Bonjour mes amis-es, notre collaboratrice Élisabeth souffre depuis un certain temps et nos pensées positives et prières la réconforteraient. Si vous le souhaitez, laisser lui un message dans la section commentaire de cet article. Pour elle, je vous en remercie. Richard
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Prier le Notre Père
Prière juive, prière chrétienne, prière « adamique »
(dans une prochaine publication je vous présenterai le nouveau livre d'Élisabeth sur le même titre.)
Le Notre Père n’est pas seulement une prière, c’est aussi un manifeste, c’est à dire un programme de vie qui concerne tous les hommes, parce qu’il concerne l’Homme.
Pour le judaïsme, ce monde, appelé en hébreu olamazé « ce monde ci », a un commencement et une fin. Il est l’antichambre d’un autre monde, olamaba , « le monde futur » ou littéralement « le monde qui vient », monde dont parlent les prophètes et le Christ.
Dans « ce monde -ci », l’homme, chacun d’entre nous, est en gestation de son être ultime, ressemblant en cela à une femme enceinte. Et de même qu’on ne saurait juger l’enfant à naître à son état embryonnaire d’après une échographie, de même nous ne pouvons commettre l’erreur de croire que la manière dont nous existons est notre être définitif, alors que nous sommes en cours d’enfantement de notre être ultime. Nous avons à devenir des hommes faits à l’image et à la ressemblance de Dieu, autrement dit des hommes divinisés. Dieu s’est humanisé dans l’homme, en le créant à sa ressemblance, pour que l’homme se divinise, en incarnant dans sa chair cette ressemblance.
Lorsque Dieu révèle son nom à Moïse au buisson ardent, il lui dit « Je serai qui je serai » et « Je serai » avec toi. Ce Nom divin, l’homme le porte en ses entrailles : il est présence de Dieu en devenir en lui, en cours de mise au monde.
Le Notre Père n’est donc pas uniquement la prière d’un croyant qui appartiendrait à une religion donnée, c’est une manière d’être Homme, d’être au monde dans les trois modalités relationnelles qui fondent tout être humain : relation à soi, à l’autre et à la transcendance.
Les sept demandes de cette prière répondent aux questions existentielles que tout homme peut se poser un jour ou l’autre au cours de son existence. Des réponses qui, à mon avis, peuvent convenir et satisfaire chaque homme dans le respect et la liberté de ses choix religieux et spirituels car aucune référence à une religion particulière n’y figure. Des réponses à la fois simples et compliquées qui peuvent toucher et emplir le cœur d’un savant comme celui d’un ignorant, d’un adulte comme celui d’un enfant.
D’où est-ce que je viens ? Je reçois ma vie du créateur, qui est mon Père.
Qui suis-je ? Son fils.
Ce monde a-t-il une finalité ? La venue de son règne.
Qui est l’autre ? Mon frère.
Quelle est ma vocation ? Amener le monde et mon être à son achèvement en aimant le Père et mon prochain comme moi-même, jusqu’à donner ma vie pour lui.
Ces sept demandes nous enseignent tout à la fois : comment transformer notre être pour faire de lui un fils du Père et un frère ; comment passer de l’image à la ressemblance ; du septième jour au huitième jour ; de l’existence à la vie éternelle ; comment nous humaniser pour nous diviniser.
Pour nous résumer : la vie nous est donnée, il nous reste à acquérir notre être en donnant à notre tour. Seuls le don et l’attention à l’autre justifient notre existence. Chaque fois que je me donne, je justifie la création de mon être, de cette vie que je reçois gratuitement. En cette existence, je suis en gestation de moi-même : je porte en moi plus que moi. Je porte à la fois l’autre et mon être messianique. C’est cette réalité oubliée que le Christ est venu rappeler à chacun de nous. Il nous montre le chemin : la croix, c’est-à-direle don de sa vie pour le prochain quel qu’il soit.
Le Notre Père nous a été donné par le Christ, pour nous apprendre à prier. Prier se dit leitpalel en hébreu, verbe qui signifie aussi « juger » ou plus justement, ce verbe étant à la forme pronominale, « se juger ».
Prier le Notre Père, c’est prendre chaque jour, un temps pour se repositionner vis à vis de soi-même, des autres, de Dieu. Se demander, où j’en suis à cet instant précis de mon existence, où est-ce que je vais ? Se souvenir de qui je suis, de qui me donne la vie, du projet divin. Me réorienter.
Le Notre Père est la prière personnelle de Jésus, il l’a donnée à chaque homme, sans acception de personne, pour qu’il renoue le lien avec son créateur qui est son Père et qu’il révèle le fils et le frère qu’il est, afin de réaliser, pour la plus grande joie du « Père » la merveilleuse farandole de la fraternité humaine.
.Avant l’épisode de la Tour de Babel tous les hommes avaient une même langue qui les reliait entre eux leur permettant de se comprendre parfaitement. Ils n’ont pas su en user pour le bien, aussi Dieu a multiplié les langues. Cependant en chacun de nous demeure cette nostalgie de retrouver une langue commune, un langage universel. Beaucoup ont essayé mais hélas cette entreprise s’est toujours soldée par l’échec, ces acteurs confondant, langue une avec pensée unique. Je me demande aujourd’hui si cette langue universelle, cette langue Une, qui regrouperait et intégrerait en son unité, toutes les différences pour le plaisir de tous, ne serait pas celle du Notre Père : chaque individu, quel qu’il soit, où qu’il soit, peut dire : « Notre Père », Chaque individu, quel qu’il soit, qui le souhaite, peut être fils, peut être frère.
Avec le Notre Père, nous découvrons que la langue universelle après laquelle nous avons tous couru, dont nous avons tous rêvé est celle de la famille : la famille humano- divine, divino - humaine.
Pratiquons tous, sans retenue, avec bonheur, avec délice, cette extraordinaire langue qui en nous rattachant à notre origine, en nous rappelant nos responsabilités, nous relie les uns aux autres. Chacun de nous tenant désormais la main du père, la main du frère pour amener ce monde et son être à sa réalisation, sa plénitude.
On s’écrit avec le psalmiste : « Comme il est bon et agréable de voir des tribus de frères ensembles ». Il est écrit : « tribus » donc des groupes bien distincts avec des talents, des coutumes et des sensibilités différentes. C sont néanmoins des frères qui demeurent ensemble, avec leur singularité, pour le plus grand plaisir du Père.
Élisabeth
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