• Audience du Pape à la Curie romaine.

    Audience du Pape à la Curie romaine.   (VATICAN MEDIA Divisione Foto)

    Écouter, discerner, marcher: la feuille de route du Pape pour la Curie

    Au cours de la traditionnelle audience accordée aux membres de la Curie romaine pour l’échange de Vœux de Noël, le Pape François a invité ses hôtes à une constante remise en question, à partir de l’écoute et du discernement pour se mettre en marche vers la lumière, et se défaire des pièges de la bureaucratie.
     

    Jean-Charles Putzolu – Cité du Vatican

    Travailler au sein de la Curie romaine, c’est «accomplir un itinéraire de foi», a dit François aux membres de cette noble administration vaticane, reçue en audience jeudi 21 décembre à l’occasion de l’échange des vœux de Noël. Un itinéraire nécessairement à l’écoute de la Parole de Dieu, à un moment «encore tristement marqué par les violences de la guerre, par les risques historiques auxquels nous sommes exposés en raison du changement climatique, de la pauvreté, de la souffrance, de la faim, et d’autres blessures qui habitent notre histoire». Dans ces «lieux de douleur» aussi, Dieu se fait homme dans la mangeoire pour apporter «proximité, tendresse et compassion» à l’humanité. Et le rôle des acteurs de la Curie romaine est «d’écouter l’annonce du Dieu qui vient, de discerner les signes de sa présence», et de marcher derrière Lui. Ainsi sur ces trois verbes, écouter, discerner, marcher, l’évêque de Rome articule ses vœux à la Curie.

    Marie à l’écoute de l’Ange

    La «Vierge de l’écoute», celle qui a prêté l’oreille à l’annonce de l’Ange, et a ouvert son cœur au projet de Dieu. C’est le premier aspect développé par François. Écouter, c’est accueillir le don de l’amour de Dieu qui vient à la rencontre de l’humanité. Et écouter, non seulement avec les oreilles, mais avec le cœur «est bien plus qu’entendre un message ou échanger des informations», c’est une «écoute intérieure capable de comprendre les désirs et les besoins de l’autre, une relation qui nous invite à dépasser les schémas et à vaincre les préjugés». Et c’est donc le début d’un cheminement. Marie, elle, a-t-il poursuivi, écoute l’Archange Gabriel «avec humilité et émerveillement». Presque «à genoux», elle s’ouvre totalement à Dieu. «Écouter “à genoux” est la meilleure façon d’écouter vraiment, parce que nous ne sommes pas devant l’autre dans la position de ceux qui pensent déjà tout savoir», a affirmé le Souverain pontife, glissant comme un conseil aux membres de la Curie. Et de préciser sa pensée: «Parfois, même dans la communication entre nous, nous risquons d’être comme des loups rapaces: nous essayons immédiatement de dévorer les paroles de l’autre sans les écouter vraiment, et nous lui renvoyons immédiatement nos impressions et nos jugements».

    C’est donc à repartir d’une autre approche que le Pape a invité ses hôtes: à la prière. «Elle élargit le cœur, fait descendre notre égocentrisme de son piédestal, nous éduque à l’écoute de l’autre et suscite en nous le silence de la contemplation»«En Curie aussi, il est nécessaire d’apprendre l’art de l’écoute. Avant nos devoirs quotidiens et nos activités, avant surtout les rôles que nous jouons, il est nécessaire de redécouvrir la valeur des relations», avec ouverture et sincérité.

    Le Pape François a signé la préface du livre "Rime a sorpresa" (Rimes en surprise) du jeune auteur italien Luca Milanese: si aujourd'hui il y a une pauvreté de la poésie, soutient ...

    Le discernement comme méthode

    Le discernement est, selon François, un «art de vie spirituelle» qui «dépouille de la prétention de déjà tout savoir, du risque de penser qu’il suffit d’appliquer les règles, de la tentation, même dans la vie de la Curie, de continuer en répétant simplement des schémas». La pratique du discernement spirituel permet de «scruter la volonté de Dieu», avant ensuite «d’évaluer les décisions à prendre et les choix à faire». Et François de citer le cardinal Carlo Mario Martini. L’ancien archevêque de Milan, jésuite, décédé en 2012, définissait le discernement comme «un élan d’amour qui établit la distinction entre le bon et le meilleur». Il ajoutait qu’en absence de discernement la vie pastorale restait monotone, induisant à la répétition des actions religieuses et des gestes traditionnels sans en voir le sens. Or, le discernement «doit nous aider, y compris dans le travail de la Curie, à être dociles à l’Esprit Saint, pour pouvoir choisir les orientations et prendre les décisions» selon l’Évangile.

    La longue marche des Mages

    C’est le troisième temps de la méthode indiquée par le Successeur de Pierre. Après le temps de l’écoute avec le cœur, après le temps du discernement et de la décision, vient le temps, important, de la marche. François repart de l’accueil de l’Évangile. Un accueil réel et profond de la joie de l’Évangile provoque «un véritable exode de nous-mêmes en nous mettant en route vers la rencontre du Seigneur», une mise en route sur un chemin hors des zones de confort «comme cela a été pour Abraham, pour Moïse, pour les prophètes et pour tous les disciples du Seigneur». La foi chrétienne, rappelle François, ne veut pas «offrir des réponses rapides aux problèmes complexes de la vie». Au contraire, elle invite à une remise en cause des acquis, elle libère, transforme et fait ouvrir les yeux pour faire comprendre à quelle espérance Dieu appelle. D’où l’importance, a dit le Pape aux responsables de la Curie, d’être toujours en marche, de surmonter la tentation de l’immobilisme et de «tourner en rond à l’intérieur de nos enclos et dans nos peurs». 

    Les peurs, les rigidités et la répétition des schémas, a poursuivi le Saint-Père, pénalisent «le service que nous sommes appelés à offrir à l’Église et au monde entier». Comme les Mages, la Curie romaine est invitée à marcher «en suivant la Lumière qui veut toujours nous conduire au-delà et qui nous fait parfois chercher des sentiers inexplorés». Marcher et regarder vers le haut, repartir de Dieu, c’est l’assurance de se libérer des pièges «de la bureaucratie et de la survie». Enfin, marcher, a-t-il conclu, c’est aimer et sortir des habitudes: «Soixante ans après le Concile, on débat encore de la division entre “progressistes” et “conservateurs”, alors que la différence centrale est entre “amoureux” et “habitués”». Les amoureux étant ceux qui trouveront le courage de marcher pour «transmettre la passion à ceux qui l’ont perdue », et «rallumer les braises sous les cendres de l’Église».

    Voir la vidéo : https://youtu.be/oGXz9mgA-wg

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    Pour François, l'écoute est la première forme de tendresse

    21/01/2021 

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    source https://www.vaticannews.va/

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  • En ce Noël de douleur, le Pape exhorte à ne pas laisser seuls les habitants de Terre Sainte

    Dans un post sur le réseau social X -anciennement Twitter- depuis son compte en neuf langues @Pontifex, le Pape renouvelle son appel à la prière et à l'aide concrète pour les milliers de personnes qui souffrent de la guerre au Proche-Orient, mardi 19 décembre. «La souffrance de Bethléem est une plaie ouverte pour le Proche-Orient et pour le monde entier», a affirmé François.
     

    Salvatore Cernuzio - Cité du Vatican

    En ce Noël de deuil et de douleur qui s'annonce en Terre Sainte, déchirée par la guerre entre Israël et le Hamas qui a fait jusqu'à présent près de 19 500 morts, la plupart à Gaza, le Pape invoque à nouveau la proximité. Cette proximité s'exprime dans la prière et dans l'aide concrète, celle qui peine à arriver -comme lundi 18 décembre, dans la bande de Gaza en raison d'une panne d'électricité - et qui met en danger la vie de milliers de personnes, à commencer par les enfants, en proie à la faim et à la soif.

    “Pour les habitants de la Terre Sainte, c'est un Noël de douleur, de deuil qui s'annonce. Nous ne voulons pas les laisser seuls. Nous sommes proches d'eux par la prière, par une aide concrète. La souffrance de Bethléem est une plaie ouverte pour le Proche-Orient et le monde entier.”

    Souffrance pour le Proche-Orient et le monde

    Le Souverain pontife avait prononcé exactement les mêmes mots lors de l'audience du samedi 16 décembre devant les 1 500 figurants de la crèche vivante de la basilique Sainte-Marie-Majeure. Tournant son regard vers une terre plongée pour la énième fois dans la phase cruelle d'un conflit qui la meurtrit depuis des décennies, le Pape a demandé une proximité «par la prière, par l'aide concrète et aussi», a-t-il dit aux figurants, «grâce à votre crèche vivante, qui rappelle à tous combien la souffrance de Bethléem est une plaie ouverte pour le Moyen-Orient et pour le monde entier».

    “Votre représentation doit être vécue en solidarité avec ces frères et sœurs qui souffrent tant. Pour eux, cela promet d'être un Noël de douleur, de deuil, sans pèlerins, sans célébrations. Nous ne voulons pas les laisser seuls.”

    Appel à l'action et à la réflexion

    L'évêque de Rome réitère donc cet appel à l’action, en s'adressant aux millions de personnes qui suivent son profil, mais recommande aussi à ce que Noël, fête devenue «victime d'un modèle commercial et consumériste» –comme il l’a récemment déploré- ne détourne pas les regards des drames qui se jouent dans le monde.

    Les paroles du dernier Angélus

    Commençant par ce qui se passe depuis le 7 octobre sur la «Terre où Jésus est né, a vécu, est mort et est ressuscité», baignée dans le sang de «civils sans défense (...) objet de bombardements et de tirs», comme il l'a dit lors du dernier Angélus, dimanche 17 décembre, avec une pensée pour les deux femmes - une mère et une fille, Naheda et Samar- tuées par des tireurs d'élite israéliens dans la paroisse latine de la Sainte-Famille à Gaza. Certains disent: «C'est le terrorisme, c'est la guerre», a déclaré le Pape depuis la fenêtre du Palais apostolique, ajoutant:

    “«Oui, c'est la guerre, c'est le terrorisme. C'est pourquoi l'Écriture affirme que "Dieu fait cesser les guerres... Il brise les arcs et rompt les lances". Prions le Seigneur pour la paix»”

    Un souhait, celui de la paix, qui semble irréalisable pour le moment, mais qui serait le plus beau des cadeaux pour un Noël pressenti «de deuil» et «de tristesse».


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  • François met en garde contre les conséquences pour la paix de l'IA

     Dans son message pour la 57e Journée mondiale de la paix, le Pape réfléchit à l'impact de l'intelligence artificielle sur la paix mondiale et exhorte la communauté internationale à adopter un traité contraignant pour réglementer son développement et son utilisation. 

    Lisa Zengarini – Cité du Vatican

    Les nouvelles technologies doivent toujours être orientées vers «la recherche de la paix et du bien commun, au service du développement intégral des individus et des communautés». Dans son message annuel pour la Journée mondiale de la paix, le Pape François exhorte les dirigeants du monde à garantir que les progrès dans le développement de l’intelligence artificielle servent «la cause de la fraternité humaine et de la paix».

    Le message publié, ce jeudi 14 décembre, à l'occasion de la 57e Journée mondiale de la paix et à l'approche du 1er janvier 2024, est entièrement consacré à l’IA, et est intitulé “Intelligence artificielle et paix“.

    Ambivalence inhérente aux avancées techno-scientifiques

    François attire l'attention sur la «dimension éthique» de ces nouvelles technologies qui révolutionnent l'humanité dans toutes les sphères de la vie, soulignant l'ambivalence inhérente à tout progrès scientifique et technologique.

    D’une part, dit-il, cela peut conduire à l’amélioration de l’humanité et à la transformation du monde si «il contribue à un meilleur ordonnancement de la société humaine, à l’accroissement de la liberté et de la communion fraternelle»; d’un autre côté, les progrès technoscientifiques, notamment dans la sphère numérique, «mettent entre les mains de l’homme un vaste éventail de possibilités, dont certaines peuvent constituer un risque pour la survie de l’humanité et un danger pour la maison commune».4

    Le Pape François a choisi l’intelligence artificielle comme thème de la 58e journée mondiale des communications qui sera célébrée l'année prochaine. «Il est important de guider les ...

    Aucune innovation technologique n’est «neutre»

    Le message rappelle qu'aucune recherche scientifique et innovation technologique n'est «neutre»«En tant qu’activités pleinement humaines, les orientations qu’elles prennent reflètent des choix conditionnés par des valeurs personnelles, sociales et culturelles propres à chaque époque. Il en va de même pour les résultats obtenus: précisément parce qu’ils sont le fruit d’approches spécifiquement humaines du monde qui les entoure, ils ont toujours une dimension éthique, étroitement liée aux décisions de ceux qui conçoivent l’expérimentation et orientent la production vers des objectifs particuliers».

    Cela s’applique également aux différentes formes d’intelligence artificielle, car «leur impact, quelle que soit la technologie sous-jacente, dépend non seulement de leur conception, mais aussi des objectifs et des intérêts de ceux qui les possèdent et de ceux qui les développent, ainsi que des situations dans lesquelles ils sont utilisés».

    Par conséquent, «nous ne pouvons pas supposer à priori que son développement contribuera de manière bénéfique à l'avenir de l'humanité et à la paix entre les peuples. Un tel résultat positif ne sera possible que si nous nous montrons capables d'agir de manière responsable et de respecter les valeurs humaines fondamentales telles que “l’inclusion, la transparence, la sécurité, l’équité, la confidentialité et la fiabilité”», écrit le Pape.

    Questions éthiques

    D’où la nécessité de renforcer ou, si nécessaire, de créer des organismes «pour examiner les questions éthiques émergentes et protéger les droits de ceux qui utilisent les formes d’intelligence artificielle ou sont influencés par elles».

    « Nous avons donc le devoir d'élargir notre regard et d'orienter la recherche technico-scientifique vers la paix et le bien commun, pour le service du développement intégral de l'homme et de la communauté»

    «Les développements technologiques qui ne conduisent pas à une amélioration de la qualité de vie de l'ensemble de l'humanité, mais qui au contraire exacerbent les inégalités et les conflits, ne pourront jamais être considérés comme un véritable progrès», déclare le Pape.

    Le message poursuit en soulignant les nombreux défis «anthropologiques, éducatifs, sociaux et politiques» posés par l’IA.

    Risques pour les sociétés démocratiques

    La capacité de certains appareils à produire des textes cohérents, par exemple, «n’est pas une garantie de leur fiabilité». Cela, dit le Pape, «pose un sérieux problème lorsque l’intelligence artificielle est utilisée dans des campagnes de désinformation qui diffusent des nouvelles fausses et entraînent une méfiance croissante à l’égard des moyens de communication».

    L’utilisation abusive de ces technologies peut également avoir d’autres conséquences négatives «telles que la discrimination, l’ingérence dans les processus électoraux, la mise en place d’une société qui surveille et contrôle les personnes, l’exclusion numérique et l’exacerbation d’un individualisme de plus en plus déconnecté de la collectivité», autant de menaces pour la paix mondiale.

    Le Souverain pontife met ensuite en garde contre les risques pour les sociétés démocratiques et la coexistence pacifique. Le paradigme technocratique dominant derrière l'IA, «marqué par une présomption prométhéenne d’autosuffisance», pousse l’être humain, «pensant dépasser toutes les limites grâce à la technique», à courir le risque, «dans l’obsession de vouloir tout contrôler, de perdre le contrôle de lui-même».

    Le Pape François a accueilli lundi 27 mars au Vatican les participants aux Dialogues de Minerve réunis à Rome pour leur rencontre annuelle. Le Souverain pontife dans son discours, ...

    Algorithmes et droits de l’homme

    Le Saint-Père insiste sur les «graves» questions éthiques posées par l’IA, notamment la discrimination, la manipulation ou le contrôle social: «Le recours à des processus automatiques qui catégorisent les individus, par exemple par l’utilisation généralisée de la surveillance ou l’adoption de systèmes de crédit social, pourrait également avoir de profondes répercussions sur le tissu de la société, établissant des classements inappropriés entre les citoyens».

    «Il ne faut pas permettre aux algorithmes de déterminer la manière dont nous entendons les droits humains, de mettre de côté les valeurs essentielles de compassion, de miséricorde et de pardon», met en garde le Pape, soulignant également l’impact des nouvelles technologies sur le lieu de travail.

    Armes et intelligence artificielle

    L’évêque de Rome se dit particulièrement préoccupé par «la possibilité de mener des opérations militaires à travers des systèmes de contrôle à distance», citant notamment les systèmes d’armes létales autonomes (LAWS), attirant l’attention sur le risque que des armes sophistiquées finissent entre les mains de terroristes.

    « Les applications techniques les plus avancées ne doivent pas être utilisées pour faciliter la résolution violente des conflits, mais pour paver les voies de la paix.»

    Sur un plan plus positif, François note que l'intelligence artificielle peut être utilisée pour promouvoir le développement humain intégral, en introduisant «d’importantes innovations dans l’agriculture, dans l’éducation et dans la culture, une amélioration du niveau de vie de nations et de peuples entiers, la croissance de la fraternité humaine et de l’amitié sociale».

    Les défis de l'éducation

    Le message poursuit en soulignant les défis posés par l’IA à l’éducation des nouvelles générations qui grandissent «dans des environnements culturels imprégnés par la technologie».

    À cet égard, le Pape souligne la nécessité urgente d'éduquer les jeunes à l'utilisation de l'intelligence artificielle. Cette éducation, dit-il, «devrait viser avant tout à promouvoir la pensée critique».

    Un traité international pour réglementer l’IA

    Le successeur de Pierre exhorte la communauté mondiale des nations à travailler ensemble afin d'adopter un traité international contraignant qui réglemente le développement et l'utilisation de l'intelligence artificielle sous ses nombreuses formes: «La portée mondiale» de l’IA montre clairement «qu’à côté de la responsabilité des États souverains de réglementer son utilisation interne, les organisations internationales peuvent jouer un rôle décisif dans la conclusion d’accords multilatéraux et dans la coordination de leur application et de leur mise en œuvre».

    «Ma prière au début de l’année nouvelle – conclut le message – est que le développement rapide de formes d’intelligence artificielle n’augmente pas les trop nombreuses inégalités et injustices déjà présentes dans le monde, mais contribue à mettre fin aux guerres et aux conflits, et à soulager les nombreuses formes de souffrance qui affligent la famille humaine».

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    La dignité humaine ne se résume pas aux algorithmes, estime le Pape

    27/03/2023 

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  •  Lors de l'adoption du texte final à la COP28 de Dubaï, le mercredi 12 décembre 2023.Lors de l'adoption du texte final à la COP28 de Dubaï, le mercredi 12 décembre 2023. 
    LES DOSSIERS DE RADIO VATICAN

    COP28, vers le début de la fin des énergies fossiles

    C’est une première, saluée dans le monde entier. À l’aube du mercredi 13 décembre à la COP28 de Dubaï, les 198 parties ont adopté un compromis historique, ouvrant la voie à l’abandon progressif des énergies fossiles responsables du réchauffement climatique.
     

    Marine Henriot – Cité du Vatican, avec agences

    Le jeudi 30 décembre, lors de sa première apparition devant les délégations de 197 pays participants, plus l’Union européenne, à la conférence des Nations unies sur les changements climatiques, le président de la COP 28, Sultan al-Jaber, n’avait suscité que de timides applaudissements… Dans la matinée du mercredi 13 décembre, après deux nuits d’éreintantes négociations, il clôt cette COP28 avec une ovation et un accord qualifié d’«historique».

    «Nous avons une formulation sur les énergies fossiles dans l'accord final, pour la première fois», s'est félicité Sultan al-Jaber, président émirati de la COP28, qui avait été contesté ces derniers mois en raison de sa direction de la compagnie pétrolière des Emirats arabes unis, Adnoc.

    Coup de force 

    François Gemenne, professeur à HEC, président du Conseil scientifique de la Fondation pour la nature et l'homme et membre du GIEC, se réjouit et salue «le texte le plus ambitieux à ce jour sur la question des énergies fossiles. C'est vraiment le texte qui marque le début de la fin pour les énergies fossiles qui tracent la trajectoire d'un horizon décarboné en matière énergétique d'ici 2050».

    Cet accord, obtenu après d’éreintantes négociations est un compromis habilement tricoté. Il parle de «transition hors des énergies fossiles», seule formule qui pouvait satisfaire ceux qui prônent pour la «sortie» des énergies fossiles comme les petits Etats insulaires ou les Européens, tout en évitant le véto de l’Arabie saoudite ou surtout de la Chine et des États-Unis.

    Ce texte final de la COP donne le cap à suivre ces prochaines années, un signal fort envoyés aux États, mais surtout aux marchés et aux investisseurs, «car la transition énergétique est avant tout une affaire d’investissements», rappelle le membre du GIEC.

    Jamais dans l'histoire des conférences climatiques des Nations unies les énergies fossiles dans leur ensemble - pétrole, gaz, charbon - n'avaient été désignées, alors que leur combustion depuis le XIXe siècle est la première cause du réchauffement.

    Le 28e paragraphe, sur 196, appelle à «transitionner hors des énergies fossiles dans les systèmes énergétiques, d'une manière juste, ordonnée et équitable, en accélérant l'action dans cette décennie cruciale, afin d'atteindre la neutralité carbone en 2050 conformément aux préconisations scientifiques».

    La transition concerne donc l'énergie, et non d'autres secteurs comme la pétrochimie. Mais l'appel à agir dès la décennie en cours était une exigence de l'Union européenne.

    S’il est respecté, ce texte peut permettre de rester dans les clous de l’accord de Paris, c’est-à-dire une augmentation de la température moyenne limitée à 1,5 degrés, mais le temps presse, rappelle François Gemenne. 

    La déception des petits Etats insulaires

    Un bémol cependant, et non des moindres, la déception des petits États insulaires, les premiers menacés de disparition à cause du réchauffement climatique.

    «Nous ne voulions pas interrompre l'ovation lorsque nous sommes entrés dans la salle, mais nous sommes un peu confus: vous venez de donner le coup de maillet et l'Alliance des petits États insulaires (Aosis) n'était pas dans la salle», a déclaré Anne Rasmussen, représentante des Samoa. «Nous sommes arrivés à la conclusion que la correction de trajectoire nécessaire n'a pas été assurée», a-t-elle ajouté, jugeant le texte inadéquat pour espérer sauver les îles de la submersion par la montée des eaux.

    Le texte adopté par consensus, sans qu'aucun des pays n'objecte, est un compromis imparfait, ont noté également de nombreux délégués et ONG. Il n'appelle pas directement à la sortie des énergies fossiles, décevant la centaine de pays qui l'exigeaient. Et il inclut des failles pour les pays qui souhaitent continuer à exploiter leurs réserves d'hydrocarbures.

    Par ailleurs, «Les financements ne sont pas à la hauteur, note de son coté François Gemenne, à la fois les financements sur les pertes et dommages, donc sur les impacts subis par les pays les plus vulnérables, mais également sur la question de l'adaptation qui est cruciale, notamment pour les petits États insulaires.»

     
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    Source   https://www.vaticannews.va/

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  • La crèche installée place Saint-Pierre a été réalisée par des artisans de la région de Greccio, lieu d'origine de la première représentaiton de la NativitéLa crèche installée place Saint-Pierre a été réalisée par des artisans de la région de Greccio, lieu d'origine
    de la première représentaiton de la Nativité  (Colombo Artese )

    Ce samedi 9 décembre, le Pape François a reçu les fidèles ainsi que les autorités ecclésiales et civiles de Rieti et Macra, les deux communes d’origine respectivement de la crèche et du sapin installés place Saint-Pierre. Il a encouragé chacun à désirer, dans la contemplation de la crèche, un temps de «silence et de prière, dans nos vies souvent trépidantes».
     

    Jean-Benoît Harel - Cité du Vatican

    Il y a 800 ans, à Greccio petit village du centre de l’Italie actuelle, s’organise la toute première crèche vivante autour d’une mangeoire, d’un âne et d’un bœuf. Les villageois des alentours jouent les différents personnages: Marie, Joseph, bergers, anges… sous le regard bienveillant de Saint François d’Assise. Frappé par les grottes de Greccio, semblables aux paysages de Bethléem, Saint François initie alors la tradition des crèches vivantes et des crèches avec des santons qui perdurera jusqu’à aujourd’hui dans de nombreuses régions du monde. Cette année, les crèche de la salle Paul VI et de la place Saint-Pierre ont été réalisées par des artisans de la ville de Rieti, à quelques kilomètres du village de Greccio. Le sapin argenté installé place Saint-Pierre vient du Nord de l’Italie, de la commune de Macra, dans la province piémontaise de Cuneo.  

    L'exposition "100 crèches" au Vatican, en préparation du Jubilé
    01/12/2023 

    L'exposition "100 crèches" au Vatican, en préparation du Jubilé

    Les initiatives culturelles du Dicastère pour l'Évangélisation se poursuivent, en préparation de l'Année sainte 2025. La troisième exposition programmée est une présentation ...

    Un rappel du drame des habitants de Terre Sainte

    Rappelant l’histoire de la crèche de Greccio, le Pape François, dans son discours aux délégations de deux communes de Rieti et de Macra, a eu une pensée pour les habitants de Terre Sainte. «En contemplant Jésus, Dieu fait homme, petit, pauvre, sans défense, nous ne pouvons nous empêcher de penser au drame que vivent les habitants de la Terre Sainte, a-t-il affirmé, en montrant à nos frères et sœurs, en particulier aux enfants et à leurs parents, notre proximité et notre soutien spirituel».

    Par la représentation partout dans le monde de cet événement extraordinaire qu’est la Nativité, le Saint-Père a souligné que «nous revivons ce qui s'est passé à Bethléem, il y a plus de deux mille ans». Cette commémoration doit éveiller un double désir selon le Pape, faire silence et prier. «Le silence, pour pouvoir écouter ce que Jésus nous dit depuis cette "chaire" singulière qu'est la crèche. La prière, pour exprimer la crainte reconnaissante, la tendresse, peut-être les larmes que la crèche suscite en nous». Dans la crèche, François appelle chacun à prendre Marie pour modèle: «elle ne dit rien, mais contemple et adore».

    Le sapin place Saint-Pierre, symbole écologique

    Ombre bienveillante au-dessus de la crèche et signe de renouveau, le sapin de la place Saint-Pierre, haut de 25 mètres sera illuminé ce 9 décembre à la tombée de la nuit. Pour l’évêque de Rome, le sapin originaire de Macra revêt une dimension écologique symbolique car il est orné d’edelweiss cultivées en plaine, afin de respecter ces fleurs sauvages qui poussent d’ordinaire en montagne. «C'est un choix qui nous fait réfléchir, en soulignant l'importance de prendre soin de notre maison commune: les petits gestes sont essentiels dans la conversion écologique, des gestes de respect et de gratitude pour les dons de Dieu» a fait remarquer le Pape François.

    La crèche et le sapin seront dévoilés au public le 9 décembre à 17 heures et resteront exposés jusqu'à la fin de la période de Noël, qui coïncide avec la fête du Baptême du Seigneur, dimanche 7 janvier 2024.


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  • Les trois prix Nobel remettent au Pape François, la Déclaration sur la fraternité humaine à l'issue de l'audience générale de mercredi 6 décembre 2023.Les trois prix Nobel remettent au Pape François, la Déclaration sur la fraternité humaine
    à l'issue de l'audience générale de mercredi 6 décembre 2023.  (Vatican Media)

    La "Déclaration sur la fraternité humaine" remise au Pape François

    Prenant part à l’audience générale du Pape de ce mercredi 6 décembre au Vatican, la journaliste philippine Maria Ressa, le physicien italien Giorgio Parisi et l'activiste yéménite Tawakkul Karman ont remis à François le document rédigé et signé par 30 autres lauréats du Prix Nobel de la paix, à l'occasion de la première rencontre sur la fraternité en juin 2023 #NotAlone. Un document dans lequel est réitéré l'engagement à construire des sociétés de paix.
     

    Salvatore Cernuzio - Cité du Vatican

    «Nous sommes différents, nous avons des cultures et religions différentes, mais nous sommes frères et nous voulons vivre en paix». C'est avec ces mots du Pape s'ouvre la "Déclaration sur la fraternité humaine", un document rédigé et signé en juin 2023 lors de la Rencontre mondiale sur la fraternité humaine #NotAlone, qui a été remis au Souverain pontife ce matin, à la fin de l'audience générale.

    Trois lauréats du prix Nobel ont apporté la "Déclaration" à François ce 6 décembre: la journaliste philippine Maria Ressa, lauréate du prix Nobel de la paix 2021, ainsi que le journaliste russe Dmitry Muratov pour leurs efforts en faveur de la liberté d'expression; l'Italien Giorgio Parisi, lauréat du prix Nobel de physique 2021, pour ses études sur les systèmes complexes; l'activiste yéménite Tawakkul Karman, lauréat du prix Nobel de la paix 2011, pour sa lutte non violente en faveur de la sécurité et des droits des femmes. 

    La déclaration finale de la rencontre mondiale sur la fraternité humaine
    10/06/2023 

    La déclaration finale de la rencontre mondiale sur la fraternité humaine

    La rencontre internationale organisée place Saint-Pierre s'est achevée par la lecture d'une déclaration finale, signée par le cardinal Pietro Parolin, au nom du Pape François. Un ... 

    En juin, l'événement #NotAlone

    La délégation - accompagnée à l'audience générale dans la salle Paul VI par le cardinal Mauro Gambetti, archiprêtre de la basilique Saint-Pierre et président de la Fondation Fratelli Tutti - était représentative des plus de 30 lauréats du prix Nobel et organisations internationales qui ont participé à la première rencontre internationale sur la Place Saint-Pierre le 10 juin dernier, organisée par la Fondation Fratelli Tutti et inspirée par l'encyclique du même nom publiée par François en 2020. L'événement s'est achevé par la signature de la Déclaration, rédigée au cours de la matinée au Palais de la Chancellerie et signée au nom du Saint-Siège par le cardinal Secrétaire d'État Pietro Parolin.

    Le document dans d’autres parties du monde

    «Le geste symbolique représente une première étape qui lancera la présentation du document dans d'autres régions de la planète», a expliqué la Fondation dans une note. Le texte - lu en juin en mondovision par deux autres Prix Nobel, Nadia Murad et Muhammad Yunus - énumère les objectifs de «fraternité humaine», donc l'amour comme réponse à la haine, la volonté de «créer des sociétés de paix», «d'unifier la terre tachée par le sang de la violence et de la haine, des inégalités sociales et de la corruption du cœur».

    source  https://www.vaticannews.va/

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  • Le Pape lors de l'audience à la Commission théologique internationale, le 30 novembre 2023 au Vatican. Le Pape lors de l'audience à la Commission théologique internationale, le 30 novembre 2023 au Vatican.   (Vatican Media)

    Pour le Pape, il faut «démasculiniser» l’Église

    L’Église est femme, il faut redonner toute leur place aux femmes dans une Église devenue trop masculine. C’est le sens des paroles que le Pape a prononcées jeudi 30 novembre aux membres de la Commission théologique internationale reçus au Vatican. Le Saint-Père appelle ces théologiens à «démasculiniser l’Église».
     

    Xavier Sartre – Cité du Vatican

    «L’Église est femme». Le Pape François est très clair. Préférant consigner le discours qu’il avait préparé pour cette audience, il a centré ses paroles sur un fait qui ne lui a pas plu: «un, deux, trois, quatre femmes. Les pauvres!», s’est-il écrié en se rendant compte que parmi la trentaine de personnes réunies autour de lui, il n’y avait au total que cinq femmes théologiennes. Bien trop peu aux yeux du Pape pour qui «la femme a une capacité de réflexion théologique différente de celle que nous avons, nous les hommes».

    François a donc insisté, notant que «si nous ne savons pas comprendre ce qu’est une femme, ce qu’est la théologie d’une femme, nous ne comprendrons jamais ce qu’est l’Église»«Un des plus grands péchés que nous avons commis est d’avoir “masculinisé” l’Église», a-t-il constaté. Et pour résoudre cet état de fait, il faut bien comprendre que des deux principes, pétrinien et marial, c’est le second qui est «le plus important»«parce qu’il y a l’Église épouse, l’Église femme, sans se masculiniser».

    Conséquence pour François de ce constat: il faut augmenter le nombre de femmes membres de la Commission théologique internationale, mais surtout, il faut «réfléchir» sur ce principe d’Église épouse et femme pour «démasculiniser l’Église».  

    L’actualité du concile de Nicée

    Dans le discours consigné, le Saint-Père aborde un tout autre sujet: celui d’«une théologie évangélisatrice qui promeuve le dialogue avec le monde de la culture» dans l’effort général en faveur d’une «conversion missionnaire de l’Église» qui sache «communiquer la beauté de la foi». Pour le Pape François, les théologiens doivent le faire en harmonie avec le Peuple de Dieu, «avec un regard privilégié pour les pauvres et les humbles, et en même temps en étant “à genoux” parce que la théologie nait à genoux, dans l’adoration de Dieu».

    Si la Commission planche sur «deux défis actuels», la question anthropologique et l’écologie, elle doit aussi proposer «une réflexion mise à jour et incisive sur l’actualité permanente de la foi trinitaire et christologique confessée par le concile de Nicée», estime le Pape. Pour cela, le Saint-Père propose trois motifs qui rendent «prometteuse la redécouverte de Nicée».

    Tout d’abord, il s’agit d’un motif spirituel. Puisque Nicée professe la foi en Jésus qui s’est fait homme pour nous et notre salut, «lumière qui illumine l’existence de l’amour du Père», les théologiens doivent «diffuser de nouveaux et surprenants éclats de la lumière éternelle du Christ dans la maison de l'Église et dans les ténèbres du monde».

    Le Pape espère une célébration de Pâques commune à tous les chrétiens

    Ensuite, le Pape souligne que Nicée est le premier concile œcuménique de l’Histoire. Dans la mesure où «la synodalité est la voie, la manière de traduire en attitudes de communion et en processus de participation la dynamique trinitaire par laquelle Dieu, par le Christ et dans le souffle de l'Esprit Saint, vient à la rencontre de l'humanité», il appartient aux théologiens de témoigner d’«une Église en chemin selon l’harmonie de l’Esprit, enracinée dans la Parole de Dieu et dans la Tradition vivante et qui accompagne avec amour et avec discernement les processus culturels et sociaux de l’humanité dans la transition complexe que nous vivons».

    Enfin, troisième motif de se réjouir de la redécouverte de Nicée aux yeux du Pape: l’œcuménisme. En 2025, alors que les chrétiens célébreront les 1700 ans du concile, la date des célébrations de Pâques coïncidera pour toutes les dénominations chrétiennes. «Comme il serait beau de mettre en place concrètement une célébration de Pâques qui soit toujours commune», souhaite François.

    source  https://www.vaticannews.va/
     
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  • Le cardinal Parolin lit le discours du Pape François à Dubaï, le 2 décembre. Le cardinal Parolin lit le discours du Pape François à Dubaï, le 2 décembre.  

    Le discours du Pape François lu à la COP28 de Dubaï

    Le texte intégral de l'intervention du Saint-Père à la Conférence des Nations Unies sur les changements climatiques, lu le 2 décembre à Dubaï par le secrétaire d'État du Saint-Siège.
     

    DISCOURS DU SAINT-PÈRE

    à la Conférence des États parties à la Convention-cadre des Nations Unies sur les changements climatiques (COP28)

    Expo City, Dubaï, 2 décembre 2023

     

    Monsieur le Président,

    Monsieur le Secrétaire Général des Nations Unies,

    Illustres Chefs d’État et de Gouvernement,

    Mesdames et Messieurs,

    Je ne peux malheureusement pas être présent parmi vous comme je l’aurais voulu, mais je suis avec vous parce que l’heure est grave. Je suis avec vous parce que, aujourd’hui plus que jamais, l’avenir de tous dépend du présent que nous choisissons. Je suis avec vous parce que la dévastation de la création est une offense à Dieu, un péché non seulement personnel mais aussi structurel qui se répercute sur l’être humain, en particulier sur les plus faibles, un grave danger qui pèse sur chacun et risque de déclencher un conflit entre les générations. Je suis avec vous parce que le changement climatique est « un problème social global qui est intimement lié à la dignité de la vie humaine » (Exhort. ap. Laudate Deum, n. 3). Je suis avec vous pour poser la question à laquelle nous sommes appelés à répondre à présent : œuvrons-nous pour une culture de la vie ou bien de la mort ? Je vous le demande de manière pressante : choisissons la vie, choisissons l’avenir ! Écoutons le gémissement de la terre, prêtons attention au cri des pauvres, tendons l’oreille aux espérances des jeunes et aux rêves des enfants ! Nous avons une grande responsabilité : faire en sorte que leur avenir ne soit pas refusé.

    Il est avéré que les changements climatiques en cours résultent du réchauffement de la planète, causé principalement par l’augmentation des gaz à effet de serre dans l’atmosphère, provoquée elle-même par l’activité humaine qui est devenue insoutenable pour l’écosystème au cours des dernières décennies. La volonté de produire et de posséder s’est transformée en obsession et a conduit à une avidité sans limite qui a fait de l’environnement l’objet d’une exploitation effrénée. Le climat devenu fou sonne comme une alarme pour stopper ce délire de toute-puissance. Reconnaissons de nouveau avec humilité et courage notre limite comme unique voie pour vivre en plénitude.

    Qu’est-ce qui fait obstacle à ce chemin ? Les divisions qui existent entre nous. Mais un monde entièrement connecté, comme celui d’aujourd'hui, ne peut pas être déconnecté de ceux qui le gouvernent, avec des négociations internationales qui « ne peuvent pas avancer de manière significative en raison de la position des pays qui mettent leurs intérêts nationaux au-dessus du bien commun général » (Lett. enc. Laudato sì', n. 169). Nous assistons à des positions rigides, voire inflexibles, qui tendent à protéger des revenus de particuliers et ceux de leurs entreprises, en se justifiant parfois sur la base de ce que d’autres ont fait dans le passé, avec des renvois périodiques de responsabilité. Mais le devoir auquel nous sommes appelés aujourd’hui ne concerne pas le passé, mais l’avenir ; un avenir qui, qu’on le veuille ou non, sera à tous ou ne sera pas.

    Les tentatives de faire retomber la responsabilité sur les nombreux pauvres et sur le nombre de naissances sont particulièrement frappantes. Ce sont des tabous auxquels il faut absolument mettre fin. Ce n’est pas la faute des pauvres puisque près de la moitié du monde la plus pauvre n’est responsable que de 10 % à peine des émissions polluantes, alors que l’écart entre les quelques riches et les nombreux démunis n’a jamais été aussi abyssal. Ces derniers sont en fait les victimes de ce qui se passe : pensons aux populations autochtones, à la déforestation, au drame de la faim, à l’insécurité en eau et alimentaire, aux flux migratoires induits. Les naissances ne sont pas un problème, mais une ressource : elles ne sont pas contre la vie, mais pour la vie, alors que certains modèles idéologiques et utilitaristes, imposés avec des gants de velours aux familles et aux populations, représentent de véritables colonisations. Il ne faut pas pénaliser le développement de nombre pays, déjà chargés de lourdes dettes économiques, mais considérer l’impact de quelques nations, responsables d’une dette écologique inquiétante envers tant d’autres (cf. ibid., nn. 51-52). Il conviendrait de trouver les moyens appropriés pour supprimer les dettes financières qui pèsent sur divers peuples, à la lumière également de la dette écologique qui leur est due.

    Mesdames et Messieurs, je me permets de m’adresser à vous, au nom de la maison commune que nous habitons, comme à des frères et sœurs, pour nous poser la question suivante : quelle est la porte de sortie ? Celle que vous emprunter ces jours-ci : la voie qui consiste à être ensemble, le multilatéralisme. En effet, « le monde devient tellement multipolaire, et en même temps tellement complexe, qu’un cadre différent pour une coopération efficace est nécessaire. Il ne suffit pas de penser aux rapports de force […]. Il s’agit d’établir des règles globales et efficaces » (Laudate Deum, n. 42). Il est préoccupant, en ce sens, que le réchauffement de la planète s’accompagne d’un refroidissement général du multilatéralisme, d’une défiance croissante à l’égard de la Communauté internationale, d’une perte de la « conscience commune d’être [...] une famille de nations » (S. Jean-Paul II, Discours à la 50ème Assemblée Générale de l’Organisation des Nations Unies, New York, 5 octobre 1995, 14). Il est essentiel de rétablir la confiance, fondement du multilatéralisme.

    Cela vaut tant pour la protection de la création que pour la paix : ce sont les questions les plus urgentes et elles sont liées. Combien d’énergie l’humanité gaspille-t-elle dans les si nombreuses guerres en cours, comme en Israël et en Palestine, en Ukraine et en beaucoup d’autres régions du monde : des conflits qui ne résoudront pas les problèmes mais les accroîtront ! Combien de ressources sont-elles gaspillées en armements, qui détruisent des vies et ruinent la maison commune ! Je renouvelle une proposition : « Avec les ressources financières consacrées aux armes ainsi qu’à d’autres dépenses militaires, créons un Fonds mondial, en vue d’éradiquer une bonne fois pour toutes la faim » (Lett. enc. Fratelli tutti, n. 262 ; cf. saint Paul VI, Lett. Enc. Populorum Progressio, n. 51) et mettre en œuvre des activités qui favorisent le développement durable des pays les plus pauvres, en luttant contre le changement climatique.

    Il appartient à cette génération de prêter l’oreille aux peuples, aux jeunes et aux enfants pour jeter les bases d’un nouveau multilatéralisme. Pourquoi ne pas commencer par la maison commune ? Les changements climatiques mettent en évidence la nécessité d’un changement politique. Sortons des ornières des particularismes et des nationalismes, ce sont des modèles du passé. Adoptons une vision alternative et commune : elle permettra une conversion écologique, car « il n'y a pas de changement durable sans changement culturel » (Laudate Deum, n. 70). J’assure en cela l’engagement et le soutien de l’Église catholique, active en particulier dans l’éducation et la sensibilisation à la participation commune, ainsi que dans la promotion des styles de vie, car la responsabilité est celle de tous, et celle de chacun est fondamentale.

    Sœurs et frères, un changement de rythme qui ne soit pas une modification partielle de cap, mais une nouvelle façon de procéder ensemble, est essentiel. Si sur le chemin de la lutte contre le changement climatique, ouvert à Rio de Janeiro en 1992, l’Accord de Paris a marqué « un nouveau départ » (ibid., n. 47), il faut maintenant relancer la marche. Il est nécessaire de donner un signe d’espoir concret. Que cette COP soit un tournant : qu’elle manifeste une volonté politique claire et tangible, conduisant à une accélération décisive de la transition écologique, à travers des formes qui aient trois caractéristiques : qu’elles soient « efficaces, contraignantes et facilement contrôlables » (ibid., n. 59). Qu’elles soient mises en œuvre dans quatre domaines : l’efficacité énergétique, les sources renouvelables, l’élimination des combustibles fossiles et l’éducation à des modes de vie moins dépendants de ces derniers.

    S’il vous plaît : allons de l’avant, ne revenons pas en arrière. Il est bien connu que divers accords et engagements pris « n’ont été que peu mis en œuvre parce qu’aucun mécanisme adéquat de contrôle, de révision périodique et de sanction en cas de manquement, n’avait été établi » (Laudato si', n. 167). Il s’agit ici de ne plus reporter mais de mettre en œuvre, et de ne pas seulement souhaiter, le bien de vos enfants, de vos citoyens, de vos pays, de notre monde. Soyez les artisans d’une politique qui donne des réponses concrètes et cohérentes, en démontrant la noblesse du rôle que vous jouez, la dignité du service que vous accomplissez. Car c’est à cela que sert le pouvoir, à servir. Il ne sert à rien de préserver aujourd’hui une autorité dont on se souviendra demain que pour son incapacité à intervenir quand cela était urgent et nécessaire (cf. ibid., n. 57). L’histoire vous en sera reconnaissante. De même que les sociétés dans lesquelles vous vivez, au sein desquelles règne une division néfaste entre “supporters” : entre les catastrophistes et les indifférents, entre les écologistes radicaux et les négationnistes du climat... Il ne sert à rien d’entrer dans des factions ; dans ce cas, comme pour la cause de la paix, cela ne mène à aucune solution. C’est la bonne politique qui est la solution : si le sommet donne un exemple concret de cohésion, la base en profitera, là où de très nombreuses personnes, en particulier des jeunes, s’impliquent déjà dans la promotion du soin de la maison commune.

    Que 2024 marque un tournant. J’aimerais qu’un événement survenu en 1224, soit de bon augure. Cette année-là, François d’Assise composa le Cantique des créatures. Il le fit après une nuit passée dans la douleur physique, devenu complètement aveugle. Après cette nuit de lutte, porté dans son âme par une expérience spirituelle, il voulut louer le Très-Haut pour ces créatures qu’il ne pouvait plus voir, mais qu’il sentait être ses frères et sœurs, parce que provenant d’un même Père et partagées avec les autres hommes et femmes. Un sentiment inspiré de fraternité le conduisit à transformer la douleur en louange et la peine en engagement. Peu après, il ajouta un verset dans lequel il louait Dieu pour ceux qui pardonnent, et il le fit pour régler – avec succès ! - une querelle scandaleuse entre l’Autorité du lieu et l’évêque. Moi aussi je porte le nom de François, avec un ton vibrant d’une prière, je voudrais vous dire : laissons de côté les divisions et unissons nos forces ! Et, avec l’aide de Dieu, sortons de la nuit des guerres et des dévastations environnementales pour transformer l’avenir commun en une aube de lumière. Merci.

    source https://www.vaticannews.va/

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