« Se faire proche des laissés-pour-compte, des personnes marginalisées, des rejetés » : c’est l’invitation du pape François dans une interview au quotidien italien La Repubblica (Paolo Rodari) publiée ce 13 avril 2017.
Au moment où le pape allait célébrer la messe du Jeudi Saint « in Cena Domini » dans une prison italienne à Paliano (Frosinone), avec le rite du lavement des pieds de quelques détenus.
Le pape invite les baptisés à « aller, se faire proche des laissés-pour-compte, des personnes marginalisés, des rejetés » : « Quand je suis devant un détenu, par exemple, je me demande : pourquoi lui et pas moi ? Est-ce que je mérite plus que lui qui est là-dedans ? Pourquoi est-il tombé et pas moi ? C’est un mystère qui me rapproche d’eux. »
Rétablir la vérité
Dans La Civiltà Cattolica, à la question sur qui était Jorge Mario Bergoglio, le pape a répondu : ‘Un pécheur’. Il le réaffirme : « Je me sens comme cela, certainement. La devise de mon blason est une phrase de saint Bède le Vénérable à propos de saint Matthieu : ‘Dieu a tourné son regard. Miserando atque eligendo, il l’a regardé avec un sentiment d’amour et l’a choisi’. C’est plus qu’une simple devise. C’est mon étoile polaire. Parce qu’en elle est contenu le mystère d’un Dieu disposé à porter sur lui le mal du monde, pourvu qu’il démontre son amour à l’être humain. »
Il évoque des épisodes évangéliques : « ‘Si seulement je réussissais à toucher son manteau, je serais sauvée’, dit avec une grande foi l’hémorroïsse qui sent au fond d’elle-même que Jésus peut la sauver. Selon les Évangiles, c’était une femme rejetée par la société, à qui Jésus donne la santé et la liberté vis-à-vis des discriminations sociales et religieuses. Ce cas fait réfléchir sur le fait que le cœur de Jésus est toujours pour eux, pour les exclus, comme la femme était perçue et représentée à l’époque. »
Le pape insiste sur l’actualité de ce message de l’Evangile sur la femme: « Nous sommes tous mis en garde, y compris les communautés chrétiennes, contre des visions de la féminité entachées de préjugés et de soupçons qui portent atteinte à sa dignité intangible. En ce sens, ce sont précisément les Évangiles qui rétablissent la vérité et reconduisent à un point de vue libérateur. Jésus a admiré la foi de cette femme que tous évitaient et il a transformé son espérance en salut. »
Rétablir la dignité
« Nous sommes tous pécheurs, ajoute le pape, mais Jésus nous pardonne avec sa miséricorde. L’hémorroïsse avait peur, elle ne voulait pas se faire voir, mais quand Jésus croise son regard, il ne lui fait pas de reproche : il l’accueille avec miséricorde et tendresse et cherche la rencontre personnelle avec elle, lui donnant sa dignité. Cela vaut pour nous tous quand nous nous sentons rejetés pour nos péchés : aujourd’hui, le Seigneur dit à nous tous : « Courage, viens ! Tu n’es plus rejeté, tu n’es plus rejetée : je te pardonne, je te serre dans mes bras ». C’est la miséricorde de Dieu. Nous devons avoir le courage d’aller vers lui, de demander pardon pour nos péchés et d’avancer. Avec courage, comme l’a fait cette femme. »
Il revient sur un thème récurrent de ses prédications du matin, la honte : « Celui qui se sent exclu comme les lépreux ou les sans-abri, a honte et, comme l’hémorroïsse il fait les choses en cachette. Jésus en revanche nous remet debout, nous donne la dignité. Ce que Jésus donne, c’est un salut total, qui réintègre la vie de la femme dans la sphère de l’amour de Dieu et, en même temps, la rétablit dans sa dignité. Jésus indique ainsi à l’Église le parcours à effectuer pour aller à la rencontre de chaque personne, pour que chacun puisse être guéri dans son corps et dans son esprit et retrouver sa dignité d’enfant de Dieu. »
Avec une traduction de Constance Roques
source ZENIT.org
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