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    Un baptême…
    sans récit de baptême!

    Icône orthodoxe de saint Jean Baptiste.

    Icône orthodoxe de saint Jean Baptiste

    Le témoignage de Jean : Jean 1, 29-34
    Autres lectures : Isaïe 49, 3.5-6; Psaume 39(40); 1 Corinthiens 1, 1-3

     Vous savez sans doute que l’Évangile selon Jean est très différent des trois autres. Rares sont les récits qui se retrouvent dans les quatre évangiles. Or, nous avons ici une exception très intéressante. Profitons donc de la scène de la rencontre entre Jésus et Jean pour identifier les similitudes et discordances entre l’Évangile selon saint Jean et les trois autres. Ceci permettra de montrer les spécificités du quatrième évangile ainsi que les éléments communs qui ont un fort degré d’historicité.

    Ressemblances entre évangiles

         La façon dont un texte commence est très importante. Dans le cas des quatre évangiles, la mission publique de Jésus commence toujours avec la rencontre entre Jésus et le baptiste.

         Dans les quatre versions de cette rencontre, Jean est présenté comme un prophète dont l’activité principale est de baptiser. Dans chaque récit, on sent une tension entre Jean et les autorités politiques et religieuses de Jérusalem. C’est probablement une des raisons qui le pousse à exercer sa mission au cœur du désert.

         Chaque évangile insiste fortement sur l’importance relative entre le baptiste et Jésus (Mc 1, 7-8; Mt 3, 13; Lc 3, 16; Jn 1, 26-27). Par exemple, Jean affirme qu’il n’est pas digne de délier les sandales de Jésus ou que Jésus est plus fort que lui.

         Le baptême de Jésus est toujours le moment d’une manifestation de Dieu. Une colombe représente l’esprit qui descend sur Jésus et une parole divine confirme la relation particulière entre Dieu et Jésus.

    Particularités de l’Évangile selon Jean

         Contrairement aux autres évangiles, le baptême de Jésus n’est même pas raconté! Aussi, Jean n’explicite pas la fonction de son baptême qui selon les autres évangiles vise la conversion de ceux qui sont baptisés. Pourquoi ces deux éléments significatifs sont-ils omis dans l’Évangile selon Jean?

         La réponse se trouve dans un conflit entre les disciples de Jésus et ceux du baptiste. Même si l’Évangile selon Jean raconte le récit de quelques disciples de Jean qui suivent Jésus, plusieurs personnes continuent à suivre le baptiste sans devenir chrétiennes. Ainsi à l’époque de la composition de l’Évangile selon Jean, un groupe de disciples du baptiste coexiste à côté des chrétiens 1. Pour eux, leur maître Jean était plus important que Jésus.

         Les évangiles transmettent le point de vue chrétien sur ce conflit. Ils insistent donc fortement sur l’importance de Jésus par rapport au baptiste. L’Évangile selon Jean montre un malaise particulier par rapport au baptême de Jésus. Puisque ce baptême est la preuve que Jean était le maître de Jésus, le quatrième évangile ne raconte pas le baptême de Jésus. Il omet aussi d’indiquer que ce baptême était en vue d’une conversion puisque cela pourrait laisser entendre que Jésus avait besoin de revenir de ses égarements. Ce conflit explique aussi les nombreuses paroles du Nouveau Testament indiquant que Jésus est plus important que Jean.

    Le témoignage de Jean

         Un autre argument présenté dans ce conflit entre les deux groupes de disciples est que Jean lui-même est le témoin de la révélation divine à propos de Jésus. Alors qu’en Marc, Jésus est le seul à voir l’Esprit et à entendre la voix (Mc 1,10-11), en Jean, c’est le baptiste qui est le seul à voir l’Esprit descendre du ciel sur Jésus. De même, en Jean, c’est le baptiste et non une voix céleste qui affirme que Jésus est « fils de Dieu ».
    Le discours du baptiste en Jean est une proclamation anticipée de ce qui sera manifesté par la résurrection de Jésus. En racontant le témoignage de Jean, les chrétiens redisent le sens global de Jésus Christ. Le court extrait de ce dimanche porte quatre façons différentes de dire qui est ce Jésus.

    1. L’Agneau de Dieu

    L’expression « agneau de Dieu » est passée dans la liturgie. C’est un élément caractéristique de l’Évangile selon Jean qui ne se retrouve pas ailleurs. L’agneau est le petit de la brebis. Dans notre culture actuelle, sa fragilité et sa douceur représentent la non-violence et l’innocence. Dans le monde de l’Ancien Testament, l’agneau est un des animaux sacrifiés pour le Seigneur. La fête de la Pâque juive est célébrée par le sacrifice d’un agneau. Cette expression fusionne deux images de l’Ancien Testament. D’une part, elle fait référence au serviteur souffrant (Is 52,13 - 53,12) qui prend sur lui les péchés du peuple. D’autre part, l’expression « agneau de Dieu » renvoie à l’agneau pascal. L’Évangile selon Jean spécifie même que Jésus est mort au moment où les agneaux sont sacrifiés pour la Pâque. Pour les chrétiens de la communauté de Jean, Jésus est donc « l’agneau de Dieu », ce serviteur souffrant, cet agneau sacrifié pour le bien de la communauté. 
     

    2. Avant moi il était

    En Jn 1,30, le Baptiste cite ce qui a déjà été mis dans sa bouche en 1,15 : avant moi, il était. Une formulation similaire va revenir dans les paroles de Jésus plus loin dans l’évangile : avant qu’Abraham fût, je suis (8,58). Le prologue donne la clé pour comprendre ces expressions. Jésus est le Verbe qui était auprès de Dieu dès le commencement. Il a pris chair en devenant l’envoyé du Père qui donne la vie aux personnes qui croient en lui. Ainsi, Jésus est beaucoup plus que Jean Baptiste puisqu’il est l’incarnation même du Verbe divin.

    3. L’Esprit saint descend et demeure avec lui

    L’Esprit (littéralement le souffle) saint joue un rôle important dans l’Évangile selon Jean. Jésus le reçoit du Père et le transmettra aux disciples. En effet, le « discours d’adieu » (Jn 13,33-16,33) exprime comment cet esprit assistera les disciples après la mort de Jésus. En mourant sur la croix, Jésus remet l’Esprit (Jn 19,30). Puis, le récit des apparitions du Christ ressuscité montre la réception de l’Esprit dans la communauté (Jn 20,19-23).

    4. Fils de Dieu

    La scène se termine avec le titre le plus important. Jean témoigne que Jésus est « fils de Dieu ». Dans le cadre du baptême, cette désignation souligne la relation personnelle et intime entre Jésus et son Père. Dans un milieu juif, l’expression « fils de Dieu » faisait un lien entre Jésus et les rois de la lignée de David qui étaient appelés de cette façon. C’est avec la résurrection de Jésus que les premiers chrétiens vont comprendre que Jésus a quelque chose de divin en lui. Jésus leur apparaît alors comme le propre fils de Dieu le Père. Avec le temps, le côté divin de Jésus prend de plus en plus de place. L’Évangile selon Jean montre bien comment la conception que l’on avait de Jésus était devenue presqu’équivalent à celle que l’on avait de Dieu. Dans cet évangile, Jésus existait auprès de Dieu comme Verbe dès avant la création du monde. Il prit chair comme l’envoyé du Père en mission chez les humains pour leur donner la vie éternelle. Le Fils de Dieu dans cet évangile partage une grande intimité avec le Père. À plusieurs reprises, l’Évangile selon Jean parle de Jésus simplement comme: le Fils.

         En somme, l’extrait de l’évangile lu ce dimanche (Jn 1,29-34) situe Jean par rapport à Jésus. L’Évangile selon Jean utilise plusieurs arguments pour aider les disciples de Jésus dans leur conflit avec les disciples de Jean. Il évite de raconter la scène du baptême et insiste sur la supériorité de Jésus sur Jean. Mais, c’est surtout le témoignage de Jean au sujet de l’identité de Jésus qui compte. Le baptiste affirme que Jésus est l’agneau de Dieu, qu’il était auprès de Dieu dès la création, que l’Esprit est avec lui et qu’il est le Fils de Dieu. En un paragraphe, on retrouve donc une synthèse de la compréhension de l’identité de Jésus propre à l’Évangile selon Jean.

    1 Actes 18,23-25 présente Apollos comme un disciple de Jean Baptiste qui ne connaît pas Jésus Christ.

     Sébastien Doane, bibliste

     Source : Le Feuillet biblique, no 2516. Toute reproduction de ce commentaire, à des fins autres que personnelles, est interdite sans l'autorisation du Centre biblique de Montréal.

    source www.interbible.org

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