• La foi et la rencontre du Christ (24/32)

    La foi et la rencontre du Christ (24/32)

    La Samaritaine.
    Un espace de liberté pour croire.

    La foi et la rencontre du Christ (24/32)Le premier contact de Jésus avec la Samaritaine annonce que leur rencontre bousculera les conventions. Jésus est bien conscient d’être homme et que, en conséquence, il ne doit pas, dans un lieu public, converser avec une femme en l’absence de son mari. Il sait aussi qu’un Juif ne peut s’adresser à cette femme de Samarie, car leurs peuples respectifs sont divisés depuis des siècles pour des raisons politiques et religieuses. Les contraintes ne manquent donc pas pour empêcher le Verbe de Dieu de prendre la parole. Elles apparaissent même comme un obstacle qui se dresse en travers de l’accomplissement de la volonté du Père, sur la route que Jésus s’est obligé de parcourir en Samarie.

    Arrive une femme de Samarie, qui venait puiser de l'eau. Jésus lui dit : «Donne-moi à boire. » (...) La Samariataine lui dit : « Comment ! Toi, un Juif, tu me demandes à boire, à moi une Samaritaine ? » - En effet, les Juifs ne fréquentent pas les Samaritains. Jésus lui répondit : « Si tu savais le don de Dieu et qui est celui qui te dit : 'Donne-moi à boire', c'est toi qui lui aurais demandé, et il t'aurait donné de l'eau vive » (Jean 4, 7-10).


        Il n’y aura de rencontre possible avec la Samaritaine que dans la mesure où Jésus créera un espace de liberté, en secouant les conventions sociales et les interdits religieux que la Samaritaine ne manque pas de lui rappeler, comme pour se libérer d’une situation gênante. L’autorité de Jésus est telle que la Samaritaine se laisse entraîner dans la « désobéissance ». Elle y prend même goût puisqu’elle alimentera la conversation en puisant de plus en plus profondément dans son expérience de vie. Celle-ci est pleine de besoins, de manques et de questions qui deviennent des chemins d’accès à la rencontre du Christ, l’envoyé du Père, au fur et à mesure qu’avance le dialogue : le labeur de l’approvisionnement en eau, les échecs de ses relations amoureuses, les divergences religieuses. Comme ce fut le cas entre autres pour l’aveugle de Jéricho, de Zachée, de la Cananéenne, du centurion romain ou du paralytique, la Samaritaine est habitée par l’espoir d’une vie meilleure que Jésus viendra combler.

        Jésus est en effet sensible à son expérience de vie. Il commence par se mettre à son niveau : il a besoin de boire comme elle-même doit venir chaque jour au puits pour refaire sa provision d’eau. Il n’y a pas de meilleure entrée en matière pour que la Samaritaine en arrive à discerner qu’elle se trouve en présence de quelqu’un qui peut étancher ses propres soifs. Car elle en a des soifs, certaines étant beaucoup plus importantes que son rêve de ne plus avoir à se déplacer pour puiser de l’eau. Ses soifs émergent de ses insatisfactions amoureuses et religieuses.

        Jésus et la Samaritaine sont très modernes dans leur manière d’agir. Jésus démontre notamment un grand respect pour cette femme en tant que sujet dont l’identité a été façonnée par l’histoire de son peuple, les traditions religieuses et les coutumes sociales. Mais son identité ne peut pas être exclusivement commandée par un tel cadre, aussi valable soit-il. Elle est plus que ce que son environnement a fait d’elle. Elle a des idées, des opinions, des convictions qui s’enracinent dans son expérience de vie et qui vont émerger au gré de la conversation. Jésus, en lui donnant la parole, va lui permettre de trouver progressivement sa place dans la maison de Dieu où le véritable culte est l’adoration du Père dans l’Esprit de vérité.

        De même que, de nos jours, « la parole de quelqu’un gagne en autorité dans la mesure où elle est authentique et sincère, dans la mesure où elle correspond à une expérience » (Assemblée des évêques catholiques du Québec, Annoncer l'Évangile dans la culture actuelle du Québec, Montréal, Fides, 1999, 34 p.), la liberté que Jésus manifeste, dans ses actions et ses paroles, témoigne de son expérience du Dieu de l’alliance qui a pour toujours associé son nom à la libération de toutes les servitudes qui détruisent l’être humain. La Samaritaine l’avait bien saisi quand elle s’est faite missionnaire de l’Évangile en annonçant à ses compatriotes qu’elle avait rencontré le Sauveur du monde.

     

    Yves Guillemette, ptre

     

    Source: Le Feuillet biblique, no 2370. Toute reproduction de ce commentaire, à des fins autres que personnelles, est interdite sans l'autorisation du Centre biblique de Montréal.

    Source www.InterBible. org

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