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Compte rendu de mission au Maroc avril/mai 2013 (5 de 7) - Suzanne
Compte rendu de mission au Maroc avril/mai 2013 (5 de 7)
Notre sœur Suzanne Giuseppi-Testut, ofs, arrive d’une mission au Maroc et nous partage ses découvertes, Merci Suzanne.
Midelt – devant l’entrée du Monastère Notre Dame de l’Atlas – quelques soeurs ayant participé à la session.
« Après Cécile … »
Le petit groupe de trois prennent la suite, vaillamment puisque désormais la fraternité est officiellement reconnue. Mais elles ne savaient pas combien leur foi et leur courage seraient mis à l’épreuve et combien de fois la frêle petite pousse semblerait prête à disparaitre. La maladie emporte une des trois, en éloigne une autre. Mais une autre sœur arrive. Cependant la fraternité est réduite à deux sœurs et sans infirmière. Fallait-il fermer la tente, la fraternité à peine naissante ou se sédentariserait-elle ?
Le Conseil, après une soirée d’échange, se prononce à une très forte majorité pour une sédentarisation dans un village, en restant au service des nomades, avec « possibilité de tournées avec la tente ». Le choix se fixe sur Tatiouine, joli petit ksar à une quinzaine de kilomètres de Midels. Ce village, situé au confluent de plusieurs vallées, est un lieu de passage pour les nomades qui se rendent à Midelt pour le souk hebdomadaire. Le choix est donc bon.
Les sœurs trouvent rapidement une maison, ancienne grange et écurie, tout est à faire, tout est à apprendre. C’est un nouveau départ. Elles sont à pied d’œuvre pour vivre ce qu’elles écriront plus tard dans leur projet commun : « Vivre avec les nomades et les habitants de Tatiouine pour nous entraider à grandir ensemble comme des mères qui construisent le Royaume de Dieu ».
Cependant un problème important reste, celui de l’infirmière. La majorité des sœurs n’était pas acquise à cette insertion encore mal comprise et qui, en outre cumulait les épreuves et n’arrivait pas à se stabiliser. Mais n’y en avait-il vraiment aucune qui soit prête à se donner à ce genre de mission ? Cependant, dit-on, les voies de Dieu sont impénétrables.
Une sœur, infirmière à l’hôpital des lépreux d’Aïn Chock à Casablanca se présentera à la suite d’un concours de circonstance. Elles sont donc à nouveau trois et une d’elles est infirmière. L’avenir est assuré.
S’appuyant sur la « possibilité de tournées avec la tente », la fraternité décide de se partager entre le village, l’hiver, quand les bergers s’en rapprochent, et la montagne, l’été, quand les tentes des nomades se déplacent sur les hauteurs. Les soeurs montent donc la tente (une tente dispensaire et jardin d’enfant – une tente pour elles) du début mai à la fin septembre, dans un rayon de deux à trois heures de mule, chaque année dans une direction différente. Elles se déplacent avec une famille berbère amie. Quand la famille se déplace, elles suivent. Puis, du début octobre à la fin avril, elles redescendent à Tatiouine.
De cette proximité, à partir de rien mais avec la bonne volonté des nomades, va naître une coopérative de tissage. Reconnue officiellement en l’an 2000, elle est composée de quatre berbères analphabètes – un couple, un garçon et sa mère - et des trois religieuses. Les femmes travaillent chez elles, sous la tente, elles tissent couvertures et tapis et peu à peu des petits travaux se rajoutent, sacs et coussins. L’argent qu’elles gagent est pour elles.
J’ai eu la joie de rencontrer sœur Simone Bocognano qui a vécu 9 ans sous la tente. Derrière son témoignage se devine l’immense richesse d’une telle expérience de vie. Elle insiste sur la beauté des relations qu’elle a vécues avec ces nomades berbères mais aussi sur l’unité qui existait avec ses deux autres sœurs. La vie est dure pour les bergers mais le soir ils venaient étudier le français et le calcul et celui qui savait un peu apprenait aux autres.
En fin d’après-midi, raconte-t-elle, au moment de l’adoration, les enfants faisaient la garde pour ne pas que les sœurs soient dérangées et, quand le pain que les femmes cuisait était prêt, elles l’apportaient discrètement en le passant sous la tente. Un jour, les sœurs ont demandé à ces femmes : « Qu’est-ce qui est beau pour vous ? » La réponse a été immédiate : « Le pain que l’on partage. Il est bien meilleur que celui que l’on mange tout seul ».
A ce jour
Les nomades se sédentarisent, les communautés vieillissent et il y a peu de candidates pour « la tente ». La tente a été vendue. Deux sœurs occupent la petite maison de Tatiouine, sœur Barbara, infirmière, responsable officielle du dispensaire et soins dans les villages environnants et sœur Marie, enseignante. Leur vie est extrêmement simple, elles partagent le quotidien et la pauvreté des familles berbères. La solidarité est toujours présente, ce sont les habitants de Tatiouine qui fournissent le pain aux sœurs. La coopérative fonctionne toujours et deux petites pièces ont été aménagées très joliment grâce à des dons, pour assurer le soutien scolaire des petits et des plus grands. L’étranger qui passe est le bienvenu et les aides de toute sorte, appréciées. Le week-end, Barbara et Marie retrouvent leurs sœurs de Midelt pour un temps de partage.
« Rien de grand ne se fait sans une parcelle d’amour »(Maréchal Lyautey)
L’histoire de la Kasbah Myriem illustre bien ces paroles.
Citons l’expérience vécue par sœur Lucie DALVISANT
Une petite communauté mixte composée de deux frères franciscains et de trois sœurs, installée à Agouim dans le Grand Atlas. Les frères s’occupaient de former les jeunes au métier de menuisier. Quant à sœur Lucie, elle a été en tant qu’infirmière « l’accoucheuse officielle » de tout le secteur durant 30 années. Quand il y avait un cas difficile, elle évacuait à Ouarzazate. Respectée et aimée de tous les habitants de la région, elle est toujours considérée comme la grand-mère d’un très grand nombre.
(La suite suivra au 3- 4 jours)
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