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Les Capucins au service des réfugiés - AED
Soudan
Les Capucins au service des réfugiés
Reinhard Baches, AED International
Adaptation Robert Lalonde, AED Canada
À l’est du Soudan, à proximité de la frontière érythréenne, des Capucins s’occupent d’environ 25 000 réfugiés érythréens. La plupart d’entre eux sont des chrétiens orthodoxes, comme nous l’a communiqué le Père Ghebray Beedemariam lors d’une visite à l’Aide à l’Église en Détresse (AED). Originaire d’Érythrée, ce Capucins de 58 ans assure depuis 19 ans la pastorale au Soudan dans le cadre de l’assistance aux réfugiés.
La construction d’écoles catholiques : entre la confiance et la méfiance
Au total, cinq pères capucins vivent et œuvrent au Soudan dont trois dans la capitale, à Khartoum, et deux à Kassala, à la frontière érythréenne. « À Kassala, nous disposons de trois établissements scolaires catholiques pour 950 garçons et filles, âgés de 6 à 22 ans. Il s’agit d’une école primaire et de deux écoles secondaires. », explique le Père Beedemariam. Comme les initiateurs ne disposent pas de leurs propres bâtiments scolaires, les autorités leur auraient permis d’utiliser dans l’après-midi les locaux des établissements scolaires de l’État. Les Capucins prévoiraient toutefois construire leurs propres écoles.
Selon le Père Beedemariam, ces trois établissements scolaires catholiques seraient fréquentés autant par des filles et garçons chrétiens que musulmans. « À l’école primaire, nous enseignons en tigrinya, la langue maternelle des réfugiés, mais les enfants apprennent aussi l’arabe et l’anglais », poursuit le père capucin. Dans les écoles secondaires, l’arabe, qui est la langue scolaire habituelle au Soudan, serait tout aussi obligatoire que les cours de religion islamique ou chrétienne, en fonction des confessions des élèves. Selon le Père Beedemariam, les deux matières seraient absolument incontournables pour obtenir un bon diplôme de fin de scolarité.
Le corps enseignant des trois établissements catholiques se compose de chrétiens et de musulmans. Alors que les autorités considèrent très favorablement l’initiative des Capucins, une partie de la population se montrerait méfiante face aux instituts catholiques. « Les gens croient que nous évangéliserions les enfants musulmans. En vérité, les cours de religion leur seraient dispensés par des musulmans », assure le père capucin qui estime que le taux de chrétiens avoisine les 2% de la population dans la région de Kassala.
L’AED soutient les activités des Capucins au Soudan, et en particulier leur engagement en faveur des réfugiés d’Érythrée.
Peur d’être à la merci du régime à Asmara
Par ailleurs, le Père Beedemariam a souligné dans son entretien avec les collaborateurs de l’AED : « La situation des réfugiés érythréens au Soudan est oppressante. La plupart d’entre eux sont de jeunes gens qui ne veulent pas retourner en Érythrée puisqu’ils risquent de devoir faire leur service militaire dans leur patrie. » Selon les dires du Capucin, la majorité d’entre eux tenterait de s’en sortir par de petits boulots occasionnels ou comme petits commerçants. Cependant, cela ne suffirait à peine pour vivre. Nombre d’entre eux partiraient donc pour Khartoum, la capitale soudanaise, pour y tenter leur chance.
Actuellement, l’Érythrée se trouve dans une situation aussi précaire sur le plan de la politique intérieure qu’extérieure. La politique du président Issayas Afewerki vise l’autarcie et la démarcation par rapport aux États voisins, l’Éthiopie et le Djibouti.
Par ailleurs, les Nations Unies reprochent au gouvernement d’Asmara d’être le principal responsable de la guerre frontalière avec l’Éthiopie entre 1998 et 2000. En outre, certaines régions de Djibouti auraient été illégalement occupées. En 2009, les Nations Unies ont décrété contre l’Érythrée un embargo sur les armes ainsi que des interdictions de voyage pour les membres du gouvernement. La plupart des réfugiés vivant au Soudan refusent de retourner en Érythrée parce qu’ils craignent d’être à la merci du régime à Asmara dans leur propre patrie.
Éthiopie
Puiser de l’eau là où se baignent les vaches
Eva-Maria Kolmann, AED International
Adaptation Robert Lalonde, AED Canada
À Injibara, des religieuses catholiques s’occupent des orphelins avec beaucoup d’amour. Leur quotidien est dur : elles doivent aller chercher l’eau dans le fleuve.
« Le robinet ne fonctionne pas », regrette Sœur Maria Luiza. Les quatre Carmélites Missionnaires originaires d’Amérique Latine qui s’occupent d’orphelins à Injibara, au nord-ouest de l’Éthiopie, doivent se rendre tous les jours en automobile jusqu’au fleuve pour y puiser de l’eau. Le bâtiment où elles demeurent est entretenu avec amour, mais ne peut pas dissimuler combien la vie est dure ici.
Les hôtels de luxe de Bahir Dar, où les touristes peuvent relaxer pour plusieurs centaines de dollars par nuit sur les rives du lac Tana en sirotant des cocktails multicolores sous des arbres en fleurs, ne sont qu’à une heure et demie de route. Mais en vérité, ce sont des années-lumière de distance.
Le manque d’eau est un problème
Partout en Afrique, le manque d’eau est un problème. Tandis qu’en Europe, nous utilisons des litres et des litres d’eau potable de toute première qualité dans les chasses de nos toilettes, ou bien nous nous baignons dans une eau de qualité comparable à celle de l’eau minérale en bouteille, ici, la plus infime goutte de ce liquide est précieuse. On voit des femmes et des enfants puiser de l’eau à des endroits où des vaches se baignent quelques mètres plus loin.
Ceux qui ont la chance de posséder un âne peuvent le charger de bidons. Les autres transportent eux-mêmes des bidons ou de lourdes cruches d’argile sur des kilomètres de marche sous l’implacable soleil et ce, souvent pendant des heures et des heures. Les pompes à eau et les puits sont une véritable bénédiction. Plusieurs d’entre eux ont été installés par l’Église catholique, mais ils coûtent très cher. Sœur Maria del Carmen, Sœur Maria Luiza, Sœur Araceli et Sœur Maria Evangelina aussi ont besoin d’urgence d’un puits pour leur orphelinat.
Dans la cour des religieuses, une femme prépare le déjeuner des orphelins sur un foyer. Durant la journée, la plupart des enfants sont à l’école ou à la maternelle. Seuls les quatre plus jeunes enfants restent à la maison. Abainech, Matheus, Tarik et Bethléem ont entre un et trois ans. Agenouillée devant une bassine de plastique bleue, Sœur Maria del Carmen lave Tarik et Matheus. La petite Bethléem, âgée de trois ans, gambade dans la cour et rit. Quel joli nom : Bethléem, « Maison du pain », lieu de naissance de l’enfant Jésus.
4,6 millions d’enfants éthiopiens orphelins
Les sœurs sont pleines d’allégresse. La venue de deux prêtres, le Père Abebe Tekle Mariam de Bahir Dar et le Père Andrzej Halemba de l’Aide à l’Église en Détresse (AED), leur fournit l’occasion de célébrer avec eux la Sainte Messe un jour de la semaine et de communier. Elles tirent de l’eucharistie leur force et leur amour. Normalement, elles ne peuvent se rendre à la messe que les dimanches, car il n’y a pas de prêtre à Injibara. Aujourd’hui est donc un jour d’allégresse pour elles. Énergiquement, mais pleines de recueillement, elles commencent à préparer la chapelle. Le tabernacle de bois, qui est posé sur un tronc d’arbre, ressemble à une hutte africaine comme dans de nombreuses autres églises d’Éthiopie.
Juste au moment où le Père Abebe lève l’hostie et dit : « Voici l’agneau de Dieu qui ôte le péché du monde ! », trois moutons bêlants passent dehors devant les fenêtres de la chapelle. Il en est fait ici aujourd’hui tout comme il en a été fait quand Jésus-Christ, l’agneau de Dieu, est né jadis à Bethléem dans une étable entre le bœuf et l’âne et qui a été vénéré par de pauvres bergers au milieu de leurs moutons,.
La petite Bethléem continue de rire et de jouer dans la cour. Tous les jours, les religieuses trouvent l’Enfant Jésus en elle.
L’Éthiopie compte environ 4,6 millions d’enfants orphelins, c’est-à-dire un million de plus qu’il n’y a d’habitants dans la capitale allemande de Berlin. Derrière chacun de ces enfants, il y a toute une tragédie, un visage et un nom. Nombreux sont ceux dont les parents ont succombé au SIDA ou à d’autres maladies. Leurs proches, pour autant qu’ils en aient, vivent dans la pire misère et ne peuvent pas nourrir de petites bouches en plus. Beaucoup d’enfants avaient déjà été abandonnés comme nourrissons. Ils sont nombreux à être infectés et personne ne veut d’eux. Les hôpitaux ne peuvent pas s’en occuper et les agences d’adoption acceptent uniquement les enfants en bonne santé. De toute manière, il y a beaucoup trop d’enfants seuls. Ils sont innombrables à échouer dans la rue, mais quelques-uns rencontrent un ange.
En de nombreux endroits d’Éthiopie, des religieuses catholiques s’occupent d’enfants qui n’ont plus personne. La petite Bethléem est l’une d’entre elles. Elle a retrouvé le sourire, car elle a un nouveau foyer chez les Carmélites Missionnaires à Injibara.
Robert Lalonde
Responsable de l'infomation - Head of information
Aide à l'Église en Détresse / Aid to the Church in Need
Source www.acn-aed-ca.org
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