• La justice et la miséricorde - Revue MESSAGE

                                                                                                             JUILLET - AOÛT 2016

    La justice et la miséricorde


    Un coeur très juste, très bon et très miséricordieux est avant tout un coeur de compréhension et de compassion. C’est dans cette perspective que je vois la justice comme un droit pour tous, et la miséricorde comme un don de Dieu qui nous invite à pardonner. Je ne peux pas être juste, ni miséricordieux si je ne suis pas compréhensive. Faire justice, faire miséricorde, c’est avoir une bonne conduite qui témoigne de l’amour et de la bienveillance envers l’autre. La justice structure la société et les individus en se basant sur ce qui est juste et bon selon la loi et selon la politique d’un pays ou d’une société. Elle conduit à une sagesse de paix et de recons-truction des coeurs brisés par les différences. Elle dénonce les torts et punit les coupables, mais elle ne peut pas tout réparer. Même l’amende ne permet pas de retrouver ce qu’on a perdu, ni de compenser les blessures morales qu’on a subies. La justice est un besoin humain qui s’appuie sur la loi établie par les humains, c’est pourquoi elle a quelques fois des limites.


    Un des exemples de ces limites, c’est la condamnation de Jésus par Ponce Pilate. En présence de la foule, il déclare ceci : « Je n’ai rien trouvé en cet homme qui mérite condamnation parmi les faits dont vous l’accusez (…) il n’y a rien qui mérite la mort dans ce qu’il a fait (Luc 23, v 14-15). » Malgré ces constatations, la condamnation est signée. Jésus subit un procès injuste et fut conduit au Golgotha, un lieu de désespoir pour y être crucifié et succomber à ses douleurs et à ses angoisses. Personne, sur le chemin, ne manifeste de réaction. Pilate se dégage et se laisse porter par la foule qui n’a pas voulu comprendre le message de Jésus. Ce manque de courage, cette médiocrité peut être les nôtres aujourd’hui. Il suffit d’un aveuglement du coeur et de la raison pour fermer les yeux devant des situations injustes. Dans certains cas, il n’y a que la miséricorde qui peut compenser là où la justice ne veut pas aller. Je me vois dans cette position car, si je n’agis pas dans le sens de la miséricorde, je donne raison à celle ou à celui qui me fait du tort. Je voudrais que tout le monde comprenne que ce n’est pas la haine qui construit, c’est plutôt la grâce de la miséricorde qui nous permet de devenir des bâtisseurs de paix et d’unité. Je ne vais pas dire que la miséricorde exclut la justice. Les deux langages sont efficaces lorsqu’ils répondent positivement à leurs objectifs. Si Dieu est juste et miséricordieux, sa part de justice doit trouver sa place sur la terre des humains. Il faut comprendre que la prière exigée par la miséricorde n’a pas de solution à tout.


    Dans cette logique, Jean CIVELLI dans son livre « Les pécheurs et l’eucharistie » dit ceci :

    « Une certaine mentalité doloriste a maintenu les chrétiens dans l’idée que seul ce qui est ardu, difficile, ce qui éprouve et fait mal doit être offert à Dieu comme signe de repentir et de réparation des péchés. Jésus n’a jamais dit aux personnes rencontrées sur la route en proie à la maladie, à la souffrance : « Réjouis-toi ta souffrance est une grâce de Dieu ». Il met en oeuvre la puissance de vie qui est en lui pour lutter contre le mal, sous toutes ses formes. Jésus propose d’abord une voie humaine pour éduquer à la justice et à la réconciliation. C’est important de bien poser les pieds sur la terre avant de s’envoler dans les nuages.


    Pour moi, la miséricorde est la grande soeur de la justice car elle correspond aux dix lois que Dieu a confiées à Moïse pour éduquer son peuple. Je suis convaincue que le bonheur passe aussi par des limites. Une attitude qui contrôle les dérapages. C’est là où se trouve, à mon avis, la ressemblance entre la justice et la miséricorde. La seule différence réside du fait qu’il n’y a pas de mesure économique imposée pour être miséricordieux. C’est la liberté du coeur qui prend le devant et l’amour qui propose un nouveau regard relationnel sans aucun sentiment de vengeance ni de culpabilité. Si le pape François nous invite à agir dans le sens de la miséricorde, c’est dans le but de faire renaître nos sociétés. Leur donner une bonne peinture de la vie et détruire la haine. C’est un bon réveil pour vivre en paix et s’ouvrir aux autres. La patience compte beaucoup pour une telle décision. Faire attention et avoir confiance en l’autre, cela exige du temps.


    Je vous invite à découvrir le message de saint Paul dans sa première lettre aux Corinthiens qui dit ceci : « Pour le mal, oui soyez les petits enfants. » (Cor 1,14,20) « Ainsi, mes frères, aspirez au don de prophétie. » (Cor 1,14,39).
     

    Nzorubara Sylvie

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