Le 23 septembre 2014, lors du sommet de l’Organisation des Nations unies sur le climat qui s’est déroulé à New York, États-Unis, le cardinal Pietro Parolin, secrétaire d’État du Vatican, a prononcé un discours qui, selon des observateurs, résume le contenu de l’encyclique sur l’écologie qui pourrait être publiée en décembre ou en janvier prochain. Cette intervention témoigne d’un déplacement significatif dans la manière d’envisager les problématiques écologiques. Tout en reprenant le thème de la sauvegarde de la création, elle met l’accent sur des problématiques concrètes. Qu’en retenir ?

Des enjeux éthiques

La première chose à noter est la reconnaissance explicite du réchauffement climatique et de ses conséquences sur la justice sociale et la justice intergénérationnelle. « Il existe un consensus scientifique désormais assez établi sur le fait que, depuis la deuxième moitié du siècle dernier, le réchauffement du système climatique est indubitable. Il s’agit d’un problème très sérieux qui, comme je l’ai dit, a de graves conséquences pour les couches les plus vulnérables de la société et, évidemment, pour les générations futures. » Le changement climatique soulève des questions non seulement scientifiques, environnementales et socio-économiques, mais également et surtout éthiques et morales, parce qu’il affecte tout le monde, en particulier les plus pauvres qui sont les plus exposés à ses effets.

Un impératif moral à agir

Le cardinal reste prudent au sujet de la responsabilité humaine passée dans le réchauffement climatique : « Sa cause principale semble être l’augmentation de la concentration de gaz à effet de serre dans l’atmosphère à cause de l’activité humaine. » (c’est moi qui souligne). Mais face à l’avenir, la responsabilité humaine ne fait pas de doute.  « Il existe un impératif moral à agir, car nous avons tous la responsabilité de protéger et de valoriser la création, pour le bien de notre génération et de celles à venir. » En vertu de cette responsabilité, il est urgent d’évaluer « l’impact que nos actions auront sur l’avenir », en termes de risques et de coûts socio-économiques, et d’agir en conséquence.

Une question sans frontières

Une telle  évaluation « exige un profond engagement politique et économique de la part de la communauté internationale », précise le cardinal Parolin. Le réchauffement climatique est en effet une question mondiale, de laquelle aucune nation ne peut se désintéresser du fait de l’interdépendance de « l’unique famille humaine ».   « Les décisions et les comportements de l’un des membres de cette famille ont de profondes conséquences sur les autres ; il n’existe pas de frontières politiques, barrières ou murs derrière lesquels se cacher pour protéger un membre par rapport à l’autre contre les effets du réchauffement climatique. » Le cardinal dénonce au passage le comportement de certains acteurs qui cherchent à préserver leurs propres intérêts au détriment du bien commun, mais aussi « une certaine suspicion ou un manque de confiance de la part des États, ainsi que de la part d’autres participants ». Des attitudes irresponsables devant l’ampleur du défi du réchauffement climatique qui attend « une réponse collective fondée sur une culture de la solidarité, de la rencontre, et du dialogue, qui devrait être à la base des interactions normales au sein de chaque famille et qui exige la collaboration pleine, responsable et dévouée de tous, selon leurs propres possibilités et conditions ».

La responsabilité des Etats

Le cardinal Parolin évoque une responsabilité étendue des États. Ils doivent protéger non seulement « le climat du monde à travers des mesures d’atténuation et d’adaptation, ainsi que le partage de technologies et de savoir-faire » mais aussi « notre planète et la famille humaine, en assurant que les générations présentes et futures ont la possibilité de vivre dans un environnement sûr et digne ». En d’autres termes, il s’agit de chercher à atténuer les effets du changement climatique sans perdre de vue le combat contre la pauvreté et l’exclusion. Deux objectifs « interdépendants » selon le secrétaire d’État du Vatican. En ce sens, la problématique du réchauffement climatique est bien une question éthique et non pas seulement technique.  « Le changement climatique devient une question de justice, de respect et d’équité, une question qui doit éveiller nos consciences. »

Reconsidérer nos styles de vie

Pour faire face aux défis du changement climatique, il est urgent de reconsidérer nos modèles de développement et nos styles de vie, avec ce que cela implique en termes de formation et d’éducation. En effet, souligne, le cardinal Parolin, « la dégradation de la nature est directement liée à la culture qui définit la coexistence humaine ». La crise écologique n’est qu’une dimension de la crise que traverse la société actuelle – une crise à la fois économique, financière, sociale, culturel et éthique. Et ce sens, le défi à relever est d’ordre culturel et interroge de manière fondamentale nos manières de vivre et leurs impacts sur la convivialité humaine.

DL

source https://ecologyandchurches.wordpress.com/

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