PROGRAMME DE FORMATION CONTINUE DOSSIER MENSUEL MARS 2012 – 3ème ANNÉE – N° 27 |
ÉVANGÉLISÉS POUR ÉVANGÉLISER Fr. Fernando Ventura, OFMCap Dossier préparé par l'équipe de Formation Permanente CIOFS Ewald Kreuzer, OFS, Coordinateur Fr. Amando Trujillo Cano, TOR Doug Clorey, OFS
QUELLE EST LA RELIGION DE DIEU? Nous continuons dans le présent dossier un résumé de l'exposé fait par Fr. Fernando Ventura, OFM Cap, aux participants du Chapitre général de 2011 à Sao Paulo. Comme il l'avait fait dans la première partie, Fr. Fernando commence par quelques questions "agressives" pour forcer à la réflexion sur nos rapports avec Dieu et avec notre religion. Il poursuit en nous rappelant que le défi de l'évangile est "construire une Maison commune", une place où finalement l'Amour sera aimé." Il en conclut que nous ne pouvons avoir de rapport à Dieu qu'en ayant d'abord un rapport aux autres, qu'il nous faut progresser du stade de religieux à celui de croyant.
Quelle est la religion de Dieu? En qui ou quoi Dieu croit-il? Notre Dieu serait-il athée? Nous avons un Dieu qui croit en nous. Je suis la religion de Dieu. Nous sommes la religion de Dieu. C'est un coup de poing dans l'estomac, mais nous n'y voyons pas encore assez clair. Les Catholiques ont cette idée folle que Dieu est catholique. Les Protestants, que Dieu est protestant... Les Musulmans, que Dieu est musulman... Les Juifs, que Dieu est juif. Et c'est pour cela que nous nous massacrons les uns les autres depuis des siècles. C'est pour cela que toutes les religions ont les mains tachées de sang. Et sans exception! Une maison commune Tel est le défi de l'Évangile. Tel est le défi de François. Une maison commune. Une place où finalement l"Amour peut être aimé" sans peur des mots, sans peur des réactions. Car cette maison devient quelquefois une maison de belle-mère, une maison "malade" parce que nous sommes tous "fatigués" les uns des autres. Et que personne ne peut nous supporter! Considérons notre place dans l'univers: la troisième pierre à partir du soleil... Mercure, Vénus, Terre. un petit point dans l'univers. un grain de sable. Mais nous existons, nous avons notre place, et nous devons changer ce morceau de Terre où nous vivons. Il dépend de nous de le retoucher, il dépend de nous de découvrir que le nouveau mot pour écologie peut être "solidarité", que le nouveau mot pour éthique peut être "fraternité."
"Problèmes" dans nos fraternités Nous continuons à rechercher le paradis, mais en nous cachant. Nous continuons à "faire problème" dans nos Fraternités, en nous mordant l'un l'autre. Et, dans nos Communautés, nous faisons la même chose, et nous appelons cela "fraternité." Nous sommes amoureux de nous-mêmes, vivant une vie solitaire, historique. Et nous ne nous rendons pas compte de quelque chose de si simple: avant Moïse, à l'Horeb, ce Dieu se présentait comme YAHWEH, JE SUIS. Dieu dit à Moïse: "Je suis celui qui est." Il est important de noter ici la grammaire. Par dessus tout, nous devons toucher la vie, la vie de la relation à sa limite. Dieu vous dit : J'ai besoin de vous pour être. Ici, le verbe "être" est transitif. Ici, nous voyons Dieu se tourner vers nous. Ici, nous venons découvrir que je suis... découvrir où est notre péché, et qu'il est si originel qu'il n'est pas original du tout. C'est dire à son frère, "je suis, et toi vas au diable!" Le fait est que nous avons une notion fâcheuse de pouvoir pécher contre Dieu. Quelle vanité! C'est contre votre frère ou votre sœur que vous pouvez pécher. Et, si vous ne comprenez pas cela, alors vous ne comprenez pas que vous ne pouvez avoir de rapport avec Dieu que quand vous êtes en rapport avec les autres. Tout le reste est religion creuse. C'est la bêtise hystérique de gens hystériques qui vivent écrasés de peur devant Dieu et qui, devant les autres, vivent en poulets dans un poulailler. Et, fort malheureusement, nous en avons beaucoup de cette sorte dans nos communautés. Le statut "social" de Dieu Regardons un peu les premiers mots de la Bible. "Lorsque Dieu commença la création du ciel et de la terre, la terre était déserte et vide et les ténèbres à la surface de l'abîme; le souffle de Dieu planait à la surface des eaux" (Gen.1). C'est le commencement. C'est comme cela que l'aventure commence. Que pensez-vous de la situation de l'Esprit dans la Genèse? Il est seul. Il est célibataire. C'est la première phrase de la Bible. Maintenant, faisons un saut. Débarquons dans le dernier livre de la Bible, sur la presque dernière phrase de l'Apocalypse "le souffle et l'épouse disent: "viens"' (Ap. 22 17). Le statut maintenant est "marié". Un Dieu seul dans la Genèse termine l'Apocalypse marié. Et a qui? Toute la création!
C'est un saut. Mais François a sauté si loin! Nous en somme si effrayés que nous n'osons y penser. Nous continuons à avoir peur; à avoir des doutes. Nous continuons à avoir peur de poser des questions. Nous continuons à avoir peur de perdre l'équilibre. Et c'est pourquoi nous n'avançons pas. Nous n'avançons pas parce que nous avons peur de perdre l'équilibre. Marcher nécessite de perdre l'équilibre; nous ne pouvons avancer que si nous prenons équilibre sur une jambe puis sur l'autre. Le déséquilibre est la condition du progrès. Ce n'est pas un déséquilibre absurde, mais le déséquilibre dont parle Paul de Tarse lorsqu'il dit: "je sais en qui j'ai mis ma confiance." C'est la condition pour que l'histoire puisse avancer.
Un paradis futur Et, comme nous avançons, nous pouvons à nouveau rêver de cette maison de grâce, de liberté et d'amour. Nous restons dans une condition de "désir ardent." Depuis la Genèse, nous pleurons sur le passé ou rêvons du futur. Le Paradis, comme il est décrit dans la Bible, n'a jamais existé. Nous ne pleurons pas un paradis perdu, mais pleurons et implorons pour un paradis futur. C'est ce qui nous a réunis. Pas pour lécher nos propres larmes, mais pour essuyer les larmes d'autres. C'est le miracle que le monde attend.
Il ne résulte de cela que la mort... et la mort de qui? Caïn et Abel... voici la scène biblique qui explique tout le mal dans le monde... des mots, des noms. Caïn, dont le nom, dans sa racine hébraïque; signifie "acquis": celui qui a tout, qui est tout. Abel, de la racine Abel, est celui qui n'est rien... celui qui ne compte pas. Maintenant, regardez qui assassine qui. Celui qui se croit tout puissant tue celui qui n'est rien. Et écoutez la conversation. Dieu pose deux questions. "Adam où est tu? (Genèse 3). Et, puis la question qu'il pose à Caïn : "Ou est ton frère?", " Et Caïn répond qu'il n'est pas le gardien de son frère. Le gardien n'est pas seulement le responsable. Il celui qui possède et qui guide non parce qu'il y est tenu, mais par relation d'amour avec quelqu'un. Voila la cause de tout le mal dans le monde: personne n'a le sentiment d'être le gardien de son frère, personne ne ressent une intimité vitale avec n'importe qui. C'est pour cela que nous restons seuls.
QUESTIONS POUR RÉFLEXION ET DISCUSSION EN FRATERNITÉ 1. Ludwig Feuerbach, philosophe allemand, (1804 -1872), dit que "Dieu est la projection extérieure de la nature intime de l'être humain". Que pensez-vous de cette déclaration quand vous constatez que l'on discute ou même l'on se bat pour une "juste" image de Dieu? 2. Pensez-vous que nous ne pouvons avoir une liaison à Dieu sans liaison aux autres?
3. 3.
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Source http://www.ciofs.org
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