• 1er EXTRAIT du LIVRE- Journal d’un malade ordinaire - Élisabeth

    Je désire témoigner en ces pages du fait invraisemblable et étonnant, que si je n’ai pas guéri de ma maladie, j’ai guéri là où je ne savais pas que j’étais malade, là où nous tous, sans exception, bien portant ou mal portant, nous sommes malades sans le savoir : dans « notre être en relation ».  (LIVRE- Journal d’un malade ordinaire - Elisabeth Smadja)

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    1er extrait

    Je suis malade. Gravement malade. Peu importe le nom de ma maladie. Je suis un scarabée retourné sur le dos. Un papillon dont les ailes seraient épinglées sur un drap. J'essaie de décoller mes ailes. Une douleur fulgurante. Comme si on m'arrachait la peau. Je me regarde...d’en haut. Comme si j'étais deux. En bas, mon corps plaqué, impuissant dans un lit, en haut mon esprit agile qui le regarde et qui lui parle.

    J’ai appris des choses étranges sur moi. J’ai appris que mon corps c'était moi, qu’il fallait me parler en lui parlant.  Moi je croyais que j'étais qu'un esprit et que mon corps n'était qu'un véhicule corvéable à merci. Je croyais que j’étais une âme dans un corps : juste une colocation de quelques années, après, bon débarras ! Le chef c’est moi, la servante c’est lui.  Je n’ai pas compris, j’ai mal compris, il faut dire qu’on ne vous explique pas ou très mal, très obscurément ce qui fait qu’on peut comprendre tout de travers, flageller ce corps, ne pas en prendre soin, l’affamé, le délaissé, le dompter et par ses rudoiements se croire un saint, se croire proche de Dieu, alors qu’on s’éloigne d’une manière inimaginable….Car le pauvre, la veuve, la délaissée, l’épouse « inépousée », le malade dont il faut s’occuper, c’est lui.

    Une âme incarnée dans un corps, c’est l’histoire d’un couple. Pour que ça marche bien ensemble, il faut se parler, veiller au besoin l’un de l’autre, se faire plaisir, se donner de la place, pour réaliser l’union parfaite, celle qui donnera du fruit, le fruit messianique.

    Un beau jour, mon corps, aujourd’hui, je dis mon épouse, oui, je le considère amoureusement, comme une épouse, la mienne, bien fatiguée, déformée. Épouse négligée lorsqu’elle était belle, vaillante, épouse dont je prends soin à présent et que j’aime telle qu’elle est. Nous tentons de faire « chair une », c’est-à-dire « annonce une ».

    Un beau jour donc, mon corps s'est mis en stand -by et comme je ne l'écoutais toujours pas, il a hurlé dans le brasier de l'inflammation pour se faire entendre, jusqu'à ne plus bouger. Je lui ai dit que j'avais compris le message,  je lui ai demandé pardon, je lui ai dit que je l'aimais, je l'ai même touché, caressé. Mais c'était comme si c’était à son tour de ne pas m'entendre. Où veut-il me conduire ainsi toujours plus loin dans la souffrance, le handicap, la solitude et le silence ? Que cherche-t-il encore à me dire? Les souvenirs qui affluent. Le passé cent fois re-visité, décortiqué. Jusqu'à quand ces larmes vont-elles couler? A un moment la source s'est tarie. Ah comme j'ai regretté d'avoir pesté contre elle! Des yeux secs, ça brûle! Comme des grains de sable sous les paupières qui restent collées. Rouvre toi ma source!

    https://emeth-editions.com/produit/journal-dun-malade-ordinaire/

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