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    La guerre s’acharne encore contre les femmes
    19 mars : Journée mondiale d’action contre la guerre

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    En juin 2010, lors la rencontre du G8, Stephen Harper affirmait vouloir faire plus pour améliorer la santé des mères, des nouveau-nés et des jeunes enfants dans les pays en développement. En ce 19 mars qui souligne la Journée mondiale d’action contre la guerre, il importe de rappeler à M. Harper ses propres contradictions. Le Canada se classe en effet parmi les champions mondiaux au chapitre des dépenses militaires : 23 milliards de dollars pour l’année en cours. Le Premier ministre a-t-il la moindre idée de ce que signifie la guerre pour les femmes et leurs enfants? Est-ce par les armes qu’il entend leur venir en aide?

    Pourtant, M. Harper, les femmes ne cessent de démontrer une force et une résistance extraordinaire pour traverser ces horreurs. Elles continuent à donner la vie, à la défendre avec véhémence, à la protéger au prix de leur santé. S’il vous plait, cessez vos entreprises guerrières et mettez notre argent - pour vrai - au service du développement des peuples. C’est ce que nous, Canadiennes et Canadiens attendons de notre gouvernement.

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    Lamentation des femmes (Jérémie 9, 16-22)

    Harangue du Seigneur Sabaôt :
    Comprenez donc, et convoquez les pleureuses, qu’elles viennent, qu’on vous envoie les sages, qu’elles viennent! Et qu’elles se hâtent, puis élèvent sur nous leur complainte,
    Que nos yeux coulent de bonnes larmes,
    Que nos paupières se remplissent de leur eau,
    Parce que l’écho de la complainte, on l’entend depuis Sion :
    Ruinés, voilà ce que nous sommes,
    Et tant de honte nous portons,
    Parce que nous avons quitté notre terre,
    Parce qu’ils ont mis à bas nos demeures

    Écoutez, femmes, la parole de YHWH,
    Qu’elle aille à vos oreilles, la parole de sa bouche,
    Apprenez à vos filles à faire complainte,
    Que chacun apprenne à sa voisine les lamentations :
    Parce que la mort désormais se montre à nos fenêtres,
    Elle est entrée aux palais,
    Elle a fauché l’enfant de la rue,
    Elle a fauché les adolescents des carrefours.
    Dis : Ainsi – sentence de YHWH – tombent les cadavres des hommes,
    Comme le crottin sur les champs,
    Comme le chaume après le moissonneur,
    Et personne pour glaner les restes!

    Réflexion

         Le carême commence par l’imposition des cendres, geste vidé de son sens aujourd’hui. Dans l’antiquité juive, les cendres sur la tête et des vêtements de grosse toile rugueuse accompagnaient les lamentations dans des moments de grande détresse. « On les entend crier contre toi, se plaindre amèrement. Ils se couvrent de poussière, se roulent dans la cendre, se tondent la tête et s’habillent de sacs. Ils pleurent sur toi, gémissant avec amertume. Ils entonnent sur toi, au milieu de leurs larmes, un chant funèbre. » (Éz 27,30-31)  

         Les Juifs célèbrent chaque année le grand Jour du Pardon, le Yom Kippur. En ce jour-là on évoque la double destruction de Jérusalem, d’abord par Nabuchodonosor en 587 avant notre ère et par les Romains en l’an 70 de notre ère. C’est alors qu’à la synagogue, on relit le livre des Lamentations, cinq poèmes d’une grande intensité qui décrivent les horreurs de la guerre, la destruction d’un pays et de ses institutions et l’humiliation de tout un peuple exilé en terre étrangère. Dans les Églises chrétiennes, ces textes sont lus au moment de rappeler le meurtre crapuleux de Jésus de Nazareth par les autorités de l’État.

         La lamentation des femmes que nous rapporte Jérémie devrait nous inspirer dans le carême qui vient de commencer. Nos gouvernements se sont impliqués dans des guerres d’occupation à l’autre bout de la planète et se sont lancés dans des dépenses militaires abyssales, nous qui vivons dans l’un des pays les moins menacés au monde.
    Or la guerre a des répercussions terribles particulièrement pour les femmes et leurs enfants. Le livre des Lamentations, proche parent dans son contenu de la prédication de Jérémie, témoigne de la grande détresse des femmes durant les guerres. « Les enfants demandent à leur mère : ‘ Où y a-t-il quelque chose à manger?’, tandis qu'ils défaillent, comme les blessés sur les places de la ville, et qu'ils expirent dans les bras de leur mère. » (Lm 2,12) Réalise-t-on le drame d’une femme pour alimenter ses petits quand les bombes pleuvent, que des kamikazes se font sauter dans les marchés ? Lors du siège de Jérusalem en 587, le prophète fut témoin de gestes ignobles : « Des mères, pourtant pleines d'amour, ont fait cuire elles-mêmes leurs enfants pour s'en nourrir, dans le désastre qui atteint mon peuple. » (Lm 4,10) La guerre déshumanise toute relation humaine. Elle détruit non seulement les corps des jeunes soldats, mais l’âme des deux camps : assaillants et assaillis. La mort des soldats laisse les femmes sans appui et vulnérables dans leur veuvage: « Nos pères ne sont plus là, nous voilà orphelins et nos mères veuves. » (Lm 5,3) Depuis toujours, le viol des femmes est une arme de guerre pour humilier l’ennemi et pratiquer le nettoyage ethnique : les victimes et leurs enfants nés de ces viols seront rejetés et exclus. « On fait violence aux femmes dans Sion, et aux jeunes filles dans les villes de Juda. » (Lm 5,11) Les millions de femmes déplacées qui ont perdu maison et champs, sans argent et avec le linge qu’elles ont sur le dos doivent fuir les combats avec leur marmaille, comme « des oiseaux errants chassés loin de leur nid. » (Is 16,2) « Ils verront leurs enfants écrasés, leurs maisons pillées, leurs femmes violées. » ( Is 13,16)  « Leurs maisons passeront à d'autres, leurs champs et leurs femmes aussi. » (Jr 6,12)

         Les médias, qui nous vendent la guerre et tentent de nous faire voir que c’est pour le bien des femmes que l’on se bat, se transforment malheureusement en faux prophètes lorsqu’on nous montre les cercueils de nos jeunes soldats morts pour défendre la « démocratie et la liberté». La vérité, c’est que nous acceptons de sacrifier nos enfants pour permettre à nos pays de pouvoir contrôler des territoires convoités; sacrifices humains sur l’autel du veau d’or. On rapporte le nombre de nos soldats morts au champ d’honneur, mais on tait systématiquement le nombre de civils tués par les tirs amis et ennemis : des millions au Congo, en Irak, des dizaines de milliers en Afghanistan. On cache aussi la souffrance des femmes qui survivent à ces guerres et on ne leur donne jamais la parole, on n’écoute pas leurs lamentations, leurs protestations. Pour elles le conflit s’étirera sur toute une vie et même sur plusieurs générations.

         La guerre est un péché énorme, un rejet de l’Auteur même de la Vie, un péché d’idolâtrie qui nous fait croire que le salut de l’humanité passe par la destruction et la mort. Les prophètes bibliques ont condamné avec force le militarisme d’État qui levait des armées pour agrandir le territoire. Osée, au VIIe siècle avant notre ère, affirmait l’inutilité pour un peuple d’avoir des chars et des chevaux et condamnait l’alliance scellée avec l’empire assyrien par le roi de Samarie. « Ce n'est pas l'Assyrie qui pourra nous sauver. Nous ne monterons plus sur des chevaux de guerre. Nos idoles sont seulement des objets fabriqués ; nous ne leur dirons plus qu'elles sont notre Dieu, car toi seul sais montrer de la bonté à l'orphelin. » (Os 14,4)

         Le militarisme est une idéologie qui prétend donner une valeur sacrée à la guerre alors qu’elle est menée uniquement pour prendre le contrôle d’un territoire, vendre des armements et faire beaucoup de profit. Ces dépenses militaires effectuées par le gouvernement du Canada et son alignement aveugle sur les politiques impériales étasuniennes sont contraires au bien commun du peuple canadien et de tous les peuples qui souffrent de la guerre à cause de nos politiques.

         L’expérience de la guerre au quotidien et la menace contre la vie de leurs enfants font des femmes de redoutables adversaire de la guerre et elle démontrent une force et une énergie invincible; les politiciens devraient en tenir compte s’ils ne veulent pas être précipités en bas de leurs trônes. Elles sont, nous dit Osée, « comme une ourse à qui l’on a pris ses petits. » Os 13,8 Pendant ce carême, essayons de nous mettre dans la peau des femmes qui vivent ces conflits que nous alimentons en combattant en Afghanistan et en vendant des engins de mort et demandons collectivement pardon en nous joignant à leurs lamentations et en disant NON À LA GUERRE!

    Claude Lacaille

    Source: Toute reproduction de ce commentaire, à des fins autres que personnelles, est interdite sans l'autorisation du Centre biblique de Montréal.

    Source www.interbible.org

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