• Pour mieux connaitre Saint Antoine - fils de Saint François d'Assise

    Un autre article de notre frère Richard Boileau ofs

    Merci Richard

     

    Cher ami, chère amie de saint François,

     

    Saint-Antoine-de-Padoue-et-Saint-Francois-d-Assise.jpg En septembre 1222, un groupe de Dominicains et de Franciscains se sont rencontrés dans la cathédrale de Forli, près de Bologne, dans la région nord centrale d’Émilie-Romagna, pour l’ordination de quelques membres de leurs communautés.  Pour une raison quelconque, personne n’avait été désigné à l’avance pour prêcher. Saint Antoine a alors été demandé de le faire, après que tous les autres aient refusé.  Il accepta par obéissance.  Comme son sermon progressa en un latin impressionnant, les mots devinrent de plus en plus extasiants.  Il démontra une profonde connaissance de l’Évangile. 

    Saint Antoine avait débuté sa vie religieuse dans son Portugal natal.  Quand il a été témoin du retour des premiers Frères Franciscains du Maroc, il décida de joindre les rangs de ce nouvel ordre.  Comme prêtre Augustinien, il avait reçu une formation rigoureuse en théologie. 

    Après la révélation de ses habiletés à Forli, ses supérieurs lui ont demandé de prêcher dans d’autres villes et villages de la région italienne.  Romagna était troublée par la guerre civile.  Aussi, les groupes hérétiques recrutaient de plus en plus de membres.  Un groupe promouvait un anticléricalisme féroce et une forme de dualité qui divisait le monde entre l’aspect charnel, qu’ils jugeaient mauvais,  et les pensées ou l’esprit, qui était compris par eux comme étant intrinsèquement bon. Cette croyance dualiste circulait, contrairement à la doctrine chrétienne concernant l’Incarnation.  

     

    Par conséquent, de tels groupes se sont coupés de la société pour éviter la « contamination ».  Dans un certain sens, ils ont été mus par la même intuition que saint François de rejeter la possessivité et d’adopter une vie ascétique.  Mais, contrairement à eux, saint François et saint Antoine croyaient passionnément au clergé et ils argumentaient qu’il y a plein de bon dans le monde physique et qu’il existe un certain degré de mal dans l’esprit humain.

     

    Saint Antoine parlait de façon persuasive et efficace de l’orthodoxie catholique. J’ai lu récemment une intéressante dissertation doctorale qui démontrait que plusieurs influences théologiques, spirituelles et historiques soutenaient sa pensée et son style de prédication.  Parmi ceux-ci étaient saint Augustin, saint Grégoire, saint Bernard de Clairvaux et Hugues Saint-Victor.  Toutefois, aussi variées que puissent avoir été ces influences, son cœur demeurait franciscain. 

     

    L’auteur concluait : 

     

    «Peu importe les sujets théologiques particuliers dont il discute, Antoine se révèle comme un critique passionné des abus dans l’Église, toujours animé par un esprit de charité et de bonté. Il démontre une réelle affection pour les «chers frères» pour lesquels le travail est offert et un enthousiasme pour, à la fois, les études bibliques et pour le livre de la nature, qui révèle aussi Dieu.»

     

    De toutes ces façons, saint Antoine était un digne fils du poverello.

     

    J’avertis et j’exhorte ces frères : dans la prédication, que leurs paroles soient pesées et châtiées pour l’utilité et l’édification du peuple, ils annonceront les vices et les vertus, la peine et la gloire en de brefs discours, car le Seigneur a parlé brièvement sur la terre.

                                                                                   Saint François, Règle de 1223, chapitre IX

     

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    Le rôle de saint Antoine comme prêcheur ne peut pas être séparé de celui d’enseignant. Vers la fin de l’an 1223, saint Antoine a été invité à enseigner la théologie dans la ville de Bologne.  Entre 28 et 30 ans, il enseignait les fondements de la foi catholique au clergé et aux personnes laïques en utilisant une méthode simple mais efficace : il débutait en lisant un texte sacré, puis il l’interprétait de façon attrayante.  Il était, en effet, le premier professeur de théologie dans le nouvel Ordre franciscain – le premier lien d’une chaîne de théologiens, de prêcheurs et d’écrivains qui, à travers les siècles, ont honoré l’Église. 

     

    Au début, saint François hésitait que ses frères se dédient à l’étude de la théologie. Il semble que les premières hésitations de saint François en ce qui concerne l’étude de la théologie reflétaient une méfiance qui existait souvent entre les instruits et les illettrés.  Saint François ne voulait pas que ses frères oublient ce qu’est l’humilité.  Mais, en reconnaissant la solidité du fondement de sa doctrine et l’intégrité de la morale de saint Antoine, une exception fut faite.

     

    L’authenticité de la lettre qui autorise cet enseignement et le situe dans un contexte typiquement franciscain est largement accepté par les spécialistes.  Il est écrit : « À frère Antoine, mon évêque, je vous souhaite la santé.  J’approuve votre enseignement de la théologie aux frères, en stipulant bien que, compte tenues de ces études, vous ne diminuez en rien l’esprit de la sainte prière et de la dévotion, comme il est convenu dans la Règle.  Portez-vous bien. »

     

    Quelqu’un pourrait se demander de quoi avait l’air une leçon de théologie ou un enseignent sur la prédication avec saint Antoine ?  Selon les méthodes de ce temps, qu’il suivait, l’allégorie prenait une place importante dans l’explication de  la doctrine, comme les références constantes à la Bible. Ce style encourageait la clarté, la simplicité, une inquiétude d’être persuasif et pratique, ainsi qu’une attention particulière aux aspects rationnels et émotifs de la personne humaine.  L’objectif était de persuader les auditeurs d’appliquer les préceptes bibliques dans la vie de tous les jours.

     

    Parmi ses contemporains, saint Antoine était considéré comme un érudit biblique inégalé. Il semble que saint Antoine possédait une connaissance remarquable et qu’il était capable d’utiliser sa mémoire plutôt que les livres et qu’il savait s’exprimer avec une grâce abondante dans le langage mystique.  

     

    La Curie Romaine a demandé à saint Antoine de prêcher pour eux et, plus tard, le Pape Grégoire IX l’a complimenté en l’appelant « l’Arche du Testament ».  En 1931, le sept-centième anniversaire du décès de saint Antoine, la Congrégation des Rites a discuté de sa prédication et de son enseignement.  Elle a déclaré : « Le culte de Docteur, attribué depuis des décennies à saint Antoine de Padoue, est confirmé et s’étendra pour y inclure l’office liturgique de l’Église Universelle. »

     

    Le Pape Pie XII a eu l’honneur d’affirmer ce titre le 16 janvier 1946, avec la Lettre Apostolique « Réjouis-toi, heureux Portugal. »  En effet, saint Antoine demeure pour nous aujourd’hui un modèle de la prédication zélée de l’Évangile.  Il est « docteur evangelicus ».  Son utilisation de différentes techniques n’a pas distrait ses auditeurs mais elle a plutôt renforcé son efficacité.   

    L’emploi de «concordances» a permis à Antoine de bâtir un  étalage plus large que les l’Évangiles seuls permettent.

    SRP Spilsbury, The Concordance of Scripture: The Homiletic and Exegetical Methods of St. Antony of Padua


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    Il y a un nombre incalculable de livres écrits sur la prédication dans la tradition catholique.  Un en particulier, par le capucin Richard Hart, ne laisse aucun doute quant aux qualités qui sont essentielles pour des homélies efficaces, par les titres donnés aux chapitres : la préparation n’est pas négociable, devenir une prière, allumer un feu, la créativité, bonne imagerie, langage simple, illustrations, raconter des histoires, persuasion, humour, le prêcheur comme un prophète, la prêche biblique et la proclamation de l’Évangile.

     

    Une de mes autorités préférées sur la prédication est Walter Burghardt, s.j.  Il confesse que les influences sur sa prédication viennent de sources éclectiques comme les Pères de l’Église, John Henry Newman et une poignée de prêcheurs protestants contemporains, particulièrement Frederick Buechner et Joseph Sittler.

     

    Comme Hart, Burghardt met l’emphase sur la nécessité d’une l’imagerie évocatrice et sensée.  Je crois que cela fait toute la différence entre un message qui fait appel au cœur ou à l’intelligence (ou ni l’un ni l’autre) et celui qui fait appel aux deux.  L’intelligence demande que l’image ait du sens; le cœur a besoin qu’il soit évocateur.  La combinaison les rend plus efficace : une impression durable qui appelle à l’action.  C’est, pour moi, le test d’une bonne homélie.  Est-elle à la fois source d’information et d’inspiration? Ai-je appris quelque chose et est-ce que mon acquiescement au message entraînera ma conversion?

     

    La prédication efficace est coûteuse parce qu’elle me coûte ma vie : mon intelligence, mon esprit, ma chair et mon sang.

    Walter Burghardt, Preaching: The Art and The Craft

     

     

     

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    Puisse Dieu ouvrir votre cœur et votre esprit à la Parole de Dieu proclamée et expliquée par des gens de prière. Puissiez-vous être un canal de sa lumière et de son espérance.  Puisse le partage de la Bonne Nouvelle vous apporter paix et joie.

     

    Fraternellement,

     

    Richard Boileau

     

    Ministères Franciscains 

    Crib and Cross

    www.cribandcross.com

     

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