• 10/05/2009 19:23

    Benoît XVI invite les trois religions au service de la paix



    Durant ces trois premiers jours, le pape, tout en franchissant une nouvelle étape dans le dialogue avec l’islam, s’est surtout attaché à réconforter les communautés chrétiennes locales

     

     



    Au cours de sa visite au centre Notre-dame-de-la paix, le pape a réçu un Keffieh palestinien traditionnel (photo AP/Nasser)

    Une centaine de kilomètres, à peine, séparent Amman de Tel-Aviv. Pourtant, en franchissant le Jourdain lundi matin, Benoît XVI change non seulement de pays, mais aussi de contexte. En Jordanie, il a pu compter sur l’accueil chaleureux des chrétiens, dont la communauté jouit d’une réelle liberté, et sur le respect d’un roi musulman. Il arrive lundi 11 mai dans une région aux conflits interreligieux exacerbés, au climat politique détestable. Et si, durant ces trois journées jordaniennes, il a soigneusement évité toute question politique, on voit mal comment il pourrait faire de même à Jérusalem, au cœur d’un conflit aux répercussions mondiales.

    Dans l’avion qui l’amenait à Amman, le pape confiait aux journalistes qu’il était venu ici comme une « force spirituelle ». De fait, ces trois derniers jours, il n’a utilisé pour son « pèlerinage de paix » que les seules armes de la religion. Plus précisément, celles de la foi et de la raison : Benoît XVI reprend là un des thèmes de son pontificat, mais en le déployant à l’ensemble des trois monothéismes, comme une sorte de second volet apporté à sa réflexion de Ratisbonne, dans cette Terre sainte aux trois religions.
    Le judaïsme, au mont Nébo, face à la silhouette lointaine de Jérusalem, où il anticipe sur son séjour en Israël, rappelant « le lien inséparable qui unit l’Église et le peuple juif » pour dépasser les obstacles à la « réconciliation ». Devant les chrétiens, à Madaba, où, posant la première pierre d’une université, lieu de raison par excellence, il livre une sévère critique des dérives religieuses, car la religion, « comme toutes les expressions de notre quête de vérité, peut être corrompue ».

    Corrompue, défigurée, « quand elle est au service de l’ignorance », « pervertie » : les termes sont forts. Enfin et surtout, l’islam,
    avec la visite à la mosquée Al-Hussein Bin-Tala, qui a constitué le moment phare de ces trois journées. Clairement cette fois, il confie aux deux religions la tâche de mieux explorer ce lien entre raison et Dieu : « Je crois fermement que chrétiens et musulmans peuvent la prendre en charge. »

    "Nous, chrétiens, devons faire attention au moindre mot" 

    Le pape a choisi son public : la Jordanie est le pays musulman le plus engagé dans ce dialogue. Et le prince Ghazi, qui l’accueille dans la mosquée avec un brillant discours sur la signification de cette rencontre, rappelle que sur cette même terre, les chrétiens ont une ancienneté supérieure de 600 ans aux musulmans. L’image de l’échange est forte, « c’est une manière de donner une autre signification, plus concrète, à la liberté religieuse », se réjouit Hamdi Murad, de l’Université islamique d’Amman. C’est vrai, reconnaît Sœur Laïla, petite sœur de Jésus : « Les gens ont vu la télévision, et, en faisant mes courses, ils m’interpellaient amicalement sur ‘‘mon’’ pape. » Mais, poursuit-elle, « il reste au gouvernement à éduquer les mosquées, qui sont loin d’avoir cette ouverture »… « Quel dialogue théologique ? », s’interroge même une jeune venue de Bethléem.

    « Nous, chrétiens, devons faire attention au moindre mot, alors que le prince Ghazi, dans son discours, a évoqué les croisades ! » Sœur Carmel, du Liban, est encore plus dure : « Le dialogue, je n’y crois pas ! Ce sont nos voisins, et nous les aimons, mais leur prophète, il dit des mensonges. » Le climat de la rue jordanienne est loin de celui de la mosquée Al-Hussein. « Après Ratisbonne, raconte encore Sœur Leila, leur réaction fut terrible. Plus un seul taxi ne voulait me prendre ! Un mot a suffi à déclencher un torrent de haine. »

    Sans aucun doute, le dialogue théologique avec l’islam n’est pas la priorité des chrétiens d’Orient, qui ont surtout besoin de se sentir confortés dans leur foi, et leur existence. « Je prierai pour que l’Église sur ces terres soit confirmée dans l’espérance », leur a d’ailleurs dit Benoît XVI dimanche 10 mai, qui a rencontré des réfugiés irakiens, et a plaidé pour la liberté religieuse.

    « J’espère que les chrétiens écouteront le message spirituel, mais ici, tous attendent une prise de position politique face à Israël », regrette pour sa part le P. Francis Shahim, curé jordanien. « Chacun pense à la Palestine, témoigne une religieuse. Même si personne ne le dit. » Tabou que le patriarche grec-melkite catholique Grégoire III s’est chargé de briser, devant le pape samedi, très applaudi lorsqu’il proclame que « la Palestine est la patrie de tout chrétien, car elle est celle de Jésus et Marie ». Paul VI avait fait son voyage en Terre Sainte en 1964 sans prononcer le mot d’Israël. Mais en 2009, Benoît XVI ne pourra éviter celui de Palestine.

    Isabelle de GAULMYN

    Source: http://www.la-croix.com/

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  •  Le pape en Terre Sainte, une opportunité historique pour le dialogue avec l’islam


    Amman, Jérusalem et Bethléem, les étapes vers une meilleure entente


    ROME, Mercredi 6 mai 2009 (ZENIT.org) - Que ce soit dans le monde musulman ou dans le monde chrétien, le pèlerinage de Benoît XVI en Terre Sainte suscite des attentes pour ce qui concerne les relations entre l'islam et le catholicisme.


    Lors de ce voyage, le pape accomplira des gestes extrêmement significatifs : il entrera dans une mosquée, à Amman ; il rencontrera les dignitaires religieux musulmans à Jérusalem et à Bethléem ; il visitera la Coupole du Rocher sur l'Esplanade des Mosquées de Jérusalem, ce que Jean Paul II n'a pas eu l'occasion de faire durant sa visite en 2000.


    Le fait que ce pèlerinage commence ce vendredi par la Jordanie aidera sans aucun doute à promouvoir ces relations. Le père Federico Lombardi S.J., directeur du Bureau de presse du Saint-Siège, a fait remarqué, lors d'un point de presse lundi, que le roi du royaume hachémite, Abdallah II bin al-Hussein, avait décidé de ne pas suivre le protocole pour exprimer sa proximité au pape durant sa visite dans le pays.


    Le roi, qui a participé avec la reine Rania aux obsèques de Jean Paul II, a prévu non seulement d'accueillir le pape lors de la cérémonie de bienvenue qui aura lieu à l'aéroport international Queen Alia d'Amman, à 14h30, le 8 mai, mais d'aller aussi, le 11 mai, lui dire au revoir, avec la reine. Un geste tout à fait inhabituel.


    Le P. Lombardi a rappelé que le roi avait à cœur le dialogue entre croyants et qu'il l'encourageait par différentes initiatives comme le montrent le Message d'Amman (« Amman Message »), adressé au monde musulman pour trouver un consensus qui mette fin à la violence extrémiste, et le Message interreligieux d'Amman (« Amman Interfaith Message »), destiné en particulier au christianisme et au judaïsme, pour promouvoir la paix et les valeurs communes à l'intérieur de l'islam et à partager avec les autres religions.


    Le porte-parole du Saint-Siège a rappelé la participation active dans cette action du prince Ghazi bin Muhammad, un des conseillers du roi, qui est le coordinateur de l'initiative internationale « A Common Word », la lettre de 138 leaders et sages musulmans (aujourd'hui les signataires sont beaucoup plus) écrite après les attaques contre Benoît XVI suite à son discours à Ratisbonne (12 septembre 2006), et qui a contribué, en novembre dernier, à la création du Forum catholique-musulman à Rome.


    Pour aider à promouvoir les bonnes relations avec les fidèles musulmans, le 9 mai, le pape visitera la mosquée Al-Hussein Bin Talal d'Amman, inaugurée par le roi Abdallah II en 2006 et proclamée mosquée « officielle » du pays (c'est aussi la plus grande). La première fois que Benoît XVI a visité un lieu sacré musulman c'était le 30 novembre 2006, à la Mosquée Bleue d'Istanbul, en Turquie.


    Dans le patio de la mosquée, le pape rencontrera ensuite les dignitaires religieux musulmans du pays, le corps diplomatique et les recteurs d'universités, pour analyser la question du dialogue interreligieux. Ce moment sera le moment le plus solennel de sa visite en Jordanie.


    Après avoir atterri en Israël, au deuxième jour de sa visite à Jérusalem le pape accomplira des gestes inédits pour les disciples du prophète Mahomet : le 12 au matin, il visitera le Dôme du Rocher (connu également sous le nom de mosquée d'Omar), sur l'esplanade des Mosquées, accompagné par le Grand Mufti de Jérusalem, Muhammad Ahmad Husayn.


    Pour les musulmans, le « rocher », qui se trouve au centre de la mosquée, est l'endroit même où Mahomet serait monté au ciel. Pour les juifs aussi, ce lieu est un lieu sacré, car il faisait partie du Temple de Salomon. Pour les chrétiens il représente un souvenir de la visite de Jésus au temple.

    Le grand Mufti Muhammad Ahmad Husayn, sunnite, est considéré comme l'autorité suprême juridique et religieuse à Jérusalem et du peuple arabo-musulman en Palestine.


    Autre moment important pour le dialogue avec les musulmans : la visite de Benoît XVI à Bethléem, où il sera accueilli par Mahmoud Abbas, le président de l'autorité nationale palestinienne. Après avoir visité le camp de réfugiés Aida, le pape rencontrera le président au Palais présidentiel et s'entretiendra avec des représentants palestiniens musulmans de Gaza, invités par le président.


    Jesús Colina

    Source : www.zenit.org 

     


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  • Réflexion de Mgr di Falco Léandri pour la 43ème Journée mondiale des Communications sociales

     

    Le 24 avril 2009  - (E.S.M.) - Réflexion de Mgr Jean-Michel di Falco Léandri, évêque de Gap et d'Embrun, Président du Conseil pour la communication de la Conférence des évêques de France, sur « Nouvelles technologies, nouvelles relations. Promouvoir une culture de respect, de dialogue, d'amitié. », thème du Message du pape Benoît XVI pour la 43ème Journée mondiale des Communications sociales, le 24 mai 2009.

     

    Réflexion de Mgr di Falco Léandri pour la 43ème Journée mondiale des Communications sociales

    30 Conseil pour la communication par Conseil pour la communication

    Le 24 avril 2009  - Eucharistie Sacrement de la Miséricorde - Réflexion de Mgr Jean-Michel di Falco Léandri, évêque de Gap et d'Embrun, Président du Conseil pour la communication de la Conférence des évêques de France, sur « Nouvelles technologies, nouvelles relations. Promouvoir une culture de respect, de dialogue, d'amitié. », thème du Message du pape Benoît XVI pour la 43ème Journée mondiale des Communications sociales, le 24 mai 2009.

    En ce 24 mai, nous fêtons la Journée mondiale des communications. Il y a quatre mois exactement, le 24 janvier, en la fête de Saint François de Sales, patron des journalistes, le pape rendait public son message pour cette Journée, lui donnant pour thème « Nouvelles technologies, nouvelles relations. Promouvoir une culture de respect, de dialogue, d'amitié. »

    Informer ou mettre le feu à l'actualité? Journalistes ou pyromanes? Aujourd'hui, ce n'est plus, comme aux temps anciens, du haut des mâchicoulis que l'on jette l'huile bouillante mais sur le feu de l'actualité. Quatre mois et trois « affaires » plus tard, internet a encore montré son pouvoir de fascination, de déformation, de désinformation, mais aussi de rectification de vérité.

    « Nouvelles technologies, nouvelles relations. Promouvoir une culture de respect, de dialogue, d'amitié. » Les temps de crise révèlent toujours notre être profond. L'occasion de se demander : Qu'avons-nous fait durant ces quatre mois? Qu'avons-nous entendu... ce qui a été dit ou uniquement ce que nous voulions entendre? Comment avons-nous agi? Comment avons-nous réagi? Á qui accordons-nous notre crédit? Que transférons-nous, que mettons-nous à la corbeille ?

    « Dans un journal, le patron n'est pas le directeur, ni l'actionnaire, ni le directeur en chef, ni le journaliste, mais c'est le lecteur », disait déjà Raymond Aron
    (1905-1983). Avons-nous vraiment conscience que c'est chacun de nous, lecteur, auditeur, téléspectateur, internaute, qui avons le dernier mot ?

    « Le désir de connexion et l'instinct de communication, qui sont tellement évidents dans la culture contemporaine, ne sont en vérité que des manifestations modernes de la disposition fondamentale et constante des êtres humains à sortir d'eux-mêmes pour entrer en relation avec les autres » dit le pape dans son message pour cette Journée. Or, pas de sortie hors de soi-même pour entrer en relation sans confiance, et pas de confiance si mensonge.

    Suis-je un amoureux de la vérité ou à l'affût des ragots? Suis-je prêt à exercer mon esprit critique? Est-ce que je cherche à aller voir plus loin ? Est-ce que je cherche à mieux former mon jugement ou à être simplement dans le vent ? « Etre dans le vent, disait Jean Guitton, c'est le destin d'une feuille morte. »

    Internet est un fascinant et puissant outil, pour le meilleur comme pour le pire, pour détruire comme pour construire. Ne nous leurrons pas, « le règne du bien définitivement consolidé n'existera jamais en ce monde. »
    (Benoît XVI, Spe Salvi, 24). Mais gardons confiance cependant. Nous avons en nous les arrhes de la vie éternelle par l'Esprit Saint qui nous est donné. Nous avons en nous l'espérance qui résiste à toutes les désillusions. Á notre niveau, notre agir n'est pas « indifférent pour le déroulement de l'histoire. » (Benoît XVI,Spe Salvi, 35). Nous pouvons promouvoir, par de nouvelles technologies, par les relations qu'elles établissent entre nous, une culture de respect, de dialogue, d'amitié.

    Á la Pentecôte, cinquante jours après la résurrection de Jésus, séjournaient à Jérusalem des juifs « issus de toutes les nations qui sont sur le ciel »
    (Actes 2). Ils furent dans la stupéfaction parce que chacun entendait dans sa propre langue les apôtres proclamer les merveilles de Dieu. En mai 2009, sont hébergées sur la toile toutes les nations de la terre. A nous d'être des cyber-témoins en déclinant de mille manières notre cyber-message : « Christ est ressuscité ! Il est vraiment ressuscité ! »

    + Jean-Michel di Falco Léandri
    Evêque de Gap et d'Embrun
    Président du Conseil pour la communication de la CEF

     

    Source http://eucharistiemisericor.free.fr/


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  • Le plus difficile pour le pape Benoît XVI en Terre Sainte: conquérir les chrétiens

     

    Rome, le  06 mai 2009  - (E.S.M.) - Les Israéliens l'ont invité, les musulmans l'ont demandé. Mais pas ses fidèles locaux, qui ont exprimé les plus importantes oppositions au voyage du pape Benoît XVI. Les motifs de leur refus. Et les inconnues

    Jérusalem - Pour agrandir l'image Cliquer

    Le plus difficile pour le pape Benoît XVI en Terre Sainte: conquérir les chrétiens

    Le 06 mai 2009 - Eucharistie Sacrement de la Miséricorde - Les Israéliens l'ont invité, les musulmans l'ont demandé. Mais pas ses fidèles locaux, qui ont exprimé les plus importantes oppositions à son voyage. Les motifs de leur refus. Et les inconnues

    Le
    dimanche précédant son départ pour la Terre Sainte, sur la place Saint-Pierre pleine de fidèles, Benoît XVI a indiqué en quelques mots le but de son voyage:

    "Par ma visite, je me propose de soutenir et d’encourager les chrétiens de Terre Sainte, qui sont confrontés chaque jour à de nombreuses difficultés. En tant que successeur de l’apôtre Pierre, je leur ferai sentir la proximité et l’appui de tout le corps de l’Eglise. Je me ferai aussi pèlerin de paix, au nom du Dieu unique, Père de tous les hommes. Je témoignerai de l’engagement de l’Eglise catholique en faveur de ceux qui cherchent à pratiquer le dialogue et la réconciliation, pour arriver à une paix stable et durable dans la justice et le respect mutuel. Enfin ce voyage ne pourra pas ne pas avoir une grande importance œcuménique et interreligieuse. Jérusalem est, à cet égard, la ville-symbole par excellence: c’est là que le Christ est mort pour réunir tous les enfants de Dieu dispersés".

    D’après ces propos – répétés à l'audience générale du mercredi 6 mai – le pape compte d’abord, pour promouvoir en Terre Sainte la paix et le dialogue entre les peuples et les religions, sur les chrétiens qui vivent là-bas.

    Un pari audacieux. D’une part parce que, dans cette région, les chrétiens sont une infime minorité, moins de 2% de la population juive et arabe. Mais aussi parce que ces chrétiens locaux sont ceux qui ont montré le plus de scepticisme à l'annonce du voyage du pape. Beaucoup, y compris des prêtres et des évêques, ont contesté l'opportunité de sa visite.

    Il a fallu un gros travail pour adoucir ce front du refus. Le patriarche latin de Jérusalem, Fouad Twal, l'a confirmé dans une interview: les raisons des opposants ont été exposées à Benoît XVI lui-même.

    La grande crainte des opposants était que le voyage du pape – y compris en raison de ses positions très avancées dans le dialogue religieux avec le judaïsme – ne tourne à l’avantage politique d’Israël.

    Benoît XVI a fermement résisté. De son côté, la diplomatie vaticane a tout fait pour tranquilliser les opposants.

    Voilà qui explique, par exemple, la bienveillance témoignée par le Vatican au grand ennemi d’Israël, l'Iran, pendant et après la très controversée conférence de Genève sur le racisme, bienveillance que beaucoup d’observateurs ont jugée excessive.

    Cela explique peut-être aussi le silence des autorités vaticanes et du pape lui-même à propos de la pendaison furtive de la jeune iranienne Delara Dalabi à Téhéran. Dans ces cas à retentissement mondial, le Saint-Siège prend presque toujours la parole pour défendre les victimes de violations des droits de l’homme: cette fois, il a décidé de se taire.

    ***

    A noter que l'Iran traite à son tour le Saint-Siège avec une bienveillance inhabituelle. En avril 2008, recevant le nouveau nonce apostolique à Téhéran, l'archevêque Jean-Paul Gobel, le président Ahmadinejad a défini le Vatican comme une force positive pour la justice et la paix dans le monde.

    Peu après il a envoyé à Rome une délégation de haut niveau dirigée par un descendant direct du prophète Mahomet, Mahdi Mostafavi, président de l'Islamic Culture and Relations Organization de Téhéran et ancien vice-ministre des Affaires étrangères, un homme de confiance et "conseiller spirituel" qu’il rencontre "au moins deux fois par semaine".

    Pendant trois jours, du 28 au 30 avril, cette délégation iranienne a eu avec une délégation vaticane compétente des entretiens à huis clos sur le thème "Foi et raison dans le christianisme et dans l'islam", qui se sont conclus par une rencontre avec Benoît XVI.

    Il y a en Iran une toute petite communauté catholique, soumise à un contrôle étouffant. Cela aussi explique le "réalisme" que manifeste la diplomatie vaticane dans ce pays, comme dans d’autres pays musulmans. Pour sauver ce qui peut l’être, la réserve est jugée plus efficace que la protestation ouverte.

    Par exemple, le Vatican n’a stigmatisé les anathèmes répétés d’Ahmadinejad contre l'existence d’Israël qu’une fois, à mots couverts, dans un communiqué de la salle de presse, le 28 octobre 2005. Depuis cette date lointaine, silence.

    Mais le "réalisme" diplomatique n’explique pas tout. Les anathèmes antijuifs d’Ahmadinejad sont familiers à une partie significative des chrétiens arabes qui vivent en Terre Sainte. Pour eux aussi, l'existence même d’Israël est la cause de tous les maux.

    Il faut se rappeler que de telles idées existent non seulement chez les chrétiens arabes, mais aussi chez des représentants connus de l’Eglise catholique qui vivent hors de la Terre Sainte et à Rome.

    L’un d’eux, par exemple, est le jésuite Samir Khalil Samir, égyptien de naissance, islamologue des plus écoutés au Vatican, qui a écrit, il y a deux ans, dans un "décalogue" pour la paix au Moyen-Orient:

    "La racine du problème israélo-palestinien n’est ni religieuse ni ethnique, elle est purement politique. Le problème remonte à la création de l’état d’Israël et au partage de la Palestine en 1948 – après la persécution organisée systématiquement contre les juifs – décidé par les grandes puissances sans tenir compte des populations présentes en Terre Sainte. Voilà la vraie cause de toutes les guerres qui ont suivi. Pour remédier à une grave injustice commise en Europe contre un tiers de la population juive mondiale, l’Europe elle-même, appuyée par les autres nations les plus puissantes, a décidé et commis une nouvelle injustice contre la population palestinienne, innocente du martyre des juifs".

    Cela dit, le père Samir affirme en tout cas que l'existence d’Israël est aujourd’hui un fait indéniable, indépendamment de son péché originel. C’est aussi la position officielle du Saint-Siège, depuis longtemps favorable à ce qu’il y ait deux états, israélien et palestinien.

    Ce n’est pas tout. D’après le père Samir, les chrétiens arabes qui vivent en Terre Sainte sont, bien que peu nombreux, "les seuls qui puissent promouvoir la paix dans la région, parce qu’ils ne veulent pas aborder la question en termes religieux, mais en termes de justice et de légalité".

    En effet, selon le père Samir, le conflit arabo-israélien ne cessera pas tant qu’il continuera à être une guerre religieuse entre le judaïsme et l’islam. Ce n’est qu’en le ramenant à ses aspects politiques et "laïcs" que l’on pourra parvenir à la paix. Et les chrétiens sont les mieux outillés pour cela.

    ***

    A la veille du voyage de Benoît XVI en Terre Sainte, le père Samir a développé ces idées quant au rôle des chrétiens dans la région dans une Interview à l’hebdomadaire italien "Tempi".

    Il a notamment dit:

    "Déjà la Nahdah, la renaissance arabe qui a eu lieu au XIXe siècle et au début du XXe, a été essentiellement l’œuvre des chrétiens. Aujourd’hui, un siècle plus tard, cela recommence, même si les chrétiens sont minoritaires dans les pays arabes. Aujourd’hui le 'nouveau' dans la pensée arabe provient du Liban, où l’interaction entre chrétiens et musulmans est plus vive. Il y a ici cinq universités catholiques, en plus des universités islamiques et d’état. Des radios, des télévisions, des journaux et revues chrétiens fonctionnent, où s’expriment musulmans, laïcs et chrétiens. Aujourd’hui l’impact culturel des chrétiens au Moyen-Orient passe par les moyens de communication: le Liban est devenu le plus grand centre de publication de livres de tout le monde arabe; on y imprime des livres saoudiens, marocains… Les musulmans eux-mêmes comprennent que les chrétiens sont les groupes les plus actifs et les éléments les plus dynamiques culturellement, comme c’est souvent le cas pour les minorités. Les chrétiens du Liban ou des autres pays du Moyen-Orient ont aussi des liens et des contacts avec l’Occident, ce qui rend fondamental leur rôle culturel. Au Liban, en Jordanie, mais aussi en Arabie Saoudite, de nombreux musulmans, y compris des leaders faisant autorité, l’ont dit publiquement: nous ne voulons pas que les chrétiens s’en aillent de nos pays parce qu’ils sont une partie essentielle de nos sociétés".

    A cette vision optimiste le père Samir ajoute naturellement un avertissement: dans les pays musulmans, les chrétiens sont presque partout menacés. A commencer par l'Arabie Saoudite, autre état vis-à-vis duquel le Saint Siège mène sans préjugés une politique "réaliste" dont le point culminant a été, le 6 novembre 2007, l'accueil de son roi au Vatican avec tous les honneurs, en passant sous silence les violations systématiques des droits de l’homme dans ce pays.

    Pour revenir au dossier israélo-palestinien, un autre grand connaisseur de la région, le franciscain Pierbattista Pizzaballa, Custode de Terre Sainte, porte un jugement plus pessimiste sur le rôle des chrétiens. Aujourd’hui, selon lui, "politiquement, les chrétiens ne comptent plus" dans le conflit israélo-palestinien.

    De plus, ils sont les plus froids dans leur réaction à la visite du pape, bien que celui-ci les ait mis en tête des objectifs de son voyage.

    Une tâche difficile attend Benoît XVI en Terre Sainte. Plus que les Israéliens qui l’ont invité, plus que la monarchie jordanienne qui lui ouvre grand les portes, il devra surtout conquérir les chrétiens locaux.

    ***

    Le programme du voyage de Benoît XVI en Terre Sainte, minute par minute, sur le site du Vatican Le programme

    A propos des rapports politiques entre le Vatican et Israël
    Le Vatican hisse le drapeau blanc

    Et entre le Vatican et l'Iran
    Quand les turbans iraniens rendent hommage à Benoît XVI

     Traduction française par Charles de Pechpeyrou, Paris, France.

     

    Source : http://eucharistiemisericor.free.fr/



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  • Des nouvelles de l'encyclique sociale de Benoît XVI

     

     

    Le 23 avril 2009  - (E.S.M.) - Pour discuter du traitement de la crise dans la nouvelle encyclique - la troisième de son pontificat - le pape Benoît XVI a convoqué samedi dernier à Castel Gandolfo quatre cardinaux pour un mini- sommet dont la nouvelle n'avait pas été annoncée, ayant duré plus d'une heure.

    Le pape Benoît XVI


    Des nouvelles de l'encyclique sociale de Benoît XVI

    C'est presque devenu un marronnier..

     

    Le 23 avril 2009  - Eucharistie Sacrement de la Miséricorde - Paolo Rodari traite le même sujet dans Il Riformista, de façon légèrement plus étoffée en ce qui concerne le "mini-sommet" de Castelgandolfo.

    Le Pape réécrit l'encyclique : ce sera un texte anti crise

    La troisième lettre de Benoît XVI, « Caritas in veritate », renvoyée au 29 juin pour inclure des thèmes sociaux et économiques
    Sommet secret à Castelgandolfo avec les cardinaux Ruini, Bagnasco, Scola et Schönborn pour faire face à l'urgence


    La crise économique mondiale actuelle a été causée par la « cupidité ». C'est la cupidité qui nous insinue « qu'avoir serait la valeur suprême de notre être, de notre vivre (ndt: c'est une caractéristique du style du Saint-Père d'utiliser les verbes comme noms) dans le monde en y apparaissant comme importants ». Le Pape l'a dit hier au cours de l'audience du mercredi, en illustrant la figure du moine
    Saint-Ambroise Autpert.

    Justement, la crise qui a mis les économies du monde entier à genoux est au centre d'un paragraphe crucial de la nouvelle encyclique de Benoît XVI, Caritas in veritate, dédié aux thèmes sociaux et à la globalisation, dont la sortie continue à être retardée : pour l'heure, c'est la date du 29 juin, fête des saints Pierre et Paul, qui est retenue.

    Pour discuter du traitement de la crise dans la nouvelle encyclique - la troisième de son pontificat - Papa Ratzinger a convoqué samedi dernier à Castel Gandolfo quatre cardinaux pour un mini- sommet dont la nouvelle n'avait pas été annoncée, ayant duré plus d'une heure. Y ont participé le président de la CEI Angelo Bagnasco, son prédécesseur Camillo Ruini, le patriarche de Venise Angelo Scola et l'archevêque de Vienne Christoph Schönborn, arrivés les uns après les autres, sans se faire remarquer dans la résidence de vacances papale. Il s'agit de cardinaux liés au Pontife par un rapport de confiance particulier, lui qui, dimanche dernier encore a réaffirmé ne pas se sentir seul et qu'en effet il travaillait en consultant ses collaborateurs plus qu'il n'apparaissait.

    Benoît XVI veut que l'encyclique et surtout le paragraphe dédié à la crise, ne soit pas vague, ne répète pas de slogans génériques, mais approfondisse le thème avec une contribution originale à partir du regard de la foi. C'est pourquoi, comme le confirment au Giornale d'influentes sources vaticanes, il a voulu que les passages dédiés à la crise « soient restructurés » et entièrement reformulés. Un travail plutôt laborieux, qui a vu impliqués non seulement le Conseil Pontifical pour la Justice et la paix, dirigé par le cardinal Renato Raffaele Martino et l'évêque Gianpaolo Crepaldi, ou des évêques comme le second successeur de Ratzinger à Munich, monsignor Reinhard Marx, expert en doctrine sociale, mais a utilisé aussi la consultation d'économistes comme Stefano Zamagni ou d'experts d'éthique et finance, comme Ettore Gotti Tedeschi, éditorialiste de l'Obsservatore Romano sur les thèmes économiques et financiers.

    L'encyclique sociale, devait être publiée à l'occasion des quarante ans de
    Populorum Progressio de Paul VI
    (1967) et le Pape y travaille depuis l'été 2007. Le projet initial prévoyait la sortie pour Mars 2008, et puis le cardinal Secrétaire d'État Tarcisio Bertone a dit qu'elle serait reportée après l'été. On parla donc de décembre, ensuite, au début de janvier on donnait pour certaine la sortie pour le 19 Mars dernier et enfin le 1er mai prochain. Maintenant on prévoit la fin juin, mais vus l'attention et le soin qui sont mis dans la rédaction d'un document si attendu, on ne peut pas exclure entièrement des reports ultérieurs.

    Dans le document,
    Populorum Progressio du Pape Montini et Centesimus Annus de Jean Paul II
    (1991) seront évoquées. Et les problèmes sociaux qui tenaillent l'humanité aujourd'hui (globalisation, accès aux ressources, défense de l'environnement) seront abordés, en suivant la doctrine sociale et donc en ancrant la justice, la solidarité et la possibilité de changement non seulement aux lois publiques et aux structures, mais à la vie des personnes à partir de leur engagement direct. Le Pape considère en effet que « l'Église a toujours besoin de personnes qui sachent accomplir des grands renoncements, et de communautés qui créent les fondements de la justice sociale ».

    La nouvelle encyclique, toute centrée sur les deux mots de « vérité » et de « charité », représente la continuation de la première lettre de Benoît XVI,
    Deus Caritas Est, et le terme « justice » y sera répété une cinquantaine de fois : l'engagement pour la justice peut en effet devenir « témoignage de la charité ».

    Central, ensuite, est le concept de « solidarité globale », pour mettre les pauvres à la première place et leur redonner espoir. En faisant face à la crise, Benoît XVI demande d'impliquer et de ne pas exclure les Pays pauvres, demande d'offrir sécurité aux familles et stabilité aux travailleurs et de rétablir, « par des règles et des contrôles opportuns, l'éthique dans les finances ». « La cause de la récession - avait-il dit dans l'avion qu'il l'emmenait en Afrique il y a quelques semaines - est surtout de caractère éthique, parce que là où manquent l'éthique, la morale, il n'y peut pas y avoir de rapports corrects».

     Andrea Tornielli

    Source : http://eucharistiemisericor.free.fr
    http://eucharistiemisericor.free.fr/index.php?page=2304092_encyclique&pmv_nid=677


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  • Bonjour !

    Avec les bourgeons tout gonflés de ce début de mai et les crocus qui pointent leur fragile corolle, comment ne pas croire à la vie et à ses  rebondissements, tout comme aux promesses de la semence?

    Les signes de résurrection ne manquent pas et l’éclosion du livre « Debout, les pauvres! » en est un autre que nous accueillons dans la  joie.

    Avec tendresse,

    Laurette

     

      DEBOUT, LES  PAUVRES !

     

    Heureux les pauvres,

    Debout les pauvres,

    Car le royaume des cieux vous appartient,

    Car le royaume des cieux est en vos mains.

    (Chant -  Richard Vidal)

     

    Heureux !... Mot magique derrière lequel se cachent les rêves les plus fous, les désirs les plus profonds de la nature humaine !  Qui ne rêve pas de ce royaume où il n’y aurait plus ni faim, ni guerre, ni  larmes ?  Cette folle espérance, Jésus l’avait reconnue dans les yeux de la foule qui se pressait à ses pieds.  Allait-il enfin exaucer leur désir ?  Allait-il leur dévoiler le secret de ce bonheur qui rayonnnait sur son visage ?

     

    Ce que Jésus allait leur révéler, ce que Jésus nous révèle encore aujourd’hui, c’est que cette attente en cache une autre, plus profonde encore.  Un bonheur que Dieu donne déjà ici-bas et maintenant.  Et ce bonheur, c’est lui-même!

     

    Pour faire comprendre ce grand mystère, Jésus ne donnait pas de définitions.  Il parlait en paraboles. Les paraboles, dans l'Évangile, sont des faits de vie contenant un secret : ils nous font signe.  Le Royaume, c'est une affaire de germination, de croissance, de levée progressive et non une affaire de puissance et de force.

     

    Or, être disciples de Jésus, c'est être chargés de faire entendre à la foule du dehors ce message que nous venons, pour notre part, de comprendre.  Il  s'agit en somme,  de devenir à notre tour, des paraboles du Royaume dans nos vies, par ce que nous disons et faisons et par tout ce que nous sommes.

     

    La fête des « 20 ans » de la Fraternité de l’Épi que nous célébrons en ce mois de mai,   est une occasion privilégiée pour contempler les merveilles de Dieu dans la petitesse, la vulnérabilité, la modestie.  Comment ne pas rendre grâce en chantant, comme nous le faisons chaque semaine, à l’Épi :   « Oui, notre Dieu est vivant !  Son Amour, de tous les temps » ?

     

    Tout cela s’exprime dans un livre qui va naître pour cette occasion : « Debout, les pauvres ! »    Il retrace les pas de notre histoire sacrée.  Dans toute sa fragilité, l’Épi n’a pas cessé d’écrire une aventure qui nous ramène, au fil du quotidien, à la présence du Serviteur souffrant ressuscité.  « Debout les pauvres » n’est pas « mon » livre, mais bien « notre » livre, bâti à même nos solidarités, nos luttes et nos partages.  C’est ensemble que nous nous sommes levés et que nous continuons de marcher dans les pas de Celui qui nous rassemble. 

     

    De loin ou de proche, nous serons ensemble pour que « le vingtième » de la Fraternité de l’Épi éclate en une fête aux couleurs de joie et d’action de grâce.

     

    Avec tendresse,

     

    Laurette


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