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    Mais de quoi parle-t-on quand on parle des miracles de Jésus ? Mettons un peu d’ordre. Les évangélistes utilisent trois termes grecs pour traduire les actes miraculeux de Jésus : ils parlent de prodiges (terata), de puissances (dynameis) ou de signes (sèmeion), ce dernier terme étant surtout utilisé par Jean.

    Un portrait global des miracles de Jésus

         En parcourant les quatre évangiles, nous recensons 65 récits de « miracles ». Comme les mêmes miracles sont parfois racontés par plus d’un évangéliste, on arrive à répertorier au total 32 miracles différents. Outre ces 32 miracles bien identifiés, les évangélistes rapportent aussi l’intense activité thaumaturgique et/ou exorciste de Jésus pour des bénéficiaires qui restent anonymes. Ils le font par des sommaires tels que :

         Il guérit de nombreux malades souffrant de maux de toutes sortes et il chassa de nombreux démons... (Mt 1,34)

         Les miracles des évangiles peuvent être distingués parmi les quatre catégories suivantes : les guérisons, les exorcismes, les résurrections et les miracles sur la nature. Fait à noter, un seul des miracles de Jésus est rapporté par les quatre évangiles, il s’agit de la multiplication des pains et des poissons, dont Matthieu et Marc nous livrent chacun deux versions. Nos trois premiers évangélistes sont ceux qui partagent le plus de miracles en commun. Jean, pour sa part, raconte peu de miracles, seulement 7 qu’il appelle « signes » (et peut-être un 8e si on compte la pêche miraculeuse provoquée par le ressuscité au chapitre 21) et pourtant, la palme de l’originalité lui revient puisque 4 d’entre ceux-ci lui sont propres (voir Jn 2, 1-13; 5, 1-18; 9 ,1-41; 11,1-44).

         De ce portrait global, nous retiendrons que les miracles de type « résurrection » sont rares, seulement trois sont rapportés par les évangélistes (voir Mt 9,18-26 et parallèles ; Lc 7,11-17; Jn 11, 1-44). Les miracles sur la nature feront l’objet d’une étude à part. Les miracles les plus communs opérés par Jésus sont donc liés à son pouvoir de thaumaturge et d’exorciste, il importe donc de s’y attarder particulièrement.

    Conception antique de la maladie et de l’infirmité

         La lecture de certains récits de miracles dans les évangiles nous laissera perplexes : il est parfois difficile de départager entre guérison et exorcisme. En effet, la libération d’esprits mauvais s’accompagne d’effets physiques (ex : Mt 12, 22) ou la guérison du corps est attribuée à un pardon des péchés (ex : Mt 9, 1-8) ou à l’expulsion de mauvais esprits (ex : Lc 13,10-17). Cela est dû à la compréhension qu’on a de la maladie dans l’Antiquité. Pour ce monde religieux et préscientifique qu’est l’Antiquité, autant hellénistique que juive, la maladie ou l’infirmité est un châtiment divin. Or, qui dit châtiment dit rupture avec Dieu (ou les dieux) suite à une faute, un péché perpétré par l’individu malade ou infirme. Sa guérison comportera nécessairement une démarche pénitentielle.

         Dans le monde grec, la démarche du malade venant dans un sanctuaire dédié à un dieu guérisseur pour obtenir sa guérison était avant tout pénitentielle et spirituelle (faite de prière, d’aveu de ses fautes, d’offrandes), avant d’être thérapeutique. Des fouilles archéologiques d’anciens sanctuaires aux dieux guérisseurs témoignent de cette conception de la maladie.

         Le monde juif contemporain à Jésus n’échappe pas à cette association entre maladie et péché. On croyait qu’un péché commis provoquait l’entrée d’un esprit mauvais dans le corps du pécheur provoquant sa maladie ou son infirmité. Chaque démon – et ils sont légion - ayant sa « spécialité », c’est-à-dire le pouvoir particulier de rendre sourd, ou muet, ou aveugle, ou paralytique, etc. Le rôle du guérisseur juif était de connaître avant tout le péché commis par le malade afin de pouvoir nommer par son nom le démon associé à la faute particulière - car nommer quelqu’un c’est avoir une prise sur lui - et l’expulser du malade. Pour l’expulser, l’exorciste pouvait offrir à l’esprit mauvais de se réfugier dans le corps d’un animal. Le guérisseur juif est donc un exorciste, la guérison corporelle est donc aussi une libération spirituelle et une remise des péchés.

    Un Dieu libérateur

         Est-ce que Jésus voyait la maladie comme une conséquence du péché ou de l’habitation d’un esprit mauvais ?  Oui et non. Sans doute était-il tributaire - et les évangélistes qui racontent ses miracles aussi – de l’état des connaissances de son époque. Comme il a sûrement cru, comme ses contemporains, que la terre était plate ! Quelques paroles de Jésus viennent cependant, heureusement, défaire ce lien entre maladie et péché (voir Lc 13,1-5; Jn 9, 1-3). Quoi qu’il en soit, Jésus a été proche autant du malade, du pécheur que du possédé, et les a tous secourus : image d’un Dieu voulant la libération complète de l’être humain.

     Patrice Bergeron, bibliste

     Source: Le Feuillet biblique, no 2425. Toute reproduction de ce commentaire, à des fins autres que personnelles, est interdite sans l'autorisation du Centre biblique de Montréal.

    source www.interbible.org

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