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Méditation : Le danger de l'orgueil

 

Méditation : Le danger de l'orgueil

« Un aveugle peut-il guider un autre aveugle ? »
(Luc 6, 39-42)

Méditation : Le danger de l'orgueil

« Un aveugle peut-il guider un autre aveugle ?
Ne vont-ils pas tomber tous les deux dans un trou ? »
Telle est la question de cet évangile. Mais de quel aveuglement est-il question ?

Le premier élément de réponse est :
« Le disciple n'est pas au-dessus de son maître ».
Cette réponse laisse sous-entendre qu'une grande part de l'aveuglement
de l'humain est de se croire au-dessus, au-dessus des autres humains
et au-dessus de Dieu même.
Cet orgueil demeure dans la tradition spirituelle la passion ou le péché
le plus difficile à extraire du cœur humain, car le plus subtil et le plus profond. Car s'il débute dans la « vaine gloire consommée, dira saint Jean Climaque,
et s'il se poursuit dans le mépris du prochain, (...)
la complaisance dans les louanges, la haine des reproches,
il se termine et se consomme dans le renoncement au secours divin »
(L'échelle sainte, Spiritualité orientale no 24, p. 202).
Si bien que « l'orgueil est une extrême pauvreté de l'âme
qui s'imagine être riche, et prend ses ténèbres pour la lumière » (p. 205).

Sur le chemin humain et, particulièrement, sur le chemin spirituel,
il est facile de, finalement, s'élever ou de « se lever » nous-mêmes
au-dessus des autres et croire qu'il y a là œuvre de Dieu.

Sans l'humilité, le cœur humain est empoisonné par ce virus de l'orgueil
et n'est plus illuminé et guidé par Dieu. Il devient littéralement aveugle.

Dans cet aveuglement, il devient plus facile de voir la paille
dans l'œil d'un frère et d'une sœur que de contempler la poutre,
spécialement celle de l'orgueil, qui se tient dans le nôtre.
Un signe de l'orgueil sera cette superbe de la connaissance
qui croyant savoir abaisse l'autre en le jugeant et en le condamnant.
Cette attitude n'est pas celle de cette personne qui,
dans l'évangile de dimanche dernier, s'approche de son frère ou de sa sœur
pour « lui faire des reproches seul à seul ».

Quand la volonté humaine glisse vers l'orgueil
en ne s'accordant plus à la volonté divine,
c'est-à-dire qu'elle cherche sa propre fin au lieu de chercher Dieu,
alors elle ne protège plus le cœur ou ne conserve plus,
dira sainte Catherine de Sienne, « la cité de l'âme ».
L'intelligence du cœur « reçoit (alors) la ténèbre qui est ennemie de la lumière »
(Le dialogue, Cerf, p 298).
À la différence de l'humble qui contemple son frère ou sa sœur
dans la Lumière de la miséricorde de Dieu,
l'orgueilleux aveuglé de son savoir cherche la paille dans l'œil de l'autre
afin de faussement « se lever » au-dessus de l'A(a)utre.

Le texte d'aujourd'hui nous met donc en garde sur la façon de « nous lever »
ou sur qui ou sur quoi nous nous appuyons pour le faire.
La seule façon de « nous lever » est de nous laisser faire par un Autre,
et ce, en demeurant pauvres et humbles de cœur
et en accueillant dans la gratitude, dans le Magnificat de Marie, notre relèvement. Sans la Lumière du Christ en nous et son Amour qui nous relèvent,
nous sommes aveugles et dans la connaissance et dans l'Amour.

Cette réalité de l'orgueil est un danger certain dans toutes nos relations
comme en accompagnement spirituel.
Le jour où nous cessons de nous agenouiller, tout petits,
devant le mystère de l'A(a)utre et que nous l'enfermons
dans la connaissance que nous croyons avoir, nous sommes aveugles;
et si nous nous complaisons mutuellement dans cette attitude
nous sommes deux aveugles qui se guident mutuellement.
Dit autrement, dans une telle relation,
nous nous pourrissons le cœur réciproquement.
Au lieu d'être « cet humilié du Souffle »
(traduction de Chouraqui de « pauvre en esprit »)
qui apprend à connaître de l'autre seulement ce que Dieu lui en révèle,
il entre dans la demeure de l'autre et la saccage par son savoir.

Prions le Seigneur tous les jours pour que notre relèvement
s'ancre dans l'humilité de son accueil par Dieu
et non dans notre effort prométhéen à nous hisser au-dessus des autres
et à trouver plaisir à nous faire appeler « rabbi », « maître ».
Et rappelons le pouvoir de l'orgueil dans le cœur humain :
« Le moine orgueilleux n'a pas besoin du démon;
il est devenu pour lui-même un démon et un ennemi ».

Que Marie nous apprenne à vivre « dans l'abaissement de la servante »
et dans le laisser faire divin pour que son Fils, la Parole,
prenne toute la place et l'unique place dans notre cœur !

Stéfan Thériault, directeur du Centre« Le Pèlerin »
stheriault@lepelerin.org (www.lepelerin.org)11 septembre 2020

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