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L'Esprit Saint? Mise à niveau!
L'Esprit Saint? Mise à niveau!
Vitrail de la Pentecôte de l'église Saint-Germain-l'Auxerrois de Paris
Autres lectures : Actes 2, 1-11; Psaume 103(104); Galates 5, 16-25
Imaginez cette situation… inconfortable. Un ado de votre paroisse a demandé le sacrement de confirmation. Jusqu’ici, c’est le bonheur! Vous devez lui présenter l'Esprit de Jésus, l’Esprit Saint. Ça se complique… S’il s’agit d’un jeune adulte, le défi est aussi difficile à relever. Que dites-vous de l'Esprit? Saurez-vous traduire en mots ce qui arrive quand l'Esprit de Jésus ressuscité a surgi dans votre vie? Comme à la première Pentecôte, l’Esprit arrive dans nos vies sans crier gare. Et cet événement, cette rencontre changent des choses. La venue de l'Esprit sur une personne baptisée change le rythme de la « respiration chrétienne » profonde.
L’Esprit s’accompagne de la grande respiration des commencements, de l'ivresse des départs vers on-ne-peut-prévoir-où... Cette expérience de l’Esprit diffère de la routine du quotidien. Elle est pourtant essentielle à la vie chrétienne qui se trame au jour le jour. La rencontre de l'Esprit est une expérience-sommet. Cette expérience est comme le coup d'œil depuis un promontoire inespéré. Elle permet de s'orienter ensuite dans les méandres de la vie ordinaire où se construit la fraternité rêvée par Jésus.
Cette expérience de l’Esprit porte beaucoup de fruits. Les fruits de la vie dans l'Esprit sont des effets positifs qui améliorent les relations humaines. Saint Paul parle d'amour, de joie, de paix, de patience... Cette ambiance de fraternité est un langage nouveau. Née de l'Esprit de vérité, cette communication profonde véhicule la totalité de la révélation de Jésus. Ce qui implique tôt ou tard la tâche exigeante du témoignage. Être coincé dans une situation qui force à témoigner, ce n'est jamais agréable, ni reposant. L'Esprit est alors notre défenseur par excellence. Ce qui ne nous épargne pas les émotions liées au procès d'intention, au mépris qu’on oppose aux gens convaincus de la différence introduite dans leur vie par l’Esprit de Dieu...
Soyons conscients de ce que nous demandons lorsque nous chantons aujourd’hui dans la Séquence : « Viens, Esprit Saint... ». Ce texte priant est rempli de contrastes. Nous invitons un Dieu trop imaginatif au goût de ceux qui pensent que l'avenir ressemble au passé. L’Esprit Saint, c’est Dieu-qui-dérange, Dieu-qui-prend-de-la-place!
Décrire le grand dérangement
La scène biblique de la Pentecôte est imprimée dans notre mémoire. Des grands peintres des temps jadis représentent les personnes réunies au Cénacle dans une pose pieuse. Mains jointes, yeux fermés ou figés, elles accueillent le feu de Dieu tombé sur eux sans broncher, dans une extase spirituelle qui les fait à peine sourire... Pourtant, les mots de la première lecture parlent de transformation soudaine et violente. Les Actes des Apôtres sont animés par la lumière brûlante : Ils virent apparaître comme une sorte de feu qui se partageait en langues et qui se posa sur chacun d'eux (1, 3) et par le bruit du violent coup de vent : Soudain il vint du ciel un bruit pareil à celui d'un violent coup de vent : toute la maison où ils se tenaient en fut remplie; lorsque les gens entendirent le bruit, il se rassemblèrent en foule. Ils étaient dans la stupéfaction parce que chacun d'eux les entendait parler sa propre langue (1, 2.6) qui remplit le lieu fermé où les disciples de Jésus se sont réfugiés. Quelques mots plus loin, nous retrouvons le groupe en présence d'une foule, en pleine communication multiculturelle. Nous connaissons la suite : ce petit groupe de gens sans importance transformera profondément la manière de penser et de vivre de l'Empire romain. L’Église était née!
L'écho de ces changements nous parvient, des siècles plus tard, en cette fête de Pentecôte. Et nous voilà mal à l’aise de célébrer le don de l’Esprit, puisque les présentations entre nous et lui semblent sans cesse à refaire… Vénérer et glorifier le Père éternel, Dieu créateur et miséricordieux? On admet facilement que cela soit légitime. L’enjeu est cosmique. Sa bienveillance divine renforce notre sentiment d’appartenance. De même, accueillir Jésus comme messager ultime et essentiel du Père, on achète volontiers quand on se laisse surprendre par la force des Évangiles et par les impacts historiques du passage de Jésus dans notre monde.
Mais se réjouir dans l’Esprit, au point de célébrer le troisième personnage de la Trinité? C’est un gros contrat. Cet Esprit impalpable a une carte d’identité qui semble plus limitée. Nous avons besoin d’une mise à jour, d’une mise à niveau de nos connaissances et surtout de nos convictions sur l’Esprit Saint. Le menu biblique de ce dimanche nous y convie.
Certes, la troisième personne divine sera toujours plus difficile que les autres à représenter. La preuve : l’usage des comparaisons dans le récit du don de l’Esprit à Jérusalem. On utilise le mot « comme » et l’expression « pareil à ». Ils marquent à la fois la vigueur de la comparaison mais aussi le flou qui habillera toujours nos actes de langage au sujet de l’Esprit.
Un seul Esprit, beaucoup d’effets
L’Esprit a beaucoup de cordes à son arc. Son agir est tantôt impalpable, tantôt puissant, dérangeant et perturbateur. Cette variété d’effets peut expliquer nos difficultés à bien cerner son existence, sa présence et son action dans nos vies. Le menu biblique fournit aujourd'hui plusieurs pistes de comparaison pour décrire ses nombreuses actions essentielles pour notre progrès spirituel. L'impact de l'Esprit sur la vie des humains s’avère multiple.
Ainsi, deux fragments du Quatrième évangile alimentent notre mise à niveau. De l’Esprit qu’il annonce, Jésus précise qu’il agira de multiples manières. Cet Esprit se comportera en défenseur, en témoin (Jean 15, 26), en guide, en communicateur, en répétiteur, en être qui prévoit ce qui doit venir (Jean 16, 13), en constructeur de réputation (Jean 16, 14). Toute une panoplie!
En toute logique, l’Esprit Saint intervient ensuite avec énergie pour lancer le grand réseau des adhérents de Jésus, l’Église, dans son existence publique. Les disciples s’avèrent soudain compétents en communication multiethnique (Actes 1, 4.6.8-9). Nous voilà loin des êtres timides et effacés recrutés par Jésus dans la lointaine Galilée… Partie prenante de l’Empire romain, ces gens trouvent leur voix dans le concert des nations assemblées par les grands conquérants venus de Rome.
Au don de l’Esprit correspond dès lors une mise à niveau des croyantes et des croyants. Elles et ils sont soudain mieux ajustés à la puissance des dons de Dieu. Elles et ils sont soudain capables de participer à leur tour au grand mouvement constructif et universel qui rassemble les enfants de Dieu dispersés.
Des siècles plus tard, l'écho des changements primordiaux nous parvient, en cette fête de Pentecôte. Personnage discret de la Trinité, l'Esprit est un être divin pertinent pour notre temps. Bien souvent, nos jours semblent voués à la parcimonie du réconfort divin. Au contraire, les fruits de la présence de l’Esprit renversent la tendance. Ils abondent dans les communautés qui lui laissent de l’espace pour se manifester : amour, joie, paix, patience, bonté, bienveillance, foi, humilité et maîtrise de soi (Galates 5, 22). Aujourd’hui, renouons connaissance avec l’Esprit Saint. Nous avons tellement à gagner : Puisque l’Esprit nous fait vivre, laissons-nous conduire par l’Esprit (Galates 5, 25).
Source : Le Feuillet biblique, no 2448. Toute reproduction de ce commentaire, à des fins autres que personnelles, est interdite sans l'autorisation du Centre biblique de Montréal.
source www.interbible.org
« Pape François : « Demeurer dans le Christ est le secret des saints » RVLa Pentecôte se recentrer sur l'Essentiel - Bruno »
Tags : esprit, saint, jesus, dieu
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