• NOTRE PÈRE (suite) - Élisabeth

    suite du  NOTRE PÈRE

    Pardonne-nous, nos péchés comme nous pardonnons aussi à ceux qui nous ont offensés. 

     Pardonne-nous nos péchés NOTRE PÈRE  (suite) - Élisabeth

    Ce que le judaïsme appelle « péché » c’est tous les actes, les paroles, les pensées qui abîment la relation entre Dieu et nous . Ainsi la faute n’est pas seulement un problème éthique et moral mais aussi un problème relationnel.

    Il y a plusieurs termes dans la Bible pour dire le mot faute, le plus connu étant ‘hâtât qui vient du verbe ‘hâta qui signifie aussi « manquer la cible". Manquer le cœur de Dieu, le cœur de l’autre, manquer à l’amitié.

    Dans le mot ‘hâtât il y a le mot t, "ciseau", suivi de la première et la dernière lettre de l'alphabet hébraïque. "Fauter", serait se couper comme avec l’aide d’un ciseau, de l’aleph et du tav,, de l’alephbeit, « l’alphabet », soit du verbe de Dieu et du Père, ces deux lettres écrivant ensemble le mot av « père » ; et désignant aussi celui qui est « l'Alpha et l’Omega », « le premier et le dernier », le Fils.

    Lorsqu’on comprend ainsi le mot faute, le rapport entre l’homme et Dieu change. Il devient un rapport d’amour. On sort d'une logique de rétribution (récompense et punition) ; de la peur primaire des affres de l’enfer ; de la conduite moralisante et rigide du justicier. Une seule crainte, nous habite, celle de blesser « l’Amour ». 

    Comme nous pardonnons aussi.

    La foi juive enseigne que Dieu ne pardonne que les fautes commises envers Lui. Pour les fautes commises à l’égard du prochain, il faut aller le voir, confesser sa faute, solliciter son pardon, se réconcilier avec lui et essayer de réparer, dans la mesure du possible, le dommage commis. Celui qui a été lésé doit accueillir la repentance de son frère, et à l'exemple de Dieu, lui pardonner sans lui garder rancune. Ensuite seulement,  le cœur en paix, chacun peut s’approcher de celui qui est la Paix.  Comment, en effet, pourrions-nous approcher celui qui est miséricorde, et dont on va solliciter la miséricorde, si nous-mêmes on est incapable de demander pardon ou de pardonner. C’est pourquoi il est écrit :  « Pardonne-nous nos fautes comme nous pardonnons ».

    Dans une famille, il n’y a rien qui fasse plus plaisir aux parents que de voir combien leurs enfants entretiennent entre eux de bonnes relations, c’est là toute leur joie. Si l’entente est rompue, ils ne peuvent pas, combien même ils le voudraient, pardonner à leur place le mal qu’ils se seront fait les uns aux autres. Ils ne peuvent que les encourager à se parler, se pardonner, se réconcilier et réparer ce qui peut l’être en prenant la ferme résolution de ne plus recommencer. Ensuite le repas familial pourra se passer dans la chaleur du bonheur d’être ensemble et la bonne humeur.

     

    Le pardon dans le Christ

     « Pardonnez-vous les uns aux autres, comme Dieu vous a pardonné dans le Christ » (Ephésien4,32).

    Pardonner se dit mo’hel en hébreu, les mêmes lettres qui écrivent le mot le’hèm « pain ».  Le pardon nous nourrit de celui qui est le Pain descendu du ciel, de celui en qui nous sommes tous pardonné. Pour que cela soit effectif, il nous reste à nous inscrire, individuellement, dans ce processus, en devenant à notre tour pardon.

    Pardonner dans la grâce de celui qui est tout entier pardon, le Christ....En lui, dans sa vie offerte en rançon pour nos péchés, nous sommes tous pardonnés, il a payé toutes les dettes. Nous n'avons plus qu'une seule chose à faire, demeurer en lui comme il demeure en nous c’est à dire devenir pardon.

    Apprenons à pardonner, ne cessons pas de pardonner aux autres, à nous même, les mains ouvertes, le cœur ouvert. Prononçons des paroles de pardon, de bénédictions, même si au départ nous avons quelques réticences. Soyons humbles, ne cherchons pas tout de suite la perfection. Commençons petit,  habituons-nous. Faisons pleuvoir sur les autres et sur nous même des paroles de douceur, de tendresse, de compassion, de consolation, de lumière, jusqu'à la délectation, jusqu'à l'ivresse.

     

    Remets-nous nos dettes comme nous aussi nous avons remis à ceux qui nous doivent.

    De quelles dettes s’agit-il ? Les dettes d'argent certes, mais pas seulement.

    Il existe en effet une autre sorte de dette dont ne mesurons pas assez l'importance, dont nous sommes parfois ignorants, que nous ne soupçonnions même pas, et que nous trainons de générations en générations, tels de pesants fardeaux qui entravent notre marche et nous blessent.

    Les dettes du passé : celles de « notre arbre familial », le fameux karma, et celles de la grande Histoire des peuples... Les dettes du présent que nous contractons au jour le jour : nos haines, nos rancunes, nos désirs de vengeance que nous transmettons à nos enfants sans même nous en rendre compte.

    Nous payons, dans l'inconscient de nos existences ou en conscience, par fidélité, les vies blessées, manquées de nos arrières grands parents, de nos grands-parents, de nos parents. Nous ne voulons pas que leurs vies aient été vaines, aussi nous entretenons la flamme de ces dettes, nous voulons une revanche…

    C'est bien d'avoir de la mémoire, de faire mémoire mais pas pour ajouter à la haine, à la guerre, uniquement pour libérer, éclairer, pardonner, Seul le pardon, le refus de se venger, peut nous libérer de tous les sentiments négatifs qui nous enferment. Seul le pardon, nous permet de trouver la paix. La paix, shalom en hébreu a pour racine shalem qui signifie « être entier », lu shilem , il signifie "payer ses dettes. On trouve la plénitude de son être et son unicité en liquidant ses dettes, en pardonnant.

    Elisabeth

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