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    Robin, auteur de bande dessinée : "Saint François est encore vivant"

    Le dessinateur Robin, dans un décor qu’il a lui-même créé. Ici,  John Coal,  le personnage principal de  sa BD, incarne saint François.
    Le dessinateur Robin, dans un décor qu’il a lui-même créé. Ici, John Coal, le personnage principal de sa BD, incarne saint François.© Robin

    La vie de François d’Assise pour tous, en textes et en images : voici le défi relevé par le dessinateur Robin, dans la bande dessinée Poverello. Un livre qui rend étonnamment proche la quête de sens d’un saint très moderne.

    Pèlerin. Avant même que le pape soit élu et remette François d’Assise sous les feux des projecteurs, vous vous êtes intéressé au saint. Pourquoi ?
    Robin. Parce qu’il est à la fois complexe et attirant. Ce jeune homme de bonne famille qui quitte toutes ses richesses se pose des questions très modernes : « Qu’est-ce que la richesse ? », « Qu’est-ce que la gloire ? », « Qui est Dieu ? », « Quelle est la place des pauvres dans nos vies ? » Ses réponses, radicales, sont dans l’air du temps.

     En résumé, son message est : « Pour être vivant, mettez-vous en péril ! » François me touche. 

    Il n’est pas né pauvre et saint, mais riche et… pas vraiment saint. Et un jour, ça lui est tombé dessus…

    François n’est pas le seul héros de votre bande dessinée.

    R. Non. J’avais envie de raconter son histoire, mais en faisant le parallèle avec aujourd’hui. Alors j’ai inventé le personnage de John Coal, un jeune acteur célèbre et adulé, dont la vie est à l’opposé de celle du Poverello. Et à qui un réalisateur propose le rôle du saint.

    Pour incarner son personnage, l’acteur doit le découvrir de l’intérieur. Une découverte qui ne le laisse pas indifférent.

    Comment avez-vous articulé la vie de ces deux personnages ?
    R. Les séquences actuelles évoquent le tournage du film. Elles sont entrecoupées de scènes où l’acteur se glisse dans la peau de François. Ces pages racontent donc la vie du Poverello. Le lecteur peut ainsi aisément rapprocher les deux situations.

    Par exemple, quand John Coal tourne l’épisode où le saint plaque tout pour s’occuper des pauvres, cela le pousse à réfléchir sur le sens de sa vie. Et, s’il ne se convertit pas illico, il se bonifie un peu : il lâche ses désirs de gloire à tout prix.

    Comme John Coal, avez-vous changé en côtoyant François ?
    R. Depuis huit ans, je fais partie, avec ma femme, d’un groupe de réflexion accompagné par un frère franciscain. Je redécouvre François depuis plusieurs années, et il m’a titillé : il était confronté aux mêmes questions que celles que je me pose aujourd’hui.

    En fait, je n’ai pas vraiment choisi de faire une bande dessinée sur François. Il s’est imposé à moi.

    Votre livre compte 600 pages et relate de nombreux épisodes de la vie de saint François. Combien de temps avez-vous consacré à ce travail ?
    R. Trois ans. Pendant la première année, j’ai beaucoup lu et réfléchi à la façon dont j’allais mettre le récit en scène. Puis, il y a deux ans, j’ai passé une semaine à Assise pour faire des croquis, la base des décors de mes dessins, qu’on retrouve dans la BD. J’ai aussi assisté à des tournages de téléfilms, sur lesquels j’ai aussi beaucoup « croqué ».

    Vidéo. Saint François d'Assise. Source : La source Lille. Durée : 53 minutes.

    J’ai alors écrit et dessiné l’histoire de François dans son ensemble, puis celle du tournage. Et j’ai mêlé les deux. Pour l’anecdote, j’ai terminé les crayonnés – le premier jet du livre – le 13 mars 2013, jour de l’élection du pape François.

    La coïncidence est troublante, non ?
    R. C’est le hasard mais soudain, mon livre devenait d’actualité !

     Pour l’Église, le pape François a d’ailleurs un peu le comportement de saint François : il renverse les priorités au nom de l’Évangile. Car l’Évangile, c’est quoi ? Des positions un peu choc.
     
    Le pape a une façon plus radicale de concevoir son rôle que ses prédécesseurs. Il prend des positions courageuses, qui parlent même aux non-chrétiens. Comme lorsqu’au début de son pontificat, il a lavé des pieds de prisonniers, d’une musulmane…

    Est-ce facile de rendre, en dessin, les subtilités d’un cheminement spirituel ?
    R. Non ! Comment raconter, de manière vivante et en images, l’expérience intérieure vécue par le Poverello sans la trahir ? Comment faire pour que ça n’ait pas l’air d’un discours catéchétique ? Quels mots puis-je mettre dans la bouche de François ?

    J’ai finalement repris la plupart de ses propres phrases. Je me suis juste permis, de temps à autre, de modifier quelques tournures pour que ça ne semble pas trop daté.

    Vous êtes même parfois allé plus loin, comme dans cette bulle où François entonne Chantons sous la pluie avec ses premiers frères…
    R. François parlait italien, avec des mots simples. Comme les jeunes de son temps. J’ai parfois adapté son vocabulaire à notre époque pour que le lecteur sente qu’il était vraiment de son temps. Cela a été un vrai bonheur !

    Pourquoi avez-vous fait relire votre ouvrage par un franciscain ?
    R. Je ne présente pas mon histoire comme le récit de la vie de François mais comme un film sur sa vie. Ce qui me donne une certaine liberté.

    Je voulais néanmoins être sûr de ne pas écrire et dessiner de bêtises. D’autant que les témoignages qui nous rapportent la vie du Poverello sont nombreux et parfois divergents. Je me suis évidemment aidé du travail d’historiens, comme François Delmas-Goyon, Jacques Le Goff ou André Vauchez. Mais une dernière relecture me rassurait.

    Quel épisode de la vie de François vous a particulièrement touché ?
    R. La fin de sa vie. Le pouvoir et la richesse auxquels il avait renoncé, des années auparavant, en quittant sa vie de jeune homme riche, il les avait retrouvés en gagnant un ascendant sur les frères de son ordre et une aura dans le monde entier.

    Et puis, un jour, il décide de lâcher le pouvoir. Il faut faire tout un travail pour accepter d’abandonner une place comme la sienne ! Il a d’ailleurs connu des périodes de dépression. Et quand il a écrit sa célèbre prière au Frère Soleil, il était aveugle et mourant.

    Selon vous, saint François peut-il parler aux jeunes d’aujourd’hui ?
    R. Oui je crois qu’il peut parler à tous, croyants ou non, car il met en perspective des choix de vie, et un regard sur les autres. Il interpelle : « Moi qui ai envie de faire quelque chose pour les pauvres, que puis-je faire ? »

    L’histoire de François ouvre la possibilité des choix. Elle pose question. Et elle a suffisamment de sens pour que des gens s’engagent aujourd’hui à sa suite. D’une certaine manière, il est encore vivant.

    ► Le livre

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    Renouveler l’imagerie des vies de saints d’antan tout en aidant les lecteurs à faire résonner ces histoires avec leurs préoccupations. C’est le pari réussi de Robin qui déroule la vie de saint François d’Assise… en parallèle de celle d’un acteur de cinéma.

    On retrouve la fraîcheur du trait de Robin, illustrateur connu de nos lecteurs, et la finesse de ses croquis, tout en précision poétique (splendides vues d’Assise !). Et l’on découvre que le dessinateur manie aussi bien le stylo que le pinceau : ses dialogues, toujours justes, sont souvent truculents. Sans que la vérité historique n’en pâtisse.

    Poverello, Ed. Bayard, 600 p. ; 22,90 €. A partir de 12 ans.

    Source http://www.pelerin.com

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