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LE PRINCIPE TRINITAIRE REVELE LA PERSONNE -art. 17 Suzanne
LE PRINCIPE TRINITAIRE REVELE LA PERSONNE
Pour opérer la distinction-identité entre les trois personnes de la Trinité, les Pères de l’Eglise ont utilisé le terme « hypostase ». Ce terme permet de distinguer ceux qui ont en commun la même essence. Ainsi se précise la notion de la personne dans son unicité comme dans ses rapports avec les autres personnes. Au sein de la Trinité, le Fils est tout ce qu’est le Père, mais il n’est pas le Père ; l’Esprit est tout ce qu’est le Fils, mais il n’est pas le Fils.
La contemplation des créatures doit nous permettre de remonter jusqu’à la Trinité créatrice, et de discerner dans l’action commune des Trois Personnes divines, le mode créateur propre à chacune. La redécouverte récente d’une théologie de l’Esprit-Saint, en Occident, peut nous inciter à prêter davantage attention à des auteurs qui, en raison même de leur démarche, sont qualifiés de « mystiques » : Augustin, Richard-de-Saint-Victor, Bonaventure, Ruysbroek… auxquels on pourrait ajouter : Karl Rahner, Urs Von Balthasar… Leur théologie témoigne non pas d’une démarche strictement intellectuelle mais plutôt de l’expression d’une expérience profonde, intérieure, en un mot, de leur propre vie spirituelle. Elle témoigne de l’homme – Image de Dieu – en quête d’une relation intime, personnelle, avec le Père, le Fils et l’Esprit-Saint. Leur théologie témoigne donc de la contemplation de Dieu dans le miroir de la création et de l’intelligence du croyant, puisque Dieu a révélé lui-même à l’homme que sa raison dernière est d’être image du Père, du Fils et du Saint-Esprit.
Il convient, dans la Trinité, de distinguer la nature qui est, par essence divine, unique, identique aux trois, et de distinguer la personne, chacune bien distincte des deux autres. Le Père se particularise en tant que source de la divinité, le Fils se particularise par sa filiation, et l’Esprit par sa procession. Chacun est ainsi révélé par son propre mode distinctif d’être. C’est cette nature que le Christ est venu partager avec les hommes, en revêtant la nature humaine sous tous ses aspects, hormis le péché. Pour saint Athanase « Dieu est devenu homme pour que l’homme devienne Dieu », dans la plénitude de son être et de sa liberté.
« Unité, vérité, bonté sont les conditions générales de l’être, mais elles ne se trouvent que dans l’Etre Parfait, c’est pourquoi on ne les trouve dans l’être créé, que sous la triple influence du premier Etre. Plus cette triple influence est intense, c’est-à-dire plus les créatures sont proches de Dieu, et plus leur unité, leur vérité, leur bonté participent aux perfections divines correspondantes. La destinée de la créature spirituelle étant de parvenir à la participation la plus étroite, la vraie religion consiste pour elle à tendre vers ces perfections, jusqu’à l’assimilation. » Ainsi, la distance qui sépare les créatures du Créateur ne se définit pas en termes d’espace, mais en termes de ressemblance. Pour Evagre : « La théologie n’a pas d’autre objet que la contemplation de la Trinité ».
Dans l’antiquité la notion de personne était quasi inexistante. Le mot « persona » désignait un masque de théâtre, servant à caractériser un individu par son rôle social ou professionnel : homme libre, paysan, militaire, esclave, etc. Chacun était figé dans sa catégorie, les esclaves étant en outre considérés comme des choses plutôt que comme des êtres humains à part entière.
Or, avec sa venue parmi les hommes, le Christ rétablit la véritable dimension de la créature de Dieu. Il nous apprend à quel point la personne est précieuse, irremplaçable, lorsqu’il nous dit que le berger va jusqu’à abandonner quatre-vingt-dix-neuf brebis pour aller chercher la malheureuse qui s’est égarée. Chaque personne est donc unique aux yeux de Dieu. C’est pourquoi nous agissons, pensons, réagissons, aimons d’une manière unique, personnelle, intime. Parce que la personne est unique aux yeux de Dieu, tout doit être mis en œuvre pour protéger son intégrité. Grâce à cette prise de conscience, notre rapport au prochain change, nous prenons conscience de la valeur unique de la personne, des dons de Dieu qui sont en chacun de nous et de l’amour de Dieu à recevoir et à répandre.
Le Christ marque aussi un immense respect envers la personne, quelle qu’elle soit. Il va à la rencontre aussi bien des infirmes, des prostituées, que des notables ou des nantis. Dès lors, l’homme ne doit, ni être soumis à des actes de tortures qui font outrage à l’image de Dieu à laquelle il a été créé, ni subir la peine de mort, car Dieu seul est le maître de la vie et de la mort.
Saint Paul écrit que, en Christ, il n’y a plus ni Juif, ni Grec, ni esclave, ni homme libre, ni homme ni femme au cœur de cette humanité, de cet « Adam total » où tous peuvent vivre en harmonie dans une complète égalité. Ainsi, la personne atteint son épanouissement dans la mesure où elle vit en communion avec les autres, animée par le sentiment d’amour que le Christ veut faire partager à ses disciples : « Comme je vous ai aimés, vous aussi, aimez-vous les uns les autres » (Jn 13,34). Dès lors, les relations entre les hommes, aussi imparfaites soient-elles, sont appelées à refléter, à la mesure humaine, les relations parfaites qui se manifestent au sein de la Trinité.
Parce que Dieu est une personne trine, les chrétiens peuvent désigner les personnes divines dans l’économie de la création et du Salut et dans l’intimité de la prière de chaque fidèle. Nous pouvons prier Dieu dans une relation personnelle, avec le Père, le Fils et l’Esprit-Saint.
C’est dans la rencontre avec le Christ Sauveur, dans le face à face et l’intimité de la relation, que l’homme peut atteindre son épanouissement final dans la participation à la vie divine. C’est par la relation de personne à personne que l’homme peut arriver, à travers l’humanité du Christ et dans l’Esprit, à la vision du Père. La finalité de la relation rejoint ainsi la finalité de la création : l’homme qui a été créé à l’image de Dieu a reçu de lui toutes les facultés et énergies nécessaires à la réalisation de la ressemblance.
« La gloire de Dieu, c’est l’homme vivant,
Et la vie de l’homme, c’est la vision de Dieu »
(Irénée de Lyon)
Suzanne Giuseppi Testut ofs
photo : "Sainte Trinité ou l'Hospitalité d'Abraham" Artiste Serbe - Détrempe sur bois ; 101x61 cm. Vers le milieu du XVIè siècle. Decani, Serbie, Monastère.
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Note:
[1] C’est ce que saint Augustin a exposé tout au long de son opuscule De Vera Religione dans lequel saint Bonaventure a puisé cette doctrine. « La Trinité créatrice d’après saint Bonaventure » Luc Mathieu ofm – éd. Franciscaines
Pour votre information voici où vous pourriez rencontrer Suzanne dans les prochaines semaines.
du 23 au 31 mai - Conduite et animation du Pèlerinage à Assise avec le groupe de Goudargues
du 1er au 5 juin - Partage sur la déposition avec les Clarisses Françaises d'Assise.
du 14 au 17 juin - Pèlerinage à Lisieux (Sainte Thérèse de L'Enfant Jésus et ses parents, Louis et Zélie Martin)
les 24 et 25 juillet - Participation au Salon du Livre de Font Romeu et conférences
- Au Québec en Octobre 2010
, plus de détails dans un proche avenir.
- Sherbrooke le mercredi 13 octobre (plus de détails bientôt)
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