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    ANALYSE – Un appel oecuménique déroutant

    Le confrère et ami Olivier, de La Vie, propose sa propre lecture de l’Appel publié récemment par un collectif de chrétiens mobilisés autour des urgences environnementales.

    Le texte « Appel du Carême 2015 pour une conversion écologique » rendu public le 7 mars commence par une vigoureuse interpellation : « La maison brûle. Où sont les chrétiens ? ». Elle fait écho à la célèbre phrase prononcé par Jacques Chirac en 2002 lors du Sommet de la Terre à Johannesburg : « La maison brûle et nous regardons ailleurs ». La phrase lui avait été en fait soufflée par l’écologiste Nicolas Hulot, nommé depuis « Envoyé spécial pour la protection de la Planète » par François Hollande.

    Ce texte évoque bien sûr la prochaine encyclique du pape François sur l’écologie, attendue fin juin, mais aussi et surtout le réchauffement climatique et la mobilisation internationale pour y faire face. « Sur ce point, l’année 2015 s’avère décisive , souligne l’Appel. La France est en première ligne : en décembre aura lieu à Paris le grand sommet des Nations-Unies consacré au climat (COP 21). De nombreuses initiatives associatives émergent pour promouvoir des modes de production et de consommation plus équitables et moins destructeurs ». Et de s’exclamer « Changeons le système, pas le climat ! ». Une interpellation portée jusqu’à présent par les groupes altermondialistes et qu’ Hugo Chavez, le leader du Venezuela , avait même citée, en brandissant le poing, à la tribune du sommet de Copenhague en 2009 !

    Le reste du texte est tout aussi vigoureux puisqu’il exhorte « les chrétiens à prendre toute leur part dans ce combat global pour le respect du vivant, en s’engageant spirituellement et concrètement aux côtés des militants écologistes ». Mais au delà de ces accents écologiques et quasi révolutionnaires, la phrase-clef et pour le coup consensuelle de ce texte – celle qui a permis de recueillir un large éventail de signatures – est sans doute celle-là : « Parce que face à la marchandisation de tout, on ne peut séparer l’écologie humaine de l’écologie environnementale ». Ce qui a permis à l’Appel d’être aussi bien signé par des militants chrétiens d’Europe Ecologie Les Verts (tenants de l’écologie environnementale) que des figures historiques de « La Manif pour tous » (plus sensibles aux thèses de l’écologie humaine).

    Des sensibilités différentes

    Au delà du « patronage » de deux évêques aux sensibilités différentes – Mgr Marc Stenger, évêque de Troyes, président de Pax Christi, co-auteur d’un récent document sur les dangers de l’enfouissement des déchets nucléaires à Bure, et Mgr Dominique Rey, évêque de Fréjus-Toulon, membre de la communauté de l’Emmanuel et soutien traditionnel de La Marche pour la vie (contre l’avortement) – , on y trouve, en effet, des gens par ailleurs opposés par leur choix politiques et sociétaux. Comme François Mandil, militant d’EELV et faucheur volontaire et Guillaume de Prémare, ancien président de la Manif pour tous et directeur d’Ichtus ; François-Xavier Bellamy, maire adjoint de Versailles (divers droite) et Philippe de Roux, fondateur des « Poissons roses », proche du PS ; sans compter d’autres personnalités comme le botaniste Jean-Marie Pelt, l’ écrivain et chroniqueur Jean-Claude Guillebaud, l’économiste Gaël Giraud, Jean-Pierre Denis, directeur de la rédaction de La Vie ou encore le prêtre Jean-Luc Souveton, organisateur des Assises chrétiennes de l’écologie, co-organisée avec La Vie, fin août 2015 à Saint-Etienne.

    Cet Appel est né d’une interpellation lors du colloque « Sauver la création : écologie, un enjeu spirituel » , organisée par la Conférence des évêques le 29 novembre 2014. Ce jour-là, à la fin du colloque, François Mandil, militant d’EELV, avait reproché « à certains militants chrétiens d’être plus présents dans les manifestations contre le mariage homosexuel que dans les marches pour le climat ». Une discussion ouverte et sans tabou s’en était suivie qui avait donné naissance à un premier texte rédigé par les Chrétiens Indignés, proches du journaliste Patrice de Plunkett. La suite, François Mandil la raconte à La Vie: « C’est Gaultier Bès, un des Veilleurs et auteur de Nos Limites (Le Centurion, 2014) qui m’a recontacté début 2015 pour signer avec lui ce texte. Au début, moi qui suis un militant écolo de longue date, j’étais plus que circonspect sur cette appellation « écologie humaine » que j’analysais comme de l’affichage. Car pour moi, il n’y a qu’une seule écologie et elle n’a pas besoin d’adjectif. Mais aujourd’hui, je reconnais que chez une partie des Veilleurs c’est une évolution qui me semble sincère. Et face à l’urgence écologique, nous avons besoin de nouveaux alliés que nous venons peut- être de trouver. Je m’en réjouis en tant qu’ écolo et chrétien ».

     Source : Art. Olivier Nouaillas , La Vie, 10/03/2015 et https://ecologyandchurches.wordpress.com/

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