• DIEU DESCEND EN L’HOMME - Suzanne

    DIEU DESCEND EN L’HOMME

     

    http://ekladata.com/vz_fTdrTzKnjXam3CDw2hE1Y1Cw.jpgNous venons de vivre le temps de l’Avent et nous préparons à entrer dans celui du Carême. Pour saint François d’Assise, le mystère de l’Incarnation est le centre de sa spiritualité. Toutefois, l’Incarnation contemplée par François est toujours située dans le mystère totalisant de la Rédemption. Aucune référence à la Crèche ou à la naissance du Fils de Dieu, sans un rappel de la Croix ou de sa mort.  Pour François, Dieu descend.

    Si, avec Jésus le Christ, le message de Dieu à notre humanité a pris le nom d’Evangile, ce n’est pas sans raison. L’Evangile, n’est pas un livre. Ce n’est ni « pensée », ni une « doctrine », ni même une « philosophie ». Ce n’est pas une « pratique », ni une « ascèse », pas même une « croyance », encore moins une « religion ». C’est un évènement qui désigne l’annonce de la Bonne Nouvelle. L’Evangile proclame un évènement non seulement heureux mais décisif : Dieu descend !

    Dieu descend pour signifier qu’il est vain de vouloir se hisser jusqu’à lui par soi-même. Vain de croire de l’on peut monter. Quels que soient nos efforts, notre force ou notre intelligence, notre « bon cœur » ou nos « bonnes actions ».

    Dieu descend en l’homme quelle que soit sa naissance, sa vie, sa misère ou ses crimes.

    Comment ne pas voir ce que les Evangiles ne cessent de proclamer, ce que la liturgie célèbre mais que nous sommes si nombreux à ne pas recevoir. Empêchés de le reconnaître et d’en accepter toutes les conséquences. Certains êtres, entraînés dans les profondeurs abyssales et, quels que soient leurs doutes, en ont fait l’expérience.

    Dieu descend ? C’est insupportable pour qui veut le garder « en haut », afin de conserver le pouvoir ici-bas. Le pouvoir de décider qui vivra ou non, qui recevra son pardon ou non, qui lui sera agréable ou non. De plus, pour certains Dieu est au ciel, parce qu’Il est la pureté même et, qu’en aucun cas le Très-Haut ne peut se souiller avec le monde et la bassesse des hommes. Nous sommes peut-être nombreux à penser ainsi ? Nous croyons en Dieu. Nous « confessons le Christ, le Fils du Dieu Vivant ». Nous nous savons « sauvés par la foi ». Nous ne doutons pas de servir l’Evangile par nos bonnes actions. Nous avons choisi le « chemin » capable d’élever l’humain au-dessus de la laideur du monde. Jusqu’à Dieu, au-delà même peut-être, vers un Paradis dont nous avons finalement notre propre vision. Nous tenons à garder pure la Source de notre foi, nous préservons Dieu du mal, de tout le mal que nous voyons autour de nous.

    Consentons à l’évènement de la descente de Dieu en nous par le Christ, y compris au plus profond du mal. N’est-ce pas ce que François d’Assise a voulu nous faire comprendre par la crèche de Greccio ? Ce soir là, le ciel et les anges descendent dans cette grotte où se tiennent Marie, Joseph et Jésus. Ils descendent dans les profondeurs de la montagne qui n’est autre que celle de nos injustices.  Les villageois, les bergers des environs, tenant en mains des torches, descendent pour adorer. Voilà où Dieu est venu se faire Homme. Vertigineuse descente jusqu’au cœur de notre propre chair.

    Marie, l’humble, la minuscule ne dit rien mais on peut entendre ce qu’elle a à nous dire. Le Dieu qu’elle appelle Sauveur est venu rejoindre l’humanité déchue, celle qui se trouve tout en bas. Voilà où sont descendus l’Esprit de Dieu et la Lumière Eternelle : dans la nuit de cette grotte où les miséreux côtoient les misérables.

    Saint François d’Assise, nous montre d’un coup l’évènement proclamé par la Bonne Nouvelle. Il nous amène au-delà de l’émerveillement devant l’Enfant Jésus dans la crèche. Il nous montre la raison même de la venue de Dieu en l’homme. Au moment de naître en l’homme, le Christ descend au plus profond de la nuit humaine qu’il inonde de lumière. Un abaissement inconcevable, dont seul est capable un Dieu aimant les hommes jusqu’au bout. Envers et contre tout.

    Mais les Ecritures nous rappellent que le Créateur « connaît le cœur humain ». Il sait qu’il lui faut descendre encore plus bas. C’est pourquoi il vient comme un homme, se présenter entre les mains d’un autre homme. Pour être abaissé encore, plongé, des pieds à la tête, dans les eaux du Jourdain. Ce qui ne manque pas de choquer l’ermite du désert chargé de l’immerger : C’est moi qui ai besoin d’être purifié, et c’est toi qui viens à moi ! proteste Jean le baptiseur, sachant qu’il est seulement prophète et qu’il ne plonge les disciples que dans l’eau. Sachant qu’il reste sur la rive de nos faiblesses, de nos maladies et du mal qui nous tient. Il ne lui est pas possible d’aller où va le Dieu venu épouser la condition humaine, ce Dieu qui descend maintenant en toutes sortes de lieux peu recommandables : au contact des lépreux, des éclopés, des prostituées, des collabos, des impurs de toute nature, de toutes nationalités et de toutes religions. Jusqu’en prison. Auprès des voleurs, des brigands, des meurtriers ; dans le cœur des violents, des violeurs ; avec les escrocs, les faussaires de métier. Les innocents et les fous. Tous ceux qui ne savent pas, qui ne savent plus, au juste, pourquoi ils sont là. Avec leurs geôliers aussi, et leurs tortionnaires. Dieu va jusque-là.

    La vase du Jourdain, à sa manière, l’annonce déjà. C’est peut-être pourquoi, Jean le Baptiste veut s’y opposer. Mais le Christ lui dit : « Laisse faire maintenant ! Il le faut » Et il disparaît sous l’eau, comme bientôt, il sera plongé dans l’esprit de meurtre que respirent ceux, nombreux, qui veulent se débarrasser de lui.

    C’est pourquoi, François d’Assise, comprend que, à l’heure où nous chantons encore « Il est né le Divin Enfant », le Dieu venu sauver l’humanité en l’homme sait déjà qu’il lui faudra descendre dans l’horreur d’une mise à mort violente et ignoble. Alors, il continue de descendre. Jusque dans la tombe, c’est-à-dire jusqu’à Pâques.

    Ainsi, Dieu descend non seulement sur la terre, mais dans la brèche lugubre du vendredi et du samedi saint. Sous nos pieds. Dans tout ce qui est inhumain.

    Voilà jusqu’où va l’Evangile de Jésus-Christ, « Fils de Dieu » et « Fils de l’Homme ». Voilà la Bonne-Nouvelle dont tout l’aspect religieux ne fait que dire, rappeler, célébrer l’évènement.

    Dieu, dans le Christ, descend plus bas que nos propres fautes. Plus bas que toutes les fautes. Plus bas que la bassesse. Plus bas que la mort elle-même. Dieu descend jusqu’en enfer. Jusqu’à toi, mon frère, qui es en prison. Qui a fait « ça ».

    « Celui qui est sans péché s’est fait péché », rappelle la liturgie, avec Saint Paul. Pour se faire proche de nous précisément quand nous sommes loin de lui. C’est d’ailleurs la toute première proclamation de Jésus, celle qui ouvre la Bonne-Nouvelle : Le temps est venu, pour qui veut revenir à la vie : Dieu s’est fait proche ! Revenez !

    Ce dont aucun de nous n’est capable par lui-même, devient possible parce que Dieu est descendu non pas jusqu’à nous, mais « plus bas que nous ».

    1 Samuel 2, 6-8 :

    « L’Eternel fait mourir et il fait vivre,

    Il fait descendre au séjour des morts et il en fait remonter.

    L’Eternel appauvrit et il enrichit,

    Il abaisse et il élève,

    De la poussière il retire le pauvre,

    Du fumier il relève l’indigent,

    Pour les faire assoir avec les grands

    Et il leur donne en partage un trône de gloire

    Car à l’Eternel sont les colonnes de la terre …

    Suzanne Giuseppi-Testut  -  ofs

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