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    Jésus contre Satan

     

    Marc GirardMARC GIRARD | 10E DIMANCHE DU TEMPS ORDINAIRE (B) – 9 JUIN 2024

    Jésus, Béelzéboul et sa famille : Marc 3, 20-35
    Les lectures : Genèse 3, 9-15 ; Psaume 129 (130) ; 2 Corinthiens 4, 13 – 5,1
    Les citations bibliques sont tirées de la Traduction liturgique officielle.

    « Ah! non! », diront certaines personnes. « Vous ne nous parlerez toujours bien pas de Satan puis des démons! » — Que voulez-vous? L’Évangile en parle. Jésus lui-même en parle. Plus, il faut l’avouer, que nos catéchismes récents! De fait, on avait peut-être besoin de laisser dormir quelque peu une certaine manière, trop superficielle et épeurante, de traiter ces sujets. Mais ils sont si fondamentaux dans l’expérience humaine que, tôt ou tard, ils nous rejaillissent inévitablement à la figure, comme ces polichinelles à ressort enfermés dans une boîte. Au fil des jours, en effet, notre existence s’affronte au mal.

    Satan
    Tous les chrétiens d’un certain âge connaissent sur le bout du doigt le vocabulaire biblique des forces du mal. Ce qu’on sait moins, c’est le sens original des mots employés. « Satan », souvent employé dans l’Ancien Testament avec l’article, signifie, en hébreu : « l’opposant ». Un être humain peut donc être un Satan. Qu’on se rappelle la rude semonce de Jésus à Pierre, qui s’objecte à l’annonce de la Passion : « Arrière, Satan »! Le mot « diable », plutôt dérivé du grec, veut dire la même chose : « celui qui se jette de travers », pour faire obstacle. Grec lui aussi, le mot « démon » désigne un être mystérieux, invisible, qui n’est ni divin ni humain : dans la mythologie, certains démons sont favorables aux humains, mais la plupart sont nuisibles ; la Bible n’a retenu pratiquement que cet aspect négatif. Enfin, on connaît l’expression « esprit mauvais » ou « impur » : dans le symbolisme oriental, on désigne par là des forces obscures qui agissent comme de l’air souillé, pollué, porteur de microbes dangereux et même de germes mortels, pour le corps comme pour le cœur humain.

    Jésus passe pour un « Satan »
    Jésus opère des miracles, attire les foules, ne se barre pas trop les pieds dans les mille et une minuties de la Loi juive. Or, tout cela ne fait pas du tout l’affaire des officiels, bien assis sur leurs codes religieux. Ils l’accusent d’être à la solde du « chef des démons ». Pourquoi? Parce que Jésus, dans son agir et ses paroles, donne l’impression de « s’opposer » aux dirigeants de son peuple ; il « se jette de travers », comme un beau « diable ». Intolérable! À ses détracteurs, Jésus oppose un triple enseignement.

    1. D’abord un petit raisonnement, pour les réduire à quia : si, en chassant les démons, je travaille pour Satan comme vous le dites, c’est donc que Satan travaille contre lui-même!

    2. Suit une mini-parabole : Jésus se compare à un cambrioleur qui force l’entrée d’une maison et ligote « l’homme fort » (désignation de Satan, ici) pour prendre possession de la maison (le corps et le cœur du malade, du possédé).

    3. Il termine par une sentence de jugement : le pire péché, irrémissible, impardonnable, consiste à confondre Jésus et Satan, c’est-à-dire à prendre l’esprit super-bon (l’air pur et saint) qui vient de Dieu pour l’esprit super-mauvais (l’air souillé et pollué qui détériore et fait mourir le cœur de l’homme) ; voilà ce que Jésus appelle un « blasphème contre l’Esprit saint ».

    Une « diable » de famille
    Non seulement les scribes, mais la parenté même de Jésus lui mène le « diable ». Autrement dit, elle « se jette de travers » sur son chemin. Ses proches, de fait, viennent pour se saisir de lui. Il n’a même plus le temps de manger, pensez donc! Le diagnostic est vite trouvé : « Il est fou raide! » Un peu de repos auprès de maman lui fera grand bien! Pour le sortir des cures instantanées qu’il prodigue (guérisons), on propose une cure douce et lente, une vacance, quoi! Marc est seul parmi les évangélistes, à nous rapporter les faits aussi crûment. Pauvre Marie, qui se laisse elle aussi embarquer! Que ne ferait pas un cœur de mère inquiété, pour rééquilibrer la diète de son fils suroccupé! Alors arrivent sa mère et ses frères. Restant au dehors... Voilà touché le problème! La famille est en dehors de la « maison », hors de portée de la Parole (à ce moment-là, du moins) ; elle se comporte comme si elle était étrangère à la mission de Jésus.

    Un rajustement s’impose. Une question incisive, suivie d’une réponse lapidaire : « Celui qui fait la volonté de Dieu, voilà mon frère, ma sœur, ma mère ». Jésus se fait ainsi l’éducateur de sa famille, y compris sa propre mère. Au vrai, mieux que tout autre disciple, Marie a admirablement su devenir sœur et mère de Jésus en plénitude, à travers les inquiétudes successives de la maternité, dont le point culminant allait coïncider avec le drame de la croix.

    Dans son dialogue vigoureux avec les scribes, Jésus venait justement de parler de « Satan divisé » : « si une famille est divisée, ajoute-t-il, cette famille ne pourra pas tenir ». Eh bien! justement, Marie est devenue, à travers le dur et long apprentissage de sa mystérieuse maternité, la rassembleuse de la famille humaine dans la « maison » de Dieu elle qui, par excellence, a fait la volonté de Dieu et n’a jamais eu de cesse d’écouter sa Parole.

    Ne serions-nous pas nous-mêmes un peu « Satan »?
    On ne saurait nier Satan. Oui, il existe un Mal supérieur et extérieur à l’homme. Mais il y a danger de ne voir l’Opposant qu’au-dessus et en dehors de nous. Dans l’Évangile de ce dimanche, « l’opposant », le « diable », n’est-ce pas d’abord les scribes qui prennent le blanc pour du noir (Jésus pour un possédé), puis, les frères et sœurs de Jésus qui ne comprennent rien à sa mission et qui s’inquiètent de l’opposition croissante des autorités de Jérusalem à son endroit? Ces cousins et cousines tentent de réaliser une opération « sauvetage », mais ils manquent leur coup royalement. Chaque fois que nous nous « jetons de travers » pour faire obstacle à Jésus et à son œuvre, ne sommes-nous pas un peu Satan?

    Marc Girard est prêtre et professeur honoraire du département des sciences humaines de l’Université du Québec à Chicoutimi.

    Source : Le Feuillet biblique, no 2850 (première publication en juin 1991). Toute reproduction de ce commentaire, à des fins autres que personnelles, est interdite sans l’autorisation du Diocèse de Montréal.

    Source https://www.interbible.org/

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