• THÉOLOGIE – La terre à personne ? E&E

     

    Un article récent de Loup Besmond dans La Croix fait le point sur un point théologique qui reste à dénouer dans notre rapport au monde : celui de la doctrine de la « découverte », qui a induit des comportements insupportables. A l’égard des personnes et aussi de leurs terres. 

     » Il faut remonter à la fin du XVe siècle pour trouver l’origine de cette doctrine, à l’époque où Alexandre VI émet des bulles papales partageant le Nouveau Monde, à peine découvert, entre les royaumes d’Espagne et du Portugal. Nous sommes en 1493 lorsque la bulle Inter caetera est signée, attribuant la majeure partie de l’Amérique du Nord à l’Espagne, tandis que le Portugal se voit octroyer la partie sud du continent. Cette doctrine se heurte à une autre théorie, d’inspiration anglo-saxonne, qu’adopteront les Français et les Anglais, et qui prétend plutôt qu’un découvreur peut prendre possession d’une terre. Pour cela, il suffit de déclarer la terre « terra nullius », c’est-à-dire n’appartenant à personne. Et les autochtones, qui vivent sur place, ne sont pas un obstacle à la conquête, puisqu’ils sont considérés comme de simples occupants, et non comme des propriétaires. Au XVIIe siècle, la propriété est d’ailleurs liée à l’agriculture, au sens européen du terme. « Selon cette logique, il est non seulement permis de saisir les terres des autochtones, mais il est aussi vertueux de le faire. En effet, les terres deviennent plus productives et, ainsi, plus rentables », peut-on ainsi lire dans le rapport, publié en 2015, de la Commission vérité et réconciliation du Canada. Depuis plusieurs dizaines d’années, cette doctrine, qui a permis aux colons de s’accaparer des terres occupées par des autochtones, en se targuant d’une justification religieuse, est l’un des points de tension entre les représentants des communautés indigènes du Canada et l’Église catholique. Même si les bulles d’Alexandre VI ont par la suite été abrogées par des bulles et encycliques postérieures, les représentants des autochtones estiment aujourd’hui qu’elles ont profondément ancré une mentalité selon laquelle il fallait éradiquer la culture indigène, contribuant à créer les pensionnats autochtones. Aussi la Commission vérité et réconciliation de 2015 a-t-elle demandé au gouvernement canadien d’officiellement « répudier les concepts utilisés pour justifier la souveraineté des peuples européens sur les territoires et les peuples autochtones, notamment la doctrine de la découverte et le principe de terra nullius (territoire n’appartenant à personne) ». Les auteurs du rapport ont fait la même demande « aux intervenants de toutes les confessions religieuses et de tous les groupes confessionnels qui ne l’ont pas déjà fait »

    Au final, le pape François n’a pas abordé cette question directement, préférant insister lourdement sur celle de la colonisation et de ses traductions contemporaines dans de nombreux dominantes. Il a ainsi évoqué le voyage de Jean Paul II au Sénégal où il a évoqué le drame de l’esclavagisme. Du coup, le pape François a confirmé que, de son point de vue, on peut bien parler, même au Canada, d’un génocide pratiqué à l’égard des populations autochtones par différentes manières de vouloir s’accaparer leurs terres et éradiquer leur culture. 

    Source : La Croix

    Illustration : oeuvre de Franck Zucht

    Source https://eglisesetecologies.com/

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