• Le pape en faveur d'un État palestinien –Le Devoir

    Voici un autre point de vu, celui-ci laïque, du journal Le Devoir.



    Le pape en faveur d'un État palestinien

     

    Claude Lévesque

    Édition du jeudi 14 mai 2009

     
    Benoît XVI a qualifié de tragique la construction du mur qui sépare l'État d'Israël de la Cisjordanie occupée.
     

    Benoît XVI, qui a passé la journée d'hier à Bethléem, considérée comme la ville natale de Jésus, s'est prononcé pour la création d'un État palestinien et a qualifié de «tragique» la construction du mur qui sépare l'État d'Israël de la Cisjordanie occupée.
    S'il a visité l'église de la Nativité, devant laquelle il a célébré la messe, le chef de l'Église catholique n'a pu, au sixième jour de son périple en Terre sainte, éviter les questions politiques dont l'actualité est particulièrement brûlante dans la région, berceau des trois principales religions monothéistes.
     
    Dès son arrivée à Bethléem, Benoît XVI a rencontré le président de l'Autorité palestinienne, Mahmoud Abbas, à qui il a exprimé l'appui du Vatican à la création d'un État palestinien dans les territoires occupés par Israël depuis 1967.
     
    «Monsieur le Président, le Saint-Siège soutient le droit de votre peuple à une patrie palestinienne souveraine sur la terre de vos ancêtres, sûre et en paix avec ses voisins, à l'intérieur de frontières internationalement reconnues», a dit le pape aux côtés de M. Abbas.
     
    Le gouvernement israélien dirigé par le chef du Likoud, Benjamin Nétanyahou, semble rejeter cette formule des «deux États» prônée par la communauté internationale et acceptée par les précédents gouvernements israéliens.
     
    Pour se rendre à Bethléem, le convoi automobile dans lequel le pape se trouvait a dû franchir un des points de passage aménagés à travers l'imposant mur de béton qu'Israël a élevé sur des dizaines de kilomètres dans le but d'empêcher les attentats.
     
    Près de cet ouvrage qui empiète sur les terres palestiniennes, le pape a visité le camp d'Aïda, où habitent quelque 4600 réfugiés palestiniens.
     
    «Dans un monde où les frontières sont de plus en plus ouvertes pour le commerce, pour les voyages et pour les échanges culturels, il est tragique de continuer à voir des murs s'ériger», a déploré le chef de l'Église catholique.
     
    Ce dernier a affirmé, après avoir vu la barrière, que les murs «peuvent être abattus». «Il est d'abord nécessaire d'ôter les murs construits autour de nos coeurs, les barrières érigées contre nos voisins», a insisté le pape.
     
    À Bethléem, Benoît XVI a également appelé les jeunes Palestiniens à «avoir le courage de résister à toute tentation de recourir à des actes de violence ou au terrorisme. Au contraire, permettez que ce que vous avez vécu renouvelle votre détermination à construire la paix», a-t-il dit. «Je sais combien vous avez souffert et continuez de souffrir en conséquence de la tourmente qui affecte cette terre depuis des décennies».
     
    Dans l'homélie accompagnant la messe qu'il y a célébrée à l'église de la Nativité, le pape a par ailleurs salué la centaine d'habitants de Gaza qui ont été autorisés à faire le déplacement jusqu'à Bethléem. Ce territoire avait fait l'objet en décembre et en janvier derniers d'une offensive militaire israélienne qui s'est soldée par la mort de plus de 1100 personnes du côté palestinien, dont un grand nombre de civils.
     
    «Soyez assurés de ma solidarité avec vous dans l'immense travail de reconstruction qui s'annonce et de mes prières pour que le blocus soit bientôt levé», a affirmé le pape dans son homélie. L'enclave de Gaza demeure soumise à des restrictions très strictes quant aux déplacements de ses habitants et à l'entrée de marchandises.
     
    Le pape devait profiter de son voyage au Proche-Orient pour améliorer les relations entre le Vatican et les Juifs, relations qui ont été malmenées par la réintégration au sein de l'église d'un évêque négationniste en février, et par sa volonté de béatifier le pape Pie XII, souvent accusé d'avoir fermé les yeux sur le martyre des juifs pendant la Seconde Guerre mondiale.
     
    Les relations entre le Vatican et l'Islam sont également tendues depuis les propos controversés que Benoît XVI a tenus sur l'Islam à Rastibonne en 2006.
     
    Dans un éditorial, le Jerusalem Post considérait hier que «le pape a voulu bien faire», mais qu'il a raté l'occasion qui se présentait à lui, lundi au mémorial de Yad Vashem consacré à l'Holocauste, de faire un discours plus senti, comme l'avait déjà fait son prédécesseur, Jean-Paul II.
     
    Même son de cloche dans le principal éditorial du quotidien Ha'aretz. «Ses importantes condamnations de l'antisémitisme et du négationnisme ont été affaiblies par la tiédeur des remarques qu'il a prononcées à Yad Vashem», écrit Ha'aretz, poursuivant: «Cette visite montre qu'il n'y a pas de véritable dialogue entre le Vatican et Israël.»
     
    Le souverain se rend aujourd'hui à Nazareth, en Galilée (nord d'Israël), où il doit s'entretenir avec le premier ministre israélien, Benjamin Nétanyahou. Comme plusieurs autres au Proche-Orient, cette ville où Jésus est censé avoir grandi a vu sa population chrétienne diminuer au cours des dernières années.
     

     

    Dans une entrevue au quotidien du Vatican l'Osservatore Romano, à paraître aujourd'hui, le président d'Israël, Shimon Perez, a affirmé hier que «l'ensemble du message du pape a été un message positif qui pourrait avoir des conséquences importantes» pour la paix dans la région.

     

     

    ***

     

    D'après l'Agence France-Presse, Reuters et Associated Press

    Source:  http://www.ledevoir.com/

    Photo: Agence France-Presse

    « Benoît XVI à Yad Vashem : le silence face à la tragédie de la ShoahVIDEO- Notre mère la terre où en sommes-nous pour sa protection? »

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