• le sens d'un Chapitre électif

    Élection d’un ministre
    et d’un Conseil dans l’OFS
    «Heureuse la personne
    que tu choisis, Seigneur» (Ps 64, 5)
    car «elle est un instrument de choix» (Ac 9, 15)
     
     
    Le Service de l’Assistance spirituelle, réuni pour une deuxième fois, s’est mis à sonder tout ce qui entoure le bon fonctionnement de nos Fraternités. Comment garder le souci de chacune de nos Fraternités locales et en prendre soin comme un Bon pasteur? Comment l’aider à se donner, au cours d’un bon discernement, les leaders dont elles ont besoin? Nous sommes pleinement dans les attributions de l’Assistance spirituelle, dont le souci premier est d’affirmer que la Fraternité séculière franciscaine est avant tout «une communauté de foi», une cellule d’Église en mission. Et, bien sûr, qu’elle le demeure toujours!
            Parmi bien d’autres questions traitées, il y a celle de la répartition des charges, lors des élections, et surtout l’acceptation de la présidence. Plus exactement dans un langage évangélique et franciscain: la répartition des divers services pour le bien de tous, - des services allant de celui de ministre aux responsables de formation, en passant par ceux de trésorier et de secrétaire. Quelle exhortation devrait faire un-e président-e d’élection aux membres de l’OFS lors d’une élection, où tous, bien sûr, se sont fait un grave «devoir d’être là»? Quelles réflexions tenir sur les choix à faire? Que dire d’essentiel, dans une perspective chrétienne, à une assemblée élective pour lui faire mieux comprendre qu’elle vit un moment très important de sa vie et pour motiver les membres à accepter des fonctions, quand des changements s’annoncent. Il est entendu que nos Statuts voient le changement comme pièce maîtresse d’un organisme qui veut se garder vivant et prévoient donc un roulement régulier de son personnel, de 3 ans en 3 ans, ou de 6 ans en 6 ans.
            Cette réflexion est née dans un contexte de rareté ou de difficultés à trouver des présidents ou ministres de Fraternité. Il y a l’âge souvent avancé des candidats, joint à la réalité de l’usure dans le bénévolat, dans un contexte de disette d’ouvriers d’évangile. Car depuis 25 ans, ce sont toujours à peu près les mêmes qui sont «au bâton», pour emprunter une image liée aux sports. D’autre part, les postes d’autorité ne sont plus ce qu’ils étaient... Ils n’offrent plus beaucoup de prestige, pas beaucoup de réconfort ni de gratifications, bien au contraire...
            Je remercie spécialement le Service de l’Assistance spirituelle de notre Régionale et le frère André Comtois, assistant spirituel national qui a pris le temps de suggérer le plan de la présente réflexion.
    Le sens profond d’un chapitre d’élection
    «Je sais que certaines personnes craignent ces rencontres où il y a des élections, par peur d’être sollicitées pour des service. D’autres, par contre, sont surtout heureux de rencontrer des frères et sœurs pour un bon moment de partage. Dans l’esprit franciscain, si on se réfère aux traditions de l’Ordre, le chapitre était pour François un moment de première importance. On dit qu’il comportait les éléments suivants : les frères se retrouvaient comme en retour de Mission, ils priaient ensemble, mangeaient et célébraient la joie de se revoir et ils se parlaient des choses de Dieu. François profitait de l’événement pour les exhorter à la conversion continuelle et à tout centrer sur Dieu et il les renvoyait en Mission, en leur redisant la parole de l’Écriture : « Dépose en Dieu tout souci et il prendra soin de toi.
            « C’est cet événement que veut reproduire tout chapitre dans la vie franciscaine. Un temps fort de retrouvailles fraternelles, un moment de prière ensemble, une occasion de faire le point sur notre fidélité à notre belle vocation, une occasion de raviver en nous, la foi, l’espérance et l’amour fraternel en vue du projet de Dieu et de la Mission qu’il nous confie. C’était vrai pour hier et c’est d’autant plus vrai pour nous aujourd’hui. Nos Fraternités et notre région ont besoin de ce moment privilégié de relance. » (Henri Ethier, ofm, Lettre fraternelle, Régionale de Sherbrooke, sept. 2004, p.3)
    SOMMAIRE
    1- Rétrospective et remerciement à l’ancien Conseil
    2- Quel est l’enjeu ?
            a. Besoin de renouvellement périodique dans l’OFS, pour en assurer la vitalité : l’OFS est un groupe en marche.
            b. Notre vocation, c’est de vivre l’Evangile qui doit s’adapter à chaque période de l’histoire. Besoin de renouveau.
    3- Les éléments constitutifs de l’élection ?
            a. La présence de l’Esprit
            b. Le choix de Dieu
            c. Exprimé par la communauté
            d. C’est un service qui est demandé à la personne élue, service qu’elle est libre d’accepter
            e. L’apport de François et Claire dans l’élection
    4- Dangers à éviter  
    a. Solutions de facilités : de mauvaises pistes
            b. La peur
    5- Perspectives d’avenir
            a. Le Credo franciscain
            b. Prospective à dégager 
            c. Envoi et conclusion.
    DÉVELOPPEMENT
    1- Rétrospective et remerciement à l’ancien Conseil
    Une rétrospective par l’ancien Conseil
            Après les salutations d’usage et la présentation des membres d’un Conseil d’un autre échelon venus pour présider l’élection, il faut trouver un assez long moment, avant une élection, pour faire un portrait d’ensemble du groupe concerné, Fraternité locale ou régionale. Il s’agit d’évaluer ses réalisations, ses grandeurs et ses misères, ses difficultés, ses défis, etc. - dans une mentalité de foi et de charité. Donc un regard sur la réalité de la Fraternité.
    Une parole de gratitude, à l’ancien Conseil
            La toute première chose à faire par un président d’élection, c’est de «remercier dans le Seigneur» le Conseil sortant pour toutes ses années de fidèle service. Le remercier avec sincérité, très sûrement, en rappelant certains grands moments de son mandat, et si possible avec les mots mêmes de saint Paul: «À vous grâce et paix de la part du Père et du Seigneur. Je rends grâce à Dieu sans cesse à votre sujet» (1 Co 1,4). Je me fais l’interprète de vous tous pour leur exprimer notre gratitude: «Puissiez-vous demeurer tous enracinés dans le Christ, fermes dans votre foi et débordants de reconnaissance» (Col 2, 7).
    2- Quel est l’enjeu ?
            a. Besoin de renouvellement périodique dans l’OFS, pour en assurer la vitalité : l’OFS est un groupe en marche.
            L’enjeu d’une élection est la relance d’un groupe en marche, qui fait halte pour mieux se relancer ensuite vers l’avenir. Ce renouvellement intérieur, souhaité par notre Règle, est symbolisé par l’élection d’un nouveau ministre et d’un Conseil nouveau.
            S’il est une donnée importante dans l’OFS et partout où il y a des responsabilités à exercer, c’est la loi de l’alternance, donc un changement assez fréquent dans les postes de responsabilités. C’est le meilleur moyen d’éviter l’usure et la sclérose; il faut se rappeler que l’Esprit-Saint, comparé au vent, évoque le mouvement, le déplacement, bref tout le contraire de l’inertie et du statu quo. Quand des changements s’annoncent, c’est habituellement bon signe.
            b. Notre vocation, c’est de vivre l’Evangile qui doit s’adapter à chaque période de l’histoire. Besoin de renouveau.
            Comme notre vocation se réalise dans le temps, elle doit tenir compte du moment de l’histoire où elle se vit. Les temps changent, et il faut toujours du renouveau. Du renouveau dans la foi, l’espérance et la charité, tel que commandé par l’Évangile du Seigneur Jésus.
     
    3- Les éléments constitutifs de l’élection ?
            a. La présence de l’Esprit
    La collaboration de l’Esprit-Saint, acquise à l’avance
            Vécue dans un tel discernement et dans une perspective de foi, l’élection à un poste ne peut être qu’en vue d’un service, pour qu’advienne le projet d’amour de Dieu. «Choisissez-moi dans chacune de vos tribus des gens sages» (Dt 1, 13). «Choisissez donc parmi vous sept personnes» (2 Ro 10, 3).
            Il va de soi que l’assistance de l’Esprit-Saint est acquise à l’élu-e à jamais. C’est cette assurance intérieure qui vient dissiper toute peur et convaincre qu’on peut venir à bout de tout, comme au temps de la première Pentecôte. Le même Esprit est à l’oeuvre pour réaliser la communion et l’unité du groupe. Rien de plus sûr que le soutien de Dieu!
            Qu’elle est belle la confirmation que reçoit un élu-e, après son élection! C’est semblable aux paroles adressées à quelqu’un qui s’engage à vivre l’Évangile: «Et moi, de la part du Seigneur tout-puissant, si vous observez toutes ces choses, je vous promets la vie éternelle.»
    Une procédure traditionnelle, et bien catholique
            Parmi toutes les procédures à respecter lors d’une élection, - et ce texte en est une illustration, - priorité doit être donnée à une prière à l’Esprit ou au chant du Veni Créator, avec une insistance sur la partie qui rappelle la vigueur que représente l’Esprit, qui vient pour «affermir, assouplir, réchauffer, etc.» en vue d’une meilleure collaboration à son oeuvre de renouvellement de toutes choses.
            b. Le choix de Dieu
    Un Dieu créateur qui élit qui il veut
            Depuis toujours, dans la tradition spirituelle catholique, c’est Dieu qui a l’initiative de tout. Il est le premier à nous aimer. Comme Bon Pasteur, il marche devant nous, comme un berger devant son troupeau. L’élection du peuple d’Israël en est une illustration; le rassemblement de l’Église sur les traces de Jésus ressuscité en est une autre. «Voici mon élu, mon familier, mon serviteur, mon Fils bien-aimé, celui qui a toute ma faveur» (Mt 17, 5), est-il dit du Messie, aux diverses étapes de la promesse et de sa réalisation. Le choix des apôtres par Jésus au bord du lac de Tibériade est un autre exemple de l’initiative de Dieu en toutes choses. Ainsi le «Viens et suis-moi» (Mc 10, 21) est aux origines de toute vocation. Nous pouvons oublier aisément, lors d’une élection, cette donnée fondamentale de la foi chrétienne, et pourtant c’est le B A B A du mystère de la Providence et de celui de la Rédemption.
            c. Exprimé par la communauté.
    Une communauté d’Église qui exprime les choix de Dieu
            Dans la tradition chrétienne, c’est d’abord Dieu, - un Dieu d’élection, - qui élit un candidat, pas seulement des humains. Ceux-ci, invoquant l’Esprit de vérité, ne font que révéler en leur âme et conscience le choix de Dieu. Par conséquent, c’est à l’opposé des élections ordinaires dans la société, où quelqu’un dit: «Votez pour moi, je suis le meilleur!», avec toute la gamme de pression que nous connaissons bien, jusqu’à l’achat des votes par des pots-de-vin. Rien de tel dans une élection de l’OFS.
            Selon cette perspective, il s’ensuit que tout mouvement d’Église se situe dans cette foulée des choix de Dieu, que la communauté exprime. Et ces choix se font dans l’aujourd’hui, en l’année de grâce où nous vivons. La famille spirituelle de saint François emboîte ainsi le pas à un Dieu qui marche déjà, devant nous. C’est un Dieu vivant, et donc en mouvement, qui a de l’horizon et de la sagesse, pour ne rien dire de sa confiance sans bornes en l’être humain. Ce Dieu vivant et créateur nous appelle à la collaboration, pour poursuivre son oeuvre.
            Toute élection, dans une cellule d’Église, a pour fonction de manifester le choix de Dieu, par une communauté. «J’ai trouvé David, quelqu’un selon mon coeur» (Ac 13, 22). Ceux qu’il a aimés et mis à part dès le sein de leur mère «en vue d’une oeuvre à accomplir» doivent être reconnus par leurs semblables et choisis à leur tour, le moment venu. Quel hommage, en passant, à la liberté humaine et la dignité de la créature!
            Voilà pourquoi, le «discernement des intentions de l’Esprit» qu’est toute élection dans l’Église commence et finit dans la prière. C’est une demande de la Lumière venant d’En Haut, pour que les choix se révèlent en toute clarté. Dans cette perspective de foi, il n’y a pas de place pour la basse partisannerie, les passions humaines ordinaires comme le caprice, la jalousie et le rejet pur et simple de «quelqu’un dont on n’aime pas le visage.»
    Une participation à demander par la personne élue
            Le Seigneur assure la personne élue de son entière collaboration, mais qu’en est-il des membres de la Fraternité? La personne élue aura-t-elle à se plaindre comme Marthe, soeur de Lazare: «Ma soeur Marie me laisse tout le travail» (Lc 10, 40) ?
            S’il est un moment approprié pour affirmer que «la multitude de croyants n’ont qu’un coeur et qu’une âme» (Ac 4, 32), c’est bien lors des élections. Lors d’une prise de parole, après la confirmation des élections par les représentants de l’Église, un-e élu-e devrait demander explicitement la participation et la collaboration de tous. Et ceux-ci devraient trouver une façon de lui exprimer leur entière allégeance par une accolade et par des paroles affectueuses, du genre: «Tu peux compter sur moi pour t’aider...»
            La co-responsabilité et le travail d’équipe n’est pas seulement une donnée récente de la vie moderne, c’est une donnée évangélique. Il s’agit d’une responsabilité de groupe, depuis l’envoi en mission deux par deux, par Jésus.
    d.          C’est un service qui est demandé à la personne élue, service qu’elle est libre d’accepter
            Bien sûr, la personne élue se fait demander si elle accepte cette élection. Et elle est vraiment libre d’accepter ou non. Mais elle doit se rappeler que si des gens ont mis leur confiance en elle, placé en elle leur attente, cela peut vouloir dire que c’est un signe de ce que veut le Seigneur. La personne élue pourra, avant de répondre, demander de consulter quelqu’un en qui elle a confiance.
            e. L’apport de François et Claire dans l’élection 
    Le point de vue de Claire et François d’Assise, lors d’élection
            Lors d’une assemblée d’élection, à quelque niveau que ce soit dans l’Ordre, il faut que cette assemblée se fasse rappeler certaines paroles du Seigneur Jésus lui-même, de Claire et François d’Assise, concernant les dispositions intérieures des futurs élus, et certainement des citations d’Évangile comme celle-ci:
    – N’ayez pas peur (Mt 17,7 et Jn 6,20). Ne vous laissez pas effrayer par la tâche. Un jour à la fois, et le Seigneur a promis d’être avec vous toujours, avec l’Esprit-Saint.
    – Tu es Pierre, et sur cette pierre de la foi et du service, je bâtirai mon Église (Mt 16, 18). C’est le Seigneur qui nous confie une tâche de service et celle-ci porte déjà en elle sa certitude de survie.
    – Ne crains pas, petit troupeau, car il a plu au Père de te donner le Royaume (Lc 12, 32). L’amour de Dieu et du prochain est capable de venir à bout de toute inertie, de toute peur et de tout palmarès d’inaction.
    – «Montre-nous celui des deux que tu as choisi» (Ac 1, 26). On leur désigna Joseph, dit Barabas, et Mathias. Après avoir prié, ils tirèrent au sort le nom de Mathias, pour remplir la place vacante.
            Mais il faut rappeler aussi certaines paroles de François et Claire:
    De François:
    – Agir avec bonté ( I R 2, 2-3) et corriger toujours avec charité (2 R 10, 1);
    – Aimer ceux qui sont désobligeants (2R 10, 10);
    – Avoir une patience exemplaire (Lettre à un Ministre);
    – Ne pas s’approprier sa charge (1 R 17, 4);
    – Toujours garder en mémoire que le vrai Ministre, c’est l’Esprit-Saint (2 C 193).
    De Claire:
    – Être maternel pour tous (Pr 3, 31 et Pr 6,2);
    – Être spécialement bon pour consoler les affligés (RC 4, 9), s’occuper des malades (RC 8, 7-8) et agir avec droiture et simplicité (RC 10, 3);
    – Le ou la ministre devrait être comme l’abbesse, première par ses vertus et par une sainte conduite (RC 4, 1-5).
     
     4- Dangers à éviter
            a. Solutions de facilités : de mauvaises pistes
    Essayer de retenir quelqu’un par des compliments
            Il arrive parfois que les membres eux-mêmes de la Fraternité n’envisagent pas comme possibles des changements dans l’équipe de direction. Pour toutes sortes de raisons. Il leur arrive même de répéter un refrain faussement louangeur: «Tu fais les choses tellement bien qu’il est impossible de trouver un remplaçant aussi compétent que toi». La personne concernée ne doit surtout pas les croire complètement et boire cela comme du «petit lait». Une telle phrase est à prendre comme un compliment, tout simplement, comme une appréciation du travail accompli. Il faut l’accueillir comme tel en disant simplement : «Merci», mais laisser le champ libre à du changement.
    Tenter de se trouver un remplaçant
            Il peut arriver que le responsable en poste, essoufflé et même parfois malade, ait déjà fait lui-même des demandes pour se faire remplacer et qu’il ait essuyé quantité de refus. Il ne faut se laisser impressionner par ces déclinations. Il faut ici rappeler la réalité: il n’appartient pas à quelqu’un détenant un poste de se trouver lui-même un successeur, mais à toute l’assemblée. Un responsable dont le terme est terminé ou qui n’est plus capable de continuer pour une raison ou l’autre n’a qu’une chose à faire: donner clairement sa démission et ainsi laisser libre la voie.
    Se cramponner à sa charge
            Il peut arriver, mais plus rarement, qu’une personne soit à ce point attachée à son poste qu’elle refuse de le laisser vacant. Quelqu’un doit parler à cette personne, charitablement, pour qu’elle en vienne à comprendre que son «acharnement à régner» est peut-être devenu un obstacle pour beaucoup de monde! Nous verrons plus loin ce qu’il faut penser de cette attitude que François d’Assise appelle «l’appropriation d’une charge».
    Vouloir perpétuer le statu quo
            Bref, il ne faut pas prendre pour des vérités immuables «ce qui s’est dit» dans des conversations privées avant une élection, car certaines paroles peuvent équivaloir à une volonté pure et simple de statu quo, à de la paresse, à un refus de la nouveauté devant l’inconnu. Bref, ne jamais oublier que nous formons Église, et qu’ensemble nous pouvons beaucoup de choses. Il faut avoir l’audace de laisser la parole à l’Esprit-Saint, via l’assemblée, de procéder à des élections, en passant à des mises en candidatures, appuyées par au moins une personne.
            b. La peur
    Avoir peur et se sentir petit face à la tâche : sentiment normal
            Les humains lucides ont habituellement peur des responsabilités, surtout quand elles signifient service et don de soi. Les prophètes les premiers ont eu peur et ont demandé au Seigneur de pouvoir se défiler et choisir quelqu’un d’autres. C’est bon signe, le signe qu’on voit clairement la responsabilité qui est impliquée. Les textes bibliques en sont remplis: Moïse (Ex 2, 24), Élie (I ro 19, 3), Jésus lui-même, qui a été tenté par le diable et qui a sué le sang, au zénith de son obéissance à Dieu (Lc 22, 44). La peur est un sentiment tout à fait normal face à une élection, et encore plus, lorsqu’on prend conscience que c’est le Seigneur qui envoie son messager, qui sera intendant des intérêts de Dieu. La peur, pourvu qu’elle n’ait aucune parenté avec la paresse ou la démission, est même un signe excellent, qui exprime une conscience éclairée de la responsabilité qui échoit à la personne élue.
    Il faut savoir entendre la parole du Seigneur: «N’ayez pas peur» (Mt 17, 7 et Jn 6, 20).
     Perspectives d’avenir
            a. Le Credo franciscain 
    Le bon Credo franciscain du service de la Fraternité
            Le véritable Credo d’une Fraternité franciscaine devrait être celui-ci, en tout temps: je crois sincèrement qu’il y a dans notre Fraternité tous les talents nécessaires, susceptibles de remplir tous les postes dont nous avons besoin. Je crois que c’est une énergie renouvelable! Notre espérance est telle que nous avons la certitude que plusieurs personnes sont disposées à accepter un poste, et à le remplir avec les conditions habituelles requises: compétence, disponibilité et dévouement
    – Compétence: si plusieurs membres de l’OFS affirment, lors de la mise en candidature, la compétence d’un candidat, c’est qu’il y a déjà eu discernement avec quelques personnes. Comme complément à la compétence, il y a la juste fierté d’appartenir à l’OFS. Ce témoignage de fierté est important, car il peut être à la base d’un certain élan et d’une certaine audace dans les responsabilités futures. Donc, la personne proposée est-elle assez fière du charisme franciscain? Est-elle capable de demander et d’accepter de l’aide, selon les besoins? A-t-elle un bon discernement?
    – Disponibilité : cette personne, pour qui l’on s’apprête à voter doit honnêtement se demander en elle-même, avant d’accepter la mise en candidature, si elle est vraiment disponible. Puis elle doit faire connaître sa disponibilité au groupe d’électeurs;
    – Dévouement: cette personne est-elle déjà si engagée ailleurs dans d’autres mouvements, qu’il ne lui reste plus de temps pour l’OFS? Accepte-t-elle sa candidature dans un bon esprit: désir d’apostolat et de service, dans le meilleur sens du bénévolat?
            b. Prospective à dégager 
    Une prospective à dégager, pour l’avenir
            Il faut aussi énoncer, avant l’élection, les principaux défis à relever, les domaines à améliorer ou à réformer. Cela peut aider dans le discernement des personnes à élire, capables de s’atteler à ces défis. Même si les défis sont immenses, il faut se souvenir toujours que l’oeuvre du Seigneur commence en petit et progresse lentement. Les fruits de cette oeuvre sont la plupart du temps modestes et longtemps cachés, poussant de solides racines: «Le grain de Sénevé est la plus petite des semences, mais destiné à devenir un grand arbre» (Lc 13, 19).
            c. Envoi et conclusion
            En terminant, voici simplement en résumé ce à quoi il faut être attention:
            Avant une élection, il est nécessaire d’invoquer les lumières de l’Esprit, par une prière du genre Veni Creator Spiritus. Si c’est Dieu qui nous désigne à un poste de service, il ne faut pas le refuser trop facilement, car des personnes ont présenté notre candidature et ont ensuite voté pour nous. Avec toute la contrariété que cela peut nous apporter, et même si cela risque de bouleverser nos projets personnels, il faut se demander sérieusement si cette élection n’est pas l’expression de la volonté de Dieu. Il faut donc y réfléchir, et au besoin demander conseil à une personne compétente, qui est à la fois attentive à notre cheminement et attentive aux besoins de la Fraternité. Mais toujours notre acception doit être libre et joyeuse. La réponse idéale, — toute réflexion dûment faite, — est toujours: «Me voici, Seigneur».
            L’humble et confiant Fiat de la Vierge Marie doit être la prière de l’élu-e, choisie-e par ses pairs. La grande motivation à accepter, c’est celle de se savoir l’instrument du Seigneur, de se voir investi-e de la mission de rassembler la Fraternité et de la conduire avec tout son élan sur les voies de l’Évangile. En somme, de prendre le relais, dans le temps, de la grande mission apostolique de l’Église. Les ministres prennent le relais du Seigneur Jésus, dans l’histoire, et sont avec Lui des ouvriers très spéciaux du Royaume de Dieu, éternel. Ils portent comme un drapeau cette parole prophétique du Psaume 125, 5: « Ceux qui sèment dans les larmes moissonnent en chantant ».
            Accepter un poste, une tâche dans la Fraternité, c’est toujours s’entendre dire par le Seigneur ce qu’il disait à la Samaritaine, au puits de Jacob: «Donne-moi à boire». Il se peut que ce soit, pour la personne élue qui dit OUI, le début d’une nouvelle aventure, d’une conversion plus profonde, que ce soit l’occasion d’un renouvellement intérieur, d’un cheminement plus proche du Seigneur.
            Chose assurée, le Maître des maîtres murmure à la personne élue: «Je ne vous appelle plus serviteurs, mais amis» (Jn 15, 15).
            Être élu-e président-e d’une Fraternité, c’est, de plus, une participation spéciale à un titre de Jésus qui le résume parfaitement: le Bon Pasteur.
            Le psaume 23 présente le rôle du pasteur-berger, qui crée une relation de confiance réciproque: connaître, prendre soin, nourrir, soigner. Or, les principales qualités du bon Pasteur sont l’écoute attentive et la générosité. Nous proposons comme prière finale, à la fin d’une élection, le chant du psaume 23: «Le Seigneur est mon berger» et le Notre Père, après une invocation à la Vierge Marie, patronne et protectrice de l’Ordre franciscain.
    Roland Bonenfant, ofm
    assistant spirituel.