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Méditaton - « Les gens mangèrent et furent rassasiés » Stéfan Thériault
« Les gens mangèrent et furent rassasiés »
(Marc 8, 1-10)Méditation : Une révélation sur la prière et la mission
Le texte d'aujourd'hui nous offre, je trouve, une fin lumineuse
à notre Prière sur le monde.
Depuis trois jours, une foule nombreuse se tient au désert avec Jésus.
Elle est là « à l'écart » avec Lui. Quelles grâces ont-ils reçues ?
À quelle profondeur d'expérience ont-ils touché avec Jésus ?
Rien ne nous est révélé sinon que personne n'a demandé de partir,
malgré qu'ils n'ont plus rien à manger, nous dit Jésus.
Il faut vraiment croire que, là, au désert, ils ont vécu d'un autre Pain.
Leurs cœurs ont été nourris à une autre profondeur.
Ils sont entrés dans le mystère de la prière du Fils et du Père dans l'Esprit,
dans cette relation source de tout.Si le besoin de manger physiquement devient urgent,
une autre faim s'est creusée en eux : celle de Dieu.
Ils ont vécu ce que signifie être mis « à l'écart » en Dieu.Qui voudrait quitter ce moment ?
Mais, pour Jésus, à la prière, comme nous l'avons déjà vu,
s'adjoint toujours la mission.
Demeurer uniquement dans la prière porterait le risque
de tourner la grâce vers eux-mêmes et de perdre la mise en action
de leur don pour l'A(a)utre.
C'est pourquoi Jésus, qui éduque toujours ses disciples, leur fait la réflexion :
« J’ai de la compassion pour cette foule, car depuis trois jours déjà
ils restent auprès de moi, et n’ont rien à manger.
Si je les renvoie chez eux à jeun, ils vont défaillir en chemin,
et certains d’entre eux sont venus de loin. »
Il veut susciter un questionnement chez ces disciples, lequel ne tarde pas :
« Où donc pourra-t-on trouver du pain pour les rassasier ici, dans le désert ? »À ces mots, les disciples se rappellent sûrement l'expérience des hébreux
après la sortie d'Égypte quand Dieu a donné gratuitement la manne.
Ou se rappellent-ils la première multiplication des pains par Jésus ?
En somme, ils s'attendent que Dieu va s'occuper de tout.
Mais Jésus inverse tout de suite les rôles : « Combien de pains avez-vous ? »
Cela les conduit, intérieurement, à faire le lien entre la prière et la mission
ou, dit autrement, à regarder en eux les grâces reçues
durant ces trois jours de prière, au désert, avec Jésus.
Pendant ces trois jours, ils ont été remplis d'une plénitude de grâces :
« Sept », symbole de perfection. Jésus voit ce débordement de grâces
et il doit leur faire comprendre le lien intime entre la prière et la mission
ou, à cause de cette symbolique des trois jours, en anticipé,
le lien entre la résurrection qui vient et la mission.Le lien entre la prière et la mission que nous donne le texte est logique
et étonnant à la fois, à savoir l'eucharistie, la vie partagée.
Le temps de la prière permet d'entrer dans l'eucharistie d'Amour
du Père et du Fils dans l'Esprit.
Elle fait vivre de l'intérieur une transformation où chacun(e) devient pain
dans l'Unique Pain de Vie qu'est le Christ.
L'être devient parole dans l'Unique Parole.
Mais cette abondance révélée, pour ne pas se flétrir,
est appelée à poursuivre le cycle du don :
après avoir reçu gratuitement dans la prière,
cette abondance doit se communiquer gratuitement par la mission.
Les disciples, en regard de cette foule, doivent partager le pain
qu'ils sont devenus dans le Christ. Pour ce faire, ils n'ont qu'à consentir et à servir. C'est pourquoi « il ordonna à la foule de s’asseoir par terre.
Puis, prenant les sept pains et rendant grâce, il les rompit,
et il les donnait à ses disciples pour que ceux-ci les distribuent ;
et ils les distribuèrent à la foule.
Ils avaient aussi quelques petits poissons, que Jésus bénit et fit aussi distribuer ».Prière et mission prennent leur source dans l'eucharistie trinitaire
et se prolongent dans l'eucharistie de nos vies (et de la Vie de Dieu)
les uns pour les autres.
L'humain créé à l'image de Dieu est, dans sa nature même,
constitué selon cette communion et ne peut donc se réaliser que par elle.
N'est-ce pas là une conclusion extraordinaire à notre « prière sur le monde » ?!Notre prière sur le monde est une vie communiée, humaine et divine.
Si nous éprouvons en nous cette vie communiée,
que nous ressentons profondément notre interdépendance
et notre interconnexion,
nous comprendrons que le seul chemin pour la transformation du monde
est l'eucharistie de nos vies.
Seuls nous ne pouvons y arriver mais, communiés, nous pouvons tout.Notre prière sur le monde est notre expérience de la communion
dans la prière de chacun(e) de nous en Dieu
et elle est une vie donnée et multipliée dans la mission,
c'est-à-dire dans le don de nous-mêmes pour l'A(a)utre.
De sept pains, nous nous retrouvons avec « sept corbeilles »,
à savoir une abondance divine et, j'ajouterais, humaine,
qui nous déborde de toute part.« Puis Jésus les renvoya », car chaque personne de cette foule est appelé(e) à aller, chacun(e) dans son milieu, vivre et partager l'eucharistie du pain de Vie
qu'elles sont devenues dans le Fils.
Quant aux disciples, ils doivent monter dans la barque, l'Église,
car cette dernière a comme unique raison et mission
cette eucharistie à enseigner et à célébrer.À la fin de ces méditations sur le monde,
je nous invite chacun(e) à relire l'eucharistie
à laquelle ces temps de prière avec Dieu vous ont conduit
afin que chacun(e) à sa façon aille la partager dans la mission,
dans le don bien simple de sa vie au cœur des relations et des engagements.
Que Dieu vous bénisse et vous accompagne !
Et grand merci pour ce que vous êtes et pour votre prière !
Stéfan Thériault,stheriault@lepelerin.org (www.lepelerin.org)13 février 2021
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Tags : priere, mission, jesus, pain, dieu
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