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Communiqué du Comité Interreligieux de la Famille Franciscaine- re: la violence

Extrait de MESSAGE  page 8-9 Mars/Avril 2015

Communiqué du Comité Interreligieux de la Famille Franciscaine

Colombe de la Paix @ CIFFCe qui vient de se dérouler ces 7 et 9 janvier 2015 dans notre pays, en sa capitale, Paris, et en deux lieux  symboliques, l’un de l’exercice extrême de la liberté d’expression, et l’autre de la communauté juive, ne peut être en aucun cas justifié ni excusé. On peut trouver un certain humour pas drôle du tout, ou même franchement insultant, cela ne justifie pas l’assassinat, la seule véritable profanation religieuse, ici et partout où cela se produit au nom de Dieu. Quant à l’antisémitisme, il reste un fléau à combattre sous toutes ses formes et de toutes nos forces. Nous sommes solidaires avec toutes les victimes, et nous dénonçons la violence partout où elle s’exerce.

De l’humour juif aux récits de Nasreddine Hodja (Joha en Afrique du Nord), en passant par Golias, la dimension traditionnelle de l’autodérision fonctionne dans des sociétés ou des communautés relativement homogènes, où l’identité religieuse est suffisamment établie et stabilisée. Ne pas se prendre au sérieux fait partie du chemin spirituel. L’humour est indispensable pour lutter contre toute forme de religiosité, de bigoterie, dans lesquelles l’Amour de l’Un risque de devenir la haine de l’autre – la haine de la diversité. Le fondamentalisme en est l’ennemi par excellence.

Mais la caricature, la moquerie, la dérision ne peuvent exercer leur effet pédagogique, salutaire, décapant, qui leur donne toute leur valeur, que dans un contexte fraternel. Pour nous, membres du Comité Interreligieux de la Famille Franciscaine, le respect absolu des personnes, dans leur histoire et leur identité, prime sur toute autre considération, y compris celle d’une prétendue liberté qui se croirait tout permis. Comme dans notre devise républicaine, la fraternité équilibre la liberté et lui donne à la fois sa raison d’être et son milieu d’exercice, infini.

Les meurtriers des 7 et 9 janvier 2015 sont des enfants de notre République, accueillis, élevés, éduqués, dans une nation qui, aujourd’hui, est endeuillée et indignée, nous l’espérons à double titre. Car au-delà de cette indignation, il nous faudra réfléchir, tous, à un exercice de la liberté plus responsable, à la prise en compte, en notre corps social, des identités fragilisées non seulement par une conception étriquée de la laïcité, mais surtout par des inégalités sociales croissantes, sources de ressentiment, de violence sourde, de déséquilibres insupportables. Il était facile de montrer du doigt le terrorisme venu de l’étranger. Qu’en est-il de celui qui naît dans nos familles, nos écoles, nos universités ? Nous sommes renvoyés par ce drame à la construction modeste, patiente et responsable d’un vivre ensemble nouveau. D’abord, très concrètement, au jour le jour, parole après parole, page après page, geste après geste. Ensuite à travers l’élaboration d’une vision commune de notre destin collectif.

Le monde attend d’un pays comme le nôtre qu’il invente encore, y compris au moyen de la caricature et de l’autodérision, mais surtout grâce à sa devise et à ses ressources spirituelles, au sens large, une façon de vivre ensemble en pluralité qui le dépasse et montre la voie. Nous croyons que c’est possible !

Le Comité Interreligieux de la Famille Franciscaine

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