• Homélie - 22ème Dimanche ordinaire - 30 août 2020

    NOUS AJUSTER À DIEU 

    Abbé Jean COMPAZIEU

    Textes bibliques: Lire

    Dans le livre du prophète Isaïe, nous lisons cette parole du Seigneur : « Mes pensées ne sont pas vos pensées ». C’est une manière de nous faire comprendre que nous avons sans cesse à nous ajuster à notre Dieu. Et nous voyons bien que ce n’est pas facile ; c’est ce qui se passe avec le prophète Jérémie (1ère lecture) : il est envoyé par Dieu pour appeler son peuple à la conversion. Mais il se trouve affronté à des gens qui ne veulent rien entendre. On le considère comme un trouble-fête car il n’arrête pas d’annoncer des catastrophes imminentes. Il se voit rejeté de tous et il crie son désespoir. Il voudrait échapper à Dieu mais celui-ci l’a séduit. C’est comme un feu qu’il ne peut contenir. Il ne peut se taire car la vérité de Dieu est plus forte que lui.

    C’était il y a longtemps ; mais aujourd’hui, cela n’a guère changé. Nous vivons dans une société qui se laisse imprégner par la mentalité du monde. L’Évangile nous invite à aller à contre-courant. Aujourd’hui comme autrefois, le Seigneur ne cesse de nous envoyer des prophètes pour nous dire et nous redire : « Convertissez-vous, sinon vous courez à la catastrophe. » Or ces appels ne sont pas pris au sérieux. Ils sont souvent tournés en dérision. Mais rien ni personne ne peut empêcher la progression de la Parole de Dieu. C’est à cette parole que nous devons nous ajuster chaque jour et non aux idées du monde.

    C’est exactement cet appel que nous lisons dans le témoignage de saint Paul (2ème lecture). Après avoir été un persécuteur des chrétiens, il a changé de cap. Il s’est ajusté à Jésus Christ. Et aujourd’hui, il nous invite à faire de même : “Ne prenez pas pour modèle le monde présent, mais transformez-vous en renouvelant votre façon de penser pour savoir reconnaître quelle est la volonté de Dieu.” C’est en progressant dans l’amour que nous trouvons la vraie joie. Dieu est amour. Sa joie est d’aimer et de se donner avec une absolue générosité.

    Dans l’Évangile, nous voyons Pierre qui a du mal à s’ajuster à Jésus. Dimanche dernier nous l’avons entendu faire une belle profession de foi. Il proclamait : « Tu es le Messie, le Fils du Dieu vivant ». Jésus le proclamait “heureux”. Il lui a alors fait comprendre qu’il n’avait pas découvert cette vérité tout seul mais grâce à son Père du ciel. Mais il sait que ses disciples sont loin d’avoir tout compris. C’est pour cette raison qu’il leur impose le silence.

    Aujourd’hui, nous comprenons mieux pourquoi. Jésus vient d’annoncer sa Passion, sa mort sur la croix et sa résurrection. Pour Pierre, c’est impensable. Il s’attendait à un Messie qui allait triompher avec puissance sur tous les obstacles. Comme les gens de son temps, il voyait en lui celui qui allait libérer son peuple de ses péchés et de l’occupation Romaine. Jésus résiste violemment à cette mentalité comme il le fit lors de la tentation au désert. Comme Pierre, nous risquons nous aussi de nous égarer en nous faisant une fausse idée de Jésus. C’est pour cela qu’il nous faut lire et relire les Évangiles chaque jour.

    En ce jour, nous entendons, de la part de Jésus, une mise au point très ferme : “Si quelqu’un veut marcher derrière moi, qu’il renonce à lui-même, qu’il prenne sa croix, et qu’il me suive.” Il ne s’agit plus pour les disciples de tracer leur route selon leurs propres désirs mais de marcher derrière Jésus. C’est lui qui nous montre le chemin pour nous conduire vers la vraie vie. Son amour va jusqu’à livrer son corps et verser son sang pour nous et pour la multitude. Le chemin qu’il nous montre n’est pas un chemin de facilité mais de renoncement et de don de soi.

    Être disciple du Christ c’est donc prendre notre croix. Porter sa croix c’est accepter le risque de la fidélité, le risque d’être incompris, bafoué et ridiculisé. C’est accepter de donner la priorité au service des autres. Nous sommes loin des perspectives du monde qui met le “moi” au premier plan, le service des autres au deuxième et le service de Dieu en dernier (quand il est considéré). Celui qui choisit les perspectives de ce monde peut obtenir des avantages matériels immédiats. Mais à quoi ça sert si nous devons y perdre notre véritable vie, celle qui conduit à Dieu ?

    Voilà ces textes bibliques qui nous provoquent à nous ajuster à Dieu et à son projet. C’est une conversion de tous les jours qui se sera possible que dans la méditation de l’évangile et la prière. Si nous le voulons bien, le Christ sera toujours là pour nous guider sur le chemin de la vie et nous accompagner dans notre lutte contre la tentation. Avec lui, les forces du mal n’auront jamais le dernier mot. Il en a été victorieux et il veut nous associer tous à sa victoire.

    C’est pour mieux répondre à cet appel du Seigneur que nous nous réunissons chaque dimanche pour célébrer l’Eucharistie. C’est là que nous nous nourrissons de la Parole et du Corps du Christ. Grâce au don qu’il nous fait, nous apprenons à ne pas nous conformer au monde mais à lui et à son amour. En lui, nous entrons dans une vie féconde source de joie et de partage, source de paix et d’amour. La Vierge Marie nous précède sur ce chemin ; laissons-nous guider par elle.

    Télécharger : 22ème dimanche du Temps ordinaire

    Sources : Revue Feu Nouveau – L’Intelligence des Écritures (MN Thabut) – Guide Emmaüs des dimanches et fêtes – commentaires du missel communautaire (Père André Rebré) – dossiers personnels.

    SOURCE  http://homelies.livehost.fr/

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