Le mal « se meut de mensonge en mensonge pour nous voler la liberté du cœur », met en garde le pape François dans son message pour la Journée mondiale des communications sociales, publié le 24 janvier 2018, pour la fête de saint François de Sales, patron des journalistes.
Au fil de ce message en vue de l’événement qui sera célébré le 13 mai prochain, le pape détraque les « fake news » et invite au service de la vérité. « Aucune désinformation n’est inoffensive; de fait, se fier à ce qui est faux, produit des conséquences néfastes… Même une distorsion apparemment légère de la vérité peut avoir des effets dangereux », prévient-il.
Et le pape de mettre le doigt sur l’enjeu de ces fausses nouvelles : « notre avidité ». « Les fake news deviennent souvent virales, en réalité elles se répandent rapidement et de manière difficilement contrôlable, non pas en raison de la logique de partage qui caractérise les médias sociaux, mais plutôt pour leur emprise sur l’avidité insatiable qui s’allume facilement dans l’être humain ».
Ainsi, ajoute-t-il, « les mêmes motivations économiques et opportunistes de la désinformation ont leur racine dans la soif du pouvoir, de l’avoir et du plaisir, qui, finalement, nous rend victimes d’un imbroglio beaucoup plus tragique que chacune de ses manifestations singulière: celui du mal, qui se meut de mensonge en mensonge pour nous voler la liberté du cœur ».
La stratégie du serpent
Le pape François démasque « la logique du serpent », stratégie utilisée par le ‘serpent rusé’, dans la Genèse, auteur de la première “fake news” qui a « conduit aux conséquences tragiques du péché, mises en acte … dans (des) formes innombrables du mal contre Dieu, le prochain, la société et la création ».
« La stratégie de cet habile ‘père du mensonge’ est précisément le mimétisme, une séduction rampante et dangereuse qui fait son chemin dans le cœur de l’homme avec des arguments faux et attrayants », analyse le pape.
Il fait alors une étude du récit du péché originel, où « le tentateur, en fait, s’approche de la femme feignant d’être son ami, de s’intéresser à son bien, et commence le discours avec une affirmation vraie, mais seulement partiellement: « Alors, Dieu vous a vraiment dit : “Vous ne mangerez d’aucun arbre du jardin” ? » (Gn 3,1). Ce que Dieu avait dit à Adam n’était pas en réalité de ne manger d’aucun arbre, mais seulement d’un arbre… La femme, répondant, l’explique au serpent, mais elle se fait attirer par sa provocation : « Mais, pour le fruit de l’arbre qui est au milieu du jardin, Dieu a dit: “ Vous n’en mangerez pas, vous n’y toucherez pas, sinon vous mourrez. ” » (Gn 3,2). Cette réponse sait se faire légaliste et pessimiste: ayant donné crédibilité au faussaire, se laissant séduire par son arrangement des faits, la femme se fait corrompre. Ainsi, de prime abord elle prête attention à son assurance: « Vous ne mourrez pas du tout » (v. 4). Puis la déconstruction du tentateur assume une apparence crédible : « Dieu sait que, le jour où vous en mangerez, vos yeux s’ouvriront, et vous serez comme des dieux, connaissant le bien et le mal. » (v. 5). Finalement on en vient à discréditer la recommandation paternelle de Dieu, qui visait le bien, pour suivre l’incantation séduisante de l’ennemi: « La femme vit que le fruit de l’arbre devait être savoureux, qu’il était agréable à regarder et qu’il était désirable » (v. 6). »
Contamination et purification
« La contamination continuelle par un langage trompeur finit en fait par embrumer l’intériorité de la personne », poursuit le pape en citant Dostoïevski : « Celui qui se ment à soi-même et écoute ses propres mensonges arrive au point de ne plus pouvoir distinguer la vérité ni en soi ni autour de soi ; ainsi il commence à ne plus avoir l’estime de soi ni des autres. Ensuite, n’ayant plus l’estime de personne il cesse aussi d’aimer, et alors en manque d’amour, pour se sentir occupé et se distraire, il s’adonne aux passions et aux plaisirs vulgaires ; et dans ses vices il va jusqu’à la bestialité; et tout cela dérive du mensonge continuel aux autres et à soi-même.» (Les frères Karamazov, II, 2).
Eduquer à la vérité, au contraire, « signifie éduquer à discerner, évaluer et pondérer les désirs et les inclinations qui s’agitent en nous, pour ne pas nous retrouver privés de bien ‘en mordant’ à toute tentation ».
« L’antidote le plus radical au virus du mensonge est de se laisser purifier par la vérité », affirme le pape. Et la vérité « n’est pas seulement une réalité conceptuelle », elle « a à voir avec la vie entière ». « La vérité est ce sur quoi l’on peut s’appuyer pour ne pas tomber. Dans ce sens relationnel, le seul vraiment fiable et digne de confiance, sur lequel on peut compter, et qui est ‘vrai’, est le Dieu vivant. »
source ZENIT.org
----------------------