• LE DESIR ET LE MANQUE art 35 - Suzanne

    LE DESIR ET LE MANQUE

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    A mes frères et sœurs de la fraternité franciscaine séculière de la région
    Rhône-Alpe, réunis à Lyon les 20 et 21 novembre 2010.

     

    Le désir naît de la découverte d’un manque en soi.

    Il va nous permettre de cheminer vers la connaissance. Si nous nous découvrons en défaut de connaissance de Dieu et si nous déposons humblement notre ignorance sous son regard, alors nous nous mettons en route et nous commençons notre cheminement vers l’Etre. Le Christ va nous aider à faire un retour sur nous-mêmes et à nous découvrir en manque de Dieu. De là, naît le désir.


    Le Seigneur veille sur l’âme en train d’enfanter. Il va aiguiser notre désir d’aller plus loin : de se questionner, de se découvrir, de se déterminer. Désir aussi de L’appeler, de L’entendre, de Le connaître dans et par l’épreuve et ainsi de donner sens aux évènements de notre vie. Véritable chemin de découverte qui nous entraîne vers un autre désir : celui de restaurer la relation avec nous-mêmes, avec l’autre et avec le Tout-autre. Désir de se laisser aimer, de s’aimer et d’aimer. Véritable chemin d’enfantement et de réconciliation où nous apprenons à déposer notre fardeau pour nous relever et entrer dans la joie. Nous pouvons alors aller à la rencontre des dons que le Seigneur a déposés en nous et poser des actes en coopération avec la grâce, en un mot, entrer dans un cœur à cœur avec le Seigneur.


    Si nous avons le désir de participer à la vie divine, nous essayons de faire de notre quotidien « notre chant d’aujourd’hui » c’est-à-dire : « Agir dans la pensée de Dieu sur les petites choses, ne rien laisser passer, pour l’offrir » (Thérèse de Lisieux) Nous passons de la routine, de la récrimination, de la discussion ou même de l’obligation et du devoir, au désir de bien faire et partant, à la joie d’exister.


    C’est en vivant le moment présent que nous pouvons entrer dans le désir de vie et que nous pouvons apprendre à vivre en vérité c’est-à-dire, éviter les chemins sans issue et sortir de l’inattention à ce qui vient, sortir de la surdité, de l’aveuglement et de la répétition.

    Dès lors, nous entrons de plus en plus dans un désir d’écoute. Entrer dans l’écoute c’est entrer sur le chemin pour naître à soi-même, c’est avoir le désir de purification du cœur puis de restauration de l’esprit.

    « De même que la construction de la cité commence par la démolition des ruines, de même que la culture de la terre commence par le brûlis des ronces, le chemin de la vie commence par la purification du cœur. » (Macaire)


    Accepter de se laisser purifier, c’est accepter de mourir à soi-même et cela ne peut être vécu qu’à partir d’un désir immense de rencontre, de communion, désir qui balaie tout sur son passage pour faire place à la détermination, à la confiance et à l’espérance. Désir de renaître, désir de vivre de la vie du Christ. Désir de « faire le vide » pour laisser la place à Dieu en nous et pouvoir dire comme l’apôtre : « Ce n’est plus moi qui vis, mais le Christ qui vit en moi » (Ga 2,20)

    Si notre désir est de contribuer et de coopérer au projet du Christ, il va nous faire participer à cette révélation : « Je suis le chemin, la vérité et la vie. Nul ne vient au Père que par moi » (Jn 14,6)Qu’il est doux alors de se laisser conduire par Lui. Unis par cette douce et ferme complicité, nous essayons de devenir avec Lui un seul cœur pour avoir les mêmes désirs et nous en réjouir ensemble. Nous veillons sur la vie qui nous a été donnée afin de ne pas détruire après avoir reçu. Nous cherchons ensemble les moyens de la garder afin de sauvegarder la grâce et de demeurer, jusqu’à la fin, vivants. Le sens de la vie, c’est l’éternité.


    Pace e Bene

    Avons-nous le désir d’entrer dans la paix du Christ ?

    Avons-nous le désir d’accueillir la promesse ?

    Cela relève de notre responsabilité personnelle, c’est-à-dire de notre résolution, de notre volonté de détermination et de notre fidélité mais cela relève aussi de la grâce. Plus nous ressentons le désir d’entrer dans la paix du Christ, plus nous osons nous mettre sous le regard de Dieu dans un acte de déposition[1] et plus nous désirons entrer dans le silence et le recueillement pour y accueillir la grâce. « Car mon joug est doux et mon fardeau léger ».

    Avons-nous le désir de sanctification ? Le désir de l’homme qui s’ouvre au désir de Dieu !


    Le désir. Et le manque ?

    Nous tentons parfois de comparer le désir que le Christ vient réveiller en nous, avec celui que notre prochain manifeste. Même si un dé à coudre suffisait à contenir le nôtre, ne persistons pas dans la comparaison qui entretient le manque, accueillons plutôt cette grâce car nous risquons de la gaspiller ou d’en faire un mauvais usage. Gérons-là car c’est peut-être la seule mesure que nous sommes capables d’accueillir pour l’instant et faisons-la fructifier, il nous en sera donné davantage. C’est en redonnant au Seigneur le fruit de la grâce reçue que notre désir grandit et que nous grandissons avec Lui.

     

    Osons la vie.

    Laissons-nous remplir par Dieu, de désir, de fraternité et d’audace. Osons la vie pour passer de l’espérance au désir, afin de donner une dimension nouvelle à l’esprit de miséricorde qui se met à la portée de notre faiblesse. Puissance de désir qui nous rétablit pour nous ramener sur la voie, nous redonner des forces, pour nous guérir et nous faire exister de nouveau.

    Pour répondre au désir de Dieu, notre cœur doit se laisser « toucher » et entrer dans un rapport amoureux avec l’Ecriture sainte et la Parole. Nous expérimentons alors la réciprocité d’amour, cette merveilleuse force de propulsion, l’unique désir de Dieu, qui nous rend capables de démasquer les illusions et nous fait surmonter toutes les déceptions.

     

    « Quel autre ai-je au ciel que toi ?

    Et sur la terre je ne prends plaisir qu’en toi.

    Ma chair et mon cœur peuvent se consumer :

    Dieu sera toujours le rocher de mon coeur et mon partage » (Ps 73, 25-26)

     

    Suzanne Giuseppi Testut  -  ofs

     

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