Shavouot

50 jours après la sortie d’Égypte, les fils d’Israël reçurent au mont Sinaï la Torah.

Mais qu'est ce que la Torah ?

Le mot Torah a été traduit à tord par loi faisant de la religion du peuple juif une religion légaliste et rigide. Ce mot signifie "enseignement" et pourrait venir soit du verbe HVRH qui traduit les verbes :montrer le chemin, enseigner ; soit de la racine TVR qui signifie :circuler, explorer, examiner, collier et tourterelle. La parole de Dieu oriente notre être, creuse en nous des mondes à explorer, y forant de nouveaux espaces de compréhension et d’amour. Voix de la tourterelle qui roucoule tendrement à nos oreilles, ornement précieux qui orne notre cou, gage de l’amour du Très haut, qui ravive notre amour. On peut aussi le rapprocher de la racine YRH qui signifie :lancer, jeter, comme dans l'expression "lancer une flèche". Une flèche pour toucher et orienter le cœur de l'homme vers le cœur de Dieu. Le fait que le péché ou la faute, en hébreu 'hâtât, a une racine qui signifie "manquer le but", paraît très significatif.

 On nomme Torah aussi bien les 10 Paroles que l'ensemble des 5 rouleaux que Moïse écrivit sous la dictée de Dieu au mont Sinaï. Il sont connus de nous sous le nom de Pentateuque. Le nom hébreu de chacun de ces livres est à lui seul, un parcours verbal qui nous dit que Dieu est relation et qu'il désire avoir une connexion personnelle avec chacun de nous. 

Béréchit (Genèse) signifie au commencement ou plus précisément dans le principe ou dans le

voir, un face à face qui permet le dialogue. Shémot (Exode) signifie les noms, car dès les premières lignes, on énumère le nom des familles qui sont descendus en Égypte. Toute relation commence par le don des noms, Dieu nous donne le sien et il nous appelle par le notre. Vayqra (le Lévitique) signifie, il a appelé, c'est le livre des prêtres ; Bamidbar(les Nombres) signifie dans le désert ou dans la Parole ; Devarim (Deutéronome)les Paroles.

Ces 10 paroles ne sont à aucun moment appelées dans le texte commandements, il s'agit d'une traduction trahison. Dieu ne commande pas,  il est relation, il vient à notre rencontre, il nous parle. Il s'adresse à Abraham puis à tout un peuple issu de lui et dans le christ à chacun d'entre nous quelque soit la nation à laquelle on appartient.

La première de ces paroles est : « Je suis l’Éternel ton Dieu qui t'ai fait sortir d’Égypte.... »

Je suis, anokhi, moi, est l' acrostiche de la phrase en araméen : « ani nafchi ktavit  yahavit: » moi, mon âme je donne dans l'écriture. Dieu  se donne à nous, tout entier, dans son livre.

Comme dans toute relation, il y a d'abord les présentations. Il nous dit qui il est. Il est celui qui a entendu notre plainte et  qui nous a délivré en nous faisant sortir du pays de la servitude, de nos limites et nos tristesses. C'est uniquement lorsqu'on sort de ses prisons personnelles, que l'on peut entendre sa voix -la marche commune peut commencer.

Ces paroles étaient gravées dans la pierre even (aleph beit noun)), mot qui si on le coupe, si on le circoncit peut se lire : ben, le fils, de l’aleph, du Un.
Dieu, Père, grave en nous Sa Parole, véritable semence divine afin qu'elle fasse de nous des Fils. Dans le mot even,  le mot av (père) et  ben (fils) sont comme entrelacés. Le risque, si nous passons à côté de ce dévoilement du à ce travail de circoncision du cœur et des lèvres,  de rester de pierre, oubliant de nous laisser transformer jusqu’à devenir fils.

Yéshoua le messie ou Jésus christ a dit qu'il était venu accomplir la Torah, avec le  soucis de ne pas en changer un seul yota, c'est à dire un yod, la plus petite des lettres de l'alphabet hébraïque. De la Torah sort la Bessora Tova, qui signifie Bonne nouvelle ou Évangiles. Le fils de l'homme, fils de Dieu a amené à sa réalisation le projet divin en donnant sa vie pour le salut d'Israël et des nations afin que Son règne advienne.

 Pentecôte.

50 jours après Pâques, les apôtres « se trouvaient réunis tous ensemble. Soudain, il vint du ciel un bruit pareil à celui d’un violent coup de vent : toute la maison où ils se tenaient en fut remplie. Ils virent apparaître comme une sorte de feu qui se partageait en langues et qui se posa sur chacun d’eux. Alors ils furent tous remplis de l’Esprit Saint. Ils se mirent à parler en d’autres langues, et chacun s’exprimait selon le don de l’Esprit. (…) Lorsque les gens entendirent le bruit, ils se rassemblèrent en foule. Ils étaient dans la stupéfaction parce que chacun d’eux les entendait parler sa propre langue. » (Actes des Apôtres 2) Ainsi se réalisait la promesse faite par le Christ  au moment de son Ascension, une dizaine de jours plus tôt : « vous allez recevoir une force, celle du Saint-Esprit qui viendra sur vous. Alors vous serez mes témoins à Jérusalem, dans toute la Judée et la Samarie, et jusqu’aux extrémités de la terre. » ( Actes des Apôtres 1)

L'Esprit Saint n'est  pas un inconnu puisque dès les premières lignes du livre de la Genèse, il nous est nous dit que le "rouah Elohim", c'est à dire le "souffle de Dieu", plane à la surface des eaux. L'esprit de Dieu préside donc à la création. Dans la Première Alliance, les prophètes ont annoncé dans le Livre d'Isaïe 11,2 et 61,1 que le Saint-Esprit reposerait sur le Messie en vue de sa mission salvifique. Cette effusion de l'Esprit est le signe des temps messianiques. La descente du Saint-Esprit sur Jésus lors de son baptême(immersion) par Jean fut pour certains le signe qu'Il était le Messie attendu. Le saint Esprit se dit rouah a quodesh  en hébreu. Rouah est traduit en grec par les Septante par le mot  pneuma souffle ;  traduit en latin par spiritus,esprit...En passant du grec au latin le mot prend une connotation mentale, perdant son souffle.

Le jour de la Pentecôte c'est le souffle, le baiser divin d'amour du Père et du fils et du Fils et du Père que les disciples, que les chrétiens vont recevoir, vont inspirer jusqu'à ce qu'il devienne leur respiration.

Dans la Première Alliance, l’Esprit Saint était un don exceptionnel, accordé à des êtres eux-mêmes d’exception, tels les rois, les prophètes ou le grand Prêtre. Parfois cet Esprit  fondait sur une personne (l’Esprit souffle où il veut), la saisissant "de par derrière" selon l’expression de la Bible et toute la personne en était comme redressée, transformée et se mettait en mouvement pour Dieu en prophétisant. Ainsi du roi Saul et des Juges Gédéon, Samson. Et cet Esprit était si précieux, remplissait l’être de tant de plénitude puisqu’il le mettait en relation intime et personnelle avec Dieu, que l’homme n’avait qu’une crainte, c’était qu’il lui soit enlevé comme on le voit dans le livre de Samuel par exemple au chapitre 15 et dans les Psaumes comme le Ps 51 v.13.

 On ne mesure pas assez l'extraordinaire du don qui nous est fait, que Jésus nous a fait. On ne réalise pas que jusque là, le Saint Esprit n'était donné par Dieu qu'à certains élus qui, avant de le recevoir n'avaient aucune relation personnelle avec Dieu. C'est l’Esprit et lui seul qui prie en nous, sans lui nous sommes muets,  nous permettant d’avoir une relation intime avec Celui qui vit au plus intime de nous même. Il prie en nous en d’ineffables gémissements comme nous le dit Saint Paul. Il est prière. Une prière incessante qui dilate et travaille nos cœurs jusqu'à les rendre cœurs de chair, cœurs brisés, cœur du Christ, pain rompu donné en nourriture pour le Salut du monde.

Ainsi, l'Esprit-Saint ou le saint Souffle de Dieu préside à toute vie en Dieu Père et en Dieu Fils. Cet Esprit que le Christ laisse à ses disciples sous une forme concrète de langues de feu et d'ardeur à répandre la Bonne Nouvelle le jour de la Pentecôte, qui est donné particulièrement et singulièrement dans le sacrement de confirmation, se manifeste concrètement encore, bien que de manière invisible, dans certains sacrements comme l'envoi en mission des successeurs des apôtres avec l'Ordre, par le pouvoir de guérison dans l'Onction des malades et le pouvoir de pardonner en liant et en déliant.

Élisabeth

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