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Méditation : La complaisance du Père - Stéfan Thériault
« Restez éveillés et priez en tout temps :
ainsi vous aurez la force d’échapper à tout ce qui doit arriver »
(Luc, 21, 34-36)Méditation : La complaisance du Père
La méditation d'hier nous a présenté ce « jour-là » comme un printemps de Dieu, comme la venue du Royaume.
Le texte de l'évangile du jour nous l'annonce « comme un filet ».
« Il s’abattra, en effet, sur tous les habitants de la terre entière ».
Personne n'y échappera. Tous seront pris dans ses mailles.
Cela me rappelle ces paroles de saint Paul :
« Dieu a enfermé tous les hommes dans la désobéissance
pour faire à tous miséricorde » (Romains 11, 32).Saint Paul, de fait, raconte dans sa lettre aux Romains, chapitre 11,
que c'est la désobéissance des juifs qui a ouvert le salut aux païens.
C'est ce que nous racontait cette parabole des noces que nous avons médité
et où le maître de la noce, voyant les personnes qu'il avait invitées
refuser d'y venir, a envoyé ses serviteurs sur les routes
pour y quérir tous les autres, même les estropiés, les aveugles, les boiteux...
Mais si les juifs ont été les premiers appelés
et qu' « une partie d'Israël s'est endurcie (c'était) jusqu'à ce que soit entrée
la totalité des païens » (11,25). Et saint Paul d'ajouter :
« vous avez obtenu miséricorde grâce à leur désobéissance » (11, 30).
Cet enseignement de saint Paul, il le nomme un « mystère »
que nous ne devons pas ignorer « de peur que nous ne nous complaisions
en notre sagesse » (11, 25).
Le texte évangélique nous rappelle donc que le salut est une pure gratuité.
Nous ne pouvons jamais avoir la prétention d'en être la source ni le propriétaire.
Il est, en réalité, très vrai que nous pouvons nous sentir
rapidement meilleurs que les autres, de penser que nous sommes les élus
et eux sont les infidèles, les rejetés, les indignes de Dieu, etc.
Un tel glissement intérieur où nous nous élevons au-dessus des autres
est un poison incroyable, car il nous fait glisser loin de Dieu et hors de l'Amour. Nous nous croyons sages et sommes devenus sots.Il est alors bien difficile de sortir de cet état
et de redécouvrir le chemin de la pauvreté intérieure,
celle qui sied à tout enfant de Dieu et à tout disciple du Christ.
Nous nous canonisons, nous clamons notre rectitude
et nous nous complaisons en nous-mêmes.
Une telle complaisance est pleine d'égoïsme et de narcissisme
et empêche le Père de se complaire en nous.
Cette fausse complaisance que nous portons nous détourne de notre nature filiale, qui se fonde non sur notre propre gloire mais sur celle de Dieu.
Comme le Fils ou comme fils et filles dans le Fils,
le Père se complaît en nous par une pauvreté aimante et une profonde gratitude.Comme cet état est très difficile à changer, Dieu se retire, car, dans notre sagesse, nous croyons le connaître et nous érigeons cette connaissance en vertu
et en jugement. Il nous laisse glisser, alors, dans la désobéissance de notre cœur
au point où notre cœur « s'alourdit dans les beuveries, l'ivresse
et les soucis de la vie ». Nous sombrons ainsi dans le mal, loin de Dieu et seuls. C'est, en fait, la seule voie, comme elle le fut pour le fils prodigue,
de retourner vers le Père après avoir vécu avec les « cochons ».Dieu ne nous punit pas, il nous laisse à nous-mêmes un temps
pour que nous retrouvions le chemin de Dieu.
Il veut nous apprendre en ce but à « rester éveillés et prier en tout temps ».
Il veut nous montrer le véritable chemin d'un fils et d'une fille de Dieu
et, ainsi, « échapper à tout ce qui doit arriver » : la chute d'un monde sans Dieu.
Il nous demande, par cette veille et cette prière
de nous « tenir debout devant le Fils de l'homme ».Cette grâce de nous tenir debout est une grâce qui dérive de la Croix
et une grâce profondément mariale,
car Marie s'est « tenue debout devant le Fils de l'homme » sur la Croix.
Elle a contemplé son Fils qui s'est fait désobéissance pour nous,
en prenant sur Lui toutes nos désobéissances,
afin de nous ramener dans l'obéissance d'Amour au Père.Jésus nous demande donc aujourd'hui de voir que, en celui qui souffre,
nous obtenons, comme le disait saint Paul, miséricorde.
Nous devons le regarder avec humilité car le Christ l'a embrassé de son amour pour le ramener au Père.
Nous ne pouvons nous glorifier d'être justes,
car notre justice nous vient de Dieu et est pure grâce.Dans l'être désobéissant que nous sommes et que nous croisons,
Marie nous invite à contempler son Fils et à saisir sa souffrance en nous
et en l'autre. Au lieu même de nos errances se tient le Dieu qui nous sauve.
Seule une humble pauvreté nous permet d'échapper, dans le Christ,
« à tout ce qui doit arriver » et, donc, au mal qui traverse le monde
et, surtout, à son emprise sur nous.C'est dans cet Esprit que nous terminons ces méditations « Lève-toi ».
À savoir que c'est au lieu même de l'abaissement du Fils
et de notre abaissement en Lui que nous sommes relevés.
Tant que ne s'inscrira pas en nous une compassion profonde
pour la souffrance de Dieu et celle de l'humain,
nous ne saurions être soulevés de l'intérieur par la grâce de Dieu.
Vivons donc dans cette humilité et cette compassion
afin que le Père se complaise en nous, ses filles et ses fils !Que Dieu vous accompagne en ce temps de l'Avent
et que sa naissance éternelle se poursuive en vous
dans l'humilité d'un C(c)oeur blessé !Avec toute mon amitié et ma prière !
Stéfan Thériault, directeur du Centre« Le Pèlerin »
stheriault@lepelerin.org (www.lepelerin.org) 28 novembre 2020-------------------------------
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Tags : dieu, fils, pere, grace, saint
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