• Pèleninage à Assise - « AU TOUR D’ASSISE » Suzanne (4)

     

    -4-

    PELERINAGE A ASSISE

    « AUTOUR D’ASSISE »

     

    Jeudi 27 mai – matinée.

    Monastère San Damiano :

     

    SAN-DAMIANO.JPGLa chapelle de saint Damien a été édifiée au 12ème ou 13ème siècle. La petite route qui y conduit reflète admirablement la beauté de la plaine d’Ombrie et le monastère est en parfait accord avec la nature environnante. Malgré les inévitables travaux d’entretien et d’aménagement qui se sont succédés au cours des siècles, la chapelle est restée pratiquement telle que l’a connue François lors de sa rencontre avec le Christ en 1205. Point de départ de son chemin de conversion, première à être restaurée de ses mains. Plus tard, dès 1212, dans un bâtiment attenant à la chapelle, Claire est « venue se cloîtrer là par amour de son céleste Époux » (Thomas de Celano, vie de sainte Claire 5)

     

    A saint Damien, Claire est toujours étonnamment présente. Tout est douceur, simplicité et sobriété. Tout évoque le féminin, la pureté, la lumière. Tout incite à la prière et à la contemplation tant la fécondité de l’Évangile est visible dans ce lieu.

    « Le secret de Claire est qu’elle sut donner à la contemplation une dimension et une couleur proprement évangélique. Contempler … ne consistait pas pour elle en une activité extraordinaire, réservée à une élite, aux privilégiés de la culture et des loisirs. La contemplation se mêlait au quotidien, au banal ; elle faisait corps avec l’humble réalité des choses familières et des travaux journaliers. Elle était le bien des pauvres, des petits et des besogneux ; car c’est à eux qu’il appartient de découvrir Dieu dans son humanité et son humilité. » (Eloi Leclerc)

    C’est aussi le lieu de la joie, de la gaité et de la louange. De nombreux jeunes venus de tous pays, se retrouvent souvent sur la petite place, pour chanter et louer, accompagnés d’une guitare.

     

    François était le père spirituel de Claire mais c’est auprès d’elle, dans la paix de san Damiano, qu’il a souvent trouvé refuge. En 1225, François stigmatisé et très malade, vient séjourner quelques temps au monastère. Il s’installe dans une petite cellule aménagée avec des nattes et c’est là que, presque aveugle, en proie à de violentes souffrances, il compose le « Cantique des créatures ». Par ce cantique, François invitait ses frères à prêcher et chanter les louanges de Dieu. Il leur disait : « Que sont en effet les serviteurs de Dieu, sinon des jongleurs qui cherchent à émouvoir le cœur des hommes pour les acheminer jusqu’aux joies de l’esprit ? »

     

    Au milieu de l’été 1225, François quitte saint Damien pour Fonte Colombo où l’on va tenter de soigner ses yeux. Claire SAN-DAMIANO-LE-DORTOIR-DES-CLARISSES.JPGet ses compagnes ne devaient jamais plus le revoir vivant. Après sa mort, son corps fut porté à san Damiano pour être présenté à Claire et à ses sœurs. Claire a survécu 27 ans à François.

    Nous entrons dans le monastère par la petite chapelle où se trouve le Christ sculpté par le frère franciscain, Innocent de Palerme, en 1637. Ce Christ a la particularité de représenter trois aspects tout à fait caractéristiques, facilement reconnaissables selon l’angle de vision : Le tourment de l’agonie, l’abandon du dernier soupir, la sérénité après la mort.

     

    De là, nous accédons à la chapelle san Damiano. « L’invitation » à la prière et au recueillement est immédiate. Nous pouvons, comme François, y accomplir une première déposition. Pèlerins, nous sommes tous plus ou moins en errance. Tous, nous désirons affermir nos pas dans ceux du Seigneur. Tous, nous sommes en quête … de quoi ? … De notre véritable vocation.  Ensuite, nous rejoignons le Choretto où les Clarisses récitaient l’office. J’aime profondément ce lieu. Il me renvoie à l’écho de la pauvreté franciscaine. Là, il est peut-être possible de parvenir jusqu’au sens profond des invisibles valeurs spirituelles.

    « Pose ton esprit… Pose ton âme… Pose ton cœur… »

    « Unis-toi de cœur à celui qui est l’incarnation de l’essence divine et, grâce à cette contemplation, transforme-toi tout entière à l’image de sa divinité. Tu arriveras ainsi à ressentir ce que seuls perçoivent ses amis ; tu goûteras la douceur cachée que Dieu lui-même a, dès le commencement, réservé à ceux qui l’aiment » (Claire d’Assise, LA3, 13-14)

     

    SAN-DAMIANO-LE-JARDIN-DE-CLAIRE-copie-1.JPGNous passons devant le petit jardin de Claire, une terrasse intime, secrète, très protégée. Nous traversons l’oratoire où étaient rangés la cloche pour appeler les sœurs à l’Office, un petit ostensoir en albâtre, une custode pour garder le Saint Sacrement et aussi le bréviaire manuscrit dont Claire et ses sœurs se servaient pour réciter l’Office. De là, nous accédons au dortoir et pouvons nous recueillir devant l’emplacement même où mourut Claire le 11 août 1253 après avoir prononcé ces paroles : Soyez béni, mon Seigneur, vous qui m’avez créée ! » Ainsi, même en ce lieu, un chant de louange jaillit de nos cœurs.

     

    Dans le réfectoire, à part la voûte qui a été refaite, rien n’a changé depuis l’époque où Claire et ses sœurs vivaient dans ce lieu. Mêmes bancs, mêmes tables et, gravée dans le bois de l’une d’elles, une petite croix marque toujours la place de l’Abbesse.

    Tout est tellement authentique, vrai, que tout au long de notre visite, nous n’avons pas de peine à imaginer la vie de Claire et de ses sœurs. Sa recherche de la pauvreté, son chemin de désappropriation ne se sont pas faits au détriment de la beauté. « Tu es beauté » a chanté François et Claire portait aussi en elle ce souci du beau avec les moyens les plus simples.

    « S’il existe une esthétique de l’humilité, c’est à saint Damien qu’on la trouve. L’Evangile de la pauvreté s’unit en ce lieu à celui du Cantique. Il suffit de s’arrêter devant le petit jardin de sœur Claire pour découvrir à quel point la pauvreté fut vécue ici dans la joie et la louange, comme un chemin de communication avec toute la création. » (Eloi Leclerc)

     

    Nous terminons notre visite par le cloître. Extrêmement lumineux et paisible, il nous retient longuement, en silence et, s’il nous arrive d’y croiser un frère mineur et d’échanger un sourire, ne doutons pas, c’est François qui nous sourit !

    Sainte Claire était une femme de caractère, en accord avec sa vie et ses choix. Première femme à avoir écrit une règle monastique, fidèle à François, elle a su attendre 40 ans pour recevoir, quelques jours avant sa mort, l’approbation de sa règle.

    « Ce n’est pas la voix mais le désir de l’âme – ce n’est pas le cri mais l’amour – ce n’est pas l’extérieur mais le cœur – que Dieu reçoit comme une louange. – Que ta langue s’accorde donc avec l’âme – et que l’âme s’accorde elle-même avec Dieu. » (note1)

     

    Jeudi 27 mai – après-midi :

    Les Carceri :

     

    Plutôt que d’accéder à l’ermitage des Carceri par la route habituelle, nous empruntons, au départ du joli village de Collepino, la piste du Monte Subasio. Des milliers de bleuets jonchent le sol et un paysage fantastique s’offre à nous tout au long de la route. Au cours d’une halte, dans le silence de la montagne, nous méditons sur le pardon. (note 2)

    LES-CARCERI.jpgDonnés à François par les Bénédictins, on ne trouvait aux Carceri à son époque, qu’une minuscule chapelle, quelques grottes creusées dans le rocher et des abris sommaires aménagés par les premiers frères : Bernard, Sylvestre, Rufin, Masseo, Léon etc. Ce n’est qu’au 15ème siècle que saint Bernardin de Sienne a fait construire le petit couvent actuel. Le site a semble-t-il très peu changé depuis les premier frères qui y résidèrent.

    Cet ermitage est l’un des nombreux lieux où François avait coutume de se retirer pour méditer dans le recueillement et la solitude. Cela lui permettait d’alterner la plus stricte retraite avec les longs déplacements de sa vie apostolique. C’est pourquoi, afin d’organiser la vie des frères qui vivaient comme lui en ermitage, François a très sagement écrit un court règlement dont voici un extrait :

    « Les frères qui veulent mener la vie évangélique en fraternité dans les ermitages y habiteront à trois, ou quatre au plus. Deux seront les ‘mères’ ; ils auront donc deux ‘fils’, ou un au moins. Les mères tiendront le rôle de Marthe, et les deux fils celui de Marie ; ils auront un enclos à l’intérieur duquel chacun aura sa cellule pour y prier et pour dormir … Ils chercheront d’abord le royaume de Dieu et sa justice… Dans l’enclos où ils demeurent, on ne laissera entrer personne ; on n’y mangera pas non plus. Les frères qui sont les mères fuiront soigneusement tout rapport avec l’extérieur ; conformément aux ordres de leur ministre, ils protégeront leurs fils de tout contact, pour que personne ne puisse leur parler. Les fils ne parleront à personne, sauf à leur mère, et à leur ministre ou custode quand celui-ci viendra les visiter avec la bénédiction du Seigneur Dieu Les fils prendront de temps en temps le rôle de mères, suivant le tour qu’ils auront jugé bon de régler entre eux. Ils mettront tout leur soin et toute leur application à observer tout ce qui vient d’être dit. » LES-CARCERI-UNE-GROTTE.JPG

     

    Dès l’entrée dans l’enceinte des ermitages, les pèlerins sont saisis par l’extraordinaire présence de François. Chaque jour du pèlerinage est une nouvelle étape dans notre progression spirituelle. Il est possible dans ce lieu de se promener, tout simplement. Mais on peut aussi se laisser saisir par la grâce, descendre en soi-même et écouter. Ce temps aux Carceri, particulièrement attendu par les pèlerins, va nous préparer à la déposition que nous ferons à la Portioncule en fin d’après-midi.

    Après un temps de prière en commun, chacun est invité à se retirer, seul, en silence, pendant près de deux heures, dans la forêt ou dans une grotte. Plus qu’un abri contre les regards indiscrets et les distractions du dehors, la grotte représente pour le solitaire, une intimité dans la profondeur. Elle est une chambre secrète, mais seulement pour une pensée profonde.

    Cette étape du pèlerinage étant particulièrement importante, je reste comme toujours à la disposition de chacun pour un soutien ou un accompagnement. Je parcours les sentiers et passe discrètement devant les ermitages. Parlant au cœur de chacun, François et ses frères, Rufin, Léon, Masséo, Sylvestre, Bernard … veillent. Il y a des lieux où souffle l’Esprit. Tout va bien, la Portioncule nous attend !

     

     

    Basilique Sainte Marie des Anges – La Portioncule :

     

    SAINTE-MARIE-DES-ANGES-TRANSITO-DE-SAINT-FRANCOIS.JPGNous sommes le 24 février 1208. Il y a trois ans que François a entendu l’appel du Christ, deux ans que, devant l’Evêque il a renoncé à tous ses biens et rompu avec son père. Il termine la réparation de la Portioncule mais, en réalité, il ne sait pas encore très bien ce que Dieu veut de lui. Or, voilà qu’il entend lire par un prêtre, dans cette vieille église dédié à la Vierge Marie, l’Évangile de l’envoi des disciples. C’est pour lui une révélation. Il s’écrie : « Voilà ce que je veux, voilà ce que je cherche, ce que, du plus profond de mon cœur, je brûle d’accomplir » (Vita prima 22)  Une nouvelle étape décisive de sa vocation vient de se produire. Sur le champ, il prend la décision de se conformer à cet Évangile.

    Quelques années ont passé, des frères ont rejoint François. Les douze premiers franciscains sont allés à Rome où ils ont été reçus par le pape Innocent III à qui ils ont soumis leur première règle. Or, de nouvelles recrues commencent à affluer et il faut trouver un nouveau lieu de vie. « Une église petite et pauvre où les frères puissent réciter leurs Heures, et, à côté, une maison petite et pauvre, construite en terre et en bois, où les frères pourraient dormir et vaquer à leurs travaux ». C’est le Père Abbé du monastère Bénédictin du Mont Subasio dont dépend la Portioncule, qui en fera don à François en émettant toutefois le vœu suivant : « Frère, nous avons exaucé ta demande. Mais nous voulons que, si le Seigneur multiplie votre Ordre, ce couvent soit la tête de tous ceux que vous fonderez ».

     

    La Portioncule est bien devenue la tête et la mère de l’Ordre Franciscain ! Dès l’installation de François à la LA-PORTIONCULE-A-L-ABRI-DE-SAITE-MARIE-DES-ANGES.JPGPortioncule, le nombre de frères ne cesse de grandir. Claire y reçoit l’habit le 28 mars 1211. François y dictera son Testament. Il dira à ses frères : « Gardez-vous bien, mes fils, de jamais quitter ce lieu ! Si l’on vous en chasse par une porte, rentrez-y par une autre car ce lieu est vraiment saint et Dieu y habite. Ici, dans les débuts, nous n’étions qu’un petit groupe et le Seigneur nous multiplia… » Il y meurt le 3 octobre 1226.

    C’est de la Portioncule que plus de 2000 frères mineurs, venus du monde entiers, sont partis en procession par la petite route de Rivotorto, le 17 avril 2009, accompagnés par quelques membres du Second Ordre et du Troisième Ordre, pour rejoindre notre Père Séraphique à la Basilique saint François, à l’occasion du deuxième Chapitre des Nattes International. Depuis 800 ans, la Portioncule est, et demeure le haut lieu de la Famille franciscaine. 

     

    Le grand pardon de la Portioncule :

    Devant tous ces bienfaits, François ose demander au Pape que soit accordé à la Portioncule, une indulgence, sans offrande, au jour anniversaire de la consécration de l’église et ceci en ces termes : « S’il plaît à votre Sainteté, et à cause des bienfaits que Dieu a réalisés en ce lieu, je désire que, contrit, confessé et, sil cela est nécessaire, absous par un prêtre, quiconque entrera dans cette église soit délié de la peine et de la coulpe de ce qu’il a commis, au ciel et sur la terre, depuis le jour de son baptême jusqu’au jour et à l’heure où il est entré dans cette église et qu’il n’en subisse désormais aucune peine. » Le pape accepta.

     

    A plusieurs reprises, les cardinaux demandèrent la révocation de cette faveur insigne. Le pape refusa. Alors, ils lui dirent : réduisez-là au moins autant que vous pourrez. Nous la modifierons reprit le pape, de telle sorte qu’elle ne s’étende qu’à un seul jour naturel.

    Il appela François et dit : « Voilà, à partir de maintenant, nous concédons que quiconque viendra et entrera dans la susdite église, bien confessé et contrit, soit délié de peine et de coulpe. Et nous voulons que cela ait valeur, pour toujours, chaque année, mais seulement pour un seul jour naturel, depuis les premières vêpres jusqu’aux vêpres du jour suivant, la nuit incluse. »

    Alors, François ayant incliné la tête sortit du palais. Le pape voyant qu’il s’en allait le rappela et lui dit : « O simplet, où vas-tu ? Qu’emportes-tu comme preuve de cette indulgence ? »

    La réponse de François est d’une audace incroyable, audace du prophète pour qui « Dieu seul est ! » « Votre parole me suffit. Si cela est l’œuvre de Dieu, Il prendra soin lui-même de la manifester ; je ne veux aucun autre papier à ce sujet, mais seulement que la Vierge Marie en soit le parchemin, que le Christ en soit le notaire et que les anges en soient les témoins » (Françoios Bartholi, Traité de l’Indulgence de la Portioncule, c. 6.)

     

    Il est 17 heures, nous entrons dans la Basilique Sainte Marie des Anges, construite pour protéger la Portioncule et accueillir les pèlerins. Nous avançons vers la Portioncule et y pénétrons. Ici, tout genou, plie ! Chacun peut prendre « son » temps et le vivre selon son cœur. L’Esprit-Saint veille.  Ici, dans ce lieu sublime et béni, les pèlerins sont accompagnés par la Vierge Marie, par le Christ, par les anges et par François. Que la déposition s’accomplisse, la voie de la liberté est ouverte !

    Nous nous retrouvons plus tard devant la chapelle du Transitus où François est mort. Nous assistons ensuite à la

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    messe célébrée sur place et participons ensemble à l’Eucharistie.

    A cette étape, je ne saurais décrire la transformation qui s’opère dans les cœurs et même sur les visages. Cela me donne la force de renouveler et de conduire chaque année, depuis dix ans, ce pèlerinage.

    « Saint François d’Assise est une source qui ne s’épuise pas, une lumière qui ne s’éteindra pas, une liberté créatrice qui engendre des milliers d’êtres à la liberté. C’est la personne qui est une valeur universelle, la personne qui, à elle seule, est tout un monde, la personne qui, par sa seule présence, est un ferment de libération. Qu’il y ait une seule personne et le monde est transformé ! » (Maurice Zundel)

     

    Le mot du pèlerin.

    « Prendre le temps de se préparer à déposer ce qui est lourd à porter dans sa vie d’homme, de prêtre, demande à être vrai avec soi-même. Cette démarche vécu dans la vérité est porteuse et, au fur et à mesure des jours, j’ai senti en moi un bien être m’habiter… » (Eric)

    « Le temps de méditation solitaire aux Carceri m’a conduite à faire ma déposition à la Portioncule. Moment d’intense émotion, d’intimité avec le Seigneur. Je me suis libérée de ma culpabilité. Le chemin est encore à poursuivre mais je le prendrai avec un autre regard. » (Gisèle)

    « Ce pèlerinage m’a montré que, pour faire ce que le Seigneur attend de nous, il faut savoir renoncer, accepter de quitter ce qui nous empêche, ce qui nous retient d’accomplir sa volonté. D’où la démarche importante de « la déposition » à la Portioncule. Là, vraiment, je me suis senti libéré, soulagé d’un poids lourd ! » …. « Ce pèlerinage m’a aussi permis de déposer : craintes, peurs, doutes. Cela je ne l’avais pas encore vécu de cette manière. Mais je sens au fond de moi cette joie qui m’habite ; je sens les effets de quelque chose de nouveau qui germe en moi. » (Eric)

     

    Note 1  Inscription au couronnement des stalles de la chapelle san Damiano

    Note 2  LA DEPOSITION p. 233 à 239

     

      articles de Suzanne ICI no 3

     


     

    « Notre présence aux Nations Unies -Objectifs du Millénaire (OMD)- FIMont Logan : Greenpeace renonce à atteindre le sommet »

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