrer le saint sacrifice de la Messe. Ceux qui y assistaient disaient « qu’il n’était pas possible de voir un visage qui exprime à ce point l’adoration… Il contemplait l’Hostie avec tant d’amour »16. « Toutes les bonnes œuvres réunies – disait-il – n’équivalent pas au sacrifice de la messe, parce qu’elles sont les œuvres des hommes, et la sainte messe est l’œuvre de Dieu »17. Il était convaincu que toute la ferveur de la vie d’un prêtre dépendait de la Messe : « La cause du relâchement du prêtre, c’est qu’on ne fait pas attention à la messe ! Hélas ! Mon Dieu ! qu’un prêtre est à plaindre quand il fait cela comme une chose ordinaire ! »18. Et il avait pris l’habitude, quand il célébrait, d’offrir toujours le sacrifice de sa propre vie : « Oh ! qu’un prêtre fait bien de s’offrir à Dieu en sacrifice tous les matins »19.

    Cette identification personnelle au sacrifice de la Croix le conduisait – d’un seul mouvement intérieur – de l’autel au confessionnal. Les prêtres ne devraient jamais se résigner à voir les confessionnaux désertés ni se contenter de constater la désaffection des fidèles pour ce sacrement. Au temps du Saint Curé, en France, la confession n’était pas plus facile ni plus fréquente que de nos jours, compte tenu du fait que la tourmente de la Révolution avait étouffé pendant longtemps la pratique religieuse. Mais il s’est efforcé, de toutes les manières : par la prédication, en cherchant à persuader par ses conseils, à faire redécouvrir à ses paroissiens le sens et la beauté de la Pénitence sacramentelle, en montrant comment elle est une exigence intime de la Présence eucharistique. Il sut ainsi donner vie à un cercle vertueux. Par ses longues permanences à l’église, devant le tabernacle, il fit en sorte que les fidèles commencent à l’imiter, s’y rendant pour rendre visite à Jésus, et qu’ils soient en même temps sûrs d’y trouver leur curé, disponible pour l’écoute et le pardon. Par la suite, la foule croissante des pénitents qui venaient de la France entière, le retint au confessionnal jusqu’à 16 heures par jour. On disait alors qu’Ars était devenu « le grand hôpital des âmes »20. « La grâce qu’il obtenait [pour la conversion des pécheurs] était si puissante qu’elle allait à leur recherche sans leur laisser un moment de répit » dit le premier biographe21. C’est bien ce que pensait le Saint Curé quand il disait : « Ce n’est pas le pécheur qui revient à Dieu pour lui demander pardon ; mais c’est Dieu lui-même qui court après le pécheur et qui le fait revenir à lui »22. « Ce bon sauveur est si rempli d’amour pour nous qu’il nous cherche partout ! »23.

    Nous tous, prêtres, nous devrions réaliser que les paroles qu’il mettait dans la bouche du Christ nous concernent personnellement : « Je chargerai mes ministres de leur annoncer que je suis toujours prêt à les recevoir, que ma miséricorde est infinie »24. Du Saint Curé d’Ars, nous pouvons apprendre, nous prêtres, non seulement une inépuisable confiance dans le sacrement de la Pénitence au point de nous inciter à le remettre au centre de nos préoccupations pastorales, mais aussi une méthode pour le « dialogue de salut » qui doit s’établir en lui. Le Curé d’Ars avait une manière différente de se comporter avec les divers pénitents. Celui qui s’approchait de son confessionnal attiré par un besoin intime et humble du pardon de Dieu, trouvait en lui l’encouragement à se plonger dans « le torrent de la divine miséricorde » qui emporte tout dans son élan. Et si quelqu’un s’affligeait de sa faiblesse et de son inconstance, craignant les rechutes à venir, le Curé lui révélait le secret de Dieu par une expression d’une touchante beauté : « Le bon Dieu sait toutes choses. D’avance, il sait qu’après vous être confessé, vous pécherez de nouveau et cependant il vous pardonne. Quel amour que celui de notre Dieu qui va jusqu’à oublier volontairement l’avenir pour nous pardonner ! »25. A celui qui, à l’inverse, s’accusait avec tiédeur et de manière presque indifférente, il offrait, par ses larmes, la preuve de la souffrance et de la gravité que causait cette attitude « abominable » : « Je pleure de ce que vous ne pleurez pas »26, disait-il. « Encore, si le bon Dieu n’était si bon, mais il est si bon. Faut-il que l’homme soit barbare pour un si bon Père »27. Il faisait naître le repentir dans le cœur des tièdes, en les obligeant à voir, de leurs propres yeux et presque « incarnée » sur le visage du prêtre qui les confessait, la souffrance de Dieu devant les péchés. Par contre, si quelqu’un se présentait avec un désir déjà éveillé d’une vie spirituelle plus profonde et qu’il en était capable, il l’introduisait dans les profondeurs de l’amour, exposant l’indicible beauté que représente le fait de pouvoir vivre unis à Dieu et en sa présence : « Tout sous les yeux de Dieu, tout avec Dieu, tout pour plaire à Dieu… Oh ! que c’est beau ! »28. A ceux-là, il enseignait à prier : « Mon Dieu, faites-moi la grâce de vous aimer autant qu’il est possible que je vous aime »29.

    Le Curé d’Ars, en son temps, a su transformer le cœur et la vie de tant de personnes, parce qu’il a réussi à leur faire percevoir l’amour miséricordieux du Seigneur. Notre temps aussi a un besoin urgent d’une telle annonce et d’un tel témoignage de la vérité de l’Amour : Deus caritas est
    (1 Jn 4,8)
    . Par la Parole et les Sacrements de son Jésus, Jean-Marie Vianney savait édifier son peuple, même si, souvent, il tremblait devant son incapacité personnelle, au point de désirer plus d’une fois être délivré des responsabilités du ministère paroissial dont il se sentait indigne. Toutefois, avec une obéissance exemplaire, il demeura toujours à son poste, parce qu’il était dévoré de la passion apostolique pour le salut des âmes. Il s’efforçait d’adhérer totalement à sa vocation et à sa mission en pratiquant une ascèse sévère : « Ce qui est un grand malheur, pour nous autres curés – déplorait le saint –, c’est que l’âme s’engourdit »30 ; et il faisait ainsi allusion au danger que court le pasteur de s’habituer à l’état de péché ou d’indifférence dans lequel se trouvent tant de ses brebis. Il maîtrisait son corps par des veilles et des jeûnes, afin d’éviter qu’il n’oppose résistance à son âme sacerdotale. Et il n’hésitait pas à s’infliger des mortifications pour le bien des âmes qui lui étaient confiées et pour contribuer à l’expiation de tant de péchés entendus en confession. A un confrère prêtre, il expliquait : « Je vais vous dire ma recette. Je leur donne une petite pénitence et je fais le reste à leur place »31. Par-delà ces pénitences concrètes auxquelles le Curé d’Ars se livrait, le noyau central de son enseignement demeure toujours valable pour tous : Jésus verse son sang pour les âmes et le prêtre ne peut se consacrer à leur salut s’il refuse de participer personnellement à ce « prix élevé » de la rédemption.

    Dans le monde d’aujourd’hui, comme dans les temps difficiles du Curé d’Ars, il faut que les prêtres, dans leur vie et leur action, se distinguent par la force de leur témoignage évangélique. Paul VI faisait remarquer avec justesse : « L’homme contemporain écoute plus volontiers les témoins que les maîtres, ou, s’il écoute les maîtres, c’est parce qu’ils sont des témoins »32. Pour éviter que ne surgisse en nous un vide existentiel et que ne soit compromise l’efficacité de notre ministère, il faut que nous nous interrogions toujours de nouveau : « Sommes-nous vraiment imprégnés de la Parole de Dieu ? Est-elle vraiment la nourriture qui nous fait vivre, plus encore que le pain et les choses de ce monde ? La connaissons-nous vraiment ? L’aimons-nous ? Intérieurement, nous préoccupons-nous de cette parole au point qu’elle façonne réellement notre vie et informe notre pensée ? »33. Tout comme Jésus appela les Douze pour qu’ils demeurent avec lui
    (cf. Mc 3,14)
    et que, après seulement, il les envoya prêcher, de même, de nos jours, les prêtres sont appelés à assimiler ce « nouveau style de vie » qui a été inauguré par le Seigneur Jésus et qui est devenu précisément celui des Apôtres34.

    C’est cette même adhésion sans réserve au « nouveau style de vie » qui fut la marque de l’engagement du Curé d’Ars dans tout son ministère. Le Pape Jean XXIII, dans l’Encyclique Sacerdotii nostri primordia, publiée en 1959 à l’occasion du premier centenaire de la mort de saint Jean-Marie Vianney, présentait sa physionomie ascétique sous le signe des « trois conseils évangéliques », qu’il jugeait nécessaires aussi pour les prêtres : « Si pour atteindre à cette sainteté de vie, la pratique des conseils évangéliques n’est pas imposée au prêtre en vertu de son état clérical, elle s’offre néanmoins à lui, comme à tous les disciples du Seigneur, comme la voie royale de la sanctification chrétienne »35. Le Curé d’Ars sut vivre les « conseils évangéliques » selon des modalités adaptées à sa condition de prêtre. Sa pauvreté, en effet, ne fut pas celle d’un religieux ou d’un moine, mais celle qui est demandée à un prêtre : tout en gérant de grosses sommes d’argent
    (puisque les pèlerins les plus riches ne manquaient pas de s’intéresser à ses œuvres de charité)
    , il savait que tout était donné pour son église, pour les pauvres, pour ses orphelins et pour les enfants de sa « Providence »36, et pour les familles les plus nécessiteuses. Donc, il « était riche pour donner aux autres, et bien pauvre pour lui-même »37. Il expliquait : « Mon secret est bien simple, c’est de tout donner et de ne rien garder »38. Quand il lui arrivait d’avoir les mains vides, content, il disait aux pauvres qui s’adressaient à lui : « Je suis pauvre comme vous ; je suis aujourd’hui l’un des vôtres »39. Ainsi, à la fin de sa vie, il put affirmer dans une totale sérénité : « Je n’ai plus rien, le bon Dieu peut m’appeler quand il voudra »40. Sa chasteté était aussi celle qui était demandée à un prêtre pour son ministère. On peut dire qu’il s’agissait de la chasteté nécessaire à celui qui doit habituellement toucher l’Eucharistie et qui habituellement la contemple avec toute l’ardeur du cœur et qui, avec la même ferveur, la donne à ses fidèles. On disait de lui que « la chasteté brillait dans son regard », et les fidèles s’en rendaient compte quand il se tournait vers le tabernacle avec le regard d’un amoureux41. De même, l’obéissance de saint Jean-Marie Vianney fut entièrement incarnée dans son adhésion à toutes les souffrances liées aux exigences quotidiennes du ministère. On sait combien il était tourmenté par la pensée de son incapacité pour le ministère paroissial et par son désir de fuir « pour pleurer dans la solitude sur sa pauvre vie »42. L’obéissance seule, et sa passion pour les âmes, réussissaient à le convaincre de rester à son poste. Il montrait à ses fidèles, comme à lui-même qu’il « n’y a pas deux bonnes manières de servir Notre Seigneur, il n’y en a qu’une, c’est de le servir comme il veut être servi »43. Il lui semblait que la règle d’or pour une vie d’obéissance fut celle-ci : « Ne faire que ce que l’on peut offrir au bon Dieu »44.

    Dans ce contexte d’une spiritualité nourrie par la pratique des conseils évangéliques, je tiens à adresser aux prêtres, en cette Année qui leur est consacrée, une invitation cordiale, celle de savoir accueillir le nouveau printemps que l’Esprit suscite de nos jours dans l'Église, en particulier grâce aux Mouvements ecclésiaux et aux nouvelles Communautés. « L’Esprit dans ses dons prend de multiples formes… Il souffle où il veut. Il le fait de manière inattendue, dans des lieux inattendus et sous des formes qu’on ne peut imaginer à l’avance… Il nous démontre également qu’il œuvre en vue de l’unique corps et dans l’unité de l’unique corps »45. Ce que dit à cet égard le Décret Presbyterorum ordinis est d’actualité : « Eprouvant les esprits pour savoir s’ils sont de Dieu, ils [les prêtres] chercheront à déceler, avec le sens de la foi, les charismes multiformes des laïcs, qu’ils soient humbles ou éminents, les reconnaîtront avec joie et les développeront avec un zèle empressé »46. Ces mêmes dons, qui poussent bien des personnes vers une vie spirituelle plus élevée, sont profitables non seulement pour les fidèles laïcs mais pour les ministres eux-mêmes. C’est de la communion entre ministres ordonnés et charismes que peut naître « un élan précieux pour un engagement renouvelé de l'Église au service de l’annonce et du témoignage de l’Évangile de l’espérance et de la charité partout à travers le monde »47. Je voudrais encore ajouter, dans la ligne de l’Exhortation apostolique
    Pastores Dabo Vobis du Pape Jean-Paul II, que le ministère ordonné a une « forme communautaire » radicale et qu’il ne peut être accompli que dans la communion des prêtres avec leur Évêque48. Il faut que cette communion des prêtres entre eux et avec leur Évêque, enracinée dans le sacrement de l’Ordre et manifestée par la concélébration eucharistique, se traduise dans les diverses formes concrètes d’une fraternité effective et affective49. Ainsi seulement, les prêtres pourront-ils vivre en plénitude le don du célibat et seront-ils capables de faire épanouir des communautés chrétiennes au sein desquelles se renouvellent les prodiges de la première prédication de l’Évangile.

    L’Année paulinienne qui arrive à sa fin nous invite à considérer encore la figure de l’Apôtre des Gentils dans laquelle brille à nos yeux un modèle splendide de prêtre complètement « donné » à son ministère. « L’amour du Christ nous presse – écrivait-il – à la pensée que, si un seul est mort pour tous, alors tous sont morts »
    (2 Co, 5, 14) et il ajoutait : « Il est mort pour tous, afin que les vivants ne vivent plus pour eux-mêmes, mais pour celui qui est mort et ressuscité pour eux » (2 Co 5, 15). Quel meilleur programme pourrait être proposé à un prêtre qui s’efforce de progresser sur le chemin de la perfection chrétienne ?

    Chers prêtres, la célébration du 150e anniversaire de la mort de saint Jean-Marie Vianney
    (1859) vient immédiatement après les célébrations achevées il y a peu du 150e anniversaire des apparitions de Lourdes (1858)
    . Déjà en 1959, le bienheureux Pape Jean XXIII l’avait remarqué : « Peu avant que le Curé d’Ars n’achevât sa longue carrière pleine de mérites, [la Vierge Immaculée] était apparue dans une autre région de France à une enfant humble et pure pour lui communiquer un message de prière et de pénitence, dont on sait l’immense retentissement spirituel depuis un siècle. En vérité, l’existence du saint prêtre dont nous célébrons la mémoire, était à l’avance une vivante illustration des grandes vérités surnaturelles enseignées à la voyante de Massabielle ! Il avait lui-même pour l’Immaculée Conception de la Très Sainte Vierge une très vive dévotion, lui qui, en 1836, avait consacré sa paroisse à Marie conçue sans péché et devait accueillir avec tant de foi et de joie la définition dogmatique de 1854 »50. Le Saint Curé rappelait toujours à ses fidèles que « Jésus-Christ, après nous avoir donné tout ce qu’il pouvait nous donner, veut encore nous faire héritiers de ce qu’il y a de plus précieux, c’est-à-dire sa Sainte Mère »51.

    Je confie cette Année sacerdotale à la Vierge Sainte, lui demandant de susciter dans l’âme de chaque prêtre un renouveau généreux de ces idéaux de donation totale au Christ et à l'Église qui ont inspiré la pensée et l’action du Saint Curé d’Ars. La fervente vie de prière et l’amour passionné de Jésus crucifié ont nourri le don quotidien et sans réserve de Jean-Marie Vianney à Dieu et à l'Église. Puisse son exemple susciter parmi les prêtres ce témoignage d’unité avec l’Évêque, entre eux et avec les laïcs, qui est si nécessaire aujourd’hui, comme en tout temps. Malgré le mal qui se trouve dans le monde, la parole du Christ à ses Apôtres au Cénacle résonne toujours avec la même force d’actualité : « Dans le monde, vous aurez à souffrir, mais gardez courage ! J’ai vaincu le monde »
    (Jn 16, 33)
    . La foi dans le divin Maître nous donne la force de regarder l’avenir avec confiance. Chers prêtres, le Christ compte sur vous. A l’exemple du Saint Curé d’Ars, laissez-vous conquérir par Lui et vous serez vous aussi, dans le monde d’aujourd’hui, des messagers d’espérance, de réconciliation et de paix !

    Avec ma bénédiction.

    Du Vatican, le 16 juin 2009.

    BENEDICTUS PP. XVI

    [Allemand, Anglais, Espagnol, Français, Italien, Polonais, Portugais]

    Notes :

    1. C’est ainsi que l’a proclamé le Souverain Pontife Pie XI en 1929.
    2.« Le Sacerdoce, c’est l’amour du cœur de Jésus »(in Le Curé d’Ars, Sa pensée, Son cœur. Présentés par l’Abbé Bernard Nodet, éd. Xavier Mappus, Foi Vivante, 1966, p. 98). Par la suite : Nodet. L’expression est citée aussi dans le Catéchisme de l'Église catholique, n. 1589.
    3.Nodet, p. 101.
    4.Ibid., p. 97.
    5.Ibid., pp. 98-99.
    6.Ibid., pp. 98-100.
    7.Ibid., p. 183.
    8.Alfred Monnin, Le Curé d’Ars.Vie de M. Jean-Baptiste Marie Vianney, I, Charles Douniol, 1868.
    9. Cf. Lumen Gentium, n. 10.
    10.Presbyterorum ordinis, n. 9.
    11.Ibid.
    12.« La contemplation est regard de foi, fixé sur Jésus. "Je L’avise et Il m’avise", disait au temps de son saint Curé le paysan d’Ars en prière devant le Tabernacle » (Catéchisme de l'Église catholique, n. 2715).
    13. Nodet, p. 85.
    14.Ibid., p. 114.
    15.Ibid., p. 119.
    16.Alfred Monnin, o.c..
    II.
    17.Nodet, p. 105.
    18.Ibid., p. 105.
    19.Ibid., p. 104.
    20.Alfred Monnin, o.c. , II.
    21.Ibid.
    22.Nodet, p. 128.
    23.Ibid., p. 50.
    24.Ibid., p. 131.
    25.Ibid., p. 130.
    26.Ibid., p. 27.
    27.Ibid., p. 139.
    28. Ibid., p. 28.
    29.Ibid., p. 77.
    30.Ibid., p. 102.
    31.Ibid., p. 189.
    32.
    Evangelii Nuntiandi, n . 41.
    33.Benoît XVI, Homélie de la Messe Chrismale, 9 avril 2009.
    34. Cf. Benoît XVI, Discours à l’Assemblée plénière de la Congrégation pour le Clergé, 16 mars 2009.
    35.Pars I.
    36. C’est le nom qu’il donna à la maison où il fit recueillir et éduquer plus de 60 petites filles abandonnées. Il était prêt à tout pour la maintenir : « J’ai fait tous les commerces imaginables », disait-il en souriant (Nodet, p. 214).
    37.Nodet, p. 216.
    38.Ibid., p. 215.
    39.Ibid., p. 216.
    40.Ibid., p. 214.
    41. Cf. Ibid., p. 112.
    42. Cf. Ibid., pp. 82-84 ; 102-103.
    43.Ibid., p. 75.
    44.Ibid., p. 76.
    45.Benoît XVI, Homélie de la Vigile de Pentecôte, 3 juin 2006.
    46. N. 9.
    47.Benoît XVI, Discours aux Évêques amis du Mouvement des Focolari et de la Communauté de Sant’Egidio, 8 février 2007.
    48. Cf. n. 17.
    49. Cf. Jean-Paul II, Exhort. Ap.Pastores Dabo Vobis, n. 74.
    50. Encycl. Sacerdotii nostri primordia, P III.
    51.Nodet, p. 244.

     

     

     

    Sources : www.vatican.va -  E.S.M.
    © Copyright 2009 - Libreria Editrice Vaticana

    Souce: Eucharistie sacrement de la miséricorde - (E.S.M.) 18.06.09 -
    T/Benoît XVI

     




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  • (image sur Internet)


    Le défi de l’Eglise: utiliser le virtuel pour transmettre l’essentiel

    Une réflexion du père Federico Lombardi

    ROME, Lundi 25 mai 2009 (ZENIT.org) - A l'heure de Facebook et Twitter, le grand défi qui interpelle l'Eglise consiste à présenter le profond message de Jésus sans se laisser attirer par les aspects superficiels, souligne le porte-parole du Saint-Siège. 


    Dans sa réflexion, parue dans le dernier numéro d'Octava Dies, le bulletin d'information du Centre de télévision du Vatican qu'il dirige, le directeur de la salle de presse du Saint-Siège, le père Federico Lombardi, s.j., part du « très beau message du pape pour la Journée mondiale des communications sociales de cette année » qui, dit-t-il, « touche un point stratégique et crucial dans la réalité du monde de la communication en rapide évolution » sur le thème : « Nouvelles technologies, nouvelles relations. Promouvoir une culture de respect, de dialogue, d'amitié ».  


    « Benoît XVI, ou dirais-je plutôt BXVI comme on l'appelle généralement dans ce monde particulier, s'adresse avant tout aux jeunes, à cette génération dite du ‘numérique', la défiant à vivre sa croissance et son engagement humain et spirituel dans cette dimension de communication caractérisée par l'emploi des nouvelles technologies et qui tient une si grande place dans leurs journées ».   

    « Car là aussi, la foi chrétienne doit être 'inculturée', doit être présente sous forme d'annonce et de style de vie, sous forme de relations ».


    « Mais cela n'est pas facile, ajoute le père Lombardi. Le risque de se limiter au jeu, de perdre du temps, de fuir la réalité et de ne pas pouvoir aller au-delà, est un risque qui existe ».

    « BXVI, quand il parle aux jeunes, par exemple aux Journées mondiales de la jeunesse, insiste à vouloir leur transmettre des contenus solides, consistants et articulés, qui exigent des efforts d'assimilation avant même d'être traduits dans la vie », poursuit-il. 


    « Donc: faire passer ce qui est essentiel à travers le virtuel est un beau défi. Nos jeunes y parviendront-ils? Réussirons-nous à les accompagner dans cette aventure? ».

     

    « Espérons que oui, souhaite le porte-parole du Saint-Siège. Mais ne nous laissons pas subjuguer par ces technologies et leur prodigieux succès, n'en soyons pas victimes. Il faut savoir continuer à creuser en profondeur dans ce solide terrain qu'est la relation vitale avec Dieu et avec les autres et sur lequel édifier une vraie culture du respect, du dialogue et de l'amitié ».

     

    Source: www.zenit.org


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  • Lettre Encyclique

    "Caritas in Veritate"

    "L'Amour dans la Vérité"

    Du Souverain Pontife le pape Benoît XVI
     

    Publication de la nouvelle Encyclique du Saint Père Benoît XVI : "Caritas in Veritate", "L'Amour dans la Vérité", prochainement.

    Selon http://eucharistiemisericor.free.fr/ l’Encyclique sera publié le 29 juin 2009

     

    OFS de Sherbrooke vous en informera dès sa sorti.

     


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  • Voilà un article, sujet de nous aider à mettre les "éléments" en perspective.


    Doctrine sociale de l'Eglise et vraie écologie - Réflexions de Benoît XVI

     

    Le  09 juin 2009  - (E.S.M.) - Dans l'Homélie de la Messe de la Pentecôte, le 31 mai dernier, Benoît XVI est revenu sur l'argument, en reliant l'écologie ambiante à l'écologie spirituelle. benoit-et-moi

    Doctrine sociale de l'Eglise et vraie écologie - Réflexions de Benoît XVI


    Réflexion du Secrétaire du Conseil Pontifical de la Justice et de la Paix sur l'homélie de la Pentecôte


    Le 09 juin 2009  -
    Eucharistie Sacrement de la Miséricorde - Toute coïncidence avec les récents épisodes de politique européenne et le vote effarant de certains français qui mélangent l'écologie et la pire version de l'hédonisme-nihilisme-libertarisme (tous n'ont pas été trompés, il serait naïf de le croire, d'autant plus que le "porte-drapeau" ne juge même pas utile de faire semblant... et qu'il a fait ses scores les plus élevés à Paris!) n'est absolument pas fortuite.

    Il est bon, donc, de répéter ce que l'Eglise entend par "écologie". Cela a peu à voir avec les délires des ayatollahs verts
    (pas le vert de l'islam) qu'on a entendus ces jours-ci, et qui perdurent jusque dans certains milieux catholiques..

    Mgr Giampaolo Crepaldi, Secrétaire du Conseil Pontifical de la Justice et de la Paix et Président de l'Observatoire international Cardinal Van Thuân, analyse l'
    homélie prononcée par le pape Benoît XVI à la Messe de Pentecôte .

    Écologie environnementale et écologie spirituelle

    Benoît XVI à la Messe de Pentecôte

    Dans l'homélie de la Messe de Pentecôte, Benoît XVI a aussi proposé des réflexions très intéressantes du point de vue de la Doctrine sociale de l'Église.

    Comme nous le savons, l'écologie environnementale a toujours été intégrée par le magistère dans l'écologie humaine. Le texte principal à ce propos est le paragraphe de
    Centesimus Annus, où Jean Paul II affirme justement que l'homme n'a pas seulement besoin d'un environnement naturel salubre, mais encore plus besoin d'un environnement humain sain, où il puisse croître dans les vertus et dans l'ouverture à Dieu.

    Et il indiquait la famille comme la principale réalité au service d'une véritable écologie humaine. Depuis lors, il est devenu habituel dans la Doctrine sociale de l'Église de relier systématiquement la dégradation du milieu avec la dégradation morale, étant donné que la défiguration de la nature est toujours la conséquence de déchirures dans le tissu humain de la société. Il s'agit d'un critère herméneutique très important, quand souvent, au contraire, on propose d'intervenir techniquement sur la nature pour éviter les désastres écologiques et en même temps d'intervenir sur la vie ou sur la famille.

    C'est la schizophrénie de l'écologisme, qui s'emploie à sauver les phoques et pas les enfants conçus dans le sein maternel. La nature n'est pas à considérer seulement comme le théâtre de nos interventions techniques - ce ne sera jamais la seule technique qui pourra nous sauver de la dégradation écologique - mais comme moyen d'humanisation et quand les hommes défigurent les fondements naturels de leur cohabitation, ils finissent par blesser aussi l'environnement. L'homme aussi a une nature, la communauté humaine aussi a des liens naturels, à commencer par ceux liés au mariage et à la génération de la vie. La dégradation de l'environnement naturel est toujours conséquence de la dégradation de l'environnement humain
    [cf à ce sujet le livre de G. Crepaldi et P. Togni, Ecologia ambientale ed ecologia umana Politique de l'environnement et Doctrine sociale de l'Église].

    Aujourd'hui, dans l'Homélie de la Messe de la Pentecôte, le 31 mai dernier, Benoît XVI est revenu sur l'argument, en reliant l'écologie ambiante à l'écologie spirituelle. Il parlait de la tempête et du vent, comme symbole de l'Esprit Saint. Ce que l'air est pour la vie biologique - a t'il dit - l'Esprit Saint l'est pour la vie spirituelle et « comme il existe une pollution atmosphérique qui empoisonne le milieu et l'être vivant, ainsi il existe une pollution du cœur et de l'esprit, qui mortifie et empoisonne l'existence spirituelle ».

    On dit que cela aussi est liberté, mais tout ce qui intoxique et pollue l'esprit finit aussi par limiter la liberté. Voilà le rapport entre écologie spirituelle, écologie humaine et écologie ambiante. Sans le « vent impétueux » de l'Esprit, les esprits humains s'intoxiquent et ainsi la liberté de l'homme, même pour gérer la nature, s'affaiblit. Gouverner la nature est un devoir spirituel et moral, avant d'être technicien et matériel, et comment pourra la gouverner un homme qui ne sait pas se gouverner lui-même ? « La métaphore du vent impétueux - poursuit le pape - fait penser au contraire combien il est précieux de respirer un air purifié, que ce soit avec les poumons, l'air physique, ou avec le cœur, l'air spirituel, l'air salubre de l'esprit qui est l'amour ! ».

    Par cette intervention sur l'Esprit Saint, Benoît XVI a comme fermé le cercle de l'écologie : l'écologie environnementale dépend de l'écologie humaine, mais l'écologie humaine dépend de l'écologie spirituelle

     

    Sources : benoit-et-moi

    Ce document est destiné à l'information; il ne constitue pas un document officiel
    Source : Eucharistie sacrement de la miséricorde - (E.S.M.) 09.06.09 -
    T/Brèves

     


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  • La religion au service de la violence est défigurée, dénonce le pape

    Bénédiction de la première pierre de l’université de Madaba (Jordanie)

    ROME, Dimanche 10 mai 2009 (ZENIT.org) -

    (La photo est ajoutée par ofs de Sherbrooke)

    Comme la science ou la philosophie, la religion « peut être corrompue », a estimé Benoît XVI en dénonçant la « perversion de la religion ». Lorsqu'elle est au service de la « violence » ou de « l'ignorance », « la religion est défigurée », a ajouté le pape en soulignant l'importance de « l'éducation ».

    Benoît XVI s'est exprimé le 9 mai à l'occasion de la bénédiction de la première pierre de l'Université du patriarcat latin, dans la ville de Madaba, en Jordanie.

    « La religion, comme la science et la technologie, comme la philosophie et toutes les expressions de notre quête de la vérité, peut être corrompue », a estimé le pape. « La religion est défigurée quand elle est mise au service de l'ignorance et du préjugé, du mépris, de la violence et des abus ». « Dans ce cas, nous ne constatons pas seulement une perversion de la religion mais aussi une corruption de la liberté humaine, une étroitesse et un aveuglement de l'esprit ».

    Mais pour Benoît XVI, « une telle issue n'est pas inévitable », car « quand nous promouvons l'éducation, nous exprimons au contraire notre confiance dans le don de la liberté ». « Le cœur humain peut être endurci par les conditionnements du milieu environnant, par les intérêts et les passions ». « Mais toute personne est aussi appelée à la sagesse et à l'intégrité, au choix décisif et fondamental du bien sur le mal, de la vérité sur la malhonnêteté, et elle peut être aidée dans cette tâche », a-t-il poursuivi.

    Si « science et technologie offrent d'extraordinaires bienfaits à la société et ont grandement amélioré la qualité de vie des êtres humains », « la science a ses limites », a affirmé le pape. « Elle ne peut répondre à toutes les questions qui concernent l'homme et son existence ».

    Pour le pape, « l'usage des connaissances scientifiques requiert la lumière de la sagesse éthique ». « En conséquence, les universités où la quête de la vérité est liée à la recherche de ce qui est bon et noble, offrent une contribution indispensable à la société », a poursuivi Benoît XVI.

    S'adressant aux étudiants chrétiens de Jordanie et des régions voisines, le pape les a invités à « se consacrer avec sérieux à une formation morale et professionnelle appropriée » et « à être les bâtisseurs d'une société juste et pacifique composée de personnes de religions différentes et d'origines ethniques diverses ». Ces réalités - je désire le souligner une fois de plus - doivent conduire, non à des oppositions, mais à un enrichissement mutuel ».

    Source : www.zenit.org


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  • Barack Obama nomme son ambassadeur auprès du Saint-Siège

     

     

    Le 29 mai 2009  - (E.S.M.) -  La nomination la plus attendue et la plus secrète est arrivée, celle sur laquelle Barack Obama a travaillé durant les dernières semaines pour chercher à partir d'un bon pied dans les rapports avec le Vatican: le théologien d'origine cubaine Miguel Diaz.

    Monsieur Miguel Diaz

    Barack Obama nomme son ambassadeur auprès du Saint-Siège

    L'article simplement factuel d'Andrea Tornielli... et l'analyse plus sévère de Daniel Hamiche

    Le 29 mai 2009  - Eucharistie Sacrement de la Miséricorde - La nomination la plus attendue et la plus secrète est arrivée, celle sur laquelle Barack Obama a travaillé durant les dernières semaines pour chercher à partir d'un bon pied dans les rapports avec le Vatican: le théologien d'origine cubaine Miguel Diaz sera le nouvel ambassadeur américain prés du Saint Siège. Diaz a déjà obtenu l'agrément du Vatican et maintenant sa nomination attend la ratification du Sénat.

    Professeur de théologie à la St. John's University et au College of Saint Benedict, dans le Minnesota, le nouveau représentant américain a quatre enfants et c'est le premier théologien à recouvrir la charge : sa spécialité académique lui offrira quelque opportunité de plus pour dialoguer avec le Pape théologien.
    Fils d'un serveur et d'une standardiste, il parle, outre l'anglais, l'espagnol et l'italien, et il est né à la Havanne il y a 45 ans. Il a obtenu une maîtrise en Théologie à l'université Notre Dame, la même qui les derniers jours avait invité Obama à participer à la cérémonie de remise des diplômes.

    Le nouvel ambassadeur a été parmi les conseillers d'Obama durant la campagne pour les présidentielles et a souscrit à l'appel des 26 personnalités catholiques en faveur de la nomination comme secrétaire d'état à la santé de Kathleen Sebelius, critiquée par une partie du monde chrétien pour sa position « pro choice » sur l'avortement.
    « Je veux être un pont avec le Saint siège », a déclaré Diaz, promettant la « continuité » dans les rapports avec le Vatican, sans cependant se compromettre sur ses positions personnelles en ce qui concerne les questions plus controversées, c'est-à-dire les thèmes éthiques comme l'avortement et la recherche sur les cellules-souche embryonnaires, objets de polémiques qui ont divisé la Maison Blanche et la conférence épiscopale.

    En janvier, le nouvel ambassadeur avait déclaré : « Partout nous pouvons, nous devrions faire avancer la vie à tous les niveaux ».
    Une source de la Maison Blanche, rapportée par Catholicnews.com, décrit Diaz comme « clairement pro life » et explique que la décision de choisir un théologien respecté, plutôt qu'un bailleur de fonds de la campagne d'Obama ou un politicien, représente une indication « du sérieux avec lequel l'administration américaine envisage les relations avec le Vatican ».

    Diaz est un connaisseur et un sympathisant de la pensée de Karl Rahner et de la théologie de la libération.
    Le nonce à Washington, l'archevêque Pietro Sambi, a défini comme « excellent » le choix d'Obama.
    L'annonce arrive dans un moment délicat des rapports entre USA et Saint siège. Le président américain sera en Italie au début de Juillet pour le G8, et verra le Pape. Le Vatican suit avec attention les mouvements d'Obama, avec lequel il y a syntonie sur l'approche multilatérale de la politique internationale et sur le Moyen Orient, tandis que les positions sont plus éloignées sur les thèmes éthiques. L'opposé de ce qui se passait avec Bush.

    Article d'Andrea Tornielli dans "Il Gionale" (traduction benoit-et-moi)

    Il me paraît intéressant de reproduire le billet de Daniel Hamiche, sur son blog au titre évocateur americatho, très bien informé de la vie américaine, aux plans religieux et politique, et nettement plus réservé sur la nomination

    Obama nomme son ambassadeur au Vatican : un catholique hispanique et progressiste

    C’est un théologien et universitaire catholique hispanique qu’Obama a choisi hier pour être son ambassadeur au Saint Siège. Miguel H. Diaz né en 1963 à Cuba, marié et père de quatre enfants, enseigne la théologie au College of Saint Benedict – qui ne s’est pas manifesté ces dernières années comme particulièrement fidèle au Magistère – de la St. John’s University de Collegeville (Minnesota). Diaz a obtenu sa maîtrise
    (1992) et son doctorat (2000) en théologie à l’université de Notre Dame (où il a brièvement enseigné de 1995 à 1996), dont j’ai abondamment parlé ces dernières semaines… Le futur ambassadeur, si son choix est ratifié par le Sénat ce qui est peu douteux, est évidemment démocrate “obamanien” : il contribua pour 1 000 $ à l’Obama Victory Fund et fut nommé membre du National Catholic Advisory Council du dispositif de la Campagne présidentielle, qui regroupait un nombre assez exceptionnel de dissidents catholiques.

    Son choix, qualifié de « magnifique » par America
    (le revue jésuite “semi dissidente”) et salué par toute les camarilla des catholiques progros (Catholics United et Catholics in Alliance for the Common Good), nous le rend précisément suspect. C’est un progressiste en politique comme en théologie car c’est un grand fan du jésuite Karl Rahner… Très prudent sur ses déclarations depuis qu’il a su être le choix d’Obama pour le Vatican, Diaz n’en a pas moins fait partie du groupe des vingt-six universitaires et responsables catholiques a avoir bruyamment approuvé la nomination par Obama de la “catholique” Kathleen Sebelius, gouverneur pro avortement du Kansas, comme ministre de la Santé de son gouvernement. C’est la discrétion de Diaz qui lui a évidemment valu la préférence d’Obama sur l’autre universitaire obamaniaque Douglas Kmiec que beaucoup donnait comme le futur ambassadeur au Vatican, mais qui a trop “mouillé sa chemise” pour Obama et est devenu de ce fait un personnage très controversé aux États-Unis et, peut-être, au Saint Siège même…

    Avec le choix de Sonia Sotomayor pour la Cour suprême, cette semaine est vraiment celle des Hispaniques “catholiques” : on le comprend de la part d’Obama, pour des motifs purement électoraux. En tout cas son choix est astucieux.
    Avec cette nomination, qui comble une vacance de quatre mois à l’ambassade US près le Saint Siège, une rencontre Benoît XVI/Obama, entre le 8 et le 10 juillet, me semble de plus en plus probable

     

    Sources : benoit-et-moi
    Eucharistie sacrement de la miséricorde - (E.S.M.) 29.05.09 -
    T/International

    Source : http://eucharistiemisericor.free.fr/


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  • Pour Benoît XVI, les laïcs sont coresponsables de la mission de l'Eglise

      (photo d'archive) 

    ROME, Jeudi 28 mai 2009 (ZENIT.org) - Plus que des « collaborateurs », les laïcs doivent être considérés comme « coresponsables » de la mission de l'Eglise, a affirmé Benoît XVI lors de l'ouverture du Congrès ecclésial du diocèse de Rome, organisé du 26 au 29 mai sur le thème « Appartenance ecclésiale et co-responsabilité pastorale ».

     

    Le 26 mai dernier dans la basilique de Saint-Jean de Latran, le pape a regretté que « trop de baptisés ne se sentent pas membres de la communauté ecclésiale et vivent en marge de celle-ci ». La mission d'évangélisation concerne « tous les baptisés », a-t-il insisté.

    « Il existe encore une tendance à identifier unilatéralement l'Eglise avec la hiérarchie, en oubliant la responsabilité commune, la mission commune du peuple de Dieu », a déploré le pape qui a invité à ne pas concevoir le peuple de Dieu « selon une idée purement sociologique ou politique », en oubliant « la nouveauté et la spécificité de ce peuple qui ne devient peuple que dans la communion avec le Christ ».

     

    Benoît XVI a déploré le fait que beaucoup de baptisés aient « oublié le chemin de l'Eglise » et que « ceux qui ne sont pas chrétiens ne connaissent pas la beauté de notre foi ». « Le mandat d'évangéliser ne concerne pas seulement certains mais tous les baptisés », a-t-il continué en ajoutant que trop de baptisés « vivent en marge » de la paroisse, à laquelle il ne s'adressent « qu'en certaines circonstances pour recevoir des services religieux ».

    « Les laïcs sont encore peu nombreux, en proportion du nombre d'habitants sur chaque paroisse qui, tout en se professant catholiques, sont prêts à se rendre disponibles pour travailler dans différents domaines apostoliques ». « Nous ne pouvons pas nous résigner », a poursuivi le pape. « Nous devons reprendre le chemin avec une ardeur renouvelée ».

     

    Pour le pape, il est tout d'abord important de « renouveler notre effort pour une formation plus attentive et pertinente de la vision de l'Eglise » et cela, « non seulement de la part des prêtres que des religieux et des laïcs ».

     

    Il est nécessaire « d'améliorer l'organisation pastorale, afin que, dans le respect des vocations et des rôles des consacrés et des laïcs, on encourage graduellement la co-responsabilité de l'ensemble, de tous les membres du Peuple de Dieu », a-t-il ajouté. « Cela exige un changement de mentalité particulièrement concernant les laïcs » afin de ne plus les considérer comme « 'collaborateurs' du clergé » mais de « les reconnaître réellement comme 'coresponsables' de l'être et de l'agir de l'Eglise, en favorisant la consolidation d'un laïc mûr et engagé ».

    « Cette conscience commune de tous les baptisés d'être Eglise ne diminue pas la responsabilité des curés », a enfin expliqué le pape. « Il vous revient justement à vous, chers prêtres, d'encourager la croissance spirituelle et apostolique de tous ceux qui sont déjà assidus et engagés dans les paroisses : ils sont le noyau de la communauté qui servira de ferment pour les autres ».

     
    Source: www.zenit.org


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  • Discours de départ de Benoît XVI : Les mots les plus délicats de son voyage en Terre Sainte

     

    Le 15 mai 2009  - (E.S.M.) - Dans le discours de congé, prononcé sur la piste de l'aéroport "Ben Gourion" de Tel Aviv, avant de monter dans l'avion qui le ramènera à Rome et au Vatican, le Pape Benoît XVI choisit d'aborder de front tous les thèmes « controversés » de sa visite d'une semaine en Terre Sainte.

    Le pape Benoît XVI - Pour agrandir l'image Cliquer


    Discours de départ de Benoît XVI : Les mots les plus délicats de son voyage en Terre Sainte

    Un premier, et très beau commentaire

    Le 15 mai 2009  - Eucharistie Sacrement de la Miséricorde - Ce sont les mots les plus délicats de son voyage en Terre Sainte : dans le discours de congé, prononcé sur la piste de l'aéroport "Ben Gourion" de Tel Aviv, avant de monter dans l'avion qui le ramènera à Rome et au Vatican, le Pape Benoît XVI choisit d'aborder de front tous les thèmes « controversés » de sa visite d'une semaine en Terre Sainte, depuis la visite au mémorial de l'Holocauste Yad Vashem, où il a prononcé un discours qui a été durement contesté en Israël, jusqu'à la question palestinienne et au mur de séparation israélien, défini comme "une des images pour moi les plus tristes de ce voyage".

    Qu'Israël, dans ces cinq jours, n'ait pas été conquise par le Pape, en témoigne déjà le fait que - alors que le Pape est encore dans la vieille ville de Jérusalem - on commence déjà à démanteler en toute hâte les affiches et les décorations de bienvenue qui ornaient les rues et les murs aux couleurs blanc et jaune du Saint Siège.


    Le "Jerusalem Post", dans un éditorial non signé qui analyse les perspectives de la visite "décisive" du premier ministre israélien Netanyahu à Washington la semaine prochaine pour rencontrer Barack Obama, affirme catégoriquement que le Pape a montré "qu'il ne comprenait pas le conflit israelo-palestinien".
    Le quotidien libéral "Haaretz", dans un article qui fait le point sur la visite de Ratzinger, parle, quant à lui, d'un pape "qui laissera derrière lui beaucoup d'esprits déçus".


    Sa visite est définie comme "très politique" et, durant ces jours, lit-on dans l'article, "les liturgies ont servi de simples remplissage entre une affirmation politique et une autre".
    Le discours de congé du pontife, peaufiné jusqu'à la dernière minute, ne manquera pas de renforcer cette impression. Ratzinger reprend l'image de Saint-Paul de l'olivier juif sur lequel s'est greffée la branche chrétienne, pour décrire les rapports "très étroits" entre chrétiens et juifs.


    En évoquant la visite au Yad Vashem, il parle de juifs "détruits" - répondant ainsi indirectement à ces rabbins qui lui avaient contesté l'emploi du terme "tués", considéré comme trop faible - et, après qu'on l'ait accusé d'avoir été trop "tiède" et "abstrait", il rappelle sa visite "profondément émouvante", trois ans auparavant, au camp d'extermination d'Auschwitz.


    Toutefois, le pape Benoît XVI ne se présente pas comme « allemand » et définit le nazisme, sans le citer nommément, comme "un régime sans Dieu qui a propagé une idéologie de haine et d'antisémitisme".
    Les mots les plus difficiles, cependant, le Pape les cherche pour affronter encore une fois la question du conflit israélo-palestinien: Ratzinger réaffirme être venu comme "ami" des israéliens et des palestiniens et relance l'appel pour la fin de toute "effusion de sang", "combat", "guerre" et "terrorisme" ; il demande "une paix durable basée sur la justice" et surtout il réaffirme son soutien pour une solution à deux États, avec la reconnaissance du droit des palestiniens "à une patrie souveraine indépendante, à vivre avec dignité et voyager librement".


    Surtout, le Pontife revient encore sur le mur israélien, "une des images pour moi les plus tristes de ce voyage", reconnaissant les raisons qui en ont motivé la construction mais réaffirmant la prière afin qu'un jour "les peuples de Terre Sainte puissent vivre ensemble en paix et harmonie sans avoir besoin de ces moyens de sûreté et de séparation".
    Un discours « politique » qui arrive au terme d'un pèlerinage que la presse israélienne a défini jusqu'à présent comme trop "politique" et qui fait passer au second plan l'instant religieusement peut-être le plus intense du voyage : les quatre minutes de prière silencieuse, solitaire, à genoux face à la tombe vide de Jésus, dans la basilique du Saint Sépulcre à Jérusalem

    Texte original du discours du Saint Père Discours de Benoît XVI, cérémonie de départ à l’aéroport Ben Gurion à Tel Aviv

      Regarder la vidéo
    Cérémonie de départ aéroport de Tel-Aviv

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    Source : http://eucharistiemisericor.free.fr/


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  • Voici un autre point de vu, celui-ci laïque, du journal Le Devoir.



    Le pape en faveur d'un État palestinien

     

    Claude Lévesque

    Édition du jeudi 14 mai 2009

     
    Benoît XVI a qualifié de tragique la construction du mur qui sépare l'État d'Israël de la Cisjordanie occupée.
     

    Benoît XVI, qui a passé la journée d'hier à Bethléem, considérée comme la ville natale de Jésus, s'est prononcé pour la création d'un État palestinien et a qualifié de «tragique» la construction du mur qui sépare l'État d'Israël de la Cisjordanie occupée.
    S'il a visité l'église de la Nativité, devant laquelle il a célébré la messe, le chef de l'Église catholique n'a pu, au sixième jour de son périple en Terre sainte, éviter les questions politiques dont l'actualité est particulièrement brûlante dans la région, berceau des trois principales religions monothéistes.
     
    Dès son arrivée à Bethléem, Benoît XVI a rencontré le président de l'Autorité palestinienne, Mahmoud Abbas, à qui il a exprimé l'appui du Vatican à la création d'un État palestinien dans les territoires occupés par Israël depuis 1967.
     
    «Monsieur le Président, le Saint-Siège soutient le droit de votre peuple à une patrie palestinienne souveraine sur la terre de vos ancêtres, sûre et en paix avec ses voisins, à l'intérieur de frontières internationalement reconnues», a dit le pape aux côtés de M. Abbas.
     
    Le gouvernement israélien dirigé par le chef du Likoud, Benjamin Nétanyahou, semble rejeter cette formule des «deux États» prônée par la communauté internationale et acceptée par les précédents gouvernements israéliens.
     
    Pour se rendre à Bethléem, le convoi automobile dans lequel le pape se trouvait a dû franchir un des points de passage aménagés à travers l'imposant mur de béton qu'Israël a élevé sur des dizaines de kilomètres dans le but d'empêcher les attentats.
     
    Près de cet ouvrage qui empiète sur les terres palestiniennes, le pape a visité le camp d'Aïda, où habitent quelque 4600 réfugiés palestiniens.
     
    «Dans un monde où les frontières sont de plus en plus ouvertes pour le commerce, pour les voyages et pour les échanges culturels, il est tragique de continuer à voir des murs s'ériger», a déploré le chef de l'Église catholique.
     
    Ce dernier a affirmé, après avoir vu la barrière, que les murs «peuvent être abattus». «Il est d'abord nécessaire d'ôter les murs construits autour de nos coeurs, les barrières érigées contre nos voisins», a insisté le pape.
     
    À Bethléem, Benoît XVI a également appelé les jeunes Palestiniens à «avoir le courage de résister à toute tentation de recourir à des actes de violence ou au terrorisme. Au contraire, permettez que ce que vous avez vécu renouvelle votre détermination à construire la paix», a-t-il dit. «Je sais combien vous avez souffert et continuez de souffrir en conséquence de la tourmente qui affecte cette terre depuis des décennies».
     
    Dans l'homélie accompagnant la messe qu'il y a célébrée à l'église de la Nativité, le pape a par ailleurs salué la centaine d'habitants de Gaza qui ont été autorisés à faire le déplacement jusqu'à Bethléem. Ce territoire avait fait l'objet en décembre et en janvier derniers d'une offensive militaire israélienne qui s'est soldée par la mort de plus de 1100 personnes du côté palestinien, dont un grand nombre de civils.
     
    «Soyez assurés de ma solidarité avec vous dans l'immense travail de reconstruction qui s'annonce et de mes prières pour que le blocus soit bientôt levé», a affirmé le pape dans son homélie. L'enclave de Gaza demeure soumise à des restrictions très strictes quant aux déplacements de ses habitants et à l'entrée de marchandises.
     
    Le pape devait profiter de son voyage au Proche-Orient pour améliorer les relations entre le Vatican et les Juifs, relations qui ont été malmenées par la réintégration au sein de l'église d'un évêque négationniste en février, et par sa volonté de béatifier le pape Pie XII, souvent accusé d'avoir fermé les yeux sur le martyre des juifs pendant la Seconde Guerre mondiale.
     
    Les relations entre le Vatican et l'Islam sont également tendues depuis les propos controversés que Benoît XVI a tenus sur l'Islam à Rastibonne en 2006.
     
    Dans un éditorial, le Jerusalem Post considérait hier que «le pape a voulu bien faire», mais qu'il a raté l'occasion qui se présentait à lui, lundi au mémorial de Yad Vashem consacré à l'Holocauste, de faire un discours plus senti, comme l'avait déjà fait son prédécesseur, Jean-Paul II.
     
    Même son de cloche dans le principal éditorial du quotidien Ha'aretz. «Ses importantes condamnations de l'antisémitisme et du négationnisme ont été affaiblies par la tiédeur des remarques qu'il a prononcées à Yad Vashem», écrit Ha'aretz, poursuivant: «Cette visite montre qu'il n'y a pas de véritable dialogue entre le Vatican et Israël.»
     
    Le souverain se rend aujourd'hui à Nazareth, en Galilée (nord d'Israël), où il doit s'entretenir avec le premier ministre israélien, Benjamin Nétanyahou. Comme plusieurs autres au Proche-Orient, cette ville où Jésus est censé avoir grandi a vu sa population chrétienne diminuer au cours des dernières années.
     

     

    Dans une entrevue au quotidien du Vatican l'Osservatore Romano, à paraître aujourd'hui, le président d'Israël, Shimon Perez, a affirmé hier que «l'ensemble du message du pape a été un message positif qui pourrait avoir des conséquences importantes» pour la paix dans la région.

     

     

    ***

     

    D'après l'Agence France-Presse, Reuters et Associated Press

    Source:  http://www.ledevoir.com/

    Photo: Agence France-Presse


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  • Benoît XVI à Yad Vashem : le silence face à la tragédie de la Shoah

    ·         Source : famillechretienne.fr

    ·         12/05/2009

    ·         Par De notre envoyé spécial, Jean-Claude Bésida

    Les paroles de Benoît XVI sur la Shoah étaient très attendues. Sitôt atterri, il a dénoncé le négationnisme et l'antisémitisme. C'est au mémorial Yad Vashem qu'il s'est recueilli dans le silence, avant de s'unir au « reproche perpétuel contre le sang versé innocent ».

     

    Au mémorial de Yad Vashem, le pape s'est recueilli en mémoire des six millions de victimes du génocide. photo ©SINAI - AFP

     

    À Yad Vashem, la cérémonie était d’une sobriété poignante. Ce temps était très attendu. Après Jean-Paul II voici neuf ans, Benoît XVI est entré dans le mémorial de Yad Vashem. Il était accompagné par le président de Yad Vashem, le rabbin Israël Meir Lau (ancien grand rabbin d’Israël), le président Shimon Pérès, et le secrétaire de la Knesset. Un temps très émouvant, marqué par la rencontre du Saint-Père avec six survivants de la période.  Aaron, professeur de français à Jérusalem, résume ainsi les préventions d’une partie de l’opinion publique israélienne à l’endroit de Benoît XVI : « D’abord il est allemand, ensuite il a servi dans l’armée du Reich et enfin il a réagi tardivement après l’affaire Williamson. Il faut savoir que ici, pour beaucoup - surtout les ashkénazes - cela ne pardonne pas tellement la mémoire de la Shoah est un sujet plus que sensible. » La cérémonie était d’une sobriété poignante.

     

     Méditation sur « le nom »

    Le pape y a donné une belle et grave méditation biblique sur le nom (1) : « Je suis venu pour me tenir en silence devant ce monument, érigé pour honorer la mémoire des millions de Juifs tués dans l’horrible tragédie de la Shoah. Ils ont perdu leur vie mais ils ne perdront jamais leur nom : ceux-ci sont profondément gravés dans les cœurs de ceux qui les aiment, de leurs compagnons de détention qui ont survécu et de tous ceux qui sont déterminés à ne plus jamais permettre qu’une telle atrocité déshonore à nouveau l’humanité. Plus que tout, leur nom sont à jamais inscrits dans la mémoire du Dieu Tout-Puissant» et, un peu plus loin  « En contemplant, à l’intérieur de ce mémorial, les visages qui se reflètent à la surface immobile de l’eau, on ne peut s’empêcher de se rappeler que chacun d’eux porte un nom. Je ne peux qu’imaginer la joyeuse attente de leurs parents alors qu’ils se préparaient avec impatience à accueillir la naissance de leurs enfants. Quel nom allons-nous donner à cet enfant ? Qu’adviendra-t-il de lui, d’elle ? Qui pouvait imaginer qu’ils seraient condamnés à un sort aussi lamentable ! Alors que nous nous tenons ici en silence, leur cri résonne encore dans nos cœurs. C’est un cri élevé contre tout acte d’injustice et de violence. C’est le reproche perpétuel contre le sang versé innocent. »

     Ils attendaient plus

    Le Père Patrick Desbois, secrétaire du Comité épiscopal des évêques de France pour les relations avec le judaïsme, suivait cet événement à nos côtés et explique : « On est dans quelque chose de très différent de ce qui s’est passé il y a neuf ans. Avec Jean-Paul II, la chaleur était palpable. » Et force est de constater que cette belle méditation ne correspondait que partiellement à l’attente qui s’était focalisée sur cette étape, côté israélien. Une voix aussi autorisée que celle du rabbin Meir Lau, qui se tenait debout à coté du Saint-Père dans le mémorial a expliqué au Jerusalem Post : « il manquait quelque chose. Il n’a fait aucune mention des nazis ni des Allemands qui ont participé à cette boucherie, n’a pas eu un mot de regret.» Et cette voix, venant d’une figure par ailleurs amicale envers l’Église, n’est pas isolée.

    Bref, cette étape, qui en tant que telle était d’une qualité poignante, n’a pas suffi à apaiser les préventions du public israélien, une attente d’ailleurs probablement exacerbée et impossible à combler.

    De notre envoyé spécial, Jean-Claude Bésida


    (1)Yad Vashem signifie littéralement « le mémorial du nom », pour recueillir le nom de toutes les victimes de la Shoah. Il fait référence à la phrase d'Isaïe 56, 5 : « Et je leur donnerai dans ma maison et dans mes murs un mémorial (yad) et un nom (shem) qui ne seront pas effacés ». « Hashem » est aussi une manière détournée de nommer Dieu dans la religion juive.

     Source: www.famillechretienne.fr


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