• Pèleninage à Assise - « ERMITAGES DE MONTE CASALE ET DE L’ALVERNE» Suzanne (5)

    -5-

    PELERINAGE A ASSISE

    « ERMITAGES DE MONTE CASALE ET DE L’ALVERNE »

     

     

    Nous voici arrivés à la cinquième et dernière étape de notre pèlerinage. Elle nous introduit dans une dimension nouvelle, celle de la pauvreté extrême, véritable chemin de résurrection. Rappelons brièvement les quatre étapes précédentes :xxNOTRE MORT CORPORELLE DE PIERO CASENTINI

    • L’envoi des pèlerins et leur bénédiction avec la participation de paroissiens du district de Goudargues. Moment fraternel, émouvant, où de nombreuses intentions nous ont été confiées. Beau témoignage de solidarité et de communion en Eglise.
    • Les premiers pas dans Assise à la découverte de frère François, de sœur Claire, des hommes et des femmes de leur temps. Moments de rencontres mêmes, où le temps semble suspendu, tellement tout Assise est marqué de la présence de François. Moments de recueillement, de contemplation et de prière.
    • Dans les ermitages de la Vallée Sainte, marche humble avec François et la « prière de Jésus », sur le sentier caillouteux de sa vie et de notre vie, sur le sentier de la miséricorde de Dieu. Approche de « l’Au-delà au milieu de nous »
    • Avec sainte Claire, à san Damiano, découverte de la fécondité de l’Evangile. Rencontre avec le féminin, la pureté et la simplicité. La sobriété et la beauté. Aux Carceri, coopération avec la grâce, descente en soi-même et écoute. Enfin, à la Portioncule, moment de vérité avec soi-même, d’acceptation et de renoncement. Lieu où « tout genou plie » dans un acte de déposition. Libération, allègement, joie, espérance, vie !   

    Chaque étape de ce pèlerinage est toujours déterminante et nous les abordons avec la persévérance et l’humilité du pèlerin qui avance à « pas lent » pour mieux continuer sa marche. A chaque étape, le pèlerin peut puiser un souffle nouveau, source de retournement et de vie et marcher au rythme du souffle qui lui est donné 

     

     

    Vendredi 28 mai – matinée.

    Ermitage de Monte Casale :

    MONTE-CASALE-LE-CLOITRE-copie-2.JPGFondé sur les emplacements d’une forteresse qui contrôlait la route du sel, l’ermitage a été utilisé comme hospice pour les pèlerins, puis comme hôpital pour les infirmes pauvres. La présence franciscaine y apparaît dès 1213. Des frères franciscains, capucins, y demeurent toujours et y vivent selon la règle des ermitages établie par François. C’est un lieu d’une grande beauté, ouvert sur la plaine et la petite ville de San Sépolcro, dont le cloître est un véritable petit joyau.

    Avant d’entrer dans la chapelle, on peut lire sur une plaque, l’inscription suivante :

    « Ici ont habité trois saints : François, Antoine, Bonaventure.

    Ici trois brigands impies ont vécu comme des saints.

    Ici des frères vénérables moururent dans le Seigneur.

    C’est pourquoi heureux ceux qui habitent cette maison qui est à toi, Seigneur ! »

    C’est donc ici que se situe l’épisode de la conversion des brigands et que François apprit à ses frères que l’amour est plus puissant que « la mort » ; que la patience, l’humilité et la charité viennent à bout de biens des maux.

    « Venez frères brigands, nous sommes des frères et nous vous apportons du bon pain et du bon vin ! … Quelques temps plus tard ‘Par la miséricorde de Dieu et grâce à l’humilité et à la charité que leur avaient témoignées les frères, les uns entrèrent dans l’Ordre, les autres se convertirent à la pénitence’… » (Légende de Pérouse 90)

    Dans la chapelle, derrière le retable, au chœur, une peinture surprenante, représentant François buvant à la plaie du côté du Christ, nous invite à la prière. Nous accédons ensuite par un couloir très étroit, creusé dans le rocher, aux deux minuscules cellules qui ont abrité saint François mais aussi saint Bonaventure et saint Antoine.

    De la terrasse, on domine le très joli jardin des frères, leur potager et leurs arbres fruitiers.

     

     

    Vendredi 28 mai – après-midi.

    L’Alverne ou La Verna :

    ALVERNE-SASSO-PICO.jpgCette montagne, située à 1128m d’altitude, a été donnée à François en 1213 par le comte Roland de Chiusi, séduit par ses « paroles de feu », afin qu’il y construise un ermitage. C’est un lieu impressionnant, très sévère et pourtant d’une grandeur et d’une beauté incomparables. D’énormes rochers abritent de nombreuses grottes, crevasses et cavités propices à l’isolement. La forêt y est inquiétante et en même temps majestueuse. Les orages y sont d’une extrême violence mais la lumière des éclairs sur la Verna force à la contemplation. La prière en ce lieu ne peut être qu’extrêmement tendue vers Dieu.

    François y viendra de 1214 jusqu’à 1224 où, le 14 ou 15 septembre, vers la fête de l’exaltation de la croix, il reçoit les stigmates. Il aime s’y retirer et s’y adonner à la contemplation, aussi, très rapidement, il y fait construire une petite chapelle qu’il appelle « Notre Dame des Anges ».

    Lieu du saisissement, l’ermitage de la Verna pourrait s’appeler, l’ermitage de la compassion et de la résurrection. Saisi dans tout son être, François y recherche Dieu intensément. Une double question jaillit alors : « Qui es-tu Seigneur ? » et  « Qui suis-je ? »… « Toi si bon et si grand !... et moi si pauvre et si petit !... » Confronté à la force des éléments qui l’entourent, il mesure ici, plus intensément encore, sa petitesse et sa fragilité. Dieu se révèle à lui plus que jamais, ce Dieu tout-puissant en amour et en miséricorde !

    Lieu du basculement dans la sainteté, François perçoit avec une profonde intensité, que la croix n’est pas témoignage de souffrance mais Croix Glorieuse, Lieu de Résurrection, c’est-à-dire : Amour du Christ pour l’humanité, Amour plus fort que la violence et la haine, Amour qui rend la Vie !

    Lieu où toutes les étapes de la vie de François prennent sens. En effet, il se rend à la Verna en ce mois de septembre, après avoir déposé son Ordre entre les mains du Christ et renoncé à sa charge.  Dépouillé de l’œuvre de sa vie, apaisé mais gardant au fond de son cœur les traces de la souffrance, il mesure dans ce lieu où les forces de la nature s’affrontent si violemment, la force des passions et des chemins de mort qui l’habitaient. Simple frère parmi les frères mais toujours fidèle à son idéal de vie, il expérimente la désappropriation, le dépouillement et la pauvreté extrêmes. Maintenant, il peut s’abandonner totalement et suivre le Christ jusqu’au bout du don de sa vie. 

    Il va prier et formuler deux demandes en ces termes : « Mon Seigneur Jésus-Christ, je te prie de m’accorder deux MONTE-CASALE-FRANCOIS-BUVANT-A-LA-SOURCE-copie-1.JPG grâces avant que je meure : La première est que, durant ma vie, je sente, autant qu’il est possible, cette douleur d’âme que toi, ô doux Jésus, tu as enduré à l’heure de ta très cruelle Passion. La seconde est que je sente dans mon cœur, autant qu’il est possible, cet amour sans mesure dont toi, Fils de Dieu, tu étais embrasé et qui te conduisait à endurer volontiers une telle passion pour nous, pécheurs. »

    En ce jour du mois de septembre 1224, François médite les Paroles du Seigneur. Il sent plus abondamment que jamais, la douceur de la contemplation, l’ardeur de son désir de Dieu et la profusion des grâces qu’il reçoit. Un incendie d’amour l’envahit. François vient d’être marqué jusque dans sa chair, des stigmates de la passion du Christ.

    Lieu de la contemplation de la victoire de l’amour sur la haine et la violence. A la Verna, François s’est quitté, il n’est plus en lui-même, et ne voit rien que « l’Autre », le « Tu ». Pèlerins, sur les pas de saint François d’Assise, le Christ nous appelle à notre tour : « Prends ta croix et suis-moi ». Appel à grandir dans l’amour, pour que chaque jour meure en nous le « vieil homme » blessé, esclave des passions qui l’animent et le détournent de son Dieu, afin de laisser vivre en nous « l’homme nouveau » et de ressusciter avec le Christ. C’est bien le message que le Christ de saint Damien a adressé à François à la Portioncule, au tout début de son chemin de sainteté !

    Nous allons nous recueillir dans la « Chapelle des Stigmates » Puis, nous nous dirigeons vers la forêt, non à la manière de François et de ses frères qui prenaient de grands risques pour franchir les crevasses, mais en utilisant les escaliers pour y accéder. La grâce nous sera accordée d’y célébrer une messe, sur le lieu même des stigmates. « Le vent soufflait fort, comme s’il voulait emporter avec lui tout ce qui reste à purifier. » (Gisèle)

    Saint François ne fait aucune allusion à l’évènement de stigmatisation. Toutefois, il inclut dans le texte des louanges qui précède la bénédiction à frère Léon, la merveille secrète que Dieu a accompli en lui, en le rendant conforme à son Fils Crucifié.

     

    Ce lieu est tellement bouleversant que pour mieux en faire saisir la puissance, je ne peux m’empêcher de vous offrir « la petite fleur » qu’une amie très chère m’a « adressée » en fin de pèlerinage et qu’elle m’a autorisée à vous faire partager.

     

    Le mot du pèlerin. « En forme de remerciement »

    « Donne-moi tes yeux pour voir mes frères et ton cœur pour les aimer »note 1

    « C’est une longue histoire, l’histoire d’une enfant blessée, salie, écrasée, violée qui, devenue femme, mère et grand-mère au-delà de toute espérance, était tombée, ou plus certainement, s’était laissée glisser au fond d’un abîme sombre, humide et froid. Là, ô combien maintenant, elle comprenait François. Là, elle s’était abandonnée, comme si ces rochers moussus, tout au fond de l’abîme étaient fait de coussins de plumes douces ; comme si cette ombre écrasante d’humidité, n’était en fait qu’une source claire, fraiche et vaporeuse, chargée – par qui ? – de la réhydrater ; comme si ces arbres centenaires, d’une hauteur vertigineuse n’étaient en fait qu’un cri d’amour, d’espérance et de joies futures laissant filtrer l’éblouissante lumière.Cruci-Damien--ofs-Sher.gif

    Tous la croyaient à moitié morte, complètement anéantie, écrasée, broyée au fin fond de la terre. Elle n’était que germe, – le savait-elle elle-même ? – germe prêt à jaillir vers la lumière. Toute la nature environnante concordait à sa renaissance. Il y avait au fond de cet abîme assez d’eau, de lumière et de protection pour que la vie en sorte ! Cela devait avoir été ainsi à la première heure du premier jour ! Ce qui l’a sauvée, ce qui lui a permis de renaître, c’est cette totale confiance, cet abandon complet, cette audace folle de tendre les mains vers Dieu du fond de cet abîme oublié, perdu, au sein d’une forêt. Des « entrailles » de la terre, elle pouvait maintenant renaître, recommencer, continuer sa mission. Elle n’oublierait jamais d’où elle ressortait, cela lui avait ouvert les yeux sur la profondeur insondable du Père, Mère, Maître et Sauveur !

    Tout cela elle le perçut à Assise. Non, elle n’était pas venue là par hasard et pourtant jamais sans… les autres, l’appel, la mission, Suzanne, Jean-Luc, elle n’aurait pu être là. Jamais sans François à ses côtés elle n’aurait pu savourer cette inexplicable paix, source de vie. Voir le visage de Dieu d’aussi près, aussi nettement. Quelle rencontre merveilleuse, sublime, grandiose, inexprimable, « La Splendeur de la Sagesse Divine » …. » Merci.

     

     

    Samedi 29 et dimanche 30 mai – Assise.

    Je conclue le pèlerinage en rappelant les grandes lignes de la spiritualité de François d’Assise et en approfondissant l’icône du Christ de saint Damien. Durant ces deux journées, chaque pèlerin a pu retourner en solitaire sur les lieux qui ont touché son coeur.

    Le dimanche soir, veille du retour en France, une autre grâce nous est accordée. Nous sommes autorisés à célébrerERIC-ET-JEAN-LUC-SAN-GIACOMO-DE-MURO-RUPTO.JPG une messe dans la chapelle de san Giacomo de Muro Rupto. La joie est parfaite.

     

    Le mot du pèlerin.

    « Merci pour ce chemin de pèlerinage, de « vacances mystiques » sur lequel le Seigneur est venu me rejoindre et m’émonder de sa présence. Ne sachant pas où j’allais en venant à Assise, le Seigneur Ressuscité s’est invité au fond de mon corps et de mon cœur pour me saisir par son Amour et faire de moi, un témoin de sa Paix, de sa Bonté, de sa Douceur. Voilà une mission de partage qui commence maintenant. » (jean-Luc)

     

    Que le seigneur te bénisse et te garde ;

    Qu’il te montre sa face et soit miséricordieux pour toi,

    Qu’il tourne son visage vers toi et te donne la paix.

     

    PACE E BENE

    Suzanne Giuseppi Testut  -  ofs


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    Note 1 « Seigneur, mets dans mon cœur tes pensées, Dans ma bouche tes paroles, Dans mes yeux ton regard. Donne-moi tes yeux pour voir mes frères et ton cœur pour les aimer » (Prière de Jean-Claude de Rosnay)

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