C’est la FAO, à Rome, qui a eu droit, jeudi, à la visite du pape. Cet organisme onusien qui travaille notamment sur les questions de l’alimentation dans le monde, organise actuellement la seconde Conférence internationale sur ce sujet brûlant. Il a été accueilli par le directeur général et son adjoint, José Graziano da Silva et Oleg Chestnov, ainsi que par l’Observateur permanent du Saint-Siège près cette organisation, Mgr Luigi Travaglino. Extraits de son discours.
(…) Si l’attention à la production alimentaire, à la disponibilité des aliments et à leur accès, comme l’attention aux changements climatiques et au commerce agricole doivent certes répondre à des méthodes techniques, l’homme doit être prioritaire.
La première préoccupation doit regarder les personnes qui manquent du pain quotidien, qui en sont réduits à lutter pour survivre au point de ne plus se préoccuper de vie sociale ni de rapports familiaux. Inaugurant ici-même en 1992 la première Conférence sur l’alimentation, Jean-Paul II avait mis en garde la communauté internationale contre le « paradoxe de l’abondance »: il y a de quoi nourrir tout le monde mais tous ne parviennent pas à manger, alors même que le surplus et le rebut, la surconsommation et l’usage détourné d’aliments sont monnaie courante. Malheureusement, ce paradoxe est plus que jamais actuel. Il y a peu de sujets comme la faim auxquels on applique tant de sophismes, dont on manipule les données et les statistique en fonction de la sécurité nationale, par corruption ou référence feinte à la crise. Tel est le premier obstacle à franchir.
Le second consiste à résoudre le manque de solidarité, un mot devenu presque suspect, qu’inconsciemment certains semblent vouloir gommer du dictionnaire. Nos sociétés souffrent d’un individualisme croissant mais aussi de division, ce qui conduit les plus faibles à perdre leur dignité de vie mais aussi à la manifestation de révoltes contre les institutions. Lorsque la solidarité fait défaut au sein d’une société, le monde entier s’en ressent. La solidarité rend les individus capables de rencontrer l’autre et de tisser des liens fraternels dépassant toutes les différences, et par conséquent de rechercher ensemble le bien commun. Dans la mesure où ils sont conscients de leur responsabilité envers le dessein de la création, les hommes sont capables du respect des autres, plutôt que de se combattre au dam de la planète.
''Conçus comme communautés de personnes et de peuples, les Etats doivent être prêts à s’entraider sur la base des principes et des lois internationales. Gravée dans le cœur de l’homme, la loi naturelle constitue une source infinie d’inspiration. Son langage est universel car elle parle d’amour, de justice et de paix, toutes choses inséparables. A l’instar des personnes, les Etats et les institutions internationales sont appelés à adopter et à diffuser l’amour, la justice et la paix. Et ce dans un esprit d’écoute et de dialogue, qui est également indispensable à la perspective de nourrir la famille humaine toute entière.''
Toute femme et tout homme, tout enfant comme toute personne âgée doivent partout disposer d’une alimentation correcte. Il est du devoir de tout Etat attentif au bien-être des citoyens de souscrire sans réserve aux principes que nous avons évoqués et de s’engager à leur application pratique avec persévérance. L’Eglise catholique s’engage à offrir sa contribution par une attention constante envers les pauvres où qu’ils soient. C’est dans ce but que le Saint-Siège agit auprès des organisations internationales, et qu’il s’implique par le biais de documents et de déclarations. Il entend ainsi aider à retenir et adopter des critères en mesure de développer un système mondial juste. Au plan éthique, ces critères doivent être fondés sur la vérité, la liberté, la justice et la solidarité. Et au plan juridique, ils doivent lier entre eux droit à l’alimentation et droit à la vie, droit à une existence digne, droit à une protection légale qui n’est pas toujours adaptée aux personnes souffrant de la faim, mais aussi l’obligation morale du partage des richesses.
Si on croit dans le principe de l’unité de la famille humaine, fondée sur la paternité du Créateur, et dans la fraternité des êtres humains, on ne saurait admettre le moindre conditionnement politique ou économique en matière de disponibilité alimentaire. Et à propos de ce type de pressions, je pense à notre mère la terre : si nous sommes libres de conditionnements politiques et économiques, nous éviterons sa destruction. Attention donc aux conférences qui se tiendront au Pérou et en France pour envisager une bonne gestion de la planète.
Je me souviens d’un vieil homme que disait que Dieu pardonne toujours. Certes, il pardonne offenses et mauvaises actions, l’homme aussi pardonne parfois, mais la terre ne pardonne jamais. Nous devons choyer la terre afin d’éviter qu’elle anéantisse l’humanité.
Plus encore, aucun système discriminatoire, de fait comme de droit, quant à l’accès au marché des aliments, ne devrait être pris comme modèle de modification des normes internationales destinées à l’élimination de la faim dans le monde. Voulant partager avec vous ces réflexions, je demande au Tout Puissant, riche en miséricorde, de bénir, quelques soient les responsabilités, tous ceux qui se mettent au service de qui souffre de faim et de malnutrition, et qui savent leur manifester concrètement leur attention. Puisse aussi la communauté internationale entendre l’appel de cette conférence et y voir l’expression de la conscience commune de l’humanité. Il faut donner à manger aux affamés afin de sauver la vie sur cette planète ».
Intéressant de retrouver cette petite histoire que le pape François a déjà cité plusieurs fois de la « terre qui ne pardonne jamais ». Une terre que le pape sud-américain n’a pas de mal à appelé « notre soeur et mère la terre » !!
source http://ecologyandchurches.wordpress.com