• Prendre soin… - Revue MESSAGE - nov. 2016

                                                                                                                                                 Novembre - Décembre 2016

    Prendre soin…
    • Etre attentif à, veiller sur quelqu’un (Larousse)

    • S’occuper du bien-être de qelqu’un (Le Petit Robert)


    Ces mots désignent une façon d’être envers les autres, envers toute créature, envers la création. Au fil des années le quotidien nous met en présence de bien de situations où cette attitude est demandée. La grande partie de telles situations ne poussent pas de grands cris ; au contraire, elles sont souvent silencieuses. Elles sont remarquées par un regard qui se laisse frapper, par des oreilles qui sont prêtes à entendre, par un cœur qui se laisse attendrir.

    L’appel au printemps 2015 de notre évêque Jean-Marie Lovey de participer, selon les moyens de chacun, à l’accueil et à l’intégration des réfugiés, a mis en marche un mou ve ment citoyen qui réunit des gens de tout bord ainsi que du Bas et du HautValais.

    L’Office de l’Asile a engagé une personne qui recueille et traite les offres, les propositions des habitants. Ainsi Mme Bourdin distribue les personnes de bonnes volontés dans un dense réseau de structures déjà existantes, d’autres récemment crées (salles de classes, boutiques de vêtements de deuxième main, etc.) à travers tout le Valais. Les Parrains et Marraines sont mis en lien avec un ou plusieurs nouveaux arrivants pour les devoirs à domicile, promenades, jardinage, découverte de la nature, sorties culturelles et autres.

    Pour ma part j’ai été parachutée au Centre Suisse-Immigré à Sion, dans les cours de français intensif donnés par deux titulaires de la Croix-Rouge. Deux demi-journées par semaine pour découvrir mes nouveaux concitoyens : hommes et femmes, jeunes et moins jeunes, souriants, graves, appliqués ou avec la tête ailleurs, de tout horizon professionnel – orfèvre, professeur de littérature, traducteur littéraire, mécanicien pour vélos, étudiants en mathématique, biologie, histoire, psychologie infantile, paysan, coif feuse, propriétaire d’une boutique de vêtements, architecte, et j’en passe.

    Sans m’attarder sur l’aspect scolaire j’aimerais parler du bain d’humanité dans lequel je plonge, la confiance que je reçois.


    La confiance qui m’est donnée quand Fitaw m’apprend le décès de sa mère, seule et loin, au pays. Djamal qui est en deuil pour son père décédé dans un centre d’enregistrement à Zu- rich, avec les secours appelés en retard parce qu’il pourrait faire semblant. Abadi qui raconte le trajet en camion à travers la Libye avec un chauffeur ivre et drogué. Un accident a causé la mort de sa mère. Pour lui une cicatrice à la main gauche qu’il me montre. Il a 20 ans. Burtukan, 21 ans, très effacée, enceinte de jumelles, sans permis définitif. Ma fille Ele na l’invite parfois à manger chez elle, lui passe des vêtements et affaires pour bébé.

    Burtukan habite la localité voisine de ma fille, elles se rencontrent en faisant les achats et elles sont amies sur Facebook.

    Ibrahim que je rencontre au marché et qui me paie un café ; il parle de sa solitude, de sa ville Alep qui était riche et belle, avec cinq millions d’habitants.

    Jordanos, en Suisse depuis quatre ans et demi avec un permis humanitaire, attendait avec impatience l’arrivée de ses fils Semere et Adanhom, seize et dix ans. Sur le trajet de fuite d’Erythrée, les enfants ont été arrêtés par des militaires-passeurs, ont été mis dix jours dans une prison sous terre, avec une tranche de pain par jour. L’ambassade suisse à Addis Abbeba leur a fourni les billets d’avion. Quelle joie de les accueillir à Cointrin ensemble avec leur mère. Nous sommes devenues amies, ses garçons sont comme des neveux pour moi.

    D’autres arrivants dans notre famille – ils habitent bien sûr tous chez eux à Sion, Sierre, Martigny, Châteauneuf-Conthey – Jonatan, le guitariste qui fait de la musique avec Corentin et Sylvia, ma chère Fiory qui m’accompagne souvent pendant la promenade avec notre chien, Regat qui commencera à Brigue un apprentissage en hô tel lerie. Mes garçons footballeurs Awat, Tesfay et Kiros.

    La liste des noms avec leurs histoires personnelles souvent tragiques est longue. A ce début d’année scolaire, il y a de nouveaux visages à connaître, des joies et des peines à partager. Avoir soin de la personne qui se penche là sur son vocabulaire.

    Rose

    PS: Mieux que le Larousse et le Petit Robert, voir Luc 10, 30-35

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