• Le contexte historique où vécu François

    Le contexte historique où vécu François d'Assise
    (tiré d’un site Internet dont j’ai perdu l’adresse, Richard)
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    Introduction
    1. Le contexte historique où vécu François d'AssiseLe contexte historique où vécu François
    a) Les communes 
    b) La société
    c) La religion
    2. Les idéologies hérétiques
    a) Les Vaudois
    b) Les Cathares
    3. Biographie de François d'Assise
    a) Sa jeunesse et conversion
    b) Le début de sa vie de pauvreté
    c) La création de l'Ordre et la première règle; croissance de l'ordre
    d) La fondation de la branche féminine de l'Ordre
    e) L'ordre franciscain s'étend de par le monde
    f) Le désordre de la Fraternité; la deuxième règle
    g) Ses dernières années
    4. Le projet social de Saint François
    a) Le besoin social de la population au XIIe siècle                                                                                          
    b) Comment le message de Saint François répond à ce besoin
    5. Comparaison entre l'ordre franciscain et les mouvements hérétiques
    a) Les ressemblances
    b) Les différences
    Conclusion
    Bibliographie 
    *Un dessin, inspiré du peintre Cemabuë.

    Introduction

    Au XIIIe siècle naquit modestement un ordre religieux qui allait révolutionner son époque par sa simplicité et sa popularité: l'Ordre mendiant des Franciscains, fondé par Saint François d'Assise. Il naissait dans un contexte particulier qui allait lui assurer son succès. Toutefois, bien que ce mouvement ne fut pas le seul ni le premier à voir le jour, lui seul dura véritablement. La problématique se posera en deux parties: qu'est ce qui a amené le projet social de Saint François? Comment ce projet de Frères mendiants ne fut pas considéré comme étant hérétique? Pour répondre à cette question, plusieurs étapes se succéderont: tout d'abord le contexte historique où vécu François d'Assise, puis une brève présentation des hérésies, ensuite une biographie de Saint François, après cela la présentation de son projet social, et enfin une tentative d'explication par comparaison pour comprendre pourquoi ce projet ne ne fut pas considéré comme étant hérétique.
    Mais bientôt les bourgeois (habitants des bourgs) trouvent que cette vassalité nuit aux développement de leurs activités commerciales et réclament plus de liberté. Cette liberté qu'ils exigent est d'abord économique puis devient politique: les bourgeois veulent leurs propres lois et tribunaux. Les habitants des villes se regroupent en association ou commune par serment mutuel, qui lie les bourgeois les uns aux autres, sans qu'aucun n'ait prédominance. Ce mouvement communal s'étendra dans toute l'Europe mais sera particulièrement fort et rapide en Italie.
    La ville d'Assise fera une première tentative pour son autonomie en 1174. La bataille pour sa liberté sera remportée dans les années 1198-1200.
    Les communes, qui autrefois de battaient pour leur liberté, se battent maintenant entre elles pour étendre leur champ d'influence. Ainsi Assise se lancera contre Pérouse en 1202, guerre auquel participera François.

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    Le contexte historique où vécu François d'Assise
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    a) Les communes
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    À partir de l'an mille s'intensifie un mouvement qui sera prédominant en Italie: la naissance puis l'affirmation des villes. Le développement des villes est due en partie au réveil économique qu'ont amené les marchands. "L'apparition et de développement rapide de ce monde urbain, constituent, au sein de la vieille société féodale et rurale, une véritable révolution." Les villes sont soumises à seigneurs, des abbayes ou autres institutions religieuses.
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    b) La société
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    Ce vent de liberté urbaine souffle aussi sur les individus et crée une société nouvelle. Les communaux rejettent la hiérarchie féodale d'autrefois. "Aux relations verticales de dépendance, [les communes] entendent substituer des relations horizontales de solidarité." Mais bien vite cette société nouvelle sera dirigée par les riches, puis par les mêmes familles de générations en générations. Les pauvres et les gens de classe moyenne n'y ont pas de pouvoir. Les gens les plus démunis n'ont pas profité de la révolution communale. La pauvreté urbaine est plus dure à supporter car il n'y a aucune ressource naturelle pour subsister.
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    c) La religion
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    "La seconde moitié du XIIe siècle est, sans nul doute, l'une des périodes les plus tendues et les plus tourmentées de l'histoire de l'Europe et de l'Église de l'Occident." En effet, le schisme de 1130 vient à peine d'être réglé. L'Église en est encore secouée.
    Sous le règne d'Innocent III, la papauté devient arbitre du monde et est sur le point d'accomplir son vieux rêve de théocratie. Mais cette puissance s'est réalisée dans un contexte féodal où les autorités ecclésiastiques sont propriétaires terriens et préoccupées par des problèmes temporels. Les difficultés religieuses sont réglées par des solutions violentes; par exemple la croisade des Albigeois en 1209. "Au regard du jeune monde des communes, l'Église, avec ses seigneuries temporelles apparaît liée à un système social périmé et oppressif." L'Église d'ailleurs ne comprend pas non plus le mouvement communal et s'oppose à ce changement qui menace sa chrétienne puissance, qui ne correspond plus aux aspiration de la société.
    Les péchés corrompent de nombreux prêtres et même les supérieurs ecclésiastiques. Les fidèles sont des brebis qui ont perdu leur berger. C'est alors qu'apparaît un peu partout parmi les pauvres et les nouvelles couches sociales des groupes qui, d'une manière anarchique, veulent "tous sans exception [...] un retour à la simplicité de l'Évangile" . De ces groupes sortiront les hérétiques.
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    2. Les idéologies hérétiques
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    "Au cours du XIe siècle, mais surtout au début du XIIe siècle, des prédicateurs errants, déclarant que le devoir de pauvreté était le moyen le meilleur pour obtenir le salut, non seulement avaient recruté de nombreux disciples, mais avaient fini par diffusé un sentiment religieux plus vif et plus intense, que l'on peut résumer en une adhésion exigeante, la plus totale et entière, aux conseils de Jésus dans les Évangiles, et, en premier, à ceux de pauvreté et de pureté de moeurs."
    Ce n'est pas cette idéologie en soi qui est un problème, c'est plutôt la réaction qui en découlait envers ceux qui n'y adhéraient pas. En effet, dans les cas les plus simples, les prêtres indignes étaient "boycotter" mais dans les situations les plus critiques, il y avait violence physique. Certains prédicateurs plus extrémistes allaient jusqu'à prêcher ouvertement le combat contre la corruption des hommes d'Église.
    À la fin du XIIe siècle, de nombreuses hérésies sévissent, particulièrement en France (dans le sud) et en Italie (dans le nord et le centre).
    Il est important de noter, en tous cas, que l'Église ne se rendit pas compte, tout d'abord, du vrai danger que ces hérétiques représentaient réellement pour elle. Le simplisme exagéré de leurs idées, comparé à la complexité subtile atteinte par la théologie et la science canonique dans les écoles monastiques et universitaires, porta la hiérarchie à les déprécier et sous-évaluer plus qu'à apprécier exactement leur réelle importance. Ce n'est que lentement que papes et évêques se rendirent compte du danger.
    C'est à partir de ce moment que les autorités ecclésiastiques et laïques se mirent d'accord pour combattre les hérétiques. Le VIe Concile de Latran en 1215 avait comme premier objectif de combattre les hérétiques et les cathares en particulier. Ne seront présentées ici que les deux principales hérésies.
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    a) Les Vaudois
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    L'histoire du fondateur du mouvement Vaudois, l'un des premiers groupes hérétiques, est curieusement similaire à celle de François d'Assise. Pierre Valdès, riche marchand de Lyon, se convertit brusquement en 1170 après la lecture des Évangiles. Il vend tous ses biens pour les distribuer aux pauvres et place ses deux filles en couvent. Il se rendit par après à Rome et y fit une profession de foi pour effacer tous doutes et craintes chez les autorités ecclésiastiques sur ses intentions. Mais peu de temps après la reconnaissance de la légitimité de son propositum, il se servit du prétexte du conflit avec l'archevêque pour lui refuser obéissance ainsi qu'à toute la hiérarchie de l'Église. Il en sortit bientôt la doctrine vaudoise.
    Celle-ci est la suivante: "la nécessité de la pauvreté et de la prédication, le refus de la validité des sacrements administrés par des prêtres indignes, la non reconnaissance de l'autorité juridictionnelle et disciplinaire de la hiérarchie, une volonté précise d'adhérer exactement aux conseils évangéliques, ce qui, sur la plan pratique, se traduisait par un pacifisme radical, le renoncement à tout serment, la désobéissance aux préceptes de l'Église qui n'auraient pas eu leur fondement dans les Saintes Écritures et spécialement l'Évangile." Le mouvement vaudois s'étendit partout en Europe grâce à sa doctrine, ainsi que par la souplesse de celle-ci, qui sut s'adapter aux exigences locales. Les vaudois se séparèrent bientôt en deux groupes, l'un français (les Pauvres de Lyon) et l'autre italien (les Pauvres Lombards). Ils furent des adversaires acharnés des cathares.
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    b) Les Cathares
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    Les Catharisme fut l'une des hérésies les plus répandues au Moyen Age. "Les fondements doctrinaux du catharisme sont lointains, d'origine orientale probablement, et reposent sur un manichéisme élémentaire." En effet, le monde est, selon les cathares, un combat entre le principe du bien et du mal. Les hommes n'ont pas la responsabilité du mal qu'ils font, c'est leurs pulsions intérieures mauvaises qui les font agir ainsi et ils n'y peuvent rien. Seul les Parfaits n'y sont pas soumis. Ils considère le Christ comme un ange, "né d'un ange, venu sur terre révéler aux hommes que Satan les a trompés, en les emprisonnant dans la matière."
    Les Cathares exercèrent une fascination extraordinaire au XIIe siècle. La rigueur de la vie menée par les Parfaits en particulier suscitait respect et adoration. Ils faisaient leur prédication en langue vulgaire et en mots simples, rendant ainsi accessible à tous la religion. Ils donnaient une explication surnaturelle et mystique à la dure réalité. Toutes les couches de la société furent toucher par cette hérésie. "Dans une époque de renaissance et de difficultés, alors que les moeurs du clergé étaient décadentes, la catharisme apparu comme une Église nouvelle, supérieure à l'ancienne, faisant également référence à l'Évangile, mais le vivant."
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    3. Biographie de François d'Assise

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    a) Sa jeunesse et conversion
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    François (baptisé Jean) est né en 1181 ou 1182 dans la ville italienne d'Assise. Son père, un négociants d'étoffes précieuses nommé Pierre Bardonne, a sans doute donné ce prénom à son premier né à cause des rapports commerciaux étroits qu'il entretient avec la France. Il mène une jeunesse facile et heureuse auprès de sa famille et des ses amis. Il est le chef de la jeunesse dorée d'Assise. Il découvre l'amour courtois et la vie de troubadour. Son désir de devenir chevalier le poussera à participer à la guerre contre Pérouse, mais il sera fait prisonnier et restera en captivité pendant un an. Après une convalescence à Assise, il repart pour le front mais fera en chemin une rencontre marquante.
    "Issu du monde des communes, il en partage l'idéal de liberté et d'association. [...] Mais bientôt il découvre l'envers de la société nouvelle: la domination de l'argent, avec ses conflits et ses détresse." Sur le chemin de Spolète, il rencontre un chevalier pauvre. Ne pouvant supporter d'éclabousser de ses richesses la véritable noblesse, François lui donne son équipement et rentre à Assise. Dès lors son attitude, déjà quelque peu changée par sa longue maladie, sera de plus en plus différente avec celle de sa jeunesse. Il cherche dans la méditation la présence de Dieu. Sa soif grandissante l'amène à s'occuper des lépreux. Il dit dans son testament:
    Quand j'étais encore dans les péchés, la vue des lépreux m'était insupportable, mais le Seigneur lui-même me conduisit parmi eux et je les soignai avec compassion. Et quand je les quittai, ce qui m'avait semblé amer s'était changer pour moi en douceur, pour l'esprit et pour le corps.
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    b) Le début de sa vie de pauvreté
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    Quittant sa famille, il se fit ermite. Un jour qu'il méditait à la campagne, il s'arrête pour prier dans l'église presque en ruine de Saint Damien. C'est alors que le crucifix devant lequel il est agenouillé lui parle et lui dit: "François, va et répare ma maison qui, tu le vois, tombe en ruine". Prenant cette directive au sens littérale, François se met à restaurer les petites églises périphériques d'Assise. Pour ce faire, il vend à Foligno des étoffes prises à la boutique de son père pour offrir l'argent au prêtre de l'Église de Saint Damien, qui par crainte le refuse. À cause de ses origines, sa conduite fit scandale et son père, dans sa fureur, le traîne en justice devant l'évêque. C'est alors que François, accomplissant un geste hautement significatif pour lui et pour l'assemblée, se met à nu et donnant ses vêtements à son père, il dit: "Désormais, c'est en toute liberté que je pourrai dire: "Notre Père qui êtes aux cieux!" Pierre Bernardone n'est plus mon père, et je lui rends non seulement son argent que voici mais encore tous mes vêtements." [Les mots changent selon les traductions mais le sens demeure le même.]
    À partir de ce moment, François se fait maçon et rénove les églises et chapelles des environs d'Assise pendant trois ans. Il mendie pour se nourrir et couche dans les lieux qu'il restaure. Il reconstruit Saint Damien, Saint-Pierre et la Portioncule. C'est à celle-ci que François connaîtra un autre tournant de sa vie. Alors qu'il assiste à la messe, "il entendit lire l'évangile de l'envoi des disciples en mission" . Il découvre à ce moment ce que le Christ attend de lui et comprend le vrai sens des paroles de l'épisode du crucifix de Saint Damien. Il sait maintenant qu'il doit reconstruire l'Église en prêchant l'évangile et la paix. C'est donc en février 1208 que commence sa prédication itinérante.

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    c) La création de l'Ordre et la première règle; croissance de l'ordre
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    En avril suivant, ses premiers compagnons, vendant leurs richesses et les distribuant aux pauvres, se joignent à lui: il y a Bernard de Quintavalle, Pierre de Catane, Egide, Gilles, etc., portant ainsi le nombre de fils de François à six, et qui augmentera à sept, puis à douze. François ressent alors le besoin d'écrire un règle pour l'Ordre naissant et de la faire approuver par le pape.
    Cette première règle est toute simple. Elle dit simplement de vivre selon l'Évangile. Cela implique une mobilité apostolique, de la même manière que les apôtres du Christ ont répandu la Bonne Nouvelle. Cette même mobilité les empêche d'exploiter un domaine comme le font les ordres monastiques; ils sont dès lors vouer à une pauvreté pascale, deuxième principe de la règle. L'absence de richesse met les premiers Franciscains sur un pied d'égalité: ils sont frères et forment une fraternité. Non seulement il n'y a pas de hiérarchie entre eux, mais ils se veulent les plus humbles de la sociétés; ils se font appelés les "Frères mineurs". Enfin, le dernier principe de la règle est la soumission à l'Église.
    François se rend à Rome en 1209 avec ses compagnons où le pape Innocent III, après réflexion, approuve l'Ordre des Frères mineurs et leur règle. Mieux encore, il leur permet de pratiquer la tonsure, ce qui les fait clercs et les soustrait de l'autorité des laïcs pour les placer sous la seule juridiction de l'Église.
    François et ses compagnons reviennent à Assise et s'installent à côté de la ville, à la Portioncule. Dès ce moment, l'expansion de la fraternité franciscaine sera très rapide. Beaucoup d'hommes vinrent les rejoindre dans leur petite communauté, qui s'agrandit rapidement. "Le recrutement, sauf exception, se faisait parmi les gens simples, car François n'exigeait pas de ses frères les qualités intellectuelles et la formation réclamées chez les dominicains." Des gens de toutes conditions furent admis: les clercs comme les laïcs, les célibataires et les gens mariés. En 1212 arriva pour la première fois une femme, Claire d'Assise.

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    d) La fondation de la branche féminine de l'Ordre
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    Claire Favarone, jeune fille de petite noblesse d'Assise, entend parler de François et cherche à le rencontrer à partir de ses 16 ans, soit vers 1210. L'attachement que se portent mutuellement François et Claire décide celle-ci à entrer en religion. La nuit des Rameaux de l'an 1212, elle se consacre définitivement à Dieu dans la chapelle de la Portioncule. François lui coupe les cheveux puis elle reçoit sa vêture de religieuse. Elle s'installe à Saint Damien et fonde l'ordre des Pauvres Dames devenu les Clarisses. La première novice de Claire sera sa propre soeur. Puis de nombreuses femmes se joignent à elles. Mais toujours est-il qu'elles n'ont pas de règle précise. Quoiqu'il en soit, François eut raison de séparer les hommes et les femmes. En effet, chez les vaudois, cette distinction ne se dit pas. "Des abus en avaient été la conséquence."
    Le succès de cette branche féminine sera aussi considérable que le premier ordre. Cependant, les Clarisses n'avaient de règle officielle, bien qu'elles suivait celle que Claire leur prescrivait, c'est-à-dire vivre selon l'évangile. La règle officielle n'arriva qu'en 1253. La seule différence avec la règle des frères est qu'elle ne permettait pas l'apostolat mobile. C'est ainsi que le deuxième ordre franciscain devint officiel.

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    e) L'ordre franciscain s'étend de par le monde
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    En 1212, François essaie de gagner en vain l'Islam une première fois en passant par la mer, mais il est rejeté sur le rivage. Il effectue une deuxième tentative par le Maroc, mais il tombe malade et ne peut aller plus loin. Il retourne alors à la Portioncule.
    Les Fraternités se développent de plus en plus en Italie et le nombre de frères croît sans cesse. Le contact avec son fondateur et l'unité qu'il inspirait devient plus difficile.
    En 1215, François se rend au VIe Concile de Latran. Il y rencontre sans doute saint Dominique. Du concile ressort la décision d'interdire la fondation d'ordres religieux nouveaux. Cela pose problème pour les Pauvres Dames, qui, bien qu'étant une extension de l'ordre franciscain, ne sont pas encore reconnues officiellement.
    En 1217, à la Pentecôte, il se tient un chapitre général dans les champs qui entourent la Portioncule. Les multiples fraternités contiennent alors plusieurs milliers de "frères mineurs". L'envoi de ceux-ci en Europe, afin de répandre l'ordre, est décidé. François doit partir en France, mais le cardinal Hugolin d'Ostie, rencontré à Florence, l'en empêche.

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    f) Le désordre de la Fraternité; la deuxième règle
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    Après le chapitre de la Pentecôte à la Portioncule en 1220, François part pour l'Égypte, confiant l'Ordre à deux vicaires, frère Mathieu et frère Grégoire de Naples. Il essaie d'y rencontrer le sultan pour le convertir, ce qu'il ne réussira pas, malgré l'entrevue courtoise qu'il a obtenu.
    Malheureusement, "l'absence prolongé de François jeta l'Ordre dans un grand vide, encore aggravé par le manque total de nouvelles." Deux tendances apparaissent: l'une va vers une nouvelle règle s'inspirant des anciens Ordres monastiques, l'autre conserve l'idéologie première. Une rupture est à craindre. Un frère rejoint François en Syrie, où il visite les Lieux Saints, et lui apprend les problèmes de l'Ordre. Il revient revient en catastrophe et se rend chez le pape Honorius III, lui demandant son aide, celui-ci lui accorde en la personne du cardinal Hugolin, un ami de François. Il le convainc alors que la règle est trop simple et que c'est cette même simplicité qui menace l'ordre. Il faillait également gouverner l'Ordre, ce qu'il ne peut se résoudre à faire personnellement, aussi donne-t-il sa démission et laisse la place à Elie Bombarone, qui devient alors vicaire général de l'ordre.
    Reste le problème de la règle. François, aidé par plusieurs frère, écrit en 1221 une admirable règle que le Pape et les responsables de l'ordre rejettent. Elle est trop longue, trop dure, trop lyrique. Il retourne alors dans la solitude et rédige en 1223 une deuxième règle plus courte, plus précise qui est finalement adoptée.

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    g) Ses dernières années
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    La transformation de son ordre attristait François au plus haut point. "La constitution d'un grand ordre à ses yeux à terme la tentation de posséder. Il ressentait cruellement chaque changement de son idéal primitif, chaque aménagement avec l'absolu." Il se retira alors dans la solitude de la méditation avec quelques amis fidèles en ermitage de montagne. De plus en plus il cherchait la solitude pour cacher et oublier sa profonde tristesse. Soeur Claire l'aide à supporter cette amertume.
    En décembre 1223, François fête Noël à Greccio d'une manière toute originale, c'est-à-dire en recréant la crèche de la Nativité. "Cette nuit-là, la Chrétienté retrouvait des yeux d'enfant."
    Au mois d'août 1224, François se retire pour méditer et jeûner sur le mont Alverne, qu'a mis à sa disposition le compte Roland de Chiusi, avec quelques frères. Un matin de méditation lui apparaît un séraphin au corps d'homme crucifié. C'est alors que le miracle se produit: les stigmates du Christ s'imprègne dans sa chair. Lorsqu'il retourne en société, la nouvelle du miracle se répand rapidement, malgré le fait qu'il essaie de cacher les marques. À dos d'âne, il reprend une tournée de prédication Mais bientôt une maladie d'yeux, l'ophtalmie, et ses saintes blessures l'empêche de continuer et il rentre, très malade, à la Portioncule.
    Il se réfugie en 1225 à Saint Damien auprès de Claire, dans le jardin, où il compose le Cantique du Soleil. "Ce chant est considéré, à juste titre, comme le joyau le plus ancien et le plus précieux de la poésie italienne naissante."
    Pendant l'été 1225, Hugolin, qui est à Rietti avec le Pape, le fait venir pour qu'il se soigne. En 1226 François va à Sienne, où il rédige son testament. Il passe l'été à Bagnana et son état empirant, on le ramène à Assise. Il revient à la Portioncule où il meurt le 3 octobre. Son corps, après être passé à Saint Damien pour que Claire puisse le voir une dernière fois, est inhumé à l'Église de Saint-Georges devenue Sainte Claire.
    En 1227, Hugolin est élu Pape et devient Grégoire IX. Il canonise son ami François en juillet 1228 à Assise.

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    4. Le projet social de Saint François
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    a) Le besoin social de la population au XIIe siècle
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    [...] il existait alors une ferveur et une intensité de vie religieuse jusqu'alors inconnue, caractérisée par ce besoin nouveau de participation, vaste, large et consciente du laïcat, désireux d'être de plus en plus inséré et présent dans la réalité de l'Église. Il est nécessaire de souligner, à ce sujet, un fait précis qui permet de mieux comprendre François d'Assise lui-même: tandis que, dans la première moitié du XIIe siècle, ceux qui cherchent à apporter une réponse aux exigence des fidèles sont des moines, des ermites, des hommes d'Église surtout, en revanche, dans la seconde moitié, la réponse naît, spontanément, parmi les laïcs eux-mêmes qui, sans avoir recours aux intermédiaires ecclésiastiques ou n'acceptant d'eux que le plus faible concours, cherchent à résoudre les problèmes spirituels qui les préoccupent.
    N'étant plus vraiment bien entourés par l'Église, les fidèles se sentent plus libres et veulent chercher des réponses par eux-mêmes. Cette attitude plus libérale accompagne la création des communes libres.

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    b) Comment le message de Saint François répond à ce besoin
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    François est un homme de son temps. Il est issu d'un milieu social nouveau, aussi "rien d'étonnant que la vie évangélique qui l'inspire soit en rapport avec les nouvelles aspirations social." Il crée un mouvement qui lui ressemble: la révolution d'esprit, la mobilité du marchand. François a pu constater mieux que quiconque comment l'argent a avili la société. En effet, les gens ne sont souvent plus appréciés que pour leurs richesses. Il sait donc que c'est par le seul chemin de pauvreté que l'on peut rejoindre Dieu.
    Les deux principales choses qu'enseigne et transmet François est la Bonne Nouvelle et la paix. Il a réussi entre autre à la rétablir à la ville d'Arezzo, déchiré par des guerres intestines de grandes familles depuis longtemps. François rapproche Dieu des hommes tout en le gardant complète sa grandeur.
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    5. Comparaison entre l'ordre franciscain et les mouvements hérétiques.
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    Pourquoi le projet de Saint François ne fut-il pas considéré comme étant hérétique? "François n'inventa à proprement parler rien, sauf une façon irrésistible de tenter, à son tour, cette révolution évangélique."

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    a) Les ressemblances
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    Ils répondent les uns comme les autres aux mêmes besoins sociaux et religieux. De la même manière que les mouvements hérétiques, les Franciscains prônaient la pauvreté et l'enseignement des évangiles. "Le saint tout comme l'hérétique avaient catégoriquement affirmé le sens et la valeur de la pauvreté du Christ." Cependant, la ressemblance ne va pas plus loin que ce point de base commun.

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    b) Les différences
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    Les différences sont beaucoup plus nombreuses que les différences. Il y a tout d'abord les différences sur la forme. Les hérétiques ont lancé un appel auquel répondait hommes et femmes: il en résultait une concupiscence qui ne fut pas le moindre des maux que l'Église leur reprocha. Contrairement aux hérétiques, François prêche avec l'autorisation de l'Église. Bien que Valdès ait obtenu cette autorisation, il l'a vite perdue en refusant d'obéir à ses supérieurs ecclésiastiques. François ne prêche pas contre les riches, contre les prêtres corrompus, ni même contre les hérésies, ni en fait contre quoi que ce soit; il enseigne l'amour du Christ, le pardon de la paix, la libération par la pauvreté.
    Mais la différence la plus importante entre les Franciscains et les hérétiques est sur le fond, au niveau de l'idéologie. À la différence des autres hérésies, François considère le monde comme beau: "il n'est point l'enfer, où sont emprisonnés les anges rebelles, mais, au contraire, il est l'oeuvre, le résultat d'une extraordinaire, d'une toute puissante bonté qui, dans la création de l'univers, se révèle également comme beauté." François d'Assise, lui, a le respect du prêtre, du sang et du corps du Christ et du Christ lui-même. Il honore même les prêtres qui sont reconnus pour pécher beaucoup, car "il ne considère pas [ceux-ci] comme un simple homme: et en cela il dépasse, implicitement, la polémique vaudoise".

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    Conclusion
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    François d'Assise et son ordre mendiant ont su calmer du moins en partie la grande tempête religieuse par leurs rassurantes paix et tranquillité. Ils répondaient aux besoin d'une société religieusement instable. Mais parce qu'il a su rester dans les limites autorisés par la hiérarchie de l'Église, François a pu laisser son ordre croître, même si celui-ci n'est pas toujours allé exactement là où il voulait.

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    Bibliographie
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    Chélini, Jean. Histoire religieuse de l'Occident médiéval. Paris, Hachette, 1991. 661 pages.
    Hourdin, Georges. François, Claire et les autres. Paris, Desclée De Brouwer, 1984. 313 pages.
    Leclerc, Eloi. François d'Assise. Le retour à l'Évangile. Paris, Desclée De Brouwer, 1981. 253 pages.
    Manselli, Raoul. Saint François d'Assise. Paris, Éditions Franciscaines, 1981. 328 pages.
    Vorreux, Damien. Vie de Saint François d'Assise. Par Saint Bonaventure. Paris, Éditions Franciscaines, 1951. 254 pages.

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