L’UNIFICATION DE L’AME
Que pouvons-nous faire pour rassembler notre âme tiraillée en tous sens si ce n’est nous efforcer de déjouer et de surmonter les tentations qui se présentent à nous sur le chemin ? Que pouvons-nous faire si ce n’est, au milieu de l’action, nous « ressaisir » et réorienter notre âme en nous ouvrant à la Parole ? Que pouvons-nous faire, si ce n’est, sous le regard de Dieu, nous laisser « ré-ajuster » à partir d’un acte de déposition et dans un désir de purification et d’unification ?
L’homme peut unifier son âme.
L’homme, malgré son âme multiple, compliquée, contradictoire, n’est pas réduit à l’impuissance. En effet, le noyau intime de cette âme – la force divine qui demeure dans ses profondeurs – peut agir sur elle et la transformer, il peut lier les unes aux autres les forces en conflit et fondre ensemble les éléments qui tendent à se séparer, il peut l’unifier. Mais il ne faut pas croire que l’ascèse puisse provoquer l’unification ; elle peut purifier, elle peut également concentrer mais elle n’est pas en mesure de protéger l’âme contre ses propres contradictions.
Il convient de ne pas perdre de vue, qu’aucune unification de l’âme n’est définitive. Mais chaque œuvre que nous exécutons d’une âme unifiée, agit en retour sur notre âme et agit dans le sens d’une unification nouvelle et plus haute ; chacune nous conduit, quoique par divers détours, à une unité plus stable que ne l’était celle qui la précédait. C’est ainsi que par son degré d’élévation, l’âme peut surmonter les contradictions. Si la vigilance s’impose toujours, elle sera alors plus sereine.
L’âme n’est réellement unifiée qu’à condition que toutes les forces le soient également, c’est-à-dire l’homme entier, corps et esprit confondus. «Tout ce qui t’est donné de faire, fais-le avec toute ta force ! » Ce qu’on fait, on doit le faire avec tous ses membres, c’est-à-dire en impliquant tout notre être corporel. Des éléments qui composent notre personne, aucun ne doit rester extérieur à l’action. C’est le chemin de l’homme vers l’unité trine, unité formée du corps, de l’âme et de l’esprit.
L’âme confrontée au conflit entre les hommes.
Nous avons tendance lors d’un conflit à ne voir que l’extériorité des choses. Nous oublions souvent de rapprocher la problématique de la vie extérieure de celle de la vie intérieure. Or, cela est essentiel. Nous devons d’abord réaliser que les conflits qui nous opposent aux autres, ne sont souvent que des conséquences des situations conflictuelles dans notre âme propre. C’est en nous mettant sous le regard du Seigneur, dans un acte de déposition, que nous pouvons alors nous laisser ré-ajuster. Soutenus et affermis par la grâce, nous sommes en mesure de surmonter le conflit intérieur qui est le nôtre, pour nous tourner vers nos semblables, en personnes transformées, pacifiées et nouer avec eux des relations nouvelles. Ainsi, seules la considération et la compréhension de tous nos processus, le désir de coopérer à la grâce, peuvent entraîner une transformation réelle, d’abord de la personne elle-même, puis du rapport entre elle-même et ses semblables et aussi une réelle guérison.
Commencer la transformation par soi-même, voilà ce qui importe ! Plutôt que de se considérer comme un individu auquel font face d’autres individus, laissons agir en nous la personne authentique dont la transformation aide à la transformation du monde.
Oublions-nous un peu! « A l’homme qui ne pense point à soi, on donne toutes les clefs. »
Si chaque homme doit faire un retour sur soi-même, s’il doit embrasser sa voie particulière[1], s’il doit unifier son être et pour cela commencer par soi-même, peut-il alors s’oublier soi-même ? Cette dernière exhortation a pourtant la place qui lui revient. Il suffit de poser cette seule question : « Pourquoi ? »
- Pourquoi faire retour sur moi-même, pourquoi embrasser ma voie particulière, pourquoi unifier mon être ? Voici la réponse : pas pour moi.
- Pourquoi commencer par soi-même. Commencer par soi, mais non finir par soi ; se prendre pour point de départ, mais non pour but ; se connaître, mais non se préoccuper de soi.
Ce retour signifie quelque chose de plus grand que repentir[2] et pénitences. Il signifie que l’homme qui s’est égaré dans le chaos de l’égoïsme – où il est toujours lui-même son propre but – trouve par un revirement de son être tout entier, le chemin vers Dieu, le chemin vers l’accomplissement de la vocation particulière à laquelle Dieu l’appelle, lui, particulièrement.
Selon certains sages, toute rencontre d’un être ou d’une chose que nous faisons au cours de notre vie est porteuse d’un sens secret. Les hommes avec lesquels nous vivons ou que nous côtoyons, les animaux domestiques, le sol que nous exploitons, les produits de la nature, les outils dont nous nous servons, tout recèle une substance spirituelle secrète qui a besoin de nous pour atteindre sa forme parfaite, son achèvement. Si nous ne tenons pas compte de cette substance spirituelle placée sur notre chemin, si, négligeant d’établir une relation véritable avec les êtres et les choses à la vie desquels nous sommes tenus de participer comme ils participent à la nôtre, alors nous ne songeons qu’aux buts que nous poursuivons et nous manquons nous-mêmes l’existence authentique accomplie.
La plus haute culture de l’âme reste aride et stérile, à moins que ces petites rencontres ne reçoivent de nous ce qui leur revient et sécrètent, jour après jour, des eaux vives qui irrigueront l’âme, de même qu’en son fonds intime la puissance la plus immense n’est qu’impuissance si elle n’est pas secrètement l’alliée de ces contacts tout à la fois humbles et secourables avec ce qui est étranger et pourtant proche.
Où Dieu demeure-t-il ?
La question peut surprendre. Voici la très belle réponse de Rabbi Mendel de Kotzk. « Dieu demeure là où on le fait entrer. »
Voilà bien ce qui importe : Faire entrer Dieu. Mais on ne peut le faire entrer que là où l’on se trouve réellement, là où l’on vit une vie authentique. Si nous sommes attentifs aux rapports que nous entretenons avec le petit monde qui nous est confié et si, dans le domaine de la création avec laquelle nous vivons, nous aidons la sainte substance spirituelle à parvenir à son achèvement, alors nous ménageons à Dieu une demeure en notre lieu, alors nous faisons entrer Dieu.[3]
Voici, je me tiens à la porte, et je frappe. Si quelqu’un entend ma voix et ouvre la porte, j’entrerai chez lui, je souperai avec lui, et lui avec moi. » (Apocalypse 3, 20)
Suzanne Giuseppi Testut - ofs
[1] Cf. Article N° 19 « La vocation de l’homme »
[2] Cf. Article N° 7 « le repentir »
[3] D’après Martin Buber
Pour votre information voici où vous pourriez rencontrer Suzanne prochainement
- Au Québec en Octobre 2010
Sherbrooke le mercredi 13
octobre, Rencontre de ressourcement au Monastère Sainte Claire, 313 Queen, Sherbrooke. Accueil 8h30
fin 16h30, il y aura Eucharistie. On vous suggère d'apporter votre diner et votre
tasse, il y aura la possibilité de commander du poulet (env.10$)
Contribution suggérée de 10$ et plus si c'est possible pour vous. Pour plus d'informations richard372000ARROBASyahoo.ca (remplacer ARROWBAS par @ )
autres endroits au Québec et un en Ontario
Samedi 2 octobre : Rencontre des OFS (Montréal : Responsable : Gilles Métivier).