Le saint et le génie, au sommet de l’humanité
Voilà ce que nous offre Michel Feuillet en son nouveau livre – dont la qualité esthétique est en tous points à la hauteur du sujet.
BERNARD PLESSY 5 JUIN 2016
©Désclée du Brouwer
Assise vers l’an 1200. François, fils d’un riche marchand, renonce publiquement aux biens de son père, jusqu’à la nudité, pour épouser la Pauvreté. On imagine mal le choc que ce put être dans la chrétienté de l’époque. Le Sermon aux oiseaux, le Cantique des créatures, les fioretti, traits de Légende dorée, ont fait oublier ce qui fut d’abord sainte violence – celle peut-être du verset un peu mystérieux de saint Matthieu (11, 12) : Le Royaume souffre violence, et des violents s’en emparent. Violence de la rupture, douceur de l’abandon : François est le saint des extrêmes. Héritage difficile pour ses premiers compagnons. Comment être pauvre ? Dénuement total ou usus pauper, pauvre mais avec l’usage des biens nécessaires comme prêtés ? Spirituels dans leurs ermitages, conventuels dans les villes ? Cette fracture, très vite conflictuelle, traverse l’histoire de l’Église, de la société (Molière… « Il faut, parmi le monde, une vertu traitable »), de l’art : richesse et pauvreté en art, quel sujet !
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