Deux jésuites y relatent chacun une expérience différente mais allant toutes les deux dans le sens de la fraternité à vivre en paroisse : Etienne Grieu à Poissy en région parisienne et Vincent Lascève dans un ensemble paroissial proche de Toulouse.
Extraits :
« L’Eglise a souvent tendance à vivre la solidarité sur le mode de la sous-traitance. Une famille est en difficulté ? Allez voir l’équipe du Secours catholique ! On découvre qu’une personne est très isolée ? La Conférence Saint Vincent de Paul s’en chargera. (…)
Bien sûr il faut dans l’Eglise, comme pour la société, des personnes formées et compétentes afin d’accompagner celles et ceux qui, aux yeux des autres, n’ont pas de valeur et ne sont plus invitées à entrer dans le jeu des échanges. (…) Mais il ne faut pas que l’engagement de ces personnes soit le prétexte pour que la communauté dans son ensemble, considérant que les problèmes sont pris en charge, se désintéresse de ceux qui sont en détresse.
C’est précisément ce que vise le Réseau de fraternité et proximité mis en place dans le groupement paroissial de Poissy, Villennes et Médan (Yvelines) depuis 2006. Son projet est ‘d’éveiller tous les paroissiens à la solidarité de proximité : ouverture du cœur, attention aux autres… et les inciter à poser des gestes concrets.’ » p. 15-16
A Castanet-Tolosan…avec la Famille Bartimée
La démarche est un peu différente à Castanet-Tolosan, s’inspirant de ce que vivent les Sœurs de la Bonne Nouvelle avec les personnes du Quart-Monde.
« La Famille Bartimée est un service paroissial qui fait partie, avec le Secours Catholique et le Café Amitié, du « service du frère » (ou diaconie) comme il existe aussi dans la paroisse, d’autres services comme la catéchèse, la liturgie, les équipes de baptême, de funérailles, etc. La dimension paroissiale est fondamentale pour ses membres, car ils croient à la fécondité d’une fraternité comme Bartimée au cœur d’une paroisse : la Famille Bartimée s’enrichit de la participation à la vie liturgique et festive de la paroisse ; et réciproquement les paroissiens sont ramenés à une foi plus profonde au contact des plus pauvres. Les personnes accueillies à Bartimée, une quinzaine actuellement, n’ont pas un profil-type défini. Elles ont cependant toutes en commun de vivre une vie très difficile en raison d’une forme d’exclusion sociale. »… p. 47-48
Vivre la fraternité
Le fruit majeur de ces expériences a pour nom fraternité, « ce mot qui est une invention chrétienne, apparaissant pour la première fois dans le Nouveau Testament (1 P 2, 17 et 5, 9), jamais employé auparavant par les auteurs non-chrétiens. Lorsqu’il fait irruption, il nomme une réalité jusqu’à présent jamais désignée comme telle : une communauté de frères, de sœurs, autrement dit des personnes qui se reconnaissent unis par des liens extrêmement forts. (…) Il s’agit de « se reconnaître adoptés comme frères par le Christ, qui, dans le même geste, remet les croyants dans la relation à leur Père. » p. 82-83
Un beau défi à relever pour faire de nos communautés des lieux fidèles à l’Evangile !
Marie-Dominique, Equipe France
Vers des paroisses plus fraternelles – Etienne Grieu et Vincent Lascève – Ed. Franciscaines – décembre 2016