LA METANOÏA : VOIE DE LIBERATION
La fête de Pâques est précédée du Carême. Période au cours de laquelle l’accent est particulièrement mis sur la
prière, la lutte contre le péché, sur le repentir et la conversion, c’est-à-dire, la métanoïa en tant que voie de libération du péché.
Nous le savons, nous faisons tous l’expérience du péché, individuellement, personnellement. Non seulement chacun la fait mais encore, la répète. Chacun la subit, la croise sur son chemin. Le péché est donc une expérience universelle pour l’homme vivant en ce monde.
Cette expérience commune à l’humanité, nous montre que le mot « péché » ne relève pas de la morale, de l’éthique ou de la philosophie mais plutôt de l’existence de l’homme. Cela met en évidence les difficultés que nous avons de vivre de la vie de Dieu dans notre vie d’hommes et de femmes. Nous « manquons la cible », nous nous fourvoyons, nous ne marchons pas comme il faut, là où il faut, c’est-à-dire à côté de Dieu. Nous nous retrouvons prisonniers de nous-mêmes, préférant notre égo, notre enfermement en nous-mêmes, à l’ouverture à la vie et à la communion. Au lieu de choisir la vie, nous choisissons la mort. Nous connaissons alors le péché de séparation d’avec Dieu.
Il y a donc une réalité du péché dont le caractère mortifère est une terrible menace qui pèse sur l’homme. Ce qui menace l’homme, plus encore que la mort physique qui en dépend, c’est la mort spirituelle. Celle-ci engage entièrement la personne par delà même toute représentation mentale, consciente ou inconsciente. C’est cette mort spirituelle qui révèle le salut comme urgence absolue.
Nul ne peut donc vivre sans connaître l’expérience du péché. L’important est ce que nous faisons de cette expérience, c’est ce que nous enseigne la Bible.
Quel est le personnage que l’Evangile met en évidence ?
Ce n’est pas le sage, ce n’est pas l’homme des vertus donneur de leçons, ni l’humaniste qui nous propose par l’éducation au bien, de nous rendre meilleurs. Non, c’est le pécheur, c’est-à-dire celui qui a échoué, qui a raté sa vie, qui a trahi, qui a trompé, qui a fait des choix contestables…
C’est celui qui crie au secours : Seigneur, Jésus, aie pitié de moi, pécheur ! C’est le publicain qui se sait pécheur mais qui vient se déposer devant Dieu. C’est Zachée qui, considéré comme un traitre par son peuple, monte sur son arbre pour ne pas rater le passage de Jésus. Nous retrouvons ici la grandeur et la liberté de l’homme qui, se retournant sur lui-même dans une prise de conscience, sait qu’il est dans un processus de mort et dit : « Seul je ne peux pas m’en sortir. Par moi-même, je resterais dans la mort. »
Cette prise de conscience, cette reconnaissance, s’appelle la métanoïa, le repentir, la conversion, le retournement du cœur, le retournement de l’homme vers Dieu. Véritable renversement de situation issu de la grâce. En effet, si l’homme a le sentiment que ce mouvement vient de lui, sachons toutefois que c’est Dieu qui suscite ce retournement de l’homme vers Lui. C’est la métanoïa elle-même, c’est-à-dire la prise de conscience provoquée par Dieu - prise de conscience du « péché » comme un retour à Dieu - qui est en elle-même libératrice.
Dès lors, l’homme qui accepte de suivre le Christ dans sa dynamique de vie, qui accomplit une métanoïa et entre en conversion, est déjà en grande partie guéri. Il est capable de se situer en vérité, de nommer et déposer sous le regard de Dieu ses pensées, sa faute, sa faiblesse, ses torts. Mais c’est aussi et surtout un homme libéré du poids du fardeau de la faute parce qu’il reconnaît que, en vérité, sur la croix, Jésus-Christ se tournant vers le Père, a pris sur lui une fois pour toutes, tous les péchés du monde. Par ce don du Christ, il sait que le péché et la mort n’ont plus de force.
Ainsi, cette façon de prendre conscience n’a rien à voir avec une appréhension d’ordre moral, ni un sentiment psychologique de culpabilité. Provoquée par le Christ, la métanoïa est une voie de libération, de guérison et de vie.
En ce temps de carême propice à la conversion, nous pouvons apprendre à nous libérer du diable - le diviseur - à passer sur l’autre rive c’est-à-dire à sortir de la terre du péché, de l’esclavage des passions pour aller vers la terre promise de la divinisation, à passer de la communion à la vie divine. Au sein de ce passage libérateur, de cette pâque, nous pouvons expérimenter la portée des sacrements de l’Eglise et la force de la prière. Nous apprenons à nous tourner vers Dieu. Nous comprenons mieux à quel point la communion avec le Saint Esprit que le Christ a restauré une fois pour toutes, est vitale pour nous et pour le salut du monde.
Que doit faire l’homme pour se tourner vers Dieu ?
Il doit d’abord éviter deux grands dangers :
Le premier est l’insensibilité au péché, l’incapacité à comprendre ce qu’est le péché, la négation du péché en quelque sorte qui participe souvent de l’indifférence même à Dieu, de l’impossibilité de reconnaître un ordre plus grand, c’est-à-dire un ordre transcendant. C’est ce qu’a vécu David qui, non seulement vole Bethsabée à son mari, mais encore envoie ce mari mourir à la guerre lorsqu’il apprend que Bethsabée est enceinte et qu’il veut à tout prix garder l’enfant comme sa propriété. Sans l’intervention du prophète Nathan, David ne se serait jamais libéré de ce péché dans un acte de repentir.
Le second est une sorte d’alanguissement sur soi-même se manifestant sous forme de la tristesse ou même du désespoir. Il peut prendre aussi la forme de la culpabilité.
Pour se tourner vers Dieu, il faut monter comme Zachée sur l’arbre pour voir le Christ. Il faut s’accrocher à sa tunique comme la femme hémorroïsse. Il faut oser comme la Samaritaine, parler avec lui et lui offrir de l’eau. Il faut crier vers lui comme le publicain, comme Bartimée et bien d’autres. Il faut oser rencontrer des moines ou des moniales ou se mettre en quête d’un accompagnateur spirituel, de ces personnes qui ont reçu de l’Esprit Saint le charisme du discernement et peuvent nous aider à entrer dans un chemin de purification du cœur et de reconnaissance de l’amour miséricordieux de Dieu.
Au fait, qu’est-ce que l’amour miséricordieux ? « C’est cette façon ineffable qu’a l’amour qui ne compte pas, de se répandre, de se déverser comme une huile, comme un parfum. C’est cette façon surabondante qu’a Dieu de nous oindre malgré tout, en dépit de tout. Cette façon qu’a l’amour divin de nous accueillir, sans égard pour le péché. »
Suzanne Giuseppi Testut ofs
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Pour votre information voici où vous
pourriez rencontrer Suzanne dans les prochaines semaines.
- Temps de mission - Parcours spirituel (depuis un an) - Diocèse de la Vallée de la Cèze - les 7 mars et 25
avril
- Rencontre avec les Clarisses d'Orthez sur "la déposition" et animation d'un groupe en "formation" OFS les 12-13-14 mars
- Session sur "les passions" - Abbaye Bénédictine ND de Maylis du 14 au 21 mars
- Week-end de formation franciscain et conférence les 17 et 18 avril à Saint Maurice en Suisse (invitée par Brigitte Gobbé)
- Rencontre avec l'aumônier de la prison de Genève sur "la déposition" le 19 avril (Je suis la correspondante d'un prisonnier ... qui fait une pub terrible et offre la déposition à plein de gens!)
- Poursuite de la formation du groupe d'Orthez (Landes) les 30 avril - 1er et 2 mai
- Conférence sur la déposition à Bordeaux le 6 mai
- Conduite et animation du Pèlerinage à Assise avec le groupe de la Vallée de la Cèze du 23 au 31 mai
- Partage sur la déposition avec les Clarisses Françaises d'Assise, début juin
- Au Québec en Octobre 2010, plus de détails dans un proche avenir.