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Méditation : L'humain, terre sacrée de la Parole - Stéfan Thériault
Source de la méditation
« Ce qui est tombé dans la bonne terre,
ce sont les gens qui retiennent la Parole
et portent du fruit par leur persévérance » (Luc 8, 4-15)Méditation : L'humain, terre sacrée de la Parole
Un évangile bien connu mais, à sa façon, difficile à écouter.
Il nous rappelle que Dieu sème sa Parole.
En fait, il nous la donne à chaque instant de notre vie,
car chacun-e de nous nous sommes nés en la Parole, cette Parole du Père,
le Fils, par qui il crée toute chose, tout être, et maintient tout dans la vie.
C'est cette Parole même qui s'est incarnée, qui s'est faite chair,
pour que tout l'humain devienne une parabole vivante du Divin.
Mais le texte nous dit que nous avons de la difficulté à l'accueillir.
Quatre exemples nous sont donnés de notre rapport possible à la Parole.
Le premier est la Parole qui tombe « au bord du chemin ».Ce chemin, comme l'écrivait Maurice Zundel,
est que« chaque âme est aussi un chemin vers Dieu à nul autre pareil ».
Chaque personne est un chemin unique de Dieu,
car chaque personne porte un nom unique, un don unique.
En d'autres mots, si la Parole tombe « au bord du chemin »
cela signifie que nous n'accueillons pas de Dieu qui nous sommes vraiment
et que, donc, nous vivons à côté, « au bord » de nous mêmes.
Une telle réalité, dans la vie humaine, n'arrive pas du jour au lendemain.Elle vient du fait que bien « des passants piétinèrent » dans notre existence
la Parole que nous sommes et que d'autres, comme au jardin de la Genèse,
ont mangé le fruit de notre vie en ne respectant pas l'interdit de séparation
et n'ont pas permis que nous existions pour nous-mêmes.
C'est là le rôle du diable de nous empêcher de naître
à notre « je » et à notre identité, de refuser le chemin,
la terre d'accueil de Dieu que nous sommes, et ce,
pour nous conduire à croire ce que nous ne sommes pas.
Dans notre cœur, la Parole nous a été comme enlevée,
comme un don qui n'est pas bon ou qui n'est pas nous.
Une telle réalité est bien souffrante.
Puis il y a la Parole qui se frappe en nous aux pierres de nos tombeaux.Nous nous sommes créés une carapace de pierre
pour nous protéger du mal et des autres au point que la Parole,
si elle nous fait espérer un instant, est vite « abandonnée ».
Ensevelis dans notre tombeau, nous nous tenons même à distance de Dieu,
si bien que notre Source humidifie difficilement de sa Vie, de son Amour
et de sa Vérité notre terre sacrée.
L'expérience de la Présence de Dieu dans notre vie est comme un éclair rapide
qui ne dure pas et rapidement Dieu et nous-mêmes tombons dans l'oubli
et l'isolement du tombeau.
De petites éclaircies donc de joie mais une tristesse constante de mort,
en laquelle nous nous reposons.
Puis il y a les multiples ronces du monde qui grandissent en nous.Autant de chaînes qui nous attachent avec convoitise et envie
aux choses et aux êtres de ce monde, à toutes ces richesses
auxquelles nous donnons le pouvoir de nous sauver mais qui, dans la réalité,
nous étouffent et empêchent au Souffle de Vie de circuler en nous.
Tellement préoccupés sommes-nous de l'extérieur
que nous ne sommes plus capables de nous attacher
à ce qu'il y a de plus intérieur en nous et de plus créateur, à savoir la Parole.
Au lieu, donc, de nous attacher à la Parole qui crée et fonde tout
ou à vivre une relation vraie avec elle et, conséquemment, avec nous-mêmes,
nous préférons les petits cadeaux qu'elle nous apporte.
Puis il y a cette Parole qui tombe dans « la bonne terre »,c'est-à-dire que nous entendons la Parole qui nous engendre
et nous lui donnons tout l'espace pour qu'elle grandisse
et qu'elle nous donne la grâce de devenir cette parole de Dieu unique
au cœur du monde.
Nous la recevons dans une pauvreté humble et reconnaissante,
« dans un cœur bon et généreux ». Notre vie alors « porte du fruit ».
Cela exige un travail de chaque instant
(car cette Parole est semée en nous à chaque instant) et, comme dit l'évangile,
de la « persévérance » (une ouverture constante à l'accueillir
et à vivre en son obéissance).
Jésus nous invite donc à « connaître les mystères du royaume de Dieu »et à cesser de voir le monde comme une parabole sans sens
où nous « regardons sans comprendre ».
Et ce drame nous est très proche, car la parabole que nous ne comprenons pas,
c'est nous-mêmes et tout le sens de notre existence.
En vivant à la périphérie de nous-mêmes et en refusant d'accueillir la Parole
au lieu même où elle se donne, à savoir en nous,
nous vivons en dehors de nous-mêmes, « au bord du chemin que nous sommes ». Comment nous est-il alors possible, dit le texte, « de croire et d'être sauvés »
parce que nous disons « non » à qui nous sommes ?
Ou encore la vie « s'assèche » en nous et notre vie devient sans « racines ».Nous croyons pour un moment mais vite nous « abandonnons » notre Source
et, ce faisant, nous vivons dans l'abandon de nous-mêmes et des autres.
Enfin, la Parole est reçue mais sa vie est tellement « étouffée » en nous
qu'il lui est impossible, et nous avec elle, de « parvenir à maturité ».
Ce qu'il faut dire en terminant est que ce texte n'est pas un jugementmais il révèle l'état de notre rapport à la Parole et, donc, au Christ.
Jésus nous révèle donc comment nous l'accueillons si pauvrement
et que nous ne laissons pas la Parole nous faire naître.
Il désire de chacun-e de nous que nous retrouvions l'humble terre sacrée
que nous sommes, une terre où Dieu veut marcher et habiter.
Une terre où il désire que nous devenions l'arbre de vie
que nous sommes appelés à être, et ce, afin que nous puissions porter du fruit.
Ne nous décourageons pas mais, aujourd'hui,ouvrons notre cœur à la Parole pour que Dieu grandisse en nous
et que nous grandissions en Lui par sa Parole sous le Souffle de l'Esprit !
Stéfan Thériault, directeur du Centre« Le Pèlerin »
stheriault@lepelerin.org (www.lepelerin.org) 19 septembre 2020
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Tags : parole, sommes, dieu, homme, terre, sacrée
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