Bonjour, voici la suite du projet d'étude d'Élisabeth sur l'évangéliste Marc (pour revoir l'introduction VOIR ICI)
PREMIÈRE PARTIE
Evangile selon Saint Marc - Versets 1 - 12
Verset : 1 à 3.
Dans nos Bible, il est écrit :« voix de celui qui crie dans le désert : « préparez le chemin du Seigneur, rendez droit ses sentiers ».(Is 40, 3)
Dans le texte écrit en hébreu, le prophète Isaïe dit :
« Une voix crie : dans le désert, préparez le chemin de YHVH, rendez droit ses sentiers ».
J’ai trouvé qu’il serait intéressant de nous pencher sur cette ponctuation originelle qui change le sens du texte : Il s’agirait pour celui qui écoute cette voix, qui selon l’illustre commentateur français du Moyen -Age, Rashi, est celle de l’Esprit saint, d’aller dans le désert.
Là faire silence, se dépouiller, se recueillir, se nourrir de manne, Pain du Ciel, pour préparer la venue du royaume de Dieu sur terre.
« Désert » midbar en hébreu est un mot qui peut se lire : mi,« dans », ou « du », davar « parole ». Faisons ce travail de préparation à cette venue en nous plongeant dans le verbe de Dieu, nous nourrissant de sa Parole, de la parole de ce verbe de Dieu qui s’est fait chair.
Dans le Judaïsme le Créateur a plusieurs noms. Chacun de ses noms nous dit avec quel attribut, quelle qualité relationnelle il entre en relation avec nous. YHVH est le Nom au-dessus de tous les noms, celui qui nous dit Sa Miséricorde. Il s’agit de faire descendre la miséricorde sur terre, pour tous.
Verset : 4 à 6.
Celui qui crie, qui éveille les consciences, les préparant à recevoir celui qui vient, c’est Jean le baptiste.
Son nom hébreu, il me parait important dans notre étude de redonner les prénoms des personnes, comme des villes d’ailleurs, en hébreu car c’est la langue qui est la leur et c’est en cette langue qu’ils font sens.
Notre récit se passe en terre sainte, en Israël et témoigne de ce qui s’est passé au sein du peuple qui l’habite, le peuple juif, au temps du second Temple et de la domination romaine.
Jean, Yohananen hébreu, « Dieu fait grâce », est un cohen « un prêtre » puisque fils du prêtre zacharie, Zekharia, « Dieu s’est souvenu », et d’Elisabeth, Elisheva, « mon Dieu est un serment ». Il vit à l’écart des hommes en ascète, dans la prière et la méditation et retrouvant ses frères que pour prêcher. Il les appelle à un retour à Dieu, dans la confession des fautes, le repentir, la réparation et la ferme résolution de ne plus recommencer. Pour purifier le repentant qui vient à lui, il le plonge dans les eaux du jourdain, d’où son nom d’immergeur ou baptiste conformément à la loi.
Le rituel de s’immerger dans des eaux vives est une pratique de purification inscrite dans le livre du lévitique, pratique toujours suivie de nos jours par tout fidèles juifs. Les règles du pur et de l’impur sont très complexes et ne concernent que celui qui est Israël. On peut dire ensubstance qu’est impur ce qui éloigne de Dieu qui est la Vie, la mort et tout acte qui nous coupe de notre relation à cetteSource ; est pure, la vie et tout acte qui nous y rattache.
Jean annonce à haute voix la venue d’un être exceptionnel qui, pour les gens de l’époque qui souffraient de l’oppresseur romain, ne pouvait être qu’un sauveur-rédempteur, à savoir le Messie.
Il annonce une nouvelle extraordinaire qui confirme leur espérance : cet homme les plongera dans « l’Esprit saint », le Roua’hhakodesch, « le souffle de sainteté ». C’est la vocation même du messie telle que l’ont annoncé les prophètes. (Is 40,3).
Recevoir l’Esprit saint c’est recevoir dans le même temps les 7 dons qui viennent de lui : sagesse, intelligence, conseil, force, piété et crainte de Dieu. A développer en nous. Recevoir l’Esprit saint c’est être enseigner de l’intérieur, c’est entrer dans une relation intime et personnelle avec le Créateur, pour exemple les patriarches, Moïse, David et les prophètes, tout autant qu’avec celui qui nous le prodigue, le rédempteur.
Verset : 9 à 11
C’est en ces temps qu’entre en scène, si je puis me permettre de le dire ainsi, un homme qui s’appelle Jésus, qui vient de Galilée. Lui aussi est immergé dans les eaux du jourdain.
Marc ne nous dit rien de plus sur lui mais nous avons par d’autres évangélistes un peu plus de renseignements. Pour faire court, Jésus, Yéhoshoua « Dieu sauve », Josué en français devenu Jésus, du grec yésus, est le fils de Marie, Myriam, « les eaux élevées ou et amères) cousine d’Elisabeth. Il vient du Nord d’Israël, d’une région qui s’appelle en hébreu le galil, « rouler, dévoiler » , d’une ville Netsaret, qui signifie « le rejeton » ou « le surgeon », tel celui annoncé comme le Messie par le prophète Isaïe (Is 11, 1).
Révélation. Marc ne nous dit pas si tout ceux qui se trouvaient là en même temps que Jésus et Jean l’ont vu aussi, mais Jésus lui, a vu. Il a vu l’Esprit comme une colombe descendre sur lui et une voix lui dire : « Tu es mon Fils bien-aimé, tu as toute ma faveur ».
Sa vocation lui est révélée et confirmée. IL est bien le messie car seul le messie, descendant de la maison de David, prénom qui signifie « bien aimé » est nommé fils : « Je serai pour lui un père, et il sera pour moi un fils. » ( 2Samuel 7, 14)
La première apparition dans la Bible de la colombe se fait à l’époque de Noé. Ce dernier ne sachant pas si la terre est sèche, il envoie comme messager un corbeau et une colombe. Cette dernière revient apportant dans son bec un rameau d’olivier signe que la vie est à nouveau possible.Signe de paix entre le Créateur et la créature, signe de pureté symbolisée par leplumage immaculé de cet oiseau. Tout peut recommencer dans une terre renouvelée et purifiée par les eaux du déluge qui durant quarante jours et quarante nuits l’ont totalement immergée.
« Tu as toute ma faveur » Faveur en hébreu se dit ‘hen« grâce », mot qui peut également signifier selon le dictionnaire, la bienveillance, le plaisir, les égards, la miséricorde.
Il appartient à chacun de faire resonner en lui tous ces sens.
Verset : 12
Sous-titre de ce verset : « tentation au désert ».
Je ne souscris pas du tout à cette traduction du mot hébreu nissayon, qui signifie, bien sûr « tentation » mais aussi « épreuve ».
Le terme épreuve me parait plus juste, d’une part parce que le texte de la Bible nous a montré dans ses récits comment Dieu met à l’épreuve la confiance et la fidélité de ceux qui l’aiment pour mesurer la solidité de cet amour. Et d’autre part, la venue de la personne du satan « l’adversaire » qui est un ange de Dieu dont la mission est justement de mettre à l’épreuve la sincérité du cœur du fidèle comme nous le raconte si bien le livre de Job.
Jésus est amené au désert : lieu silencieux, inhabité, brûlant le jour, glacé la nuit, où l’homme est totalement entre les mains de la providence divine, est propice à une rencontre avec le Très haut qui passe par une rencontre avec soi-même.
À suivre - 2e partie
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