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Méditation : La gratitude ou la prière du pauvre - Stéfan Thériault

« Il ne s’est trouvé parmi eux que cet étranger

pour revenir sur ses pas et rendre gloire à Dieu ! »

(Luc, 17, 11-19)

Méditation : La gratitude ou la prière du pauvre - Stéfan Thériault

Méditation : La gratitude ou la prière du pauvre

Toute la vie de Jésus est une lente et longue marche vers Jérusalem,
car toute sa vie est dirigée vers ce lieu et vers cette heure
où il sera crucifié et mourra pour nous.
Ce chemin, il le parcourt en libérant et en guérissant.
Le récit d'aujourd'hui nous parle de sa rencontre avec dix lépreux.
Leur guérison ou conversion semble un chemin en trois étapes :
la soif, la marche et la gratitude.

Nous ne pouvons être guéris sans nous, « Jésus, maître, prends pitié de nous. » L'Amour est toujours un acte libre, une soif.
Si nous ne demandons pas à Dieu avec ardeur notre guérison et notre conversion, Il est comme sans pouvoir. La guérison n'est pas un acte magique
mais le désir d'une rencontre avec Dieu avec un cœur sincère.
Jésus n'a pas peur de notre lèpre et ne fuira pas devant nous.
Qu'importe le mal que nous avons fait, il est toujours prêt à nous pardonner.
C'est ce à quoi la traduction de Chouraqui du « prends pitié de nous » renvoie : « matricie-nous ». C'est le même verbe qu'il utilise
pour traduire le fait de faire miséricorde.
Cette matrice correspond aux entrailles de Dieu,
où chacun-e trouve l'Amour dont il a besoin pour naître à nouveau.
Désirons-nous cette naissance ? Là est la première étape à notre guérison.

Si Jésus voit (« à cette vue ») en nous cette disposition,
il nous demande d'aller nous « montrer aux prêtres ».
Nous pouvons imaginer que, pour des lépreux dont le corps est déformé,
« aller se montrer » n'est certainement pas simple.
De plus, ils savent que, pour les prêtres juifs,
cette maladie est signe de leurs péchés
et qu'ils sont déjà condamnés à payer pour leurs fautes.
Mais ce chemin, cette mise à nu de leur (notre) être dans sa lèpre
est une condition pour la guérison.
Nous ne pouvons être guéris sans la reconnaissance du mal qui nous habite
et, donc, sans la prise de conscience de notre besoin de salut.

Cette prise de conscience n'est pas non plus magique,
elle implique de prendre la route (« en cours de route »).
Elle est un chemin où nous osons nous acheminer,
car nous croyons en la parole de Jésus.
Cet acte de foi est nécessaire, faisant de ce chemin un lieu de confession
où nous osons nous laisser regarder par Dieu, par les autres et, spécialement,
par nous-mêmes. Depuis si longtemps notre vie est marquée par la lèpre
et il est bien temps de la reconnaître si nous voulons être « matriciés » par Dieu.
Et ce chemin, pour un ou pour l'autre, prendra le temps qu'il faudra.
Il aura la vitesse de nos lenteurs.

Puis, sur cette route, nous serons « purifiés »
et nous serons témoins de notre guérison progressive.
Un jour, nous verrons que l'emprise du mal sur notre vie n'est plus
et que notre visage et notre peau n'ont plus la déformation de la lèpre.
L'infection du mal s'est retirée.
Par sa miséricorde, Jésus nous aide alors à naître à qui nous sommes vraiment.

Mais au terme, ce qui scellera cette transformation
et amènera jusqu'à la purification de l'âme et du cœur est la gratitude.
Le récit nous raconte que seulement un sur 10 y arrive :
« Il ne s’est trouvé parmi eux que cet étranger
pour revenir sur ses pas et rendre gloire à Dieu ! »
Cette constatation est troublante. Est-il vrai que nous demandons souvent à Dieu mais que, tous les jours, nous oublions la gratitude,
c'est-à-dire de remercier Dieu pour tout ce qu'il fait pour nous ?
Pire encore, entre notre demande intérieure à Dieu et le temps de notre guérison, est-il possible que nous en arrivions même à oublier Dieu ?

L'essence de notre foi est la gratitude.
Cette dernière est le signe d'une relation vraie avec Dieu.
Nous pouvons demeurer des éternels preneurs mais la foi exige, au terme,
notre amour pour Dieu, notre engagement à sa suite.
« Relève-toi et va : ta foi t’a sauvé. »
Le cœur de notre (re)lèvement est cette gratitude, expression d'un cœur
qui n'est pas fixé que sur sa guérison et son propre bien-être
mais sur Dieu, simplement.

Il est dit souvent que la plus belle des prières est de dire merci,
de reconnaître réellement ce que Dieu a fait pour nous.
Puissions-nous trouver en nous aujourd'hui, à la fois,
notre faim et notre soif de Dieu afin qu'elles montent en prière vers Dieu,
que nous osions nous mettre en marche à sa Parole
et nous laisser regarder jusque dans notre mort afin d'être purifiés
et que, devant notre guérison, nous laissions surgir en nous
une profonde gratitude envers Celui qui est la Source de tout.
Sans Lui, nous ne pouvons rien faire.

Nous attribuons souvent notre résilience à nous-mêmes
et si elle n'était que le simple fruit de la grâce en celui qui se laisse regarder
et, dans ce regard, se laisse « matricier » par Dieu.
Puissions-nous retrouver le chemin de la reconnaissance !
Nous reconnaître, ce n'est pas seulement nous voir nous-mêmes
ou voir les autres et Dieu mais, surtout, par cette reconnaissance,
reconnaître que tout nous est donné ! La gratitude est la prière des pauvres !

Stéfan Thériault, directeur du Centre« Le Pèlerin »
stheriault@lepelerin.org (www.lepelerin.org)11 novembre 2020

 

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