• Le silence - Spiritualité franciscaine pour aujourd'hui, 4e semaine de Carême - Croire et Suzanne

    Le silence - Spiritualité franciscaine pour aujourd'hui

    Redécouvrons les vertus du silence avec Suzanne Giuseppi-Testut, franciscaine séculière.

    Le silence

    Au couvent-musée franciscain des

    Si Claire d'Assise utilise abondamment écoute et parole dans la vie fraternelle et spirituelle, elle sait aussi qu'il ne peut y avoir d'écoute véritable sans silence. Ses biographes insistent sur le silence qui régnait à Saint-Damien... François avait l'habitude de se retirer loin de ses frères, pour faire silence en lui-même et méditer, en se promenant dans la campagne ou la montagne. Il ne disait pas de prière, il écoutait ...

     " Bienheureux le serviteur qui, quand il parle, ne manifeste pas tout ce qu’il a sous prétexte d’une rétribution et n’est pas prompt à parler, mais prévoit sagement ce qu’il doit dire et répondre."


    François d’Assise, Admonition XXI

    "Elles (les soeurs qui servent hors du monastère) doivent aller modestement et parler peu, afin de toujours édifier ceux qui les voient." Règle de Claire 9/7

    François et Claire nous mettent en garde contre le vain bavardage, c’est-à-dire la vaine gloire qui consiste à se faire valoir, à faire étalage de sa valeur, en un mot, à se glorifier en soi-même ou devant les autres. Cela peut aller jusqu’à feindre la modestie quand nous attendons exclusivement considération et reconnaissance.

    Quitter la superficialité

    Quand nous nous laissons emporter par le vain bavardage, par l’esprit de parole facile, nous quittons la profondeur de la vie intérieure pour nous investir dans les choses du monde. Nous entrons dans la superficialité et perdons l’ancrage du sens par notre inconsistance. Paradoxalement, nous nous coupons de la relation, avec l’autre, avec la vie qui nous anime et avec Dieu.

    Le silence est réceptacle

    Toutes sortes de bruits nous envahissent que nous accueillons et entretenons, au point parfois même de prêter foi à la rumeur. Ainsi, le vain bavardage nous maintient en esclavage et introduit l’orgueil en nous. Dès lors, nos oreilles spirituelles sont bouchées par une multitude d’influences nocives. Nous sommes atteints de surdité spirituelle. Aliénés aux bruits du monde, incapables d’entrer en relation avec notre propre intériorité, le silence peut alors devenir insupportable.
    Le silence est réceptacle. « Iles, faites silence pour m’écouter » (Isaïe 41, 1). Les îles sont constamment assiégées par les bruits de la mer et le sifflement du vent. De même, l’homme est assailli par le flot d’informations qui s’abat sur lui et influencé par les pressions dont il est l’objet. Le silence n’existe pas à l’état naturel sur les rivages marins, pas plus que dans nos cœurs. Il faut intervenir pour que le silence se fasse. Ce n’est que lorsqu’il rentre en lui-même, au plus profond de sa sincérité, que l’homme peut faire silence devant Dieu. Ce silence n’est pas une vertu en soi, mais il est un passage obligé du brouhaha humain à l’écoute de la Parole de Dieu et cette démarche exige un effort sur soi-même. En effet, le silence est un dur apprentissage qui confronte inévitablement l’homme de ce monde à son besoin de se mesurer et de se justifier, à ses bavardages inutiles et à ses jugements. C’est donc par le silence et le renoncement à la jouissance « des bruits » que nous pourrons laisser la place à Dieu en nous.

    Temps de silence suscité par Dieu

    Il ne s’agit pas du silence utilisé par l’homme face aux événements de la vie ou face à son prochain, silence pouvant être dans certaines circonstances qualifié de sagesse, mais marquant parfois indécision, approbation, confusion, fuite et même peur. Il s’agit des temps de silence suscités par Dieu, de la même manière qu’Il suscite en nous des temps de parole.
    Ne confondons pas non plus l’état de bien-être que nous pouvons parfois éprouver dans le silence extérieur et ne le rapprochons surtout pas du silence lourd et pesant issu du mutisme ou du mépris. Etablis dans le silence intérieur, nous ne fuyons pas cette terre ni les hommes, nous nous initions au poids des mots, nous devenons attentifs aux autres et apprenons à rencontrer la personne. Nous sommes à l’opposé du repli sur soi. Il s’agit d’entrer en relation avec la paix profonde qui nous habite afin de lui donner sa place et laisser grandir en nous l’Image.
    Dès maintenant, essayons, malgré tout, d’avancer sereinement et sans hâte parmi le vacarme, et n’oublions pas la paix qui existe dans le silence intérieur. C’est au cœur de ce silence que Dieu se dira, sans mot. Un chant d’amour Touareg dit : "Ne parle que si ta parole est plus belle que le silence".


    5e semaine de Carême : La paix

    Source http://www.croire.com

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