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« Vivre sa foi » - Suzanne G Testut
Rencontre des Groupes de Vie Evangélique
Perpignan 22 septembre 2013
« Vivre sa foi »
Pourrait-il y avoir meilleur sujet en cette année de la foi ? Si nous sommes ici, ensemble, c’est que nous avons le désir de nous exercer à vivre notre foi. Nous avons le désir de vivre l’évangile à la suite du Christ, non seulement « à la suite » mais « avec » le Christ.
Jésus, lors de sa prédication en Galilée, (départ vers la croix) fait bien la différence entre ceux qui viennent l’écouter mais sans l’accompagner et les disciples qui se distinguent nettement. En effet, la caractéristique du disciple est d’être « en chemin » « avec » Jésus. (Lc 9, 18-27).
A cette fin, posons-nous quelques questions
- 1. Nous reconnaissons que Dieu est Dieu, mais acceptons-nous que Dieu soit Dieu en nous ?
En un mot, sommes-nous suffisamment déterminés pour entrer dans cette dynamique spirituelle, exigeante, certes, mais dont le seul critère est la foi.
Nous croyons Dieu parce qu’il est Vérité et Vie. Nous croyons « en » Dieu quand nous l’accueillons dans notre propre vie, car sa place, dans notre vie, c’est d’occuper le tout de notre être : Il est le Tout. Pour entrer dans cette dynamique spirituelle, il nous faut devenir hospitalité.
2 Voulons-nous que le Christ soit le Maître de notre vie ?
Si dans un acte de foi, nous laissons le Christ s’établir en nous, et qu’alors il habite en nous comme en sa demeure, de quoi pouvons-nous avoir besoin que nous n’ayons point déjà ? En effet, nous avons fait le vrai choix, celui de communier librement à la vie divine : écouter le Christ et se laisser écouter par lui.
Dans un acte de foi, suivre le Christ et marcher « avec » Lui avec un cœur résolu, c’est entrer, puis demeurer sur un chemin de confiance qui peut durer toute la vie. Cependant, cette confiance doit toujours demeurer humble car, si la foi devenait une prétention spirituelle, elle ne conduirait nulle part.
Le souffle de la confiance peut être retenu par les tourments suscités par nos souvenirs proches ou lointains, par les évènements auxquels nous sommes confrontés, par les choix du monde dans lequel nous vivons, par l’opinion des gens. L’évangile suggère de ne pas regarder en arrière, de ne pas nous attarder à nos échecs, de ne pas nous laisser emporter par les courants, par les modes, de ne pas entrer dans les polémiques et dans ces bavardages qui encombrent notre personne et l’éloignent de la confiance du cœur.
La joie de l’évangile, l’esprit de la louange, supposent toujours une décision intérieure : Vivre de la vie du Christ. Opposons à l’opinion des gens, la connaissance du disciple qui s’exprime dans la confession de foi.[1] Plus que jamais, en ce moment, ayons confiance et accueillons l’espérance.
Avoir confiance c’est donc choisir et poser un acte libre : faire le passage de la confiance à l’espérance. Grâce qui nous fait aller bien au-delà du découragement qui la détruirait. Ainsi, dans la lumière de la foi, jaillit en nous la force de cette vertu : je pose ma vie, je la re-pose en Dieu. Qu’il soit béni. Tout chrétien est appelé à manifester sa confiance en Dieu, la joie et le sourire en témoignent.
3 Avons-nous le désir de nous laisser agir par l’Esprit de Dieu ?
A travers son expérience intime du sacré, François d’Assise, dans son Cantique des Créatures, nous fait découvrir comment les réalités cosmiques, frère vent, frère soleil … peuvent nous conduire à la profondeur de notre intimité.
S’exposer au vent : Offrons-nous de l’intérieur au souffle qui va balayer toutes nos installations, bousculer nos cloisons et faire sauter nos barrières. Laissons l’Esprit de Dieu se joindre à notre esprit, non dans un souci de renoncement à notre personnalité mais au contraire pour la conquérir par la restauration de notre âme. Nous pouvons accueillir notre humanité et tout ce qui la compose avec le désir de nous laisser agir par l’Esprit de Dieu.
S’exposer au soleil : Laissons-nous façonner par les mains de Dieu – son Fils Unique et l’Esprit-Saint – comme une boule de cire afin qu’il fasse fondre la croûte d’endurcissement qui nous recouvre et que peu à peu l’image reprenne forme à travers les précieux dons qu’il a mis en nous. Ces dons manifestent tous l’expérience réelle de la Présence.
S’exposer au feu : Laissons-nous brûler par le feu purificateur qui va nous apprendre à changer d’attitude et à entrer dans une transparence devant Dieu. Quand l’âme est touchée par le feu de l’Esprit, elle s’élance.
S’exposer aux astres : Apprenons à voir la lumière dans la face nocturne des choses. Cette lumière qui nous donne la force d’affronter le monde et d’oser notre foi et va donner sens à notre vie.
S’exposer à l’eau : Consentons à nous laisser conduire là où la vie se manifeste dans sa Source. Jésus se manifeste à la Samaritaine comme l’eau vive à laquelle l’homme aspire dans sa soif la plus profonde, la soif de vie, de « vie en abondance ». Croire en Jésus, c’est boire la vie qui n’est plus menacée par la mort. Je peux dire alors sans peur : « J’irai là où l’amour de Dieu me conduira » (Mgr Valdimir Ghika – prêtre roumain, mort martyr – sera béatifié le 31 août à Bucarest)
S’exposer à la terre : Descendons en nous-mêmes dans une démarche de profonde humilité. Brûlons les ombres de la terre au feu de la prière et de l’Esprit. Ne nous laissons pas affaiblir par la tiédeur, l’indifférence, le manque de pardon. Ainsi, notre terre deviendra un ancrage sûr qui nous permettra de nous tourner vers le ciel sans chanceler.
Les pieds dans l’eau, solidement ancrés en terre, s’élançant vers le ciel, exposés à tous les vents, les palmiers du désert sont une belle image de l’homme spirituel. Le palmier est le symbole de l’espérance. Les tempêtes passent, il est toujours là, tourné vers le ciel. [2]
Apprenons à sortir de nos ténèbres, pour laisser danser notre vie, pour laisser brûler notre cœur, pour laisser jaillir son Amour. Que tout en nous chante sa gloire. Devenons témoin de l’image que nous contenons.
Dieu nous invite à le suivre
- Vivre sa foi ne peut s’accomplir que dans un désir
Dans cette invitation il y a le désir de Dieu et le nôtre. Dieu se révèle et cherche l’homme inlassablement, non pour le convaincre et l’asservir mais pour le « rencontrer » au cœur d’une vraie relation. Il cherche l’homme avec une intensité d’amour infinie. Mais, dans son immense respect pour sa créature, il attend d’elle le signe de son désir et il assume jusqu’au bout la liberté qu’il nous a donnée. Un seul regard de notre part et son regard en retour nous enveloppe de sa lumière, un seul appel et il est là, un seul mot d’amour et il nous prend dans ses bras.
- Vivre sa foi : entrer dans une fidélité et répondre à la grâce qui nous est donnée par Dieu
La fidélité est un appui solide duquel vient notre consolation. Plus forte que le doute, que le ressentiment et la colère, elle est exigeante et ne doit pas céder à la facilité. Dans la fidélité, c’est la liberté de Dieu qui s’exprime. C’est pourquoi, confions-nous en nous appuyant sur la fidélité, sur la solidité de Celui qui nous écoute, le Christ. Cela implique aussi de notre part, écoute sincère, fidélité, réciprocité d’amour.
Reconnaître ce qui peut se réclamer de l’Esprit du Christ, vivre sa foi, consiste à faire usage de notre loyauté, à utiliser les évènements de notre existence pour faire naître une fidélité et demeurer dans l’amour. Cela demande aussi de l’audace. Ayons soif de vérité, pas d’opinions ! Ayons soif de ce qui Est, pas de ce qui meurt. Si nous n’osons pas avancer et persévérer dans nos désirs ou nos projets, notre frilosité nous enferme et nous prive de « l’avis » de Dieu et donc de son réajustement salutaire qui nous convertit à son désir. Nous passons à côté de la grâce.
Au cœur même de l’épreuve, Dieu reste présent et sa fidélité travaille déjà à notre relèvement.
- Vivre sa foi : demeurer dans l’amour
Le fruit que le Seigneur attend de nous est l’Amour qui accepte avec lui le mystère de la Croix, l’Amour qui nous fait participer à son don de soi pour devenir la vraie justice.
C’est le fait de se tenir patiemment dans la communion avec le Seigneur au milieu des vicissitudes de l’existence, ce que les Pères appellent persévérance.
C’est marcher avec constance sur les chemins monotones du désert que nous sommes appelés à parcourir dans la vie. Avancer patiemment pour ne laisser que l’adhésion profonde et pure à la foi. (Benoit XVI Jésus de Nazareth p 288-289) L’amour prend alors la place de la croix.
C’est l’Amour qui nous fait devenir « un » avec Jésus. L’homme vit de la vérité et du fait d’être aimé, d’être aimé par la vérité. Il a besoin de Dieu. Certes, nous avons des besoins humains, nous avons besoin de la nourriture pour le corps mais, plus profondément, nous avons aussi besoin de la parole, de l’amour, de Dieu lui-même. La vie en abondance, voilà ce que chacun désire.
- Où la trouvons-nous ? Quand et comment avons-nous la « vie en abondance » ?
« Moi je suis venu pour que les hommes aient la vie, pour qu’ils l’aient en abondance » (Jn 10, 10)
Jésus, le Verbe de Dieu incarné, n’est pas seulement le pasteur, mais il est aussi la nourriture. Il donne la vie en se donnant lui-même, lui qui est la vie (cf. Jn 1,4 ; 3, 36 ; 11, 25) Dieu ne donne pas quelque chose, il se donne.
Ainsi, communier au Corps et au Sang du Christ, libère les forces grâce auxquelles nous pouvons trouver pour nous-mêmes et pour les autres, les biens qu’on ne peut avoir que dans le partage.
« S’étant approchée de la Lumière, l’âme devient lumière » (Grégoire de Nysse IVè s.)
Beaucoup parmi nous, sont engagés en Eglise. Je vais rappeler les paroles de notre Ministre de Fraternité Franciscaine, Claude Gaston.[3]
« La communion eucharistique est loin d’être un geste anodin. Le convive, en mangeant le pain de la Pâque de Jésus-Christ, rappelle à Dieu qu’il s’est engagé et qu’il a besoin de ce pain pour aller plus loin dans son engagement.
L’Eglise rappelle clairement aux chrétiens qu’ils ont à renouveler les engagements du Baptême (sacrement qui agit en permanence) lors de la veillée pascale. Nous pouvons dans nos cœurs les renouveler à chaque eucharistie.
- Je reçois, gratuitement, j’ai obligation d’apporter, de témoigner gratuitement, dans la joie.
- Je descends, je remonte avec le Christ, dans la joie. La joie c’est la marque de l’Esprit Saint.
- Je descends avec mon frère pour l’aider à remonter dans la joie. Etc.
Enfin, et ce sera ma conclusion
- Vivre sa foi : pour vivre l’esprit de fraternité.
La foi procure la force de se déposséder soi-même et de se sentir responsable de son prochain comme de la société.
Saint François d’Assise nous invite à une fraternité universelle enracinée dans la personne de Jésus.
«Tout homme est mon frère. Et il y a lieu de le servir pour le porter à l’amour de Dieu en toute joie et allégresse. »
Notre monde actuel crève de faim et de soif. Montrons le chemin qui conduit à la Source !
- Pour vivre sa foi … Il faut que l’amour l’emporte … en moi !
Une prière
Cette prière de Sören Kierkegaard[4] est un appel à la miséricorde. Miséricorde de Dieu envers nous-mêmes et miséricorde que nous devons à notre prochain … « Aime-ton prochain comme toi-même » !
Père céleste, ne sois pas avec nos péchés contre nous,
Mais avec nous contre nos péchés ;
Afin que ta pensée, quand elle s’éveille en nous,
Chaque fois ne nous rappelle pas nos fautes commises, mais ton pardon,
Ni comment nous nous égarâmes,
Mais comment tu nous sauvas.
… Ne condamne pas ton frère mais les passions qui l’habitent.
Suzanne Giuseppi-Testut - ofs
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[1] Cf Benoit XVI – Jésus de Nazareth – p 321
[2] « Le vent souffle où il veut, et tu en entends le bruit ; mais tu ne sais jamais d’où il vient, ni où il va. Il en est ainsi de tout homme qui est né de l’Esprit » (Jn 3,8)
[3] Fraternité « Les alouettes de saint François » Perpignan-France
[4] Philosophe chrétien, Danois
Tags : dieu, vie, foi, vivre, christ
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