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« Il se fit déposer nu sur la terre nue » - Revue MESSAGE

Janvier - Février 2015

Commentaire franciscain

 NU

« Il se fit déposer nu sur la terre nue »

 Quelques petits mots qui suscitent des impressions très contrastées.

Nu

  • Froid – chaleur ?
  • Sécurités – gène ?
  • Douceur – violence ?

« Aujourd’hui, je veux m’habiller tout nu ! » claironnait un gamin a sa mère… Pour les adultes, par contre, c’est un peu plus complique…

Qui n’a jamais rêvé – mais c’est plutôt un cauchemar ! – de se trouver dévêtu en public ? Or, en principe on n’est pas entièrement nu, on a plutôt oublie d’enfiler le haut, le bas, voire juste ses souliers. Ensuite, les autres, généralement connus mais non très bienveillants, sont habilles, eux. Et la, c’est la honte assurée…

 Peut-être que la nudité ne revêtait pas au 13 e siècle la même signification que maintenant ? Il n’est pas rare en tout cas que François et ses premiers compagnons, s’exposent aux rires des badauds en se baladant, voire en prêchant plus ou moins dévêtus. Pénitence imposée ou soi-même improvisée, devenue quasiment un sport pour certains Frères comme le malicieux Junipère, en un temps ou, ma foi, on n’avait pas la télé, et ou le geste symbolique signifiait bien davantage que dans notre société gavée de représentations.

.Dans son récit, Bonaventure interprète ce dernier acte de François comme un désir de « lutter nu avec l’adversaire nu » Présente dans les écrits de Claire, cette idée toutefois ne me semble plus coller a ce moment suprême. Quelques années plus tôt, oui, le Poverello restituait ses vêtements a son père pour ne plus donner prise a sa cupidité. Quitter son habit peut évoquer une libération face aux apparences, a un rôle qui nous cache aux autres et a nous-mêmes. Plus tard, on le voit se jeter dans des rivières, se rouler dans la neige et construire des bonshommes, ludique désamorçage des manœuvres du malin… Les Fioretti nous le montrent enfin allonge dans un lit de flammes, conviant la courtisane qui tendait ses filets...

François semble ne craindre rien ni personne. Toute créature lui devient fraternelle des lors qu’il a trouve sa place au sein de l’univers, tant il est sur d’avoir pour Père le Créateur de toute chose. Mais ces quatre éléments pourraient encore être lus comme des étapes sur son chemin : Nu au vent de sa conversion, dans l’eau de ses combats, au feu de son amour… Et enfin, dans cet ultime passage, François se retrouve « nu sur la terre nue » tant il est vrai que pour ne pas devenir violence, la nudité demande réciprocité.

« Notre Sœur et mère la Terre » ne fait pas vraiment nombre avec les autres éléments, elle qui « les porte et les nourrit » A elle François se livre, confiant son corps a sa généreuse tendresse.

 Il y a trois catégories de personnes qui remettent leur corps aux mains de l’autre : les nourrissons, les amoureux et les grands malades. « Dieu a mis son corps entre nos mains » chante une hymne. Aux mains de Marie, aux mains des bourreaux… Christ adore, malmené, amoureux éperdu de l’humanité blessée… Configure a ce visage inlassablement contemple, François a tente toute sa vie de se désapproprier. L’heure n’est plus a la lutte, mais bien a l’abandon, pour se laisse façonner, recréer, et entrer dans la nouveauté absolue de son Dieu.

Soeur Laetitia-Catherine, Montorge

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