Homélie - 2ème dimanche du temps ordinaire
Abbé Jean Compazieu« Que cherchez-vous ? »
Textes bibliques : Lire
Les lectures bibliques de ce dimanche nous parlent de l’appel du Seigneur et du changement qui en découle. Nous avons tout d’abord l’appel du jeune Samuel. Cet enfant avait été confié par sa mère au prêtre Élie. Ce prêtre finit par comprendre que la voix entendue par l’enfant est celle de Dieu. Alors, il n’hésite plus. Il renvoie l’enfant à son interlocuteur invisible et il lui montre quelle suite il doit donner : « Si on t’appelle, tu diras : parle, Seigneur, ton serviteur écoute. »
Le prêtre Elie se garde bien de gêner ce dialogue. Il sait que c’est important de respecter la conscience d’un enfant. Dieu parle au cœur de beaucoup d’enfants. Et comme le prêtre Elie, nous avons à leur apprendre à se mettre à son écoute. Il y a un secret entre Dieu et l’enfant. La nuit de Noël, nous avons fêté notre Dieu qui est venu nous rejoindre sous les traits d’un petit enfant. Il appartient aux éducateurs de les ouvrir à ce dialogue avec lui. Ils ont une mission de discernement. C’est ainsi qu’on aide des enfants à grandir. Le texte d’aujourd’hui ne nous dit pas le contenu du dialogue entre Dieu et le petit Samuel. Mais nous savons que cette rencontre a donné une orientation nouvelle à sa vie : « L’enfant grandit ; le Seigneur était avec lui et il ne laissa aucune de ses paroles sans effet.
C’est aussi ce message que nous laisse saint Paul dans sa lettre aux Corinthiens. Il dénonce les abus et les scandales qui existent dans cette communauté : les divisions entre fidèles, les atteintes à la chasteté chrétienne, les recours aux tribunaux païens. Pour celui qui a entendu l’appel du Seigneur et qui l’a accueilli dans sa vie, ce n’est pas acceptable. Notre rencontre avec lui doit être le point de départ d’une vie entièrement renouvelée. Nous devons nous laisser guider par l’Esprit Saint. Nous chrétiens, nous sommes soumis à toutes sortes de tentations. Mais le Seigneur ne cesse de nous appeler. En ce dimanche, nous sommes invités à entendre sa parole et à la mettre en pratique dans notre vie de tous les jours.
L’Evangile de ce jour nous parle de Jean Baptiste : Il voit Jésus qui « allait et venait ». Et il dit : « Voici l’Agneau de Dieu ». C’est une manière de dire : Voici celui qui aime tous les hommes. Un agneau, c’est fragile, doux, sans défense. Au temple de Jérusalem, les fidèles avaient l’habitude d’immoler un agneau pour la purification des péchés. Plus tard, Jésus sera comme cet agneau : il livrera son Corps et versera son sang pour nous et pour la multitude en rémission des péchés. C’est ainsi qu’il sera porteur du pardon de Dieu.
Deux disciples de Jean Baptiste l’ont vu montrer « l’Agneau de Dieu ». C’étaient des pécheurs du lac de Tibériade. L’ayant entendu, ils se mettent à suivre Jésus. Jésus se retourne et leur demande : « Que cherchez-vous ? » La même question nous est posée à tous aujourd’hui : Que cherchons-nous ? C’est vrai que parfois, nous ne cherchons pas du bon côté. Rappelons nous la mise au point de Jésus après la multiplication des pains : s’adressant à la foule, il dit : « vous me cherchez parce que vous avez mangé du pain et que vous avez été rassasiés » (Jn 6, 26. Beaucoup ne cherchent pas Jésus pour lui-même ; ce qui les intéresse, c’est leur satisfaction personnelle.
Les deux disciples posent la question : « Maître, où habites-tu ? » nous comprenons qu’ils recherchent un maître et un lieu d’enseignement. La réponse de Jésus est un appel à le suivre : « Venez et vous verrez. » C’est ainsi qu’ils acceptent de cheminer avec lui et de voir qui il est. Ils ont trouvé celui qu’ils cherchaient. André le dit à son frère Simon. Trouver le Christ c’est accepter de ne pas s’installer, c’est accepter de marcher sans cesse. La vocation du disciple c’est de marcher à la suite du Maître. C’est aussi accepter de marcher avec les autres. Ces derniers peuvent être très différents. Les chrétiens ne sont pas tous constitués sur le même modèle. La diversité est une richesse.
Cette semaine, nous prions pour l’unité des chrétiens. Prier pour l’unité c’est reconnaître que nos vocations sont différentes. Il ne s’agit pas de rechercher des compromis entre catholiques, protestants, orthodoxes… L’important c’est de nous mettre ensemble autour du Seigneur et d’entendre son appel. C’est autour de lui seul que pourra se construire l’unité entre tous les chrétiens.
Et après avoir prié ensemble, nous apprendrons à voir en eux des frères et des sœurs. Des chrétiens divisés, des chrétiens qui critiquent les autres à la sortie de la messe ne peuvent pas vraiment témoigner du Christ. Tout au long de cette semaine, nous prierons pour que nos communautés chrétiennes deviennent plus fraternelles et plus unies. Et nous mettrons tout en œuvre pour qu’il en soit ainsi. Alors, comme André, nous pourrons dire à d’autres : « Nous avons trouvé le Christ, Celui que nous cherchions. » Et nous mourrons chanter avec plus de vérité : « Seigneur, tu nous appelles et nous allons vers toi, ta bonne nouvelle nous met le cœur en joie. »
source http://dimancheprochain.org
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